Laiah

Fanfiction Naruto – Akatsuki

 

J'adore l'Akatsuki, genre vraiment, beaucoup. Les personnages sont ultra bien développés (en plus d'être presque intégralement dans ma liste de crushs) et très attachants. Bref, j'ai eu une idée de fiction avec ce groupe fabuleux, en prenant Sasori et Deidara comme personnages principaux, et j'aime bien faire ce que j'ai envie. J'espère que ça te plaira aussi. J'ai lutté comme j'ai pu, mais en travaillant cette histoire j'ai confronté la relation ultra shippable entre mes deux persos, donc je pose ici « l'alerte gay » car ça va sûrement tourner au Sasodei à un moment. Pas de risque de spoil, cette histoire est hors contexte de Naruto et hors réalité du manga.

[TW : combats, mort, sang, manipulation, drogue, violence, torture]

Fanfiction akatsuki 3

Prologue

Le jeune homme soupira de soulagement lorsque le cours prit fin. Il saisit son sac, rangea son carnet de croquis et ses crayons avec désordre et sortit de la salle sans un regard en arrière. Une fois dehors, il leva la tête pour regarder le ciel noir tout en glissant ses doigts dans la poche de son pantalon pour en tirer sa paire d'écouteurs éternellement emmêlés. L'étudiant la brancha à son téléphone et démarra sa playlist en aléatoire. Ce fut l'album de Queen qui se lança au creux de ses oreilles. Satisfait, il commença à marcher en direction de son appartement. Il habitait à dix minutes de son école d'arts appliqués et n'avait qu'à traverser l'immense campus universitaire pour atteindre son immeuble. Ses cheveux blonds d'une longueur affolante volaient dans les airs à cause du vent frais de la nuit malgré l'élastique qui les retenait, et une longue mèche rebelle cachait son œil gauche d'un bleu océan. Il souffla, laissant la brume s'échapper de ses lèvres pour aller s'évaporer dans l'espace. Lorsqu'il entra dans le bâtiment, il gravit les marches d'un pas rapide et rythmé par sa musique, il longea le couloir et ouvrit la porte de son appartement avec un grand sourire.
– I want to break free from your lies ! chanta-t-il enfin à pleine voix.
– Ta gueule ! répondit une voix grave et agacée, coupant son enthousiasme.
Il fit la moue et avança jusqu'à pénétrer dans le salon où son colocataire travaillait.
– Tu pourrais être plus agréable Sasori, le réprimanda-t-il alors.
Le jeune homme aux cheveux rouges vifs et au iris bruns dénués d'émotion soupira, quittant sa construction des yeux pour fixer son interlocuteur avec impassibilité.
– Désolé Deidara, admit-il après un bref instant, je n'ai aucune patience aujourd'hui.
Le blond ricana.
– Tu n'as jamais aucune patience.

**********

 

L'étudiant sortit de la salle de cours. Il hésita un instant à attendre son colocataire mais il se souvint vite que celui ci finissait plus tard ce jour là. Il décida donc de rentrer, mais il fut interrompu par un cri.
– Sasori !
Agacé d'avance, il se tourna vers l'origine du son. Un groupe de sa promo se dirigeait vers lui, sourire aux lèvres. Celle qui l'avait appelé était une fille brune répondant au nom d'Alexa.
– Nous allons boire une verre dans le centre ville, expliqua-t-elle alors, tu veux venir avec nous ?
Ce n'était pas la première fois qu'elle lui proposait de sortir, ce n'était pas non plus la première personne à vouloir l'approcher, et le jeune homme se demandait souvent ce qu'il avait de si particulier pour attirer tant d'attention. Il était pourtant d'un naturel discret et peu aimable, impatient et silencieux. Bien sûr, il avait conscience de sa beauté, mais il ne parvenait pas à se dire que son visage angélique était l'unique raison à tant de tentatives.
– Non, lâcha-t-il simplement.
L'un des garçons du groupe rigola avant de lui donner un coup dans l'épaule.
– Allez mec, arrête de faire le frigide et ramène ton cul, va bien falloir que tu t'intègres au groupe à un moment !
Sasori faillit le fusiller du regard mais il ne lui offrit pas cette peine. Il se contenta de rouler des yeux avant de tourner les talons, se dirigeant vers la sortie et ignorant le regard empli de déception d'Alexa. L'étudiant traversa le campus universitaire, perdu dans ses pensées, faisant machinalement tourner la chevalière en argent qu'il portait sur son pouce gauche. Arrivé dans son appartement, il profita du calme temporaire pour travailler sa dernière production. Il avait encore plusieurs semaines pour la rendre au professeur mais souhaitait atteindre la perfection avant de la présenter. Il ne put cependant profiter du silence que deux heures, avant d'entendre la porte claquer.
– I want to break free from your lies !

Chapitre 1 : Rassemblement

Deidara grogna de frustration lorsqu'il entendit son réveil sonner. Il éteignit l'appareil d'un geste lent avant de se redresser dans son lit, repoussant le drap qui couvrait son torse. D'une main lasse, il voulut dégager ses cheveux mais ces derniers, bien trop massifs, retombèrent sur son visage. Le jeune homme se leva sans prendre la peine de mettre un t-shirt et sortit de sa chambre avec difficulté tant la pièce était en désordre, pour enfin rejoindre le salon. Il aperçut alors son colocataire penché sur son bureau, le regard concentré et il comprit que Sasori avait encore passé la nuit à travailler. Sans un mot, Deidara se dirigea dans la cuisine pour se préparer du café. Il remplit deux tasses de la boisson sombre et retourna dans la salle commune. Il déposa l'un des mugs devant le jeune homme aux cheveux écarlates et ce dernier releva la tête pour le regarder. Il avait de lourdes cernes sous ses yeux, ce qui contrastait avec son teint pâle et immaculé qui rappelait celui des poupées de cire.
– Saso, tu n'as pas dormi depuis combien de temps ?
L'étudiant saisit la tasse et prit une longue gorgée de café avant de répondre.
– Trois jours et dix sept heures.
Le blond leva les yeux au ciel.
– Tu devrais te reposer plus que ça, t'es pas une marionnette ici.
– Tch.
Le jeune homme aux iris ambrés ne répondit rien de plus, il n'avait aucun argument valable à donner. Il reprit son travail en silence en attendant l'heure de partir. Lorsque Deidara fut prêt, il se leva, saisit son sac et les deux étudiants quittèrent leur appartement pour se diriger vers l'établissement d'arts appliqués. Ils avaient les mêmes cours pour une fois et avait donc décidé de rester ensemble. Sur le chemin, le blond parlait avec passion de ses dernières créations, se servant louanges sur éloges, tandis que Sasori checkait les notifications sur son téléphone en écoutant distraitement.
– Réunion ce soir avec l'Akatsuki, lâcha-t-il soudain, coupant son acolyte en pleine tirade.
– Ah bon ? Qui a décidé ça ?
– Pain. Il vient de m'envoyer un SMS. Il envoie un message sur le groupe tout de suite.
Deidara fit la moue.
– Il ne demande jamais si ça nous arrange. Bon, c'est où cette fois ?
– Chez lui.

 

**********

 

Les deux étudiants frappèrent à la porte. Ce fut une jeune femme aux cheveux violets et aux yeux ambres qui ouvrit.
– Bonsoir Konan, salua Sasori.
– Bonsoir les garçons, répondit-elle, vous êtes les premiers arrivés.
Elle se dégagea de l'entrée pour les laisser passer et les guida jusqu'au salon, où ils s'assirent sur le canapé. Pain sortit de la cuisine pour rejoindre les deux artistes. Ses cheveux roux étaient ébouriffés et ses yeux, bleu indigo à la limite du violet, parcouraient la pièce avec attention. Son visage était parsemé de nombreux piercings, lui donnant un air sévère en complémentarité avec son regard intense.
– Il n'y a que Deidara et Sasori ?
– Pour l'instant oui, répondit Konan.
Un autre coup retentit contre la porte et Pain alla ouvrir. Il revint avec trois membres du groupe, Itachi, un homme taciturne aux cheveux longs d'un noir corbeau et aux yeux tout aussi sombres, Kisame, la mâchoire aussi carrée que ses épaules, la peau pâle, les iris foncés couleur océan, petits, et la capillarité coupée courte, teinte en bleu marine, et enfin Obito, le cousin du premier, les cheveux ébouriffés, également couleur de jais, et les yeux onyx mais emplis de bonne humeur. Ils étaient tous trois à la fac de lettres et suivaient un cursus similaire. Il fallut ensuite attendre un quart d'heure avant que Zetsu, jeune homme en décalage total avec le monde et ses conventions, à la chevelure et aux yeux verts, n'entre à son tour. Ils ne patientèrent que quelques minutes avant d'entendre des éclats de voix dans le couloir, dont ils reconnurent sans peine l'origine.
– Nan mais toi et ton argent, tu me fais pitié sérieux ! Tu ne penses qu'à ça ! Ah bah t'as bien trouvé ta voie toi !
– Tu ne vas pas me la jouer docteur en psychologie parce que je te préviens Hidan, je vais te faire bouffer tes bouquins à défaut de pouvoir les vendre.
– Ooooh, toutes mes excuses monsieur le commercial, je ne pensais pas qu'une théorie sociale vous en ferait frémir dans vos billets !
Sasori, las d'attendre, se leva précipitamment pour aller ouvrir la porte avant que les deux fauteurs de trouble ne frappent. Il jeta un regard glacial aux deux retardataires.
– Bon, vous allez enfin la boucler ? trancha-t-il sans pour autant élever la voix. Vous êtes en retard, alors ayez la décence d'arriver sans réveiller tout le voisinage. Je vous rappelle qu'on est pas là pour prendre le thé.
Pain approuva d'un hochement de tête qui finit de convaincre les deux derniers de ne pas répondre à l'artiste. Hidan avait des cheveux mi longs, gris et des yeux indigos qui lui donnaient une expression démente lorsqu'il souriait. Quand à Kakuzu, ses longs cheveux châtains étaient attachés en queue de cheval et ses yeux verts ressortaient grâce à son costume noir. Tous s'installèrent dans le salon tandis que Pain se plaçait debout, face à tout le monde.
– Bien, comme vous le savez, nous sommes maintenant connus dans l'autre côté. Nous devrons donc redoubler de vigilance lors des missions futures. Les autres hochèrent la tête, ils arboraient une expression grave témoignant du sérieux avec lequel ils prenaient les choses.
Le rouquin se tourna ensuite vers Sasori.
– Je compte sur toi pour gérer l'information. Nous devons tout savoir le plus rapidement possible.
– Entendu, acquiesça l'étudiant aux cheveux rouges. J'y veillerai.
Le leader balaya une dernière fois l'assemblée de son regard.
– Bien, alors allons y.
Toutes les chevalières à leurs doigts s'illuminèrent, et ils disparurent de la pièce.

Chapitre 2 : Le maître marionnettiste

Aussitôt arrivé, Sasori se mit en route sous la pluie battante d'Ame, ignorant les protestations bruyantes de Deidara qui lui demandait de l'attendre.
– Nous n'avons pas de temps à perdre, glissa-t-il à l'intention de son acolyte. Pain nous a donné deux jours pour obtenir ce que nous voulons, et le lieu de rendez vous est loin d'ici, alors presse toi.
– C'est toujours nous qui devons rester le plus longtemps, se plaignit le blond en faisant la moue. Je te parie que les autres seront déjà rentrés demain matin.
Le jeune homme aux cheveux rouges soupira.
– C'est normal, c'est à moi de gérer les informations, mais si ça t'ennuie, tu n'as qu'à partir, je peux m'en charger seul.
– Pain a dit que nous devions toujours agir en duo.
L'autre haussa les épaules, indifférent à l'argument, sans cesser sa marche. Deidara, après une courte réflexion, le suivit simplement. Sasori témoignait un grand respect au leader de leur groupe, mais il n'avait jamais considéré celui ci comme son supérieur et ne s'estimait pas placé sous un quelconque commandement. A cette réflexion, le blond se rappela qu'il avait le même comportement avec tout le monde, y compris les professeurs de leur école ou d'autres adultes plus âgés. Son équipier était pourvu d'un charisme éclatant qui n'échappait à personne, et il faisait preuve d'un naturel autoritaire déconcertant pour quiconque lui adressant la parole. Lorsqu'ils quittèrent enfin Ame et sa pluie frappante, le jour s'était levé. Sasori prit la direction du pays du feu, gardant son silence habituel. Deidara essaya de lancer une conversation mais son ami répondait brièvement à chacune de ses phrases, avec un ton froid et distant. Il abandonna l'idée de dialoguer et se contenta de gonfler ses joues, boudeur et ennuyé. Ils s'arrêtèrent lorsque la nuit tomba et s'installèrent à l'abri des arbres pour prendre un temps de repos. Assis côtes à côtes, les deux hommes allumèrent un feu, puis Deidara regarda son acolyte.
– Cette fois ci, il faut que tu dormes, affirma-t-il avec autorité, puisque tu ne le fais pas de l'autre côté.
– Et tu vas m'y forcer peut être ? demanda son ami, sceptique, tout en rangeant son équipement.
– Non, répondit le blond en croisant les bras, je vais simplement attendre que tu t'endormes avant moi !
– D'accord.
Il fallut une heure pour que Deidara ne s'assoupisse finalement, sa tête tombant contre l'épaule de son camarade qui avait les yeux fixés sur les flammes. Le jeune homme aux cheveux rouges esquissa un sourire amusé tandis qu'il jetait un regard moqueur à son acolyte. Toutefois, il ne le dégagea pas de lui et se contenta de rester immobile pour ne pas perturber son sommeil.

 

**********

 

Trois hommes faisaient face au maître marionnettiste. Deidara, resté à l'écart, pouvait les voir interagir avec son acolyte, un air impassible collé sur leurs visages. Non, pas impassible. Vide. Ces individus n'étaient plus des êtres humains, ils étaient les pantins de Sasori. De simples coquilles que le jeune homme utilisait à sa guise. Leurs pupilles ternes et leurs gestes mesurés étaient la preuve formelle qu'ils n'avaient plus aucune maîtrise de leurs corps ou bien même de leurs pensées. Le blond réprima un frisson, il trouvait son ami effrayant, et lorsqu'il apercevait son aura, il ne pouvait s'empêcher de le craindre. L'entretien ne dura pas plus de dix minutes. Le ninja aux cheveux rouges congédia ses jouets qui disparurent aussitôt et il retourna auprès de lui.
– J'ai tout ce que Pain a demandé sur la situation actuelle. Nous pouvons rentrer.
– Enfin, soupira Deidara en souriant.
Sans plus de paroles, leurs bagues s'illuminèrent et ils s'évaporèrent du terrain pour réapparaître dans le salon du rouquin. Ce dernier, assis sur le canapé à lire un livre, leva les yeux pour regarder Sasori, qui l'informa immédiatement de tout ce qu'il savait. Lorsque tout fut convenu entre eux, les deux colocataires quittèrent le logement de leur ami pour rentrer chez eux.
– On a manqué une journée et demi de cours, nota le blond, est ce que tu comptes y aller cet après-midi ?
– Non, je ne pense pas.
– Heureusement, acquiesça-t-il, parce que je n'ai pas envie de bouger non plus.
Les étudiants rentrèrent dans leur appartement et dès que la porte d'entrée fut refermée, Deidara se plaça en face de son ami, l'index pointé vers son visage.
– Regarde tes cernes, lança-t-il d'un ton accusateur, avec notre mission, tu ne t'es accordé aucun repos depuis bientôt une semaine.
– Et alors ?
– Et alors tu vas crever ! Enfin, Saso ! T'es pas un surhomme, arrête de repousser sans cesse tes limites !
Son interlocuteur braqua ses iris sur son ami, percevant clairement l’inquiétude dans sa voix comme dans ses yeux azurs brillants. Il soupira, détournant enfin le regard.
– Entendu Dei, je vais aller dormir.
L'autre parut surpris de gagner aussi facilement, il pencha la tête et fronça les sourcils. Sasori posa sa main gauche sur la chevelure blonde de son acolyte et il l'ébouriffa d'un geste affectif avant de partir vers sa chambre, s'y enfermant. Une fois seul, le jeune homme se frotta les yeux, reconnaissant son état de fatigue, et il retira ses vêtements avant d'aller prendre une douche. Il soupira de soulagement lorsque l'eau brûlante entra en contact avec sa peau, changeant de la sensation désagréable de la pluie battante et glacée d'Ame. Il resta ainsi une vingtaine de minute avant de sortir se sécher, puis ils se glissa sous ses draps et ferma les yeux. Deidara, quant à lui, resta dans le salon, préférant s'allonger dans le canapé pour poursuivre la série qu'il avait commencée il y a peu, Lucifer. L'étudiant appréciait particulièrement le caractère arrogant du protagoniste, et il aimait beaucoup l'humour qui tranchait la narration avec rythme. Toutefois, il aurait aimé voir un peu plus de spectaculaire, notamment dans les effets spéciaux. Deux heures et demi passèrent et le jeune homme commençait à somnoler devant la télévision lorsque des coups secs retentirent contre la porte. Grognant légèrement, mécontent d'être dérangé, le blond stoppa son épisode avant de se lever jusqu'à la porte pour ouvrir. Il écarquilla les yeux, surpris de faire face à deux policiers en uniformes et d'un homme en costume noir, chacun avec une expression grave sur le visage.
– Bonjour, commença l'un deux d'une voix forte, nous cherchons Sasori Redsands.

Chapitre 3 : Seul

Deidara mit quelques secondes pour trier les informations qu'il venait de recevoir. Il hocha simplement la tête et répondit tout en étant méfiant.
– Sasori est mon coloc, je vais le chercher, entrez.
Les trois inconnus avancèrent avant de refermer la porte tandis que l'étudiant se dirigeait vers la chambre de son ami. Il frappa, mais aucune réponse ne suivit. Il entra alors dans la pièce sombre rangée minutieusement, et il s'approcha du grand lit pour faire face au visage paisible de son acolyte. Ainsi, il semblait plus être un ange qu'un manipulateur sans émotions. Celui ci ouvrit soudainement les yeux, ses iris froids reformant cette expression inhumaine qui lui seyait de coutume. Il se redressa immédiatement, ses cheveux encore plus ébouriffés que d'habitude.
– Désolé de te réveiller, dit alors Deidara, il y a la police à la porte qui te demande. Qu'est ce que t'as fait comme connerie ?
Les yeux du marionnettiste se plissèrent et ses doigts caressèrent machinalement sa bague, éternellement fixée sur son pouce gauche.
– On va très rapidement le savoir, siffla-t-il en repoussant ses draps pour se lever.
Il ne prit pas la peine d'enfiler un t-shirt et, vêtu d'un simple pantalon, il quitta sa chambre, son colocataire sur les talons. Le garçon aux cheveux rouges avança pour faire face aux trois hommes qui attendaient avec patience.
– Bonjour monsieur Redsands, salua l'un des agents. Vous devriez vous asseoir avant que nous ne commencions.
– Ce ne sera pas nécessaire, répondit Sasori de sa voix implacable.
Le policier fut déstabilisé par la froideur et le sang froid de son cadet mais il se reprit bien vite.
– Il se trouve que votre grand mère, Chiyo Redsands, a été retrouvée ce matin à son domicile. Elle est décédée, toutes mes condoléances.
Il fit une pause, attendant la réaction humaine qui suivait ce genre d'annonce, mais aucun changement n'affecta l'attitude ou le visage de son interlocuteur. Interloqué, il échangea un regard avec son collègue qui prit le relais, bien qu'également perturbé.
– Nous ne connaissons pas encore les circonstances du décès, mais nous vous tiendrons informé de l'avancée de l'enquête.
L'étudiant hocha la tête, sans prendre la parole. L'homme en costume s'avança alors, une mallette noire à la main. Il portait des lunettes grises et devait avoir une quarantaine d'années.
– Monsieur Redsands, appela-t-il, je suis le notaire que votre grand mère avait engagé pour son testament. Veuillez dans un premier temps recevoir toutes mes condoléances. Je sais que vous n'aviez plus qu'elle dans votre famille, et qu'elle n'avait plus que vous, c'est pourquoi elle avait prévu en amont la vente de tous ses effets personnels afin que l'argent vous revienne. Le contenu de son compte, qui possédait également la fortune de vos défunts parents, est également vôtre. Toutefois, elle avait aussi parlé d'une boîte à vous remettre.
Il ouvrit sa valise et en sortit une cartouche de bois qu'il tendit au jeune homme. Ce dernier s'en empara et l'ouvrit. Il jeta un coup d'oeil avant de la refermer et posa de nouveau ses yeux inexpressifs sur son interlocuteur.
– Il y a des papiers à signer je suppose ?
– Effectivement, acquiesça le plus âgé, surpris d'un tel calme et d'une froideur tout aussi atypique.
Il resta cependant professionnel et sortit les documents pour les présenter à l'héritier de sa cliente. Tout fut réglé en un quart d'heure, et les trois hommes quittèrent l'appartement après avoir récupéré le numéro de téléphone de Sasori afin de le tenir informé de la suite. Lorsque la porte claqua, Deidara, qui attendait appuyé contre le mur, libéra enfin sa curiosité.
– Sérieusement, tu ne ressens rien du tout ? Même en perdant ta grand mère alors qu'elle t'a élevé seule depuis que t'es gosse ?
Sasori récupéra la boîte qu'il avait posée sur la table et il traversa la salon, passant devant son ami sans lui porter d'attention.
– Non, répondit-il néanmoins, je ne l'ai pas vue depuis que je suis parti de chez elle, à ma majorité.
– Ouais, donc depuis deux ans quoi, enchaîna le blond en le suivant. Et dis, il y a quoi là dedans ?
– Rien qui te regarde, lâcha l'étudiant en fermant la porte de sa chambre au nez de son colocataire.
Celui ci bouda, mais il n'insista pas et retourna s'affaler dans le canapé. Levant la tête pour regarder en direction de la pièce dédiée à son ami, il souffla, vexé.
– Enculé ! cria-t-il alors soudainement. Le silence lui répondit mais il savait que l'autre l'avait entendu. Il fit la moue, plus frustré encore par le fait d'avoir été ignoré.

**********

 

Sasori rehaussa son sac sur son épaule d'un mouvement vif avant de se diriger dans le couloir en direction de sa salle de cours. Il allait poser sa main sur la poignée de la porte lorsqu'il entendit son nom crié. Il se retourna pour voir Alexa et sa bande arriver vers lui.
– Et bien Sasori, sourit le plus baraqué des garçons, ça fait trois jours qu'on ne t'a pas vu en cours, qu'est ce que t'as de mieux à faire ?
Le marionnettiste posa ses iris sur son interlocuteur.
– Des choses qui me regardent, Erwan.
– Toujours aussi agréable, intervint Jean avec un sourire.
L'autre fille du groupe, Lucie, se permit un rire léger.
– En tout cas, il ne s'agit pas de cours de politesse, où alors tu es très mauvais élève Saso !
– Ne m'appelle pas comme ça, se contenta de répondre le jeune homme aux cheveux rouges en entrant dans la salle encore vide. Le groupe suivit dans la pièce, Alexa garda le silence tandis que son amie répondait.
– Mais pourquoi ? J'ai bien entendu ce garçon avec qui tu traînes parfois ici te nommer ainsi. Tu sais, le blond avec une longue mèche !
Sasori s'installa sur une table avant de reprendre la parole.
– Lui c'est différent. Aussitôt, la curiosité de sa camarade fut piquée, elle s'assit à côté de l'étudiant taciturne et le regarda fixement.
– Ah oui ? C'est qui ? Ton petit copain ?
Sasori haussa légèrement un sourcil, ne s'attendant pas à une telle question.
– Non, répondit-il.
– Ton crush alors ?
Il souffla d'agacement et entreprit d'ignorer la turbulente jeune femme. Erwan et Jean ricanèrent, mais un regard glacial du solitaire leur coupa l'envie de continuer.

 

**********

 

Deidara souffla, soulevant sa mèche blonde pendant un court instant. Il était arrivé dans la salle de cours depuis dix minutes, et il voulait déjà repartir. Les différents groupes d'étudiants étaient répartis par ordre alphabétique, par conséquent il n'avait que peu de cours en compagnie de son colocataire. Le blond savait qu'il n'était pas apprécié dans sa promo. Son arrogance insupportait beaucoup de ses camarades et son physique lui attirait également des ennuis. Il savait que Sasori était dans une situation différente, car derrière son sale caractère, sa patience et son calme faisaient de lui une personne tolérante et agréable à fréquenter. Sans parler de sa beauté qui devait plaire à plus d'une personne. Une ombre devant lui le sortit de ses pensées et il reconnut Dorian, un mec populaire de sa formation.
– A chaque fois que je me dis que tu ne peux pas être plus PD, tu repousses les limites, se moqua-t-il en désignant le vernis noir sur les ongles du jeune homme.
Piqué, Deidara se leva immédiatement pour confronter le regard brun de son interlocuteur.
– Tu m'as appelé comment là ?!
– PD, sale débile. Il te manque aussi des neurones en plus d'une paire de couilles tafiole ?!
– Mais je vais t'exploser la gueule espèce de fils de pute !
Tout en parlant, il lança son poing en direction de Dorian mais il fut stoppé par son professeur qui saisit son bras au dernier moment. L'homme fusilla du regard le jeune étudiant.
– Monsieur Bakuhatsu, siffla-t-il avec colère. Pour insulte et violence envers votre camarade, vous viendrez dans mon bureau après le cours. D'ici là, je vous recommande de vous faire très discret.
Deidara ouvrit la bouche, puis la referma, conscient qu'aucune parole n'aurait le moindre effet. Il se contenta de jeter un regard noir à Dorian qui le fixait avec un sourire satisfait et se rassit à la table.

Chapitre 4 : Adieux

Sasori n'avait qu'une envie, sortir de cette église. Vêtu d'un costume noir, d'une chemise blanche et d'une cravate rouge assortie à ses cheveux, il se sentait pris au piège d'un rôle qu'il ne voulait pas tenir. Sur la poche gauche de sa veste était accrochée une rose écarlate magnifique, ajoutant une légère sublimation à son charisme naturel. Il était debout près du cercueil depuis déjà vingt minutes, pendant que toutes les personnes présentes sur les bancs venaient une par une lui offrir quelques mots. Sa grand mère avait été sa seule famille, mais elle avait toujours apporté beaucoup d'énergie et de temps aux différents centres d'activités de la ville, aussi était-elle une femme respectée et appréciée par beaucoup. La cérémonie en son hommage avait duré trois heures, et cela avait paru une éternité au jeune homme qui détestait attendre. Perdu dans ses pensées, il répondait machinalement à chaque message sans y porter le moindre intérêt. Lorsque la dernière personne s'avança devant lui, il quitta son esprit pour poser ses yeux sur elle.
– Toutes mes condoléances mon garçon, souffla la retraitée qui semblait avoir le même âge que Chiyo. Elle nous manquera à tous, mais il est certain que personne ne souffrira plus que toi de son départ.
Sasori réprima un claquement de langue agacé, et il résista à l'envie de demander à la vieille femme ce qu'elle pouvait bien savoir de lui. Il se contenta de hocher la tête avant de suivre le cortège qui quittait les lieux pour se diriger vers le cimetière situé en face de l'édifice. Le cercueil était porté par des élus municipaux soucieux de rendre hommage à cette doyenne qui avait tant contribué à la société. L'étudiant sortit de l'église et il aperçut une chevelure blonde reconnaissable entre mille un peu plus loin. Deidara était là, assis sur un muret. Dès qu'il remarqua son colocataire à la porte du bâtiment religieux, il se leva et s'approcha de lui. Le garçon aux cheveux rouges nota que son acolyte avait mis une chemise blanche sur un pantalon noir, faisant un effort vestimentaire clairement exceptionnel. Il haussa un sourcil, sceptique.
– Ne fais pas cette tête Saso, je ne voulais juste pas que tu aies à passer toute cette journée seul à ruminer tes pensées tel l'emo so dark que tu es.
Le marionnettiste ne répondit rien, roulant simplement des yeux, et les deux ninjas avancèrent derrière le convoi jusqu'à entrer dans le cimetière. Le lieu fut empli d'un silence pesant pendant que le cercueil de Chiyo était placé et la tombe refermée. Le vent fit virevolter les cheveux rouges ébouriffés du jeune solitaire. Les spectateurs partirent peu à peu, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que Deidara et Sasori devant la pierre tombale.
– Tu as besoin de rester encore un peu ? demanda alors le blond.
– Non, j'attendais que tout le monde se casse, répondit sèchement son acolyte. On a une mission.
– Ah bon ?
– J'ai reçu un SMS de Pain il y a deux heures. Nous devons retrouver une cible et l'éliminer ainsi que tous les témoins.
Le blond hocha la tête en regardant le visage de leur future victime que Sasori lui montrait depuis son téléphone. Ils échangèrent un regard entendu et activèrent le pouvoir de leurs bagues avant de disparaître, ne laissant de leur passage dans le cimetière qu'une traînée de poussière.

 

**********

 

Les deux ninjas se tenaient à la lisière d'un bois, fixant un village assez important qui gardait en son sein une forteresse imposante, placée au centre de la cité massive. Cette dernière était bruyante et fortement fréquentée, les enfants jouant et criant dans les rues sous le regard bienveillant des commerçants et travailleurs qui s'activaient dehors.
– Tu vas infiltrer tes bombes partout autour et à l'intérieur du village, puis tu veilleras depuis le ciel à ce que personne n'en sorte, ordonna Sasori, implacable.
– Je vais pouvoir faire exploser toute la cité ? demanda le blond, enthousiaste. Son acolyte confirma d'un hochement de tête.
– Pour ma part, je laisserai des marionnettes à chaque entrée pour bloquer les potentielles fuites. J'irai en personne chercher notre cible, et l'éliminerai aussitôt. Lorsque je te rejoindrais en hauteur, tu feras sauter cet endroit.
– D'accord, ça me va.
Le ninja aux cheveux longs commença à travailler de l'argile explosive dans ses mains si particulières qui comportaient deux bouches supplémentaires permettant de malaxer la matière dangereuse. Pendant qu'il préparait ses bombes, Sasori prit la route principale menant au village. Il longea les rues, le regard rivé sur l'édifice central, une tour fortifiée qui semblait imprenable. Pas pour lui. Le shinobi aux cheveux écarlates ne prit pas la peine de s'arrêter lorsque les gardes voulurent lui barrer l'entrée au bâtiment. D'un geste de la main, les deux soldats s'affaissèrent, tel des pantins désarticulés, une aiguille empoisonnée plantée dans le cou. Sasori entra et gravit le long escalier d'une démarche désinvolte. Les quelques personnes qui voulurent l'aborder finirent toutes au sol avant même d'avoir pu esquisser le moindre geste. Il arriva enfin devant deux grandes portes de bronze, sculptées finement avec de nombreux ornements. Il savait que son intrusion avait déjà été rapportée mais il n'y accordait aucune importance. Sans perdre plus de temps, il ouvrit les battants avec force, les faisant claquer contre le mur, puis il posa son regard glacial sur l'homme qui était recroquevillé dans un coin, tremblant de terreur.
– Je... Vous êt.. êtes l'Akatsuki ? Bredouilla-t-il.
– En effet.
– Pi.. pitié !
Sasori pencha doucement la tête sur le côté.
– Je ne connais pas ce mot, souffla-t-il.
Il avança alors en levant la main avec lenteur. Dans un espoir vain de fuir, sa cible se leva, titubant avant de courir à l'opposé de la salle. Sasori soupira, puis il laissa jaillir du bout de ses doigts des fils de chakra qui se lièrent à sa victime. Celle ci s'immobilisa, écarquillant les yeux sans comprendre pourquoi son corps s'était figé. Le maître marionnettiste passa dans son dos avant de lui faire face, plongeant son regard vide dans celui, terrorisé, de l'homme. Le jeune ninja ne gaspilla pas plus de temps en paroles, il le saisit simplement à la gorge de sa main gauche, et il serra jusqu'à entendre un craquement sinistre. Laissant retomber le cadavre sans plus de précautions, il balaya la pièce du regard. Un mouvement attira son attention et il vit plusieurs petites araignées d'argile ramper le long du plafond. Le shinobi avança sur le balcon et il déboutonna son long manteau aux nuages rouges, signe distinctif des membres de l'Akatsuki. Sous le vêtement se dévoilait un corps de pantin, dont le ventre était un trou béant contenant un large câble enduit de poison. Sasori leva les yeux vers le ciel, et il repéra l'oiseau sculpté de son acolyte à une quarantaine de mètres. Son câble sortit de son abdomen et le projeta dans les airs avec force et élan. Lorsqu'il approcha enfin le volatile, une main saisit la sienne et le tracta sur l'animal. Dès que les deux hommes furent debout, le regard posé sur le village,
Deidara actionna son pouvoir, et la cité explosa dans un brasier incandescent. Les yeux azurs du blond brillèrent d'un éclat magnifique, tandis qu'un sourire sublime étirait ses lèvres.
– Un art des plus purs, souffla-t-il simplement.
Il regarda alors Sasori, qui sortit de son manteau une rose écarlate, celle qui ornait un plus tôt son costume dans l'autre monde. D'un geste désinvolte, il jeta la fleur dans les flammes, la laissant se consumer sans laisser une seule trace.

 

Chapitre 5 : Combat nocturne

L'étudiant faisait face à un homme d'une trentaine d'années, les cheveux châtains courts et une légère barbe évasée sur les joues. Il portait des lunettes noires et était tatoué sur les bras. Ses yeux azurs brillaient d'un savoir immense et ils témoignaient d'une minutie incroyable qui n'avait échappée à son propre regard analyste.
– Mardi prochain, ça vous irait ? demanda-t-il d'un ton professionnel en fixant le papier de ses iris océans.
Son interlocuteur hocha la tête.
– Cela durera combien de temps ?
L'autre fronça les sourcils, réfléchissant à l'ampleur du travail requis, avant de se redresser pour l'observer.
– Environ quatre ou cinq heures je dirais. Venez dès midi et demi, qu'on puisse commencer dès treize heures.
– Entendu. Et je ne veux aucune modification là dessus.
Il désigna la feuille d'un mouvement de tête sec et implacable.
– Comme vous voudrez. A quel nom dois-je noter le rendez-vous ?
Le jeune homme plongea son regard dans celui de son aîné.
– Redsands Sasori.

**********

 

Hidan tapota frénétiquement l'épaule de Deidara.
– Raaah, mais qu'est ce qu'il y a ? râla le blond en lui accordant enfin de l'attention.
L'Akatsuki avait décidé de se rassembler pour la soirée dans un bar afin de débuter le week-end dans une ambiance plus festive et bien plus détendue que lors de leurs réunions habituelles. Le seul membre qui manquait encore à l'appel était le colocataire de l'artiste impulsif, qui avait affirmé avoir à faire avant de les rejoindre.
– Les quatre là bas à l'entrée du bar, souffla alors l'étudiant aux cheveux argentés, ils seraient pas dans la promo de Sasori ?
Deidara tourna son regard vers le petit groupe que son ami pointait du doigt, il reconnut sans difficultés la fille qui courrait continuellement derrière son asocial de camarade comme un petit chien, Alexa. Il mit cependant plus de temps à poser des noms sur les autres mais finit tant bien que mal par identifier Lucie, Jean et Erwan.
– C'est eux ouais, répondit-il enfin en sirotant son cocktail, ne leur portant pas plus d'intérêt.
Tandis qu'il faisait la moue en finissant son verre, la porte du bar s'ouvrit sur un jeune homme aux cheveux rouges ébouriffés et à l'expression faciale neutre à la limite de l'inhumain.

 

**********

 

Sasori s'arrêta un instant devant l'établissement où l'Akatsuki l'attendait et il lâcha un profond soupir. Il détestait les soirées, les bars, la foule et devoir converser avec des inconnus. D'un geste las, il poussa la porte et entra dans le bâtiment pour entendre une voix aiguë crier son nom. Lentement, il tourna la tête.
– Bonsoir Alexa.
La jeune femme s'approcha de lui, les yeux brillants et un grand sourire aux lèvres.
– Je ne pensais pas te croiser un jour dans un bar.
– J'ai des amis qui aiment venir ici, répondit-il simplement en balayant la salle de ses iris ternes jusqu'à tomber sur son groupe.
Lucie éclata de rire en avançant à son tour.
– Excuse moi, lança-t-elle j'ai cru un instant que tu avais dit avoir des amis.
– Qui êtes vous et qu'avez vous fait de Sasori ? renchérit Jean tandis qu'Erwan riait à son tour.
L'étudiant aux cheveux rouges roula des yeux, ignorant leurs remarques comme l’expression triste de la brune pour se diriger vers l'Akatsuki. Lorsque Deidara le vit approcher, son regard s'illumina et un sourire insolent se dessina sur sa bouche.
– Ah bah te voilà enfin ! cria-t-il sans aucune discrétion. Pour quelqu'un qui n'aime pas faire attendre, tu es bien en retard !
Son colocataire ne prit pas la peine de répondre, il s'installa simplement sur le siège libre, à la droite du blond et, sans prévenir, il le frappa derrière la tête avant de commander deux verres au bar qui se trouvait juste à côté de leur table, un cocktail à base de vodka et un whisky pur.
– Nan mais ça va pas ?! hurla l'autre en se frottant le crâne. Tu vas me le pay...
– Tais toi, le coupa le jeune homme taciturne en déposant le premier verre devant son acolyte.
Les yeux de Deidara glissèrent sur le gobelet et un grand sourire traversa son visage.
– Mon préféré ! Merci Saso, t'es le meilleur !
L'autre ne répondit pas, se contentant d'avaler une gorgée de son whisky. Les membres de l'Akatsuki le saluèrent d'un mouvement de tête auquel il répondit de façon similaire. La soirée défila tranquillement, Itachi et Kisame discutaient de leurs derniers devoirs, Obito était avec Zetsu, Konan et Pain en pleine conversation sur la politique actuelle. Kakuzu râlait parce qu'Hidan dépensait trop d'argent dans les consommations, et Deidara se fichait de ce dernier en affirmant qu'il serait bientôt trop bourré pour réussir à commander un nouveau verre.
– Hey la blondasse ! tiqua l'argenté en se levant. Je t'ai pas sonné je crois !
– Comment tu m'as appelé là !? Tu veux te battre c'est ça ?!
Les deux étudiants au caractère explosif se rapprochèrent l'un de l'autre, se fusillant du regard.
– J'te parie que tu tiens pas longtemps dans un concours de shots face à moi Barbie !
– Répète un peu pour voir ?! J'te fais rouler sous la table quand tu veux !?
Alors que les membres de l'Akatsuki semblaient désespérés par le comportement des deux garçons, les autres clients manifestèrent aussitôt un enthousiasme certain pour leur affrontement. Très rapidement, les deux étudiants furent placés au centre du bar, assis face à face, des shooters colorés entreposés de part et d'autre de la table, et la foule les entourant en lançant des paris sur le vainqueur. Les verres s'enchaînèrent avec fluidité, et en une demi heure, chacun d'eux en avait avalé une bonne vingtaine. Hidan sentit sa tête s'éclater contre le bois du meuble et Deidara voulut crier victoire mais il glissa de sa chaise pour s'écrouler sur le sol. Les spectateurs attendirent quelques minutes dans un silence mortel, puis, voyant qu'aucun d'eux ne se relevait pour départager leurs scores, ils crièrent en applaudissant. Konan posa son regard sur les deux corps inertes de leurs amis avant de le tourner vers Pain.
– Qu'est ce qu'on en fait ? demanda alors le rouquin, exaspéré.
– On les laisse sur le sol ? suggéra Kisame en ricanant.
– Je m'occupe d'Hidan, siffla Kakuzu en soulevant son partenaire et colocataire.
Tous se tournèrent alors vers Sasori, qui depuis son arrivée, avait sûrement bu un bon litre de whisky pur. Par chance, le jeune homme aux cheveux rouges possédait une résistance à l'alcool époustouflante. En interceptant les regards lourds des autres membres de leur groupe, il hocha la tête avant de se lever pour s'approcher de la table. Les clients le fixèrent pendant qu'il se penchait pour soulever Deidara et le placer sur ses épaules. Il revint ensuite vers le groupe, où Kakuzu saluait déjà chaque personne pour partir avec son fardeau humain.
– Bon courage, dit alors Itachi à l'étudiant en arts.
Ce dernier le remercia d'un mouvement de tête, puis il sortit du bar, marchant dans les rues sombres de la ville en direction de son appartement, un blond léthargique sur le dos.

Chapitre 6 : Origines

Sasori entra dans l'appartement en poussant un léger grognement agacé, gêné par le poids de son colocataire. Plongé dans un sommeil semi conscient, Deidara s'était accroché au cou de son ami en enroulant ses bras autour de lui. Le nez plongé dans les cheveux rouges et ébouriffés de son acolyte, il tentait par moments de parler, sans réel succès. Le jeune homme porta le blond jusqu'à sa chambre après avoir retiré leurs chaussures et il le laissa glisser de son dos pour le déposer sur son lit. Toutefois, au moment où Deidara sentit son corps descendre, il resserra sa prise autour de Sasori, l'entraînant en arrière avec lui.
– Mais c'est pas vrai, pesta ce dernier en sifflant de contrariété.
Allongé sur le lit et serrant son ami dans ses bras, Deidara gémit de douleur tant il avait mal à la tête. Légèrement inquiet, le marionnettiste se tourna pour lui faire face et il posa sa main sur son front pour contrôler sa température. A ce contact, le garçon impulsif ouvrit doucement les yeux et quand il reconnut son interlocuteur, ses lèvres s'étirèrent doucement. D'un geste instinctif, le blond plongea son visage dans le cou de l'autre, s'accrochant à son t-shirt pour le maintenir contre lui.
– Reste avec moi Saaasoriiii... murmura l'étudiant d'une petite voix.
Le souffle de son colocataire sur sa peau le fit frissonner, mais il ne dégagea pas Deidara, et, après avoir soupiré, exaspéré, il acquiesça. L'autre sourit contre son cou avant de replonger dans le sommeil, profondément cette fois. Le garçon taciturne roula des yeux, plaça la couverture sur eux, puis il glissa ses doigts dans les cheveux longs de son ami, retirant l'élastique qui les attachait, pour laisser la grande cascade dorée du jeune homme se dérouler sur ses épaules.

**********

 

Sasori ouvrit doucement les yeux, réveillé par la lumière du soleil. Il n'avait pas pensé à fermer le store en rentrant, il devait être encore tôt. Contre son torse, Deidara dormait paisiblement, nullement gêné par la luminosité. Les yeux du marionnettiste planèrent un instant sur la pièce avant de se poser sur le réveil. L'appareil indiquait sept heures trente. L'étudiant essaya de se relever, sans succès, le poids de son colocataire sur lui empêchant tout mouvement. Il hésita un instant à le réveiller, mais il préféra le laisser dormir, conscient que le blond avait besoin de sommeil après l'alcool ingéré pendant la nuit. Il regarda de nouveau la pièce, ennuyé d'avance à l'idée d'attendre et roula des yeux en constatant l'état de la chambre de son ami. Toutes ses affaires étaient éparpillées au sol, des objets mélangés à des vêtements roulés en boules, des dessins et autres travaux d'arts plastiques, ou encore à des cartons et sacs vides ou à moitié remplis de choses non identifiables. Il songea mentalement à avoir une discussion sérieuse avec son partenaire. Ce dernier bougea un instant, attirant son attention. Ses iris froids rencontrèrent l'éclat argenté de la bague bleue qui décorait l'index droit de Deidara. Il leva sa propre main pour l'approcher de celle de son acolyte, plaçant son bijou sous son regard. Le violet de la sienne brillait doucement à la lumière. L'Orbe. Sa chevalière portait ce nom japonais, inscrit avec légèreté au centre de la pierre. Celle de son colocataire s'appelait Azur. Tandis que le jeune homme se perdait dans la contemplation des deux bagues, il sombra peu à peu dans ses souvenirs.

 

**********

 

Le jeune homme soupira. Il déambulait entre les stands depuis maintenant plusieurs heures sans trouver de quelconque intérêt. Il venait tout juste d'avoir dix huit ans et l'hiver approchait doucement. Il avait récemment emménagé avec son ami d'enfance dans un appartement près de son école d'arts appliqués, quittant le domicile de sa grand mère sans même l'avertir. La vieille femme le connaissait suffisamment pour ne pas se poser de questions, elle s'en doutait, aussi n'avait-elle pas été étonnée de ne plus voir son petit fils rentrer le soir même de sa majorité. Il avait tout organisé à l'avance, préparant minutieusement son départ. Une brise glaciale se leva et il referma son manteau en avançant dans les rangées. Novembre commençait à peine et les vacances se terminaient tranquillement tandis que le froid se faisait ressentir progressivement. Il était sorti en fin de matinée, agacé par la musique élevée de Deidara dans leur salon, avait marché jusqu'à la brocante annuelle et se baladait depuis dans les allées, ses iris balayant les différents objets en vente. Il s'arrêta devant un coffre de petite taille, abîmé et assez vieux, mais décoré de façon sublime, bien que simple. Il s'approcha du stand et saisit l'objet des mains, attiré par ce dernier, le regardant sous tous les angles. Il ouvrit doucement la boîte et admira l'intérieur. Il eut alors un étrange pressentiment et, avec minutie, il laissa ses doigts coulisser sur la paroi, déclenchant l'ouverture d'un double fond qui révéla des bagues argentées sublimes assorties de pierres colorées, chacune portant une inscription unique. Le jeune étudiant referma précautionneusement le coffre avant de se tourner vers son propriétaire.
– Combien pour ça ? demanda-t-il sans perdre de temps en paroles inutiles.
– Cette vieillerie t’intéresse petit ? Ce n'est qu'une boîte moisie que j'ai retrouvée dans le grenier de mes parents, je ne pensais même pas la vendre.
Sasori roula des yeux, agacé par l’appellation comme le récit futile.
– Je demande le prix.
– C'est dix euros.
Le garçon aux cheveux écarlates eut ainsi confirmation que son interlocuteur n'avait aucune idée de la présence des bagues. Il sortit un billet de sa poche et quitta la brocante tandis que le marchand lui souhaitait une bonne journée.

 

**********

 

Sasori était assis en tailleur sur son lit, les yeux rivés sur le coffre ouvert devant lui. Le double fond était posé sur le côté et les dix chevalières brillaient doucement à la lumière du jour qui filtrait par la fenêtre. Après son achat, il était directement rentré, avait ignoré avec talent son colocataire et s'était enfermé dans sa chambre. Il tendit doucement sa main pour saisir la bague à la pierre violette et il la fit doucement tourner entre ses doigts. Le bijou portait comme inscription le kanji « Orbe ». Il glissa l'objet autour de son pouce gauche et ce dernier se mit à briller étrangement. Il ferma les yeux, ébloui, et sentit ses cheveux rebelles se balancer au rythme d'un vent glacial. Ses paupières s'ouvrirent et le jeune homme remarqua qu'il n'était plus chez lui mais dans une plaine de hautes herbes, assis sur un rocher. Il balaya son regard sur le lieu, cherchant une explication rationnelle. Soudain, sans sans savoir d'où venait son réflexe, il sauta de la roche pour voir des kunaïs foncer à l'endroit précis où il se tenait. Le jeune homme leva la tête et aperçut un ninja sortir du décor, lames en mains et l'attitude menaçante.
– Que fais tu là toi ?! cria le shinobi. Tu es un espion ?
– Non, répondit calmement Sasori sans perdre son sang froid. Je ne sais même pas ce que je fais dans ce lieu.
– C'est ça, prends moi pour un abruti. Peut être que te trancher la peau te rendra plus honnête.
L'homme se jeta sur l'étudiant, prêt à le découper de ses armes aiguisées. Le garçon aux cheveux écarlates, toujours porté par son étrange instinct, déchira son t-shirt pour laisser sortir de son ventre un câble enduit d'un liquide violet qui transperça son adversaire avec virulence, s'aspergeant de son sang pour ensuite le rejeter plus loin. Il baissa lentement ses iris sur lui même pour découvrir que son corps était maintenant celui d'une marionnette armée. Il écarquilla légèrement les yeux, admirant chaque détail de sa forme. Prenant une grande respiration pour réfléchir, il ferma les paupières et sentit le vent cesser de balayer ses mèches écarlates. Un grand bruit sourd se répandit dans ses tympans et il se sentit tomber avec fracas, son regard s'ouvrant brusquement pour voir de nouveau sa chambre. Il était allongé sur le sol, le coffre était renversé sur son lit. Lentement, il se redressa sur ses coudes, juste avant de voir Deidara ouvrir brutalement la porte de sa chambre.
– Sasori !? C'était quoi ce bruit ? Tout va bien ?
Il se figea en apercevant son colocataire sur le parquet, le t-shirt déchiré et le visage comme le corps couverts d'un sang qui n'était pas le sien puisqu'il n'était blessé nulle part.
– Qu'est ce que c'est que ce bordel... souffla le blond, désemparé.

 

Chapitre 7 : L'encre noire

Sasori revint à la réalité lorsqu'il sentit Deidara s'agiter contre lui, grognant de douleur. Il baissa ses iris sur le blond pour le voir froncer les sourcils et ouvrir doucement les yeux.
– Sasooo, j'ai maaaal... souffla-t-il en faisant la moue.
– Tu n'aurais jamais du boire autant abruti, répondit son acolyte d'un ton cassant.
L'autre gémit doucement avant de replonger son visage dans le cou de son ami. Sasori soupira.
– Lâche moi Dei, je vais aller te chercher quelque chose pour ton mal de tête.
Le blond râla mais il libéra son colocataire pour replonger sous les draps. Le garçon aux cheveux écarlates se leva, il traversa la chambre et se dirigea dans la cuisine pour préparer un grand verre d'eau fraîche coupée avec du jus de citron avant de prendre un comprimé pour la migraine. Il revint dans la pièce et s'assit au bord du lit.
– Dei.
– Mmmhh...
Sasori releva la couette, provoquant une protestation sonore de la part de Deidara, puis il présenta sa paume, dans laquelle se tenait le médicament tout en tendant le verre de l'autre main. Le blond se redressa en grimaçant et il avala le comprimé avec une gorgée avant de boire l'eau citronnée d'une traite. Le marionnettiste reposa le gobelet tandis que son ami se rallongeait dans son lit, puis il se redressa et baissa les stores de la fenêtre pour assombrir la pièce. Il quitta ensuite la chambre et se tourna vers son acolyte.
– Repose toi. Et quand tu auras le temps, il faudrait songer à ranger ce foutoir, on ne peut pas circuler là dedans.
Une respiration profonde lui répondit et, comprenant que le blond s'était endormi, il ferma la porte sans insister.

**********

Sasori griffonnait sur son carnet de croquis, assis au sol, contre le mur, et le regard concentré. Autour de lui, les gens commençaient à quitter l'édifice pour aller manger afin de ne pas attendre dans les cafétérias lorsque l'heure de pause arriverait. L'étudiant reforma les traits principaux de son travail, puis il regarda le résultat. Son dessin, un dos voûté depuis lequel sortaient deux ailes abîmées et ensanglantées, ne le satisfaisait pas. Il trouvait le tracé trop brouillon, les marques sur le dos imprécises et les plumes trop fines. Il soupira avant de ranger ses affaires dans son sac à dos et se leva pour sortir du bâtiment.
– Sasori !
Il se retourna pour voir Lucie approcher, suivie de Jean.
– On va rejoindre Alexa et Erwan au réfectoire devant l'école, enchaîna la jeune femme, tu veux te joindre à nous ?
– Non, je pars en ville.
– Mais... Et le cours de treize heures ?
– Je n'y vais pas.
Jean ricana légèrement.
– Un vrai rebelle, railla-t-il, tu sais mec, c'est pas parce que t'es le petit prodige de la promo que tu ne peux pas rater tes études. Tu loupes de plus en plus de cours, ça va finir par te causer des problèmes.
– Je ne vois pas en quoi ça te concerne, répliqua le marionnettiste d'une voix glaciale avant de se retourner pour partir.
Il passait la porte lorsqu'il entendit une dernière phrase prononcée par le garçon à l'intention de Lucie.
– Comment Alexa peut-elle aimer un type pareil, il est tellement désagréable, froid et, putain, j'ai jamais vu un tel manque d'humanité.
Roulant des yeux, Sasori poursuivit sa marche pour rejoindre le tram. Une fois en ville, il se dirigea vers le lieu qu'il cherchait. Il jeta un coup d'oeil rapide à son téléphone qui indiquait maintenant midi et quart. Enfin arrivé devant l'édifice, il entra et se présenta au comptoir. L'homme qu'il avait rencontré quelques jours auparavant était là, et celui ci lui offrit un sourire tout en le saluant d'un signe de tête.
– Pile à l'heure, apprécia-t-il.
– Je n'aime pas faire attendre.
Il sourit face à cette réponse et indiqua ensuite à Sasori de le suivre pour le mener dans une salle minutieusement rangée.
– Je vous laisse retirer vos vêtements, je reviens avec le reste du matériel.
L'étudiant hocha la tête et l'homme partit vers le bureau où il récupérera un bac en carton qu'il avait préparé il y a peu. Il revint dans la pièce, où le jeune garçon aux cheveux rouges faisait passer son débardeur par dessus sa tête pour le poser ensuite sur la chaise qui accueillait déjà son manteau et sa veste, laissant entrevoir une musculature fine et précise qui ajoutait à son charisme une élégance manifeste. Sasori déboucla ensuite sa ceinture pour faire glisser son pantalon, qu'il entreposât avec le reste de ses affaires. Il s'assit ensuite sur la longue table prévue à cet effet et l'homme entreprit de sortir ses instruments pour lui expliquer comment il allait procéder. Il demanda ensuite à son interlocuteur de s'allonger sur son côté droit et il plaça un papier sur sa hanche afin d'apposer sur sa peau le dessin qu'il contenait. Au contact, le marionnettiste se crispa légèrement, et cela n'échappa pas au professionnel.
– Vous n'êtes pas tactile ?
– En effet, répondit-il d'une voix froide.
– J'y ferai attention.
Il retira le papier et observa minutieusement le croquis légèrement marqué sur la peau pâle et sans aucune imperfection de l'étudiant. Il sortit alors ses aiguilles, vérifia que tout était adapté et prêt, puis il commença son travail, le regard concentré et les gestes maîtrisés. L'encre noire se mêla au corps de Sasori au rythme de la pointe métallique, jouant lentement sur sa hanche et remontant doucement le long de ses côtes. Sasori ferma les yeux, surveillant chacune des sensations qui parcouraient son être, sans toutefois manifester quoi que ce soit. Son visage était aussi neutre que d'habitude, ne conservant que cet air angélique qui était sien lorsqu'il dissimulait son regard glacial. Lui qui détestait attendre, il patienta toutefois plusieurs heures, immobile, presque statufié, si bien que lorsque le tatoueur eu fini son travail, il crut un instant qu'il s'était endormi. Mais alors qu'il se penchait pour le réveiller, l'étudiant ouvrit ses yeux d'or vides de toute émotion, et le marionnettiste se redressa pour admirer l'oeuvre nouvelle qui ne faisait qu'un avec son corps. La peau de sa hanche gauche était rougie, et l'ancre brillait doucement à la lumière du spot qui éclairait la pièce, mais il était satisfait. Le scorpion noir figé sur lui semblait prêt à attaquer, il était le message clair de sa propre dangerosité, une simple menace inoffensive sur un homme qui ne l'était pas. Le professionnel lui donna quelques consignes pour ce qui concernait la cicatrisation du tatouage tout en enveloppant le dessin de cellophane, mesurant ses gestes pour toucher le moins possible la taille gracile de son client, puis il le laissa se revêtir avant de retourner avec lui au comptoir pour régler la séance. Sasori quitta le bâtiment et il leva les yeux vers le ciel. La nuit tombait déjà, et les premières étoiles se dévoilaient délicatement dans la voûte céleste. Le garçon aux cheveux écarlates resta un instant interdit, les iris plongés dans sa contemplation et le vent faisant doucement remuer ses longues mèches rebelles. Il détacha enfin son regard et glissa ses mains dans les poches de son pantalon avant de prendre le chemin pour rentrer chez lui.

 

Chapitre 8 : Inquiétude

Deidara laissa ses mains agir avec spontanéité. Devant lui, l'argile se forma doucement sous ses gestes minutieux, et la silhouette se précisa lentement. Il réprima un soupir, regrettant de ne pouvoir user de son pouvoir pour invoquer les bouches de ses paumes, capables de modeler n'importe quelle structure en quelques secondes. Prenant sur lui, il se contenta de laisser ses doigts s'actionner sur la terre et après quelques minutes de travail acharné, ses mains libérèrent un oiseau sublime, dont les ailes se déployaient lentement pour prendre son envol. Les détails étaient de qualité, aucune imperfection ne semblait se manifester sur la sculpture. La professeure s'approcha et saisit l'objet pour le regarder sous tous les angles, puis elle dirigea son regard sur l'étudiant et lui offrit un grand sourire.
– Vous êtes très doué dans cet exercice, j'espère que vous ne détruirez pas ce travail cette fois ci.
Deidara fit la moue.
– Ma conception de l'art est éphémère, j'aime savoir que mes productions ne durent qu'un instant avant de disparaître pour ne survivre qu'à travers la mémoire hun. Mais puisque vous semblez l'apprécier, je veux bien vous laisser l'oiseau en le rendant comme projet de fin de trimestre.
– Oui c'est une bonne idée, je vous en remercie.
L'enseignante s'éloigna pour commenter les autres travaux, lorsque la fin du cours arriva, le jeune homme rassembla ses affaires et il quitta la salle, laissant l'oiseau posé sur sa table intact. Il rentra tranquillement tout en regardant le soleil descendre dans l'horizon, et quand il ouvrit la porte de l'appartement, il fut surpris de ne pas y voir Sasori. Il était déjà rentré à cette heure d'habitude, et travaillait de coutume dans le salon. Mais l'imposant bureau de son colocataire était vide, parfaitement rangé comme à chaque fois. Intrigué, le blond frappa à la porte de la chambre de son ami, mais seul le silence lui répondit. Il ouvrit doucement la porte pour trouver la pièce vide. Abandonnant recherches comme questions, le blond se dirigea vers sa propre pièce personnelle pour retirer ses vêtements et aller dans sa salle de bain. Il resta sous l'eau brûlante une bonne vingtaine de minutes, puis il sortit, enfila t-shirt et pantalon et sécha ses longs cheveux avant d'aller dans la cuisine pour préparer quelque chose pour le repas. La porte d'entrée s'ouvrit alors sur Sasori. Sans jeter un seul regard à son colocataire, l'étudiant taciturne laissa son sac tomber sur le fauteuil de son bureau et il partit s'enfermer dans sa chambre. Deidara, interloqué, le suivit et entra dans la salle sans frapper.
– Saso, tout va bien ?
L'autre se retourna pour le fixer de ses iris ambrés.
– Oui. Pourquoi cette question ?
– Je ne sais pas, d'habitude tu es déjà rentré à cette heure, et puis tu n'as rien dit, tu es juste parti ici alors que pour une fois, j'ai fait à manger.
Sasori soupira.
– J'avais un rendez vous, et désolé, je n'ai pas faim, mais promis je note l'effort, surtout que tu n'as rien fait explosé dans la cuisine. Deidara fit la moue suite à sa pique, puis il reprit un air sérieux et plongea ses yeux océans dans ceux de son colocataire.
– Tu n'étais ni au réfectoire ce midi, ni à l'école cet après-midi. Tu n'as pas mangé avant ton rendez vous je suppose.
Le silence de l'étudiant au cheveux rouges fut assez éloquent.
– Et ce matin non plus, comme d'habitude, continua le blond, désapprobateur.
– C'est bon Dei, épargne moi ton numéro, je vais bien.
Son ami croisa les bras sur sa poitrine, fâché.
– Tu ne manges pas, tu ne dors pas, tu négliges ton bien être constamment, mais tu veux crever bordel !? Espèce d'abruti ! Plus ça va plus tu joues au mec emo dépressif, il t'arrive quoi putain ? Le garçon aux cheveux rouges fit claquer sa langue contre son palais avec agacement, détournant les yeux. Bien plus impulsif que lui, Deidara ne supporta pas l'absence de réponse et il combla l'espace entre son colocataire et lui pour marteler sa poitrine de ses poings tout en l'insultant. Sasori ne réagit pas, la tête légèrement baissée et les cheveux écarlates dissimulant son front et ses yeux, le laissant faire, conscient que cette attitude n'était que le résultat de son inquiétude, tout comme il savait que son propre comportement était puéril. Au bout de cinq minutes, il soupira de lassitude et saisit les poignets de son ami avec fermeté. Il comprenait sa réaction. Deidara était son ami depuis la maternelle, il était le seul de l'Akatsuki qui le connaissait vraiment et le seul qu'il autorisait à s'approcher de sa vie privée. Jamais personne d'autre que lui n'aurait pu le rappeler à l'ordre comme il le faisait, ou même simplement lever la main sur lui. Pain lui même ne s'y risquait pas. Il était aussi l'unique individu avec lequel le jeune homme taciturne acceptait de vivre en colocation. Le blond se figea, immobilisé, ses avant bras enserrés par les longs doigts fins de l'artiste ténébreux.
– C'est bon, arrête de t'exciter, lâcha-t-il doucement. Je viens manger. Et ensuite j'irai dormir.
– Ouais bah j'y veillerai, grommela le garçon androgyne en réponse, lâche moi maintenant, crétin.
Sasori obtempéra et les deux hommes allèrent dans la cuisine. Deidara avait en effet surpassé ses capacités en préparant des tagliatelles au saumon et à la crème fraîche. Une fois le dîner terminé, le marionnettiste se leva de table et il débarrassa avant de commencer à faire la vaisselle. Il n'avait pas dit un mot du repas, se contentant de hocher la tête lorsque son ami lui avait demandé s'il aimait le plat. Le blond l'observa, toujours assis, et lorsque le débardeur de son acolyte se releva sous ses mouvements, il aperçut du papier cellophane au niveau de sa taille. Il fronça les sourcils, et, sans se préoccuper de la réaction de l'étudiant, il se leva pour venir derrière celui ci et soulever son haut. Ses yeux tombèrent sur le tatouage de scorpion et il le regarda avec une légère admiration.
– Dei, souffla Sasori en s'immobilisant, pourrais tu m'expliquer pourquoi tu es en train de me désaper ?
Le blond rougit subitement en entendant la question, mais rapidement, il reprit sa désinvolte habituelle pour revenir à ce qui le captivait.
– Tu comptais me le dire quand que tu t'étais fait tatoué ?
– Parce que ça te concerne ?
L'autre jura, pestant contre l'attitude de son ami. La discussion cessa et lorsque le garçon aux cheveux écarlates eut terminé sa corvée, il se retira dans sa chambre. Deidara attendit deux heures avant d'aller, comme il l'avait dit, vérifier que son acolyte dormait. Il ouvrit doucement la porte de sa chambre et repéra le corps de Sasori, profondément endormi dans son lit. Pour n'avoir même pas essayé de lutter contre la colère du blond, il devait avoir atteint à ses limites physiques. Il l'observa un instant, profitant de l'instant rare où, les yeux clos, le garçon ne conservait que son air angélique. Ainsi assoupi, Deidara lui trouvait un côté chétif qu'il ne lui avouerait jamais sous peine d'être frappé. Souriant de satisfaction, il referma doucement la porte avant d'aller se coucher à son tour.

Chapitre 9 : L'invitation

Deidara leva sa main au dessus de son bol, souhaitant plonger sa tartine beurrée dans son chocolat chaud. La porte de la chambre de son colocataire s'ouvrit alors, révélant la silhouette de l'étudiant. Il était vêtu d'un pantalon noir de jogging qui glissait lentement sur ses hanches fines, laissant entrevoir son tatouage sombre comme sa musculature légère et bien dessinée. Ses cheveux étaient encore plus ébouriffés que de coutume, les plus longues mèches écarlates longeant sa nuque jusqu'à frôler ses épaules. Ses yeux ambrés étaient aussi froids que d'habitude, mais son expression était plus douce car le jeune homme était encore quelque peu endormi. Il avança vers la cuisine sans remarquer la présence de Deidara, se frottant les yeux avec désinvolte, son geste faisant légèrement ressortir ses clavicules. Le blond s'était figé en le voyant, il avait la bouche ouverte et ne s'était pas aperçu qu'il avait lâché sa tartine, maintenant en train de flotter dans sa boisson. Sasori passa juste à côté de lui avant de se placer en face de la cafetière, lui présentant son dos. Tandis que le regard de Deidara longeait la colonne vertébrale de son acolyte pour descendre lentement, ce dernier se servit une tasse de café.
– Salut, prononça-t-il d'une voix rauque encore ensommeillée qui fit sortir l'autre de sa contemplation.
Le blond leva de nouveau son regard vers Sasori pour remarquer que celui ci s'était retourné et l'observait tranquillement.
– Salut Saso, répondit-il finalement après avoir repris ses esprits, tu as bien dormi ?
– Mmh.
L'étudiant aux cheveux rouges avala une gorgée de sa boisson sombre et Deidara se concentra de nouveau sur son bol, dans lequel sa tartine finissait de couler tel le Titanic. Il fit alors la moue sans essayer de sauver son petit déjeuner.

**********

 

Le soleil brillait sur le campus universitaire et beaucoup d'étudiants s'étaient installés dans l'herbe pour profiter de l'après midi. Les membres de l'Akatsuki étaient de ceux là. A l'ombre d'un arbre, ils avaient décidé de se réunir dehors plutôt que de s'enfermer dans l'appartement de Pain et Konan. La jeune femme se trouvait par ailleurs dans les bras du rouquin tandis que les autres garçons étaient à côté. Itachi et Kisame étaient assis en tailleur, concentrés sur la discussion, tandis que Kakuzu observait le groupe d'un air distrait. Obito et Zetsu rigolaient en fixant Deidara et Hidan qui se disputaient comme à leur habitude. Un peu plus éloigné d'eux se trouvait Sasori, allongé sur le dos et un bras barrant son visage. Il avait les yeux clos mais ne dormait pas, écoutant simplement sans rien dire.
– Les villages ninjas ont changé de méthodes pour leurs recherches, les informa Pain à partir des données reçues des espions du marionnettiste. Il semblerait que le peu d'informations qu'ils aient sur nous leur ait permis de nous inscrire dans le bingo book.
– Nous sommes donc officiellement des criminels de rang S ? s'écria alors Deidara en interrompant sa dispute.
Hidan le frappa derrière le crâne.
– Vas y, crie le plus fort, abruti !
– Toi aussi tu cries là ! répondit aussitôt le blond en fusillant du regard l'étudiant aux cheveux argentés.
– Ouais mais moi je crie que t'es débile ! C'est pas grave tout le monde le sait déjà !
– La ferme, trancha Pain en les fixant. Hidan a raison, tu parles trop fort Deidara. Mais pour te répondre, oui, nous sommes officiellement des criminels de rang S. Par chance, ils n'ont pas encore compris que nous avions le village d'Ame. Notre QG est encore sauf.
Le rouquin se tourna vers Itachi et Kisame.
– La discrétion n'est plus de rigueur. Il est temps d'envoyer un message clair aux grandes nations. Vous deux, je vous confie la prochaine mission. Introduisez vous à Konoha, faites en sorte que l'on vous voit. Ils doivent savoir que vous êtes venus, que personne ne peut vous arrêter et donc par conséquent nous arrêter. Ensuite quittez le village et attaquez une cité périphérique moins importante. N'ayez aucune pitié.
– Entendu Pain, acquiesça Kisame en souriant tandis que le brun hochait simplement la tête.
– Partez dès ce soir, et soyez de retour demain midi au plus tard.
Il s'arrêta alors pour tourner la tête vers une jeune femme brune aux yeux verts qui s'approchait du groupe avec timidité. Tous portèrent leur attention sur elle, à part Sasori qui n'avait pas bougé, et lorsqu'elle fut devant eux, elle se dandina sur ses pieds, gênée.
– Salut, commença-t-elle doucement, je suis à l'école d'art et euh...
– Tu es Alexa, c'est ça ? demanda Deidara en la regardant. Tu es dans notre promotion avec Saso et dans son groupe de classe si je ne me trompe pas ?
L'étudiante se sentie rassurée par la réaction du blond, elle ne passait pas pour une complète inconnue auprès d'eux. Elle approuva d'un mouvement de tête et reprit la parole.
– J'organise une soirée étudiante ce soir, j'ai la chance d'avoir un appartement spacieux. Quand mes amis et moi nous vous avons vus dans un bar il y a quelques temps, nous vous avons trouvés très cools, du coup je souhaitais vous inviter, enfin si vous avez envie.
Les membres d'Akatsuki échangèrent un regard, se concertant silencieusement.
– Ce sera avec plaisir, répondit alors Konan au nom du groupe. Alexa sourit alors, les remerciant.
Elle donna son adresse, son numéro ainsi que l'heure convenue puis elle posa son regard sur la silhouette de Sasori, qui n'avait pas ouvert les yeux ni même retiré le bras de son visage à sa venue, et ses joues rougirent brusquement. Consciente de son trouble, elle se dépêcha de les saluer avant de tourner les talons. Un long silence suivit, coupé ensuite par le ricanement d'Hidan.
– On est d'accord, elle veut pécho Sasori ? lança-t-il en regardant le concerné qui ne daigna pas réagir.
– Elle nous a clairement invités en pensant que si on venait, lui aussi serait là, renchérit Kakuzu d'un ton neutre.
Konan balaya l'argument d'un geste de la main.
– Qu'importe, Nous irons, sauf ceux qui ont autre chose à faire ou bien qui ne veulent pas venir bien sûr. Mais je pense que cela nous fera du bien de sortir avec d'autres gens pour une fois. Et puis, autre point important, crucial je dirais même, cela nous permettra de nous fondre dans la masse, d'être comme tout le monde. N'oubliez pas que nous ne serons jamais complètement à l'abri, même dans ce monde.
Les autres acquiescèrent, conscients de cette réalité. Konan abordait un doute bien fondé. Si eux parvenaient à voyager entre les mondes, rien n'indiquait que d'autres ne puissent en faire autant. Deidara laissa son regard glisser sur son colocataire. Il n'était pas perturbé par les interrogations du groupe. Il ne semblait d'ailleurs jamais perturbé par quoi que ce soit, se contenant de supporter les évènements de façon passive et ennuyée. Ses cheveux rouges se balançaient doucement au contact du vent, son corps était immobile, seul son torse se soulevait légèrement au rythme de sa respiration. Pas un instant il n'avait accordé d'attention à Alexa quand celle ci était venue. Avait-il seulement conscience de l'intérêt qu'elle lui portait ? Il n'en donnait pas l'impression. Pourtant, il était très observateur, il n'avait jamais eu besoin de son pouvoir de marionnettiste pour manipuler son entourage. Plus jeune, il maniait comme il le désirait professeurs, adultes et camarades. Le blond avait toujours admiré sa méthode, sans jamais en faire lui même les frais de par sa position auprès du garçon taciturne. Cependant il savait que s'il n'avait pas été cette personne privilégiée, il aurait été effrayé par Sasori.

 

Chapitre 10 : Audace

Deidara grimaça en passant la brosse sur sa longue mèche blonde. Un noeud particulièrement coriace l'agaçait depuis plusieurs minutes et il sentait sa patience disparaître. Cela faisait maintenant quarante minutes qu'il se préparait dans sa salle de bain pour la soirée d'Alexa. Il avait décidé de mettre un pantalon slim noir qui retraçait ses jambes fines ainsi qu'un haut en résilles par dessous un top qui laissait voir ses clavicules comme la partie inférieure de son torse.
– Bon, tu es prêt ? siffla une voix grave et agacée derrière lui. Je t'attends depuis vingt minutes.
Le jeune homme sursauta pour se retourner. Sasori était appuyé contre le chambranle de la pièce et il le fixait. Il avait vêtu un jean ébène déchiré de multiples trous avec une chemise de la même teinte ouverte au niveau des deux derniers boutons. Ses cheveux rouges étaient éparpillés autour de sa tête, comme à son habitude. Le blond fit la moue.
– Tu peux parler d'attente, tu n'as même pas fait l'effort de te coiffer, tu m'étonnes que tu sois prêt avant moi.
Son ami haussa légèrement un sourcil.
– Pourquoi devrais-je les coiffer, ils sont très bien ainsi.
Deidara ne répondit pas, il refusa de l'admettre mais Sasori avait raison. Il reposa sa brosse et avança pour se placer devant son acolyte, remarquant enfin la chaîne argentée qui brillait autour de son cou pour plonger dans sa chemise. Avec lenteur, il tendit ses doigts vers le bijou, le regard du marionnettiste suivant son geste, et il saisit le fil argenté pour le tirer vers lui. Au bout de celui ci pendait un petit scorpion noir sculpté avec finesse. L'artiste reconnut sans difficultés la matière, une pierre précieuse ébène nommée onyx.
– C'est nouveau ça, d'où ça vient ? demanda-t-il enfin en plongeant son regard dans celui de son colocataire.
– C'était dans le coffre que m'a laissé ma grand mère. Avec une lettre. Elle dit dedans qu'elle comptait m'offrir cette chaîne, mais elle se doutait qu'elle ne me reverrait pas.
Deidara hocha la tête avant de replacer la chaîne à sa place.
– En parlant de ça, tu as des nouvelles de l'enquête ?
– Oui, un simple accident. Elle a glissé dans les escaliers. Rien d'étonnant à son âge. Bon, tu es prêt, on peut aller rejoindre les autres ?
Le blond acquiesça de nouveau et les deux hommes quittèrent leur appartement. Ils se dirigèrent vers l'endroit convenu avec les membres d'Akatsuki pour se retrouver avant d'aller chez Alexa, Sasori râlant sur le trajet, énervé par leur retard, détestant faire attendre. Lorsqu'ils arrivèrent au point de rendez-vous, les autres étaient tous là, exceptés Itachi et Kisame, envoyés en mission dans l'autre monde, ainsi que Zetsu.
– Il a préféré regarder un documentaire sur Netflix, expliqua Obito, devançant la question au moment où Deidara ouvrait la bouche pour demander où était le garçon.
– Bien, nous pouvons y aller, lança Konan avec autorité.

**********

 

La soirée avait débuté quelques heures auparavant et l'appartement d'Alexa avait été rapidement bondé de monde. Hidan et Deidara, très sociables, s'étaient intégrés très vite au groupe d'étudiants et ils avaient rapidement commencé les jeux d'alcools tandis que Konan et Pain dansaient calmement sur la piste. Kakuzu et Obito, plus discrets, s'étaient greffés à un groupe installé dans les canapés et ils avaient discuté de divers sujets. Sasori s'était contenté de se servir un verre et il avait tâché de fuir les discussions comme les gens. Il avait seulement accepté d'échanger quelques mots avec Alexa, mais celle ci n'avait pas insisté longtemps, déjà satisfaite d'avoir pu le voir chez elle. La nuit était maintenant bien avancée et beaucoup étaient partis du logement. Il ne restait dans le salon qu'une quinzaine de personnes, et les étudiants, alcoolisés, avaient décidé de jouer à« action ou vérité. » L'artiste aux cheveux écarlates, malgré les nombreuses tentatives de ses camarades, avait refusé de participer, il s'était adossé au mur de la pièce, les bras croisés et le regard posé sur le groupe. Tous étaient assis en cercle autour d'une bouteille vide chargée de désigner les joueurs. Lucie, qui venait de répondre à une question relativement gênante sur son expérience sexuelle, fit tourner l'objet, les yeux brillants. Ce dernier effectua quelques rotations avant de s'arrêter, la pointe juste en face de Deidara. Un grand sourire étira les lèvres de la blonde.
– Alors, action ou vérité ? demanda-t-elle.
– Action hun ! répondit le garçon.
Le rictus de Lucie devint sadique tandis qu'elle gloussait avec jubilation.
– Roule une pelle à Sasori ! s'exclama-t-elle alors.
Les invités se tournèrent tous d'un seul mouvement synchronisé vers le marionnettiste. Ce dernier se contenta de hausser un sourcil, ne s'attendant pas à entendre une telle phrase. Deidara aussi le fixait, les yeux écarquillés.
– Bah alors la blondasse, tu te défiles ? le piqua alors Hidan sous le rire de la responsable du gage.
– Jamais !
Il se leva avec toute la motivation que lui donnait sa fierté et il s'avança vers Sasori, s'arrêtant juste en face de lui. Le garçon taciturne n'avait pas bougé. Nonchalamment appuyé contre le mur, il avait simplement levé la tête avec un air de défi pour confronter le regard de son colocataire, ce dernier étant légèrement plus grand que lui. Ses iris ambrés et froids étaient si intenses que le message fut plus que clair pour le blond, au point que son esprit put transformer le regard assassin de son ami en deux mots : « Ose juste. » Priant mille fois pour ne pas être tué dès qu'ils seraient rentrer de la soirée, Deidara leva ses mains pour saisir le col de la chemise de son acolyte, et, rapprochant son torse du sien pour combler la faible distance qui les séparait, il posa ses lèvres sur les siennes. Alors qu'il s'attendait à être brutalement repoussé, Sasori fut étrangement docile. Le blond profita quelques secondes de la douceur du contact, les yeux clos, puis il se rappela ce qu'il devait faire pour valider son action et il glissa sa langue dans la bouche de son partenaire, approfondissant le baiser. Après quelques minutes durant lesquelles les étudiants sifflaient en applaudissant, il lâcha le vêtement de l'artiste aux cheveux rouges et il recula enfin, ouvrant ses paupières pour affronter son colocataire. Sasori n'avait pas esquissé le moindre mouvement, et il se contentait de le fixer de son air inexpressif habituel. Lentement, il tourna ses iris ambrés vers le groupe qui se calmait progressivement jusqu'à s'arrêter sur Lucie, qui abaissa alors son téléphone, cessant de filmer.
– Le prochain qui essaie passera au travers de la fenêtre, lança-t-il d'une voix glaciale.
Le simple fait que l'appartement d'Alexa soit situé au sixième étage de l'immeuble suffit à rendre la menace plus qu'efficace. Deidara retourna s'assoir, l'esprit perturbé. Il espérait sincèrement ne pas avoir énervé le marionnettiste, ou bien il en subirait les conséquences très vite. La partie reprit alors lorsque le blond tourna la bouteille, malgré le doute qu'il ressentait.

 

**********

 

Les deux artistes rentrèrent dans l'appartement en silence. Alors que Deidara se préparait à mourir tandis qu'il arrivait dans le salon, le garçon aux cheveux rouges traversa la pièce sans lui accorder un seul regard pour se diriger vers sa chambre. Interloqué, le blond le suivit des yeux sans comprendre. L'artiste taciturne posa sa main sur la poignée de sa porte et son acolyte revint à lui soudainement.
– Sasori ?!
Le jeune homme se figea dans son mouvement, puis il tourna la tête pour fixer son colocataire. Celui perdit son assurance en rencontrant les iris si froids de son ami. Mais il voulait savoir.
– Pourquoi tu ne m'as pas repoussé ? demanda-t-il en détournant le regard.
Pendant quelques secondes, le marionnettiste l'observa en silence, puis, il tourna sa main pour entrer dans la pièce qui était à lui, sans prendre la peine de prononcer un seul mot. Piqué dans sa fierté, Deidara retrouva sa fougue habituelle et il claqua la porte de la chambre de Sasori, ouvrant la bouche pour crier une quelconque insulte.
– Je n'en avais pas envie, le devança l'étudiant solitaire qui s'était retourné pour lui faire face.
Surpris, le blond resta immobile, la mâchoire décrochée. Au bout de quelques secondes, il referma la bouche et hocha brièvement la tête avant de refermer lentement la porte, l'esprit perdu.

 

Chapitre 11 : Déchéance d'un esprit

Deidara sortit de la salle de cours, il avait encore tardé à ranger ses affaires et savait que son colocataire était déjà parti, détestant attendre. Il fut surpris de reconnaître les cheveux rouges de son ami lorsqu'il quitta le bâtiment. Celui ci n'était pas seul, et le blond reconnut vite l'interlocuteur de Sasori. Pain. Il fronça les sourcils, jamais le chef de leur groupe n'avait pris la peine de se déplacer en personne jusqu'à l'école d'arts pour les voir. Il devait s'agir de quelque chose d'important. L'étudiant s'avança pour rejoindre les deux autres. Le rouquin le salua d'un signe de tête tandis que son acolyte ne montrait pas le moindre signe de changement.
– Nous t'attendions Deidara, annonça alors Pain. J'ai à vous parler. L'attaque de Kisame et Itachi a porté ses fruits, les différentes nations ont décidé de faire de notre élimination une priorité. Si les kages ont opté pour la prudence, un pays au Sud, sans aucun village ninja, a décidé de lancer une traque pour nous retrouver. Leur roi nous menace, il nous provoque. Il dit qu'il ne craint pas dix shinobis, aussi forts soient-ils, car son armée est formée à l'assassinat et à la chasse humaine.
Deidara ricana, imaginant sans peine les conséquences qui tomberaient bientôt sur ce pays.
– C'est pourquoi je veux que Sasori aille là bas, reprit le leader. Avec sa puissance, il peut faire tomber un pays sans difficultés. Toi Deidara, je veux que tu l'accompagnes comme soutien. Votre mission est simple, prenez ce royaume, trouvez le roi, assurez vous que son arrogance disparaisse en même temps que lui sous les yeux de tous, puis exterminez cette fameuse armée ainsi que tous ceux qui croiseront votre chemin. Le message sera clair et nos ennemis sauront quel est notre pouvoir.
– Entendu, acquiesça le marionnettiste. Si je comprends bien, ton plan entame enfin son réel commencement.
– Oui, nous allons détruire ces mondes pour les reformer à notre image. La guerre n'existera plus et je veillerai sur ce nouvel univers comme un Dieu grâce à mes rinnegans.
Pain repartit ensuite après les avoir saluer, et les deux artistes reprirent le chemin de leur appartement en silence.

**********

 

Sasori était dans sa chambre, occupé à ranger ses affaires de cours, lorsque Deidara entra, son téléphone à la main.
– Saso, il y a un blocage prévu en fin de semaine pour tout le campus universitaire, avec une manifestation et des débats organisés.
– Et alors ?
– Tu comptes participer ?
L'artiste taciturne se tourna pour fixer son ami.
– Et toi ?
Le blond hocha la tête en souriant.
– Évidemment hun !
– Alors j'irai.
Le jeune homme étira un peu plus ses lèvres, illuminant son visage par le dévoilement de ses dents blanches. Son sourire était éclatant, et il ajoutait à sa beauté une réelle sublimation.
– Si tu es prêt, allons y, déclara alors le marionnettiste.
Ils activèrent le pouvoir de leurs bagues et disparurent de la chambre. Lorsqu'ils ouvrirent les yeux, ils étaient à la lisière d'un bois.
– Nous sommes à la frontière du pays que nous devons raser, informa le maître marionnettiste. Je veux que tu survoles mon avancée, et que tu lances des bombes pour perturber leur défense. Je ferai au plus vite, donc assure toi aussi d'achever les éventuels blessés.
Le blond ricana.
– Je doute qu'il y en ait te connaissant, mais si tu veux.
Ses mains avalèrent de l'argile et rapidement, il invoqua un oiseau avant de partir dans le ciel. Il allait pouvoir enfin manifester son art le plus sublime, bien plus qualitatif que ses productions scolaires qui ne pouvaient exploser dans les salles de cours. Sasori sortit un rouleau de sa poche, et en un instant, cent pantins vêtus de rouge dansaient dans le vent autour de lui, menace silencieuse et mortelle. Le jeune homme marcha d'un pas rapide sur les sentiers, ses marionnettes longeant les routes. A chaque amas de maisons, des hurlements suivaient pour enchaîner sur un long silence pesant. Quelques personnes demandaient pour quelles raisons ils étaient attaqués, d'autres suppliaient simplement le nukenin de les épargner. Ce dernier ne prenait jamais la peine de répondre. Il ne prononçait jamais un seul mot, se contentant de laisser traîner ses yeux ambrés glacials sur les visages apeurés de ses victimes. Pourtant, Sasori avait conscience du trouble dans son esprit, même s'il paraissait des plus calmes. Ce n'était pas ses actes qui le perturbaient, mais la satisfaction qui en ressortait. Le jeune homme ne pensait pas qu'un jour, il apprécierait autant le fait de massacrer sans aucune pitié des innocents, et cela le surprenait. Autour de lui, des explosions accompagnaient ses pas, rendent son carnage plus spectaculaire encore. Les petites cités furent traversées rapidement, et en quelques heures, Sasori fut à l'entrée de la capitale du royaume. Un sourire éclatant fleurit sur ses lèvres quand il remarqua l'armée postée devant les portes. En rangs, le regard assassin posé sur lui. Ils étaient effrayants pour n'importe qui les voyant. Mais lui n'était pas n'importe qui. Il leva lentement ses mains et agita ses longs doigts fins avec précision. Les pantins autour de lui bougèrent avec vivacité, faisant de cette armée de professionnels ses nouvelles victimes. Deidara, debout sur son oiseau, volait tout en gardant un œil sur les actions de son acolyte. Mais il devait bien avouer qu'il n'aimait pas ce qu'il voyait. Aux yeux de ce monde, ils étaient des criminels sans pitié, et lui même adorait cette réputation dont il jouait lorsqu'il était dans cette dimension. Mais le plaisir qui se dévoilait dans l'expression habituellement neutre de son ami l'effrayait. Sasori aimait ce qu'il faisait. Les cris autour de lui, le sang, le désespoir, chaque effet produit par les horreurs qu'il commettait lui plaisait sincèrement. Et Deidara s'en inquiétait. Les soldats tombèrent vite, et bientôt, les deux nukenins furent au centre de la ville, juste devant les portes du château. Le roi et sa famille étaient là, encerclés de l'élite de l'armée. L'artiste blond descendit de son oiseau pour venir se placer aux côtés de son partenaire. Celui ci agita légèrement ses doigts et tous les gardes s'affaissèrent, sans vie. Le roi ne mit qu'un instant à comprendre qu'il était perdu. Deidara posa un regard arrogant sur lui, il ouvrit la bouche pour parler lorsqu'un rire le devança. Surpris, il tourna la tête vers le maître marionnettiste. Celui ci avançait entre les corps avec fluidité tout en rigolant doucement, tel la Faucheuse en personne. Un rire grave, maîtrisé mais brutal, qui tranchait dans le silence. Le jeune homme avait vrillé ses iris glacials sur la famille royale qui recula jusqu'à être bloquée par le mur de pierres. Il était trop tard pour fuir, et aucune cachette dans l'édifice ne saurait les protéger du danger que représentait le ninja aux cheveux écarlates. Deidara écarquilla légèrement les yeux. Depuis combien de temps n'avait-il pas entendu son ami rire ? Pourtant, rien d'amusant ne s'en dégageait. Le blond était, pour la première fois, terrorisé par l'attitude de son acolyte. Celui ci était maintenant en face du monarque, il le saisit à la gorge pour l'immobiliser et susurra d'une voix doucereuse.
– L'Akatsuki a bien reçu votre message et m'envoie pour répondre à vos menaces.
Le câble dans son abdomen sortit brusquement pour traverser les corps des trois jeunes enfants du roi, qui hurla en même temps que sa femme. La reine, les larmes roulant sur ses joues pâles, allait prendre les petits cadavres dans ses bras quand le marionnettiste leva le câble, soulevant les enfants en même temps.
– Je ne ferai pas ça si j'étais vous, glissa-t-il d'un ton amusé. Le liquide violet que vous pouvez voir autour des plaies est un poison très virulent. Touchez le et vous souffrirez beaucoup avant de mourir.
Sans attendre de réponse, il approcha son visage de celui du roi qui pleurait également en le suppliant d'arrêter ses horreurs, et il sourit de nouveau avant de relâcher sa prise pour laisser ses doigts graciles frôler la gorge de sa victime. Une lame apparut soudainement dans sa paume et d'un geste fluide, il trancha le cou du souverain. Le sang éclaboussa son visage et il laissa le corps s'écrouler à ses pieds. Son sourire toujours aussi éclatant, il fit une élégante révérence à la reine avant de poser ses yeux si intenses sur elle.
– Votre Majesté, murmura-t-il doucement, je vous laisse le soin de transmettre à ce monde le compte rendu de ce que vous avez vu aujourd'hui.
Il se tourna ensuite vers Deidara, et au même moment, ils activèrent le pouvoir de leur bague pour disparaître de ce lieu de carnage.

Chapitre 12 : Dangereuses pulsions

L'étudiant était assis en classe, l'air ennuyé. C'était aujourd'hui que le professeur récupérait les projets individuels qu'il avaient commencé dès le début de l'année, et c'était la raison pour laquelle Sasori avait daigné venir en cours. Sur le sol près de lui reposait un sac immense qui faisait un peu plus que sa taille. Le transporter depuis l'appartement avait été relativement gênant, mais il allait bientôt être débarrassé de ce poids. L'enseignant passait entre les rangs et ramassait les travaux en prenant quelques notes sur les explications fournies par les artistes en herbe. Le jeune homme aux cheveux écarlates soupira, il détestait perdre ainsi son temps. Pendant de longues minutes, durant lesquelles ses camarades discutaient entre eux, il se perdit dans ses pensées, jusqu'à l'instant où le professeur fut devant lui.
– Monsieur Redsands, c'est votre tour. Qu'avez vous préparé ? Le marionnettiste leva ses yeux froids sur son interlocuteur, puis il saisit le long sac et il posa sur le bureau. Avec minutie, il ouvrit la fermeture éclair et en dégagea sa production. L'enseignant écarquilla les yeux. Devant lui se trouvait un pantin sculpté dans les moindres détails. Environ un mètre soixante dix, le corps construit avec beaucoup de réalisme, des courbes précises, un visage, fin, doux, minutieux. L'oeuvre était tout simplement sublime. Il approcha sa main pour la plonger dans les cheveux châtains de la poupée humaine, il avait l'impression de toucher quelque chose de réel, d'humain. Ses yeux se portèrent sur le visage pour observer un peu plus les traits et l'expression neutre, mais si vivante, que Sasori lui avait donnés. Même les iris factices brillaient d'un éclat particulier.
– Où avez vous appris à faire cela ? souffla enfin l'homme en fixant son élève.
L'étudiant plongea son regard dans celui de son professeur. Il n'allait évidemment pas lui dire qu'il pouvait voyager dans une dimension où il dépeçait ses ennemis pour en faire des marionnettes aux pouvoirs incroyables au point où construire avec du bois un être humain était un jeu d'enfant. Il répondit simplement, sans mentir, ni dire l'exacte vérité.
– J'ai toujours aimé construire des choses. Ce n'est pas le premier pantin que je fais, ni le dernier.
Son interlocuteur, impressionné, n'insista pas. Il demanda quelques informations sur la conception du projet, puis il récupéra le corps fait de bois et alla le poser près de son bureau afin de lui attribuer une note plus tard.

**********

 

Le cortège des étudiants était bruyant. Ils chantaient, protestaient, tenaient des banderoles aux messages clairs tout en marchant dans la rue. Environ quatre cent, ils étaient tous motivés. Deidara, en tête de cortège avec plusieurs autres jeunes adultes, criait sa colère contre les réformes du gouvernement. En face, il voyait pourtant bien les rangs de CRS qui leur bloquaient la voie. Un peu en retrait sur le côté du groupe, Sasori fixait les forces de l'ordre, méfiant. Il connaissait son ami et savait qu'il pouvait facilement se laisser emporter sans prendre gare aux conséquences. Il surveillait donc la scène sans dire un mot. Soudain, un premier cri d'alerte. Les gaz lacrymogènes avaient été lancés sur la foule, laissant s'échapper la fumée toxique. Les étudiants se dispersèrent, et les policiers chargèrent le groupe. Sasori, nullement gêné par le produit, laissait ses yeux balayer la rue, à la recherche de son ami. Les mains dans les poches, l'attitude assurée, rien ne laissait deviner qu'il était en pleine manifestation. Dans l'autre dimension, il était un maître chimiste dangereux, réputé pour concevoir des poisons mortels, il avait donc l'habitude de substances bien plus sérieuses. La fumée commença à se dégager, et le jeune homme entendit une voix crier non loin de lui. Une voix qu'il reconnut aussitôt comme celle de son colocataire.
– On ne faisait rien de mal ou d'illégal ! protesta-il avec colère. Vous n'aviez pas le droit d'envoyer des lacrymos ! Bande de connards !
L'un des CRS s'approcha de Deidara et le frappa brutalement, le faisant tomber au sol. Entraîné par sa rage, le blond n'avait pas fait attention à ce qu'il l'entourait, et il n'avait pas vu l'homme armé devant lui. Il releva néanmoins la tête vers le représentant des forces de l'ordre qui continuait de le cogner, le regard insolent. En voyant l'air de défi de sa cible, le policier dégaina sa matraque. Mais il ne put l'utiliser. Sasori, en voyant son ami tomber, puis être brutalisé, s'était précipité pour se placer entre lui et son agresseur, mais lui n'avait pas manqué de vigilance. Il n'avait pas besoin d'activer le pouvoir de sa bague pour avoir ses capacités de ninja en combat rapproché. Les yeux ambrés furieux, il envoya son pied dans le torse du policer avant de lui arracher son casque pour le frapper au visage. Un second CRS voulut venir en aide à son collègue, mais Sasori ne lui laissa aucune chance, et les deux hommes furent envoyés à terre et martelés de coups violents comme sauvages. Deidara, qui s'était relevé, observa l'étudiant aux cheveux rouges, les yeux écarquillés. Cela lui rappela aussitôt les scènes de carnages auxquelles il assistait dans l'autre monde. Ne sachant où Sasori s'arrêterait, il le saisit par l'épaule.
– Viens, on se tire avant qu'ils ne soient encore plus nombreux.
L'artiste prit un instant pour fixer les deux policiers au sol qui commençaient à saigner abondamment sous ses poings, puis il obtempéra. Deidara et lui coururent pendant de longues minutes dans les ruelles de la ville, puis, une fois loin de la zone de manifestation, ils s'arrêtent entre deux bâtiments à l'abri des regards pour reprendre leur souffle. Le blond leva la main pour essuyer sa lèvre inférieure qui s'était fendue lorsqu'il avait été frappé.
– Saso ?
– Mmh ? répondit son ami alors qu'il vérifiait que personne ne les avait suivis. – N'oublie pas qu'ici, tu ne peux pas faire comme là bas. Le jeune homme tourna la tête pour fixer son acolyte.
– Je veux dire, reprit celui ci. Fais attention, j'ai cru que tu allais les tuer. Ne fais pas n'importe quoi ici. On aura déjà de la chance qu'ils ne te retrouvent pas après ce que tu as fait. Heureusement, personne ne te filmait.
– Deidara.
– Non, laisse moi parler ! Ce n'est pas la première fois que tu agis ainsi, tu te laisses entraîner par la violence, tu fais des choses dangereuses, et tu aimes ça ! Si tu avais vu ton sourire la dernière fois, c'était effrayant.
Sasori se rapprocha de son ami, levant la tête pour le regarder dans les yeux.
– Je t'effraie Dei ?
Le blond prit un instant pour soupirer.
– Non. Je te connais trop bien. Dans l'autre dimension, tu fais ce qui te chante, mais ici, ne te fais pas remarquer. Ici tu... nous sommes protégés. C'est notre refuge.
L'étudiant aux cheveux rouges le fixa un instant, puis il capitula.
– Entendu, je ferais attention.
Son interlocuteur hocha la tête.
– Et il faudrait surveiller tes pulsions hein, que ça n'empire pas.
– Cela t'inquiète tant que ça ?
– Oui.
Il ne répondit rien. Et les deux artistes prirent le chemin pour rentrer chez eux.

 

**********

 

Sasori taillait une pièce de bois avec sa lame, l'esprit distrait. Il était installé à son bureau, avec ses outils et son inspiration. Derrière lui, dans le canapé du salon, Deidara était allongé avec nonchalance, surfant sur l'ordinateur portable posé sur son torse. L'artiste aux cheveux rouges réfléchissait. Il se posait des questions sur lui même, ses pulsions notamment, qui inquiétaient son ami. Il soupira discrètement, il n'était pas assez concentré pour réaliser une production sans défauts, mais il ne pouvait pas s'empêcher de se perdre dans ses pensées. Il plaça le morceau de bois bien en face de lui, calant la pièce contre son corps collé au bureau. Bras tendus, l'outil tranchant entre les mains, il essaya de percer le matériau en mettant toute sa force dans son geste. Il fallait que le mouvement soit droit et qu'il traverse le fragment jusqu'à rejoindre la poitrine du marionnettiste au bout de la table. Mais, trop préoccupé pour une telle manoeuvre, l'outil dérapa, traçant une coupure fine et assez profonde sur son bras, puis, par l'élan donné, il vint écorcher sa taille, déchirant son haut au passage. Sasori étouffa une exclamation de douleur, attirant l'attention de Deidara qui le vit se lever, enlever son t-shirt pour le jeter au sol et partir chercher une trousse de soins dans sa chambre. Délaissant son écran, le blond regarda son colocataire revenir, poser son outil sur le bureau et sortir de la sacoche du désinfectant. Le sang ruisselait lentement sur son bras et le côté de son torse, colorant sa peau pâle de rouge vif. Il mit du produit sur les plaies, passant ensuite un coton pour nettoyer les dégâts. Étant gaucher, il put facilement enrouler un bandage autour de son bras droit. En revanche, il avait du mal à atteindre sa taille, ce qui l'agaça très vite. Il poussa un soupir, exaspéré. En jetant les bandages sur le bureau par frustration, il abandonna l'idée de soigner sa blessure. Deidara, qui l'observait sans un mot, se leva alors ; il récupéra le tissu blanc et s'approcha de son ami. Celui ci recula d'un pas, le regardant avec hésitation.
– Ne fais pas l'enfant, le réprimanda le blond en levant les yeux au ciel. Je ne vais pas te bouffer.
Sasori le fixa un instant, interdit, puis il le laissa s'approcher, dérivant son regard vers le mur. Deidara commença à enrouler les bandes autour du torse de son ami, serrant bien pour compresser la plaie, non dangereuse mais assez profonde, ses doigts fins frôlant les abdos de son colocataire qui ne put réprimer un frisson. Tout en restant concentré sur sa tâche, il parla.
– Depuis quand es tu aussi méfiant envers moi ?
– Je n'aime pas qu'on me touche, répondit d'une voix neutre le jeune homme qui regardait fixement la pièce en évitant soigneusement le regard bleu océan de Deidara.
– Je plains le jour où tu auras un copain ou une copine, renchérit ce dernier en terminant d'attacher le tissu immaculé.
Sasori ramassa son t-shirt et partit en direction de sa chambre.
– Tch, comme s'il y avait le moindre risque que ça arrive.
Il claqua la porte avant que son partenaire ne puisse répondre. Le blond, qui n'était pas décider à en rester là, le suivit aussitôt, ouvrant sans lui demander la permission.
– Saso, blague à part. Tu as toujours travaillé manuellement en faisant des choses incroyables. Tu as toujours été précis, minutieux et perfectionniste. En des années de pratiques, tu ne t'es jamais blessé. Que s'est-il passé ? Sasori répondit en jetant son haut troué à la poubelle, regardant cette dernière.
– J'étais juste perdu dans mes pensées, j'ai manqué de vigilance.
– Justement, c'est bien ce qui m'étonne. Sérieusement, si ton état mental continue sur cette lancée, tu vas devenir dangereux pour toi même.
L'étudiant leva ses iris ambrés vers le blond, confrontant le bleu azur de ses yeux.
– Qu'est ce que tu veux que j'y fasse, soupira-t-il en haussant les épaules. Deidara fronça les sourcils.
– Peut être que tu te fiches de ta santé, mais ce n'est pas mon cas. Fais attention à toi, Sasori.
Le garçon aux cheveux rouges finit par hocher légèrement la tête.

Chapitre 13 : Le masque fissuré

Deidara sortit du bâtiment en soupirant. Les cours avaient été particulièrement pénibles. Alors qu'il s’apprêtait à quitter le campus, des rires près du bâtiment attirèrent son attention. Il tourna la tête et reconnut des gars de son groupe de classe, menés par Dorian. Ils étaient en train de le fixer en rigolant, ce qui l'agaça. Le blond décida toutefois de ne pas s'occuper d'eux, mais la bande vit les choses autrement puisque les quatre étudiants vinrent vers lui, souriant avec arrogance.
– Qu'est ce que vous voulez ? siffla l'artiste avec méfiance.
– Ooooh, mais c'est qu'elle est énervée la tapette ? s'amusa l'un d'eux.
– Calme toi enfin, renchérit un second, tu ne voudrais pas que cette histoire se termine mal ?
– Dis nous, reprit Dorian, t'es bien maquillé aujourd'hui, tu prends du service sur le trottoir après les cours ?
Le dernier ne lança aucune vanne, mais il ponctua les tirades de ses acolytes d'un rire gras et obscène qui laissait voir ce qu'il pensait. Deidara serra les dents. Il n’appréciait pas du tout ces provocations.
– Vous voulez vraiment me chercher là ?
Les autres éclatèrent de rire.
– Bah ouais, tu vas faire quoi ?
– PD va.
– Retourne faire ton vernis et sucer des bites au lieu de vouloir nous répondre, tafiole !
Ce fut trop pour Deidara. Sa main droite se crispa. Il allait leur faire payer leurs insultes. Il en avait le pouvoir, gardé précieusement dans la bague qui enserrait son index. Cette dernière commença à briller, signe qu'il faisait appel à ses capacités. Le jeune homme allait invoquer ses pouvoirs, et il allait faire exploser, au sens littéral, ces abrutis qui lui manquaient de respect. Il était un criminel, dans un autre monde certes, mais tout de même, il ne pouvait laisser impunis de tels actes. Soudain, une main se referma fermement sur la sienne, le faisant sursauter et dissimulant la lumière de sa chevalière. Une présence s'était glissée dans son dos, il jeta son regard par dessus son épaule et croisa des yeux ambrés, aussi froids que mortels. Il ne prononça pas un seul mot, sa gorge s'était nouée en voyant ces iris assassins. Mais Sasori ne le regardait pas lui, il fixait les quatre types. Deidara cessa d'activer les pouvoirs de sa bague. Le garçon aux cheveux écarlates retira sa main de la sienne, puis il dépassa le blond pour se placer devant les autres. Il était petit face à eux, pourtant, si ces derniers eurent pendant une seconde l'idée de se moquer de la taille du nouveau venu, ils n'en eurent jamais le temps. Le scorpion fut trop rapide. En un mouvement, il avait fondu sur eux. Il ne frappa qu'une fois chacun d'eux. Ils tombèrent au sol en gémissant de douleur. Sasori s'accroupit près d'eux, les surplombant de son regard meurtrier. Il parla d'une voix calme, beaucoup trop calme.
– Si je revois un seul de vous s'approcher de lui, je retrouve son adresse et je le tue. C'est pas une métaphore. Maintenant dégagez.
Les quatre étudiants échangèrent des regards apeurés, mais, devant l'assurance de leur agresseur qui parlait de meurtre avec une aisance effrayante, ils prirent la menace très au sérieux et quittèrent les lieux en boitillant. Sasori se redressa et vint se placer en placer en face de son ami. Il lui saisit fermement la main et la leva devant ses yeux pour montrer la bague Azur.
– Tu me fais des remarques sur mes pulsions et les conséquences qu'elles peuvent avoir dans ce monde là, et tu veux user de ton pouvoir ici, devant des témoins et pour des abrutis ?
Il avait parlé d'une voix apaisée, pourtant, Deidara sentait le reproche dans son ton. Un reproche qui était parfaitement justifié. Il baissa les yeux.
– Tu n'as pas besoin de ça pour être fort, continua Sasori en lâchant sa main. Ces pouvoirs sont destinés à être utilisés ailleurs. Si tu dois y recourir ici, tu dois être discret, voire invisible. Et les explosions, c'est tout le contraire de la discrétion. Maîtrise toi.
Le blond était conscient d'être fautif, il ne put toutefois pas s'empêcher de répondre.
– Tu dis ça mais tu ne t'es pas gêné pour les menacer de les tuer, c'est pas ce que j'appelle être discret.
Le marionnettiste vrilla ses iris dans ceux, bleus océan, de son interlocuteur.
– Je n'ai pas besoin de pouvoirs pour tuer quelqu'un ici. J'aurais dit la même chose sans avoir l'Orbe. Cela n'a rien à voir avec notre secret. Si une personne s'en prend à toi, je la tue.
Deidara resta silencieux, ne sachant quoi répondre. Sasori détourna enfin son regard si intense de lui.
– Viens, on rentre.

 

**********

 

Le jeune homme marchait rapidement. Il était resté à l'école d'arts une heure, et puis, las, il avait décidé de ne pas assister aux autres cours de la journée. L'après midi commençait à peine quand il ouvrit la porte de l'appartement. Sasori posa son sac avant de laisser ses yeux ambrés glisser le long de la pièce. Il traversa le salon et ouvrit la porte de la chambre de son colocataire, mais celle ci était vide. Pourtant, Deidara n'avait pas cours et avait prévu de rester chez eux pour regarder l'une de ses séries. L'artiste laissa ses doigts plonger dans la poche de son pantalon et en sortit son téléphone avant d'appeler son ami. La sonnerie s'enclencha alors, attirant ses yeux vers la table de chevet près du lit. Le portable vibrait, et l'écran affichait « Saso » en clignotant. Si le blond n'avait pas pris son téléphone, il n'était pas simplement sorti. Le garçon aux cheveux écarlate avait un mauvais pressentiment, il composa alors un autre numéro et remit l'appareil près de son oreille. Cette fois ci, son interlocuteur répondit.
– Tu ne m'appelles jamais, que veux tu ?
– Où est-il ? se contenta de demander Sasori.
– Tu ne voudras pas être un peu plus clair ?
– Pain, cesse de me prendre pour une bille tu veux. Tu as envoyé Dei en mission. S'il était sorti, il aurait son téléphone. Il est forcément là bas, donc, c'est toi qui l'a envoyé. Où est-il ?
Un soupir lui répondit. Il attendit.
– Écoute, si je l'ai chargé de ça, c'est que c'est facile. Quand il y a des missions à risques, j'envoie toujours des équipes, tu sais que je suis à cheval sur le fait que vous bossiez à deux. J'avais juste besoin qu'il récupère un rouleau, je dois l'avoir au plus vite. Il s'agit d'infos sur le pays du vent. Dei sera bientôt de retour, tu n'as qu'à l'attendre.
– Non. Je vais le rejoindre.
– Entendu Sasori, je t'envoie les coordonnées précises en SMS.
Sans rien ajouter, l'artiste raccrocha. Son téléphone bipa dans la minute et il lut les indications. Il activa le pouvoir de sa bague et disparut aussitôt. Lorsqu'il se matérialisa de nouveau, il était à la lisière d'une forêt. Un bruit d'explosion attira son attention derrière lui et il se retourna pour faire face à un champ de bataille tel qu'il en avait rarement vu.

Chapitre 14 : Reddition

Deidara était en difficultés. Le convoi transportant le rouleau qu'il devait prendre s'était révélé être un piège tendu à l'organisation. Alors qu'il avait attaqué le chariot solitaire et son escorte peu nombreuse, il s'était fait prendre d'assaut par une troupe qui suivait discrètement le groupe. Le blond n'avait pas pris le temps de surveiller les alentours avant de se lancer sur le convoi, une erreur que son partenaire n'aurait jamais fait. Mais il n'était pas Sasori, il était impulsif, sanguin, impatient, et il n'avait pas voulu perdre du temps pour une mission aussi simpliste. Le résultat était qu'il n'était pas prêt à affronter une telle stratégie. Le jeune homme n'avait pas prévu assez d'argile, et les offensives rapides et enchaînées contre lui l'empêchaient de créer de nouvelles formes explosives puissantes, il se contentait donc de parer les coups sans vraiment y répondre. Il était en difficultés et cela l'agaçait. Mais il restait virulent à l'encontre de ses adversaires, qui bien qu'étant des ninjas de talent, devaient combattre ensemble pour tenir tête au terroriste. Ils étaient une bonne quarantaine, et ils étaient redoutables. Mais Deidara l'était encore plus, et il n'avait pas l'intention de leur céder la victoire. Il récupérerait le parchemin et rentrerait aussitôt. Il était hors de question pour lui de devoir avouer à Pain qu'il avait échoué à cause d'un pauvre piège, il avait bien trop de fierté pour cela, et avait longtemps rêvé du jour où le chef de l'Akatsuki accepterait de lui confier une mission en solitaire. Mais plus le combat avançait, plus il sentait qu'il ne parviendrait pas à concrétiser ses ambitions. Un mouvement attira son attention derrière lui et il se retourna, prêt à encaisser le choc. Mais l'ennemi se stoppa avant de l'atteindre, abandonnant le mouvement qu'il faisait pour s'écrouler dans un râle d'agonie. Le ninja n'avait pas vu le câble de métal qui avait transpercé son coeur avant de ressortir tout aussi vite. Deidara suivit l'arme ensanglantée des yeux, et le câble retourna dans l'abdomen de son propriétaire. Le blond plongea dans les iris ambrés et glacials de Sasori. Il sourit alors, il ne pouvait plus perdre, son partenaire était là.

 

**********

 

Sasori s'était jeté dans la bataille sans hésiter, sauvant in extremis son ami d'une attaque sournoise. Tous deux combattaient maintenant dos à dos les ennemis qui fusaient de toute part. Le bruit brouillait ses sens, le chaos dominait sa vue, pourtant, le garçon aux cheveux rouges restait calme et professionnel, ses attaques étaient précises et mortelles. Alors qu'il jetait son câble vers une gorge encore palpitante de vie, un cri assuré s'éleva dans son dos.
– Arrête toi, ou je le tue !
Ses yeux ambrés suivirent le son de la voix et il vit un ninja essoufflé et quelque peu paniqué, tenant une lame sous la gorge de Deidara qui ne faisait plus aucun geste. Ses mains étaient reliées par des menottes en métal qui semblaient anormalement lourdes. Sasori se retourna lentement, prenant garde à ne faire aucun mouvement brusque, son câble revenant lentement dans son torse de bois. Ses yeux étaient meurtriers, mais il était serein. Il plongea dans le regard de son ami.
– Est ce que tu peux ?
La question n'avait de sens que pour eux.
– Non, siffla le blond, contrarié. Mon chakra est bloqué, je ne peux rien faire.
Sasori hocha la tête. Leurs étranges chevalières leur permettaient de manipuler une énergie particulière située dans leur corps appelée chakra, ce qui leur conférait leurs pouvoirs. Hors, Deidara sentait que ce fluide était entravé par les menottes métalliques. Et les bouches dans ses paumes avaient disparu. Ce qui signifiait qu'il ne pouvait plus user de ses capacités, ni disparaître de ce monde pour se téléporter dans celui dont il venait. Sasori s'était assuré de lui demander s'il pouvait partir avec sa bague avant de réfléchir à comment agir. Mais maintenant qu'il avait la réponse, le garçon aux cheveux rouges n'avait pas beaucoup plus de solutions. Il porta son attention sur l'homme qui tenait un kunaï sous la gorge de son ami.
– Qu'est ce que tu veux ?
Il avait parlé sèchement, sans donner de détails. Mais son interlocuteur le compris aussitôt. Tous deux savaient que s'il avait pris la peine d'utiliser Deidara comme otage au lieu de simplement le tuer, c'était parce que le groupe n'avait aucune chance de survivre au marionnettiste. Il avait donc une proposition à lui soumettre en échange de la vie de son partenaire.
– Que tu te rendes, répondit l'autre.
Sasori haussa un sourcil, attendant la suite.
– Je sais qui tu es, Sasori des Sables Rouges. Tu gères un réseau d'espions immense, que nous sommes incapables de déceler alors que toute l'alliance ninja s'est rassemblée pour la démanteler. Tu es l'un des membres les plus dangereux de l'Akatsuki, ta capture nous serait précieuse, en plus d'être un véritable handicap pour votre organisation. De plus, tu as beaucoup d'informations sur le monde entier, nous pourrons apprendre beaucoup avec toi entre nos mains.
L'artiste serra les dents. Son ennemi avait raison, il savait beaucoup de choses et serait un prisonnier de choix. Mais s'il n'acceptait pas de se rendre, son seul ami serait tué. Il croisa le regard de Deidara. Les iris océans de celui ci étaient furieux, mais ils lui demandaient de ne pas se laisser faire.
– Qu'est ce qui me prouve que si je me rends, tu le laisseras partir ? demanda-t-il alors après quelques minutes d'introspection.
– Nous savons également qui il est, répondit platement le ninja en baissant ses yeux sur le blond qui le fusillait du regard. Nous n'avons pas besoin de lui. Il est dangereux, c'est vrai que le laisser partir est un risque, mais en échange de toi, il est un risque que je suis prêt à prendre. De plus, il faudra bien que quelqu'un aille avertir votre organisation de notre message.
L'homme sourit.
– L'Akatsuki a assez joué, il est temps pour les nations ninjas de mettre un terme à vos agissements. Sans toi Sasori, ils seront démunis. De la même façon que vous vous servez d'attaques contre les villages pour nous menacer, nous utiliserons Deidara pour vous prévenir que vous êtes finis. Donc rassure toi, il sera bien libre. Je n'aurais pas d'intérêt à le garder prisonnier.
Le marionnettiste ne répondit rien. Il fixa son adversaire simplement. Il ne pouvait lancer aucune offensive surprise pour le tuer, car rien ne saurait être suffisamment rapide pour sauver Deidara du kunaï qui frôlait sa gorge. Il se retint de jurer. Il baissa lentement la tête, laissant ses mèches rouges cacher ses yeux, puis il leva lentement ses mains pour les mettre en évidence, signe d'abandon. Il était un tueur, il était dangereux, il était une arme mortelle et sans émotions même s'il devait tuer des innocents incapables de se défendre. Mais il ne pouvait pas sacrifier la vie de la seule personne qui comptait pour lui, même s'il ne lui avouerait jamais cela. L'ennemi sourit, victorieux, et il empêcha Deidara de crier quelque chose à son partenaire en enfonçant légèrement la lame sur sa peau. Puis il fit un geste à deux de ses équipiers qui s'avancèrent avec prudence vers Sasori, les yeux rivés sur le câble empoisonné qui reposait dans son abdomen. L'un d'eux saisit le poignet du marionnettiste qui le laissa faire, et il le plaça dans son dos avec le second avant de les relier d'une paire de menottes. Sasori sentit aussitôt son chakra aspiré et son corps de bois laissa place à un corps humain, le câble disparut pour laisser place à des abdos bien dessinés, sur une peau pâle qui paraissait si fragile. Si Sasori n'avait pas gardé ses yeux assassins, il aurait ressemblé à un ange. Les deux ninjas qui l'avaient menotté appuyèrent sur ses épaules, le plaçant à genoux sur le sol. L'homme qui menaçait Deidara sourit d'un air ravi.
– Alors ainsi, la machine à tuer n'est en fait qu'un homme. Quelle belle surprise.
– Libère le, cracha simplement Sasori en le fixant avec haine.
L'homme baissa ses yeux pour regarder le blond.
– Il ne faudrait pas qu'il tente quelque chose une fois libre. Autant ne pas prendre de risques.
Sur ces mots, il enleva la lame de sa gorge et le frappa durement à la tête pour l'assommer. Deidara tomba au sol, inconscient, et un shinobi vint lui retirer les menottes. Sasori ouvrit la bouche pour lancer une menace enflammée à l'encontre de son tortionnaire mais il n'en eut pas le temps. Un choc brutal s'abattit sur son crâne, et il plongea dans le noir à son tour.

Chapitre 15 : Colère

Deidara ouvrit les yeux et fronça les sourcils en sentant la douleur qui retentissait dans son crâne. Il avait l'impression d'avoir une gueule de bois des plus démentielles. Soudain, les souvenirs lui revinrent à l'esprit et il se redressa, regardant autour de lui. Il était seul, au milieu de la clairière. Il passa sa main sur sa gorge, sentant sous ses doigts l'entaille fine que la lame avait laissée. Sasori s'était rendu pour lui sauver la vie. Il activa le pouvoir de sa bague et disparut aussitôt. En arrivant dans l'appartement, il sortit de sa chambre rapidement. – Sasori ! Personne ne répondit. Le jeune homme ouvrit la porte qui menait à la pièce privée de son colocataire, mais celle ci était vide. Le blond ne perdit pas de temps et il partit du logement, courant dans les rues en direction d'une adresse précise. Essoufflé, il toqua à la porte, ou plutôt tambourina dessus sans s'interrompre jusqu'à ce qu'elle s'ouvre sur le visage surpris de Konan, qui le laissa entrer sans dire un mot.
– Où est Pain ? demanda le blond, à bout de souffle.
– Je suis là, intervint la voix du rouquin qui entrait dans le salon. As tu le rouleau ?
Il capta aussitôt le regard paniqué de son ami et reprit la parole.
– Que s'est-il passé Deidara ?
Konan, après avoir refermé la porte, s'était également avancée dans la pièce de vie. Sous les deux regards portés sur lui, Deidara ferma les yeux, reprenant son souffle. Puis il raconta tout d'une voix morne.
– C'est une très mauvaise nouvelle, déclara ensuite Konan avec sa monotonie habituelle. Deidara leur jeta à tous les deux un regard sombre.
– Si vous vous inquiétez pour l'Akatsuki, siffla-t-il, Sasori ne parlera jamais, même sous la torture.
– Nous le savons, répondit alors Pain. Mais nous devons le retrouver. Sinon nous risquons de le récupérer dans un état dangereux.
– Pour lui ou pour nous ? demanda alors Deidara d'un air mauvais.
– Les deux.

**********

 

Sasori sentit ses paupières papillonner un instant. Sa vue était trouble, il lui fallut plusieurs secondes pour qu'elle s'affine enfin. Il regarda autour de lui. Il était dans une cellule et ne reconnaissait pas le lieu où il était enfermé. Ses chevilles étaient reliées par des menottes qui bloquaient son chakra, il était à genoux au centre de la pièce, et ses poignets n'étaient plus attachés dans son dos mais placés à la verticale, les bras tendus au plafond et maintenus par de lourdes chaînes qui enserraient ses mains dans des blocs métalliques immobilisant complètement ses doigts. Il n'avait plus son manteau, ni ses rouleaux d'invocation, ses tortionnaires ne lui avaient laissé que son pantalon et sa chevalière, qu'il sentait encore sur son pouce malgré le métal. La porte dans son dos s'ouvrit alors, et deux ninjas entrèrent pour venir lui faire face. Sasori ne les avait jamais vus, il y avait un homme aux cheveux noirs, et une femme rousse. Tous deux l'observèrent un instant.
– Il n'avait pas menti, son regard est très intense, lança alors le premier en réfléchissant. J'espère que nous saurons le faire parler, et vite.
– Personne n'a jamais résisté à notre talent, renchérit la seconde avec assurance. De plus, l'alliance ninja des cinq grandes nations compte sur nous. Nous devons réussir, nous n'avons pas le droit à l'échec.
L'homme approcha sa main et la posa sur le torse de Sasori qui réprima un frisson, se contentant de le regarder avec animosité. Les doigts longèrent sa peau doucement, comme s'il inspectait quelque chose.
– C'est vraiment particulier, dit-il alors. Selon nos rapports, le corps de Sasori est fait de bois, et son torse s'ouvre sur un câble empoisonné qui peut se dérouler. Pourtant, selon le compte rendu de l'équipe d'intervention, une fois son chakra bloqué, il devient humain. Son immortalité est donc limitée.
– Cela nous arrange, confirma son interlocutrice. Nous pouvons plus facilement torturer un corps humain qu'un pantin qui ne ressent rien. D'ailleurs c'est ce qui m'avait inquiétée quand on nous a appris qu'on l'avait capturé. Je ne pensais pas qu'on pourrait en tirer quelque chose. Voilà qui est rassurant. L'autre hocha la tête, confirmant ses dires, puis il retira sa main des abdos du prisonnier. Celui ci n'avait pas dit un mot et les fixait avec un air contrarié. Le shinobi saisit alors son visage dans sa main, s'attirant un regard des plus haineux qu'il s'employa à ignorer.
– Il a l'air d'avoir à peine vingt ans, attesta-t-il à sa collègue. Qu'est ce qui peut bien pousser un enfant à devenir un tel monstre ?
– Nous allons faire en sorte de l'apprendre rapidement. Les autres membres de l'organisation semblent du même âge si on se fie aux informations.
L'homme s'accroupit pour être au niveau du garçon taciturne. Il plongea dans ses iris ambrés, lâchant enfin sa mâchoire.
– On a pas mal de questions à te poser, et on se doute que tu ne nous donneras pas ce qu'on veut facilement, mais ce serait déjà bien d'entendre le son de ta voix. Après tout, on se rencontre pour la première fois.
Sasori se contenta de le fusiller du regard.
– Soit, soupira l'homme. Alors nous l'entendrons dans la douleur.
– Je vais chercher le matériel, enchaîna la kunoichi. Il risque d'avoir un mental difficile à briser, nous allons devoir être minutieux, nous ne devons pas le tuer avant qu'il ne parle.
Elle se leva et quitta la pièce pour aller chercher les outils nécessaires à leur travail. Le ninja lui, regardait encore le prisonnier.
– Je suis surpris que tu sois aussi jeune.
Ce dernier resta silencieux.
– Je m'attendais à un ennemi redoutable, un monstre de puissance, avec l'expérience et la prudence que son mode opératoire indiquait jusque là. Et je me retrouve face à un gamin. Mais en crois pas que cela m'empêchera de faire mon travail. Je dois te tailler en pièces pour arrêter ton organisation, qu'importe que tu aies quinze ou vingt ans, tu passeras sous mes lames et tu parleras, tôt ou tard.
La collègue du shinobi entra alors avec une caisse massive.
– Nous avons reçu un message, annonça-t-elle en refermant la porte de fer derrière elle. Nous avons carte blanche pour nous charger de lui. Heureusement, cette pièce est bien insonorisée. On va pouvoir travailler dans de bonnes conditions.
Les deux bourreaux n'avaient pas l'air enchantés par ce qu'ils allaient faire, mais ils étaient des ninjas, et montrèrent donc un professionnalisme flagrant lorsqu'ils sortirent les différents outils dont ils allaient avoir besoin pour délier la langue de leur prisonnier.

Chapitre 16 : Douleurs

Sasori se concentrait pour ne lâcher aucune plainte sonore. Il avait pourtant de plus en plus mal à chaque coup porté contre lui. Mais il refusait de paraître faible, alors il se mordait la langue pour ne pas montrer sa souffrance. Sa mâchoire contractée témoignait de son effort face à ses tortionnaires. Son oeil gauche était cerné d'un lourd hématome violacé et sa lèvre inférieure était fendue. La kunoichi commençait à perdre patience.
– Bordel, mais c'est pas humain ! ragea-t-elle. Il n'a même pas encore ouvert la bouche.
Elle vrilla son regard dans celui du détenu.
– Où est votre repère ? Où est ce qu'on trouver tes acolytes ?
Il la fixa sans dire un mot, et en représailles, elle asséna une droite monstrueuse sur son corps. Il étouffa un gémissement, serrant les dents, tandis qu'un craquement se faisait entendre dans la petite pièce résonnante.
Le shinobi approcha sa main du torse de Sasori, l’oeil expert.
– Tu lui as cassé des côtes, affirma-t-il en passant ses doigts que la zone douloureuse. Laisse moi prendre la relève, n'épuise pas ton sang froid.
Elle accepta la proposition d'un hochement de tête et alla s'adosser au mur de la cellule. L'homme saisit une lame affûtée et il l'approcha de la gorge de Sasori. Il traça une fine coupure, avant de laisser l'outil descendre jusqu'à sa poitrine, laissant dans son sillage couler le sang vermeil et écarlate du jeune homme.
– Je ne savais pas que les criminels tenaient à l'honneur, ou à leurs camarades. Mais il paraît que tu t'es rendu pour sauver la vie de ton acolyte. Le blond dans les rapports, comment s'appelle-t-il déjà, Delana Geirana ?
– Deidara, siffla enfin le marionnettiste de sa voix grave et glaciale, agacé.
– Ah, il parle notre invité donc. Deidara oui c'est cela. Pourquoi t'as voulu le sauver ? Vous vous appréciez dans l'Akatsuki ? Vous êtes des amis, pas simplement des collègues ? Quel lien vous unit ?
Sasori ne répondit rien.
– Je vois, reprit le ninja. Il appuya légèrement son poignet et la lame s'enfonça dans la chair, marquant plus profondément son ventre. L'homme était un professionnel, il avait évité les points vitaux. Mais cela n'empêcha pas son geste de causer une vive douleur au jeune homme qui grimaça. Alors qu'il sentait l'arme froide glissait à l’intérieur de son corps qui semblait prendre feu, sa tête bascula sur le côté et ses yeux révulsèrent, le plongeant dans l'inconscience pour protéger son esprit d'un choc trop intense.

 

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Deidara traversa les couloirs de l'école d'arts, le regard sombre. Trois jours que Sasori était porté disparu, trois jours que l'Akatsuki organisaient des recherches, et ils n'avaient toujours aucun élément. Il en devenait fou. Il ne savait pas pourquoi il continuait d'aller en cours, s'il avait pu, il serait resté de l'autre côté et ne serait reparti qu'avec son ami. Mais Pain lui avait interdit de retourner seul là bas. Le chef de l'organisation avait organisé des patrouilles selon les binômes, mais le blond, seul, et personnellement impacté par l'affaire, avait été tenu à l'écart. Il était furieux et son caractère empirait au fur des jours. Ses nerfs étaient tant à vifs qu'il venait juste de se faire exclure de cours après avoir perdu son calme et insulté l'enseignant qui lui avait fait une remarque sur son travail. Une main se posa alors sur son épaule et il fit volte face, le regard colérique. La jeune femme qui l'avait interpellé recula aussitôt, peu rassurée. C'était Alexa. Près d'elle se tenait Lucie, qui le qualifia d'un regard perplexe en voyant son expression agacée.
– Excuse moi, lança la brune timidement. On a pas vu Sasori en cours depuis plusieurs jours, est ce qu'il va bien ?
Le blond se calma aussitôt et il entreprit d'afficher un air neutre malgré son chamboulement moral.
– Tout va bien, mentit-il alors pour garder leur secret sauf. Il a du s'absenter de la ville pour régler une affaire personnelle.
– D'accord, tu sais quand il reviendra ?
L'étudiant secoua la tête.
– Je t'avertirai quand j'aurai plus d'infos.
– D'accord, merci Deidara...
Elle lui adressa un sourire sincère et se retourna avec Lucie pour repartir, le laissant seul dans le couloir.

 

**********

 

Le jeune homme toussa, convulsant légèrement malgré le fait qu'il soit maintenu avec fermeté. Du sang fut propulsé par sa bouche pour aller tâcher le sol et les chaussures de l'homme qui lui faisait face. Un filet écarlate roula sur sa peau, dépassant ses lèvres pâles pour rejoindre son menton jusqu'à glisser le long de son cou. Le ninja retira le couteau planté de toute sa lame dans le ventre du garçon et laissa le liquide vermeil s'écouler de la plaie. Il saisit alors le visage entre ses doigts et le leva, confrontant les iris ambrés qui semblaient de plus en plus absents.
– Allez Sasori, parle, et tu ne souffriras plus. Cela ne te sert à rien de protéger une organisation remplie de criminels. Ton jugement par le conseil des kages sera sûrement plus indulgent si tu acceptes de coopérer.
Un éclat brilla alors dans les pupilles ternes du marionnettiste et un soubresaut parcourut son corps malmené. Un son grave sortit de sa gorge, et il fallut plusieurs secondes pour que l'homme comprenne que le prisonnier était en train de rire. Interloqué, il lâcha son visage pour le regarder. L'artiste aux cheveux rouges avait l'air dément, ses yeux étaient écarquillés et brillaient d'une énergie nouvelle ainsi que d'un amusement sincère, le sang coulait toujours entre ses dents mais il n'avait pas l'air d'y accorder la moindre attention. Ses autres blessures n'avaient pas une meilleure allure. Son corps était tailladé de tous les côtés, ses bras tendus vers le plafond tremblaient. Un sourire éclatant tordit alors sa bouche, et sa langue sortit légèrement, léchant le sang qui maculait ses lèvres. Le goût métallique emplit sa bouche et il ferma les yeux pendant quelques secondes avant de les rouvrir, comme s'il savourait le goût de sa propre hémoglobine. Lorsqu'il parla, son tortionnaire eut un frisson incontrôlé tant il eut l'impression d'être face à un monstre inhumain.
– Je ne veux aucune indulgence, murmura-t-il d'une voix doucereuse. Tranche moi la peau, taille ma chair, frappe moi encore et encore, tue moi si cela te fait plaisir, je n'en ai rien à faire. Tu ne sauras rien, ni sur moi, ni sur les autres. Mais surtout, ne te loupe pas en abaissant ta lame. Car je te promets que si je sors de cette cellule, ta vie sera comptée.
Sasori repartit dans son rire et le ninja ne sut comment réagir. Le détenu qui lui avait été confié était le plus grand malade qu'il avait rencontré.

Chapitre 17 : Le plan

Les étudiants étaient silencieux, l'ambiance dans la pièce était glaciale. Ils étaient tous réunis dans le salon de l'appartement de Pain et Konan. Il n'y avait que deux absents, le duo d'artistes : l'un pour des raisons évidentes, l'autre parce qu'il n'avait pas été prévenu de cette réunion.
– Nous ne pourrons pas tenir Dei à l'écart encore très longtemps, lança Obito à l'assemblée.
– Il est en train de perdre les pédales, confirma Kakuzu d'une voix ennuyée. A ce rythme, il va bientôt voler à Hidan sa place de taré du groupe.
– Hey ! protesta le concerné, vexé. J'suis pas le seul taré ici hein. Entre Pain et ses ambitions mégalos, Deidara le gros déginglos des explosions, Sasori qui a pour kiff d'éviscérer des gens pour les empailler ensuite, désolé mais je suis l'un des plus sains de l'assemblée !
Son colocataire ouvrit la bouche pour répondre mais Pain leva une main pour ramener le silence.
– Ce n'est pas le sujet. En effet, le comportement de Deidara commence à être inquiétant, il ne va pas rester longtemps ici. Je lui ai interdit d'y aller, mais si nous tardons trop, il ira qu'importe mes instructions. Itachi, Kisame, votre mission a donné des résultats ?
– Oui, intervint alors Itachi avec sang froid. Nous avons filé le suspect jusqu'à sa base, puis nous avons surveillé le lieu. Il semblerait que Sasori soit détenu dans le désert du pays du vent, dans un avant poste de Suna. Nous n'avons pas de confirmation formelle, mais nous sommes sûrs que c'est bien là.
– Comment pouvez vous êtres aussi certains de ça sans avoir de confirmation, railla Hidan. On va faire bien si on se ramène tous et qu'il est pas là.
– Disons que lorsqu'on a entendu « le nouveau prisonnier fait flipper à subir la torture sans broncher, sans rien dire sauf rigoler en demandant aux intervenants de continuer jusqu'à qu'il se libère pour tous les tuer », intervint alors Kisame, on ne s'est pas trop posés de questions.
Les étudiants échangèrent un regard avant d'en venir à la même conclusion.
– C'est Sasori, confirmèrent-ils simplement d'une même voix.
– Bien, enchaîna aussitôt Konan. Pain et moi allons élaborer un plan d'action, nous vous recontactons ensuite et on partira là bas. Itachi, reste avec nous pour nous donner toutes les indications sur le lieu. Nous allons prévenir Deidara que nous avons une piste, il nous sera utile sur place. Et de toute façon, nous ne pourrons pas l'empêcher d'y aller.
– Mais que personne ne lui donne le lieu, compléta Pain avec sévérité. Sinon cette tête brûlée ira dans le désert immédiatement sans nous attendre, et cela fera rater toute notre opération. Tous hochèrent la tête.

 

**********

 

Sasori n'avait même plus assez de force pour se maintenir lui même. Ses bras soutenaient tout le poids de son corps, ses poignets le lançaient avec douleur, et sa tête dodelinait sur le côté. Il avait mal aux jambes à force de rester à genoux depuis des jours. Ses tortionnaires, entre deux séances de torture, lui donnaient un peu d'eau et de nourriture, le nécessaire pour qu'il reste en vie, mais sa gorge était tout de même sèche et sa voix était cassée à force d'avoir hurlé. Le jeune homme avait résisté pendant longtemps, mais dans son état actuel, il ne pouvait plus s'empêcher de crier lorsque ses bourreaux passaient sur son corps tous leurs outils. Cependant, il avait toujours sa fierté, sa force mentale pour ne rien dire, et il lui arrivait régulièrement de rire avec démence. S'il tenait bon, son esprit, lui, perdait peu à peu sa lucidité. Mais une lueur en lui lui permettait de rester éveillé, la volonté de se venger. La porte s'ouvrit et il tourna légèrement la tête vers les deux shinobis chargés de le torturer. Son oeil gauche ne s'ouvrait plus que de moitié, à cause de l'hématome qui le cernait. Un lent sourire vint étirer ses lèvres, et il lâcha d'une voix grave, basse et éraillée.
– Et c'est reparti pour un tour...
Ses tortionnaires échangèrent un regard. Combien de temps leur prisonnier tiendrait-il avant de sombrer dans la folie. Enfin, s'il n'y était pas plongé depuis déjà longtemps à en juger ses réactions. Les deux ninjas commencèrent leur office, posant des questions qui restèrent sans réponse. Quand Sasori ne gardait pas le silence, il répondait avec un sarcasme éclatant et très agaçant pour les deux bourreaux. La kunoichi sentit son sang froid diminuer au fil des minutes, et après une énième pique lancée par le criminel, elle le saisit violemment à la gorge et le soulever légèrement, autant que ses chaînes le permettaient. Sasori, un filet de sang s'écoulant sur ses lèvres, émit un rire étranglé.
– Vas-y, serre plus fort... croassa-t-il, provocateur.
Énervée par son insolence, elle resserra sa prise autour du cou du jeune garçon, et son collègue vint lui saisir le poignet pour la faire lâcher.
Il la regarda sévèrement.
– On ne doit pas le tuer, maîtrise toi.
Elle grogna de mécontentement.
– Comment peut-il encore se moquer de nous dans cette situation ?! Il me rend folle !
Les deux shinobis baissèrent le regard pour voir leur prisonnier tousser, reprenant son souffle suite à l'étranglement subi, le corps tremblant de douleur. Jamais il n'avait été aussi faible, aussi brisé. Et paradoxalement, il leur faisait peur, malgré la situation.

 

**********

 

L'Akatsuki était presque intégralement réunie. Ils étaient là, près de la frontière du pays du vent, à la lisière de la forêt, leurs manteaux noirs flottant doucement à cause du vent. Il ne manquait que le maître marionnettiste, mais ce n'était qu'une question de temps. Tous avaient une expression fermée, ils étaient prêts à combattre. Seul Deidara manifestait une haine et une colère manifestes, aucun membre de l'organisation n'aurait aimé être à la place de ceux qui croiseraient le chemin du blond. Pain vint se placer face à ses acolytes.
– Bien, nous allons devoir être méthodiques. Nous avancerons le plus rapidement possible jusqu'à être devant la base où est retenu Sasori. Deidara, tu prendras ton oiseau, et tu bombarderas leur défense, mais fais attention à ce que le bâtiment ne s'écroule pas, cela nous gênerait. Itachi, Kisame, et Konan vous vous occuperez de faire diversion en attaquant de face en causant un maximum de dégât, les autres, vous irez à l'intérieur et vous chercherez où est enfermé Sasori, Deidara vous rejoindra vite après avoir perturbé la structure. Lorsque vous l'aurez trouvé, Deidara, tu partiras aussitôt avec lui le mettre dans un endroit sûr, je doute qu'il soit dans un bon état, il aura besoin de soins. Malheureusement, nous ne pouvons aller dans un hôpital de l'autre monde, avec des traces de torture, ce sera suspect. Il faudra le soigner nous mêmes à domicile, heureusement, Konan a des compétences médicales, et Kakuzu s'en sort très bien en points de suture. Et toi Deidara, tu sais comment gérer les blessures les plus anodines tu pourras donc faire les premiers soins. Hidan, tu resteras avec moi, nous décimerons tous les ninjas présents ici en représailles de leur menace à notre égard. Toi et moi devrons éliminer tout le monde sans exception.
Les autres hochèrent la tête.
– Mis à part Deidara qui partira immédiatement avec Sasori, nous nous retrouverons ici pour vérifier que tout s'est passé comme prévu. Il se tourna alors vers le blond.
– Je sais ce que tu ressens comme colère, mais Sasori aura besoin de toi, alors fais ce qu'il faut mais ne cède pas à la vengeance, nous le ferons pour toi. Quand tu auras libéré Sasori, envoie une explosion dans le ciel avec une bombe fumigène, ainsi nous saurons que vous êtes partis. Dans le cas où il y ait un imprévu, ne vous mettez pas en danger et retournez dans l'autre monde, méfiez vous de leurs menottes anti chakra, c'est notre plus grand risque.
Encore une fois, les membres de l'Akatsuki acquiescèrent, puis ils partirent tous en direction de la base secrète de Suna.

Chapitre 18 : Intrusion dans l'avant poste de Suna

Sasori était situé à la limite entre la conscience et l'inconscience. Il avait tellement mal partout qu'il se demandait jusqu'à quand son corps tiendrait avant de se briser au point de mourir. Pourtant, les ninjas chargés de lui étaient minutieux. Aucune de ses blessures n'était mortelle mais tout était fait pour le faire craquer à cause de l'intensité de la douleur. A force de supporter son poids, ses poignets et ses épaules étaient disloqués, ce qui le lançait atrocement. Sa peau était marquée de teintes violettes comme d'entailles à divers endroits. Et son cou gardait les marques d'étranglement. Le moindre contact suffisait à le faire crier et trembler. Mais il ne laissait rien paraître, même ses iris semblaient vides et indifférents. Si sa poitrine se s'était pas soulevée douloureusement à fréquence régulière, il aurait pu sembler mort. Perdu dans ses pensées et les sensations de souffrance, Sasori réussit cependant à entendre le chaos qui régnait derrière la porte. Quelle urgence se passait-il pour qu'ils fassent autant de bruit ? Le jeune homme se concentra pour écouter. Le sang qui battait contre ses tempes, sa migraine et les blessures de son corps ne l'aidèrent pas à accentuer son attention, mais il parvint tout de même, après de longues minutes d'efforts, à distinguer quelques bribes de voix.
– Prévenez l'avant garde, il faut les empêcher d'entrer !
– Envoyez un faucon messager à Suna, vite !
– Nous avons besoin de renforts, ils vont nous massacrer. L'avant poste n'est pas assez préparé pour ça !
La porte s'ouvrit alors sur la kunoichi rousse. Elle était seule.
– Alors alors … susurra le prisonnier avec un sourire. On a quelques difficultés dehors ?
– Tes petits camarades sont venus te chercher on dirait, siffla-t-elle avec colère. Mais nous ne les laisserons pas faire, n'espère pas trop.
– Tu ne crois même pas toi même à ce que tu dis...
Elle combla la distance entre eux et le frappa violemment à la tête.
– La ferme !
Elle le saisit à la gorge une nouvelle fois, serrant avec force.
– Je t'interdis d'être satisfait comme ça tu m'entends ? Je vais te briser, et quand tu auras parlé, je me porterai volontaire pour être le bourreau quand tu seras condamné à mort ! C'est tout ce que tu mérites espèce de connard de détraqué !
Lâchant son cou, elle le frappa à multiples reprises, tenant ses cheveux pour que sa tête reste stable pour ses offensives. Le nez de Sasori saignait maintenant, comme beaucoup d'autres endroits de son corps. La kunoichi, furieuse de voir le criminel aussi insolent, et inquiète à l'idée qu'il s'échappe, sortit son katana du fourreau qui reposait dans son dos, et elle plongea la lame dans l'abdomen de sa cible, la laissant ressortir de l'autre côté, rouge. Le jeune homme toussa une flaque de sang en gémissant de douleur, et elle retira le sabre avant de le fixer d'un air hautain.
– Tu es dans la cellule la plus sécurisée du bâtiment. Même si par miracle, ils parviennent jusqu'à toi, ils ne pourront pas t'emmener bien loin. Dans cet état, si tu fais le moindre kilomètre, tu mourras par manque de forces. Sans parler du sang que tu vas perdre. Si tu sors d'ici, tu ne survivras pas.
La femme repartit, refermant la porte métallique derrière elle. Sasori laissa une exclamation de douleur lui échapper, mais il releva doucement la tête, les yeux brillants et sa langue léchant le sang qui s'écoulait sur ses lèvres. L'Akatsuki arrivait. Il allait enfin sortir.

**********

 

Deidara courait dans les couloirs. Son coeur battait si fort tandis qu'il regardait partout autour de lui à la recherche de la chevelure rouge de son partenaire. Obito était juste derrière lui, mais les autres étaient partis ailleurs. Ils s'étaient séparés en entrant dans l'édifice pour parcourir le plus de distance possible. Ils arrivèrent devant une porte blindée après de longues minutes qui lui parurent une éternité, et Deidara eut l'intuition soudaine que c'était le lieu qu'il cherchait. Il fit signe à Obito de s'arrêter et lança deux araignées en argile qui s'accrochèrent au métal. Le blond effectua un mudra, et les gonds sautèrent dans l'explosion. Mais Deidara ne fut pas soulagé, au contraire. Sasori était bien là pourtant, dans un état épouvantable. Son corps semblait désarticulé, il avait la tête penchée en avant, et ses cheveux, éparpillés et assez longs, cachaient ses yeux, il n'avait donc aucune idée de si le jeune homme était conscient. Les deux ninjas s'approchèrent lentement, et Obito laissa échapper une exclamation.
– Oh bordel, il en a bavé. Regarde dans quel état il est. Il est vivant tu crois ?
– Mais la ferme ! explosa Deidara, furieux. N'en rajoute pas merde !
Il posa un genou au sol pour être au niveau du prisonnier, essayant de ne pas fixer les multiples blessures qu'il avait.
– Saso ? appela-t-il d'une voix inquiète... Tu m'entends ?
Le corps du marionnettiste trembla légèrement, et il tourna la tête vers le blond, grimaçant de douleur.
– T'en as mis du temps... Tu sais pourtant que je déteste attendre...
Sa voix n'était qu'un souffle, et la faiblesse dont elle rendait compte brisa le coeur de son acolyte.
– Tu n'attendras plus, promis...
Il se releva et retira les chaînes qui maintenaient ses chevilles, révélant des marques rouges qui témoignaient de la prise qui avait enserré fermement son corps. Il entreprit ensuite de détacher ses poignets, prenant garde à ne pas brusquer les articulations disloquées du garçon aux cheveux écarlates. A chaque seconde qui passait, il était de plus en plus furieux. Lorsque les chaînes tombèrent sur le sol, Sasori fit de même, à bout de force. Le blond le rattrapa avant qu'il ne heurte la surface froide, et il l'aida à se tenir debout, pour ne pas dire qu'il le portait. Obito vint de l'autre côté du marionnettiste pour l'aider également, et ils sortirent de la cellule. Soudain, le blessé releva la tête, un éclat particulier dans les iris. Le shinobi aux cheveux noirs, qui l'avait torturé pendant trois longues et interminables semaines, se tenait là. Il avait été envoyé pour vérifier que le prisonnier était toujours à sa place. Avant même qu'il ne puisse parler, ou que les deux ninjas ne puissent attaquer, la silhouette de Sasori avait bondi, surprenant tout le monde. Comment pouvait-il bouger ainsi dans son état ? Le shinobi n'eut que le temps de se rappeler de la promesse de Sasori en croisant ses iris ambrés emplis de folie. « Si je sors de cette cellule, ta vie sera comptée. » Le brun vit les lèvres de son assaillant bouger, et automatiquement, il lut sur ses lèvres fendues et ensanglantées. « Trois, deux, un. »Il écarquilla les yeux. Sasori le fit tomber en se jetant sur lui. Il n'avait plus rien d'humain, il était sauvage, presque animal. De nouveau, le ninja entendit le rire dément de celui qu'il avait torturé. Et le visage hilare de ce dernier fut la dernière chose qu'il vit, car en quelques secondes, Sasori avait plongé ses doigts dans ses orbites, lui crevant les yeux. Il hurla de douleur, mais déjà, le criminel avait pris un kunaï dans la poche de sa victime, et il planta l'arme dans ses cuisses, puis ses bras, et aussi son ventre, sortant et rentrant la lame à diverses reprises, s'éclaboussant de sang, celui de son tortionnaire rejoignant le sien. L'homme sous lui criait de souffrance, mais il n'en avait pas assez, il continua à le poignarder à de multiples reprises, avant de finalement plongé le kunaï dans sa gorge, procurant un ultime gargouillis étranglé. Une exclamation retentit dans le couloir, et le marionnettiste leva la tête pour voir la kunoichi, partenaire de sa victime. Il passa sa langue sur ses lèvres.
– Parfait, susurra-t-il.
Les fils de chakra sortirent du bout de ses doigts et s'accrochèrent à la femme rousse. Il la tira vers elle et la saisit à la gorge, savourant sa vengeance avec délice. Il serra sa main, souriant de toutes ses dents avec démence, et ce jusqu'à ce qu'il entende un craquement écoeurant. La rousse retomba, inerte. L'adrénaline lui avait donné l'énergie et la force de se venger, mais aussitôt ses ennemis morts, il s'écroula sur le cadavre de l'homme qu'il chevauchait encore, et Deidara se précipita sur lui, déboussolé par ce qu'il venait de voir.
– Sasori, il faut partir.
Le blond se tourna vers Obito.
– Envoie le signal, je le ramène chez nous. Vous nous rejoindrez à l'appartement.
Le brun hocha la tête avant d'envoyer l'explosion à travers le toit, le plus haut possible, avec la bombe fumigène. Deidara activa le pouvoir de sa bague, tenant son colocataire dans ses bras, et celui ci usa de ses dernières forces pour faire de même. Les deux jeunes adultes disparurent aussitôt de ce monde pour retourner dans le leur.

Chapitre 19 : En sécurité

Les deux étudiants apparurent au milieu du salon de leur appartement, et Sasori gémit de douleur en heurtant le sol. Aussitôt, Deidara l'allongea sur le dos, laissant le parquet s'imbiber de sang. Il alla chercher des compresses et des liens pour faire des garrots sur ses plaies les plus profondes et récentes afin de stopper l'hémorragie. Puis, il désinfecta les plus anciennes. Enfin, il replaça ses articulations disloquées, faisant crier le blessé, et il bénit les murs et leur isolation de qualité. Sasori était presque inconscient tant il avait mal. Le blond avait les larmes aux yeux devant l'état de son acolyte, mais il était minutieux sur les soins qu'il apportait. Une demi heure plus tard, l'Akatsuki débarqua chez eux, et Kakuzu commença à recoudre les blessures qui avaient déchiré le corps du marionnettiste tandis que Konan usait de son jutsu médical pour lui apporter la force vitale dont il avait besoin. Sasori avait habituellement le teint pâle, mais là, il fit peur à tout le monde tellement il était blafard. Quand il ferma les yeux, à bout de force, Deidara crut qu'il perdait la vie et il hurla, faisant aussitôt réagir le garçon, qui rouvrit les paupières en sursautant. Il n'avait pas prononcé un mot, mais il avait saisi les doigts fins du blond pour les serrer légèrement, lui promettant silencieusement qu'il tiendrait. Il fallut deux heures pour que les ninjas terminent de soigner ses blessures les plus importantes et qu'il soit hors de danger. Konan était essoufflée, elle avait utilisé tout son chakra pour l'empêcher de s'éteindre, et les autres membres de l'organisation soupirèrent quand elle annonça le verdict.
– Il survivra, mais il est très faible. Il va falloir qu'il reste au lit au moins une semaine si ce n'est plus. Quant aux missions de l'autre côté, n'y comptez pas avant au moins un mois, voire plusieurs, en fonction de comment il récupérera.
Deidara aida son colocataire à s'assoir lentement, le dos contre le mur pour qu'il ne force pas trop. Pain s'accroupit près de lui.
– Tu nous a fait peur, comment tu te sens ?
– Vengé... souffla le ninja aux cheveux écarlates d'une vois éraillée.
Les autres sourirent. Sasori était resté le même malgré la torture. Ils savaient tous à quel point il était instable psychologiquement, et cela les rassurait de voir que rien n'avait trop empiré. Du moins pour l'instant.
– Pourquoi t'es tu rendu ? lui reprocha le chef de l'organisation avec douceur. Tu es trop précieux pour nous, tu ne te rends donc pas compte ?
Les iris ambrés du marionnettiste le fusillèrent de colère et il siffla, malgré sa faiblesse.
– C'est ta faute, tu as envoyé Deidara dans un piège. Il allait mourir. Il était seul.
Il plissa son regard, murmurant doucement de sa voix brisée, mais glaciale.
– Je te l'ai déjà dit, je te suivrai dans tes ambitions, je tuerai tous tes ennemis, qu'importe qui ils sont. Mais s'il arrive quelque chose à Dei par ta faute, c'est toi que je mets en charpie. C'est clair ?
Pain, habituellement froid et impassible, ne put réprimer un frisson sous la menace. Sasori n'était pas n'importe qui dans l'organisation, il le savait. Le jeune homme avait découvert les chevalières, mais il avait aussi maîtrisé ses pouvoirs plus vite que tous les autres. Il était sans nul doute le plus dangereux de tous de par son caractère et sa précision mortelle dans l'usage de ses pouvoirs, même s'il n'avait pas la puissance de ses pupilles à lui. Il hocha simplement la tête et se tourna vers le blond.
– Pardonne moi, je ne referai plus ce genre d'erreurs.
Il ordonna ensuite aux autres de partir avant de quitter les lieux à son tour, et Deidara resta seul avec Sasori, chez eux, en sécurité. Le blond regarda alors son acolyte, qui était couvert de sang, et pas uniquement du sien.
– Je vais te faire couler un bain.
Il se leva et entra dans la chambre de Sasori pour rejoindre sa salle de bain. Celle ci avait l'avantage d'être spacieuse, comme la sienne, contenant une douche et une baignoire. Il laissa l'eau chaude remplir cette dernière mais fit attention à ce que la température ne soit pas trop élevée. Puis il retourna dans le salon et aida son ami à se lever avant de le porter prudemment jusqu'à la pièce. Sasori était incapable de bouger seul, et il ne fallait pas risquer que les points de suture sautent, le blond défit donc les boutons de son pantalon pour le lui enlever, et il le plaça ensuite dans la baignoire avec précaution.
– Tu vas pouvoir enlever ton caleçon tout seul ? demanda-t-il, inquiet.
– C'est bon, j'suis pas à l'article de la mort.
– Un peu quand même. Je vais nettoyer le parquet et t'amener des vêtements propres.
Laissant Sasori seul quelques minutes, il s'occupa de la flaque écarlate qui s'étalait au milieu du salon, et il fit disparaître toute trace de sang de l'appartement. Puis, il retourna dans la salle de bain après avoir récupéré des vêtements, frappant avant d'entrer. Son colocataire avait fermé les yeux, retirer le dernier vêtement lui avait demandé un grand effort, et s'il ne voulait pas paraître faible, il n'était pas en état de faire autant de mouvements. Deidara soupira, si les ennemis ne l'avaient pas tué, sa fierté excessive allait probablement s'en charger s'il se comportait ainsi. Il s'accroupit près de la baignoire et mit un peu de shampoing sur les cheveux rouges du jeune homme avant de les frictionner doucement. Il ne dit rien, mais fut surpris de leur douceur, il trouvait très agréable la sensation de ses doigts glissés dans la chevelure trempée. Il constata que ses cheveux avaient poussé lors de sa captivité, et ressentit une pointe de culpabilité. Ils l'avaient laissé là bas trop longtemps.
– J'ai pas besoin d'un baby sitter pour faire ma toilette, siffla Sasori avec son humeur habituelle, la voix toutefois bien plus faible.
– Ferme la pour une fois, répliqua Deidara. Tu n'es ni en état de faire le chef, ni en état de te plaindre. Alors ta gueule.
Pour la première fois depuis qu'ils s'étaient rencontrés à l'école primaire, Sasori ne répondit pas à une insulte de son ami. D'habitude, lorsqu'il se permettait de lui parler avec irrespect, et ce malgré sa position privilégiée auprès de l'artiste, ce dernier lui faisait passer l'envie de recommencer d'une pique cinglante ou d'un coup douloureux. Mais cette fois, sa seule réaction fut de sourire doucement, et d'obéir, ce qui surprit le blond. Il passa ensuite une éponge savonnée sur son corps, frôlant légèrement les plaies recousues et frottant plus vigoureusement les tâches de sang. Il passa sa main sous le genou du marionnettiste et leva sa jambe pour la nettoyer, prenant garde aux blessures, avant de passer à l'autre. Une fois qu'il eut terminé, il prit un gant propre pour s'occuper du visage de Sasori, qui lui jeta un regard mauvais dès qu'il approcha.
– Ne pense même pas à faire un caprice, l'avertit le blond. Je vais pas te laisser avec le sang des autres enfoirés sur la tronche.
Son interlocuteur soupira avant de détourner le regard vers le mur. Deidara retira le liquide rouge et sec sur sa peau minutieusement, notamment au niveau du nez où il avait perdu sa propre hémoglobine, et quand il eut terminé, son acolyte ressemblait moins à un assassin psychotique que lorsqu'il était revenu. Le blond sortit une immense serviette avec laquelle il couvrit Sasori avant de le porter hors de la baignoire et le sécher. Conscient qu'être ainsi nu et fragile le mettait mal à l'aise, Deidara l'aida à enfiler son caleçon à travers le tissu qui le couvrait, puis il passa le pantalon à ses jambes pour le remonter jusqu'à sa taille. Il saisit ensuite le jeune homme pour le guider jusqu'à son lit, mais Sasori parla.
– Je veux pas dormir, emmène moi au salon plutôt.
Deidara tourna la tête pour le regarder. Il ouvrit la bouche pour lui dire qu'il avait besoin de repos, mais l'artiste le regarda intensément, plus doux qu'à son habitude.
– S'il te plaît, Dei, souffla-t-il.
Le blond céda, et il le déposa sur le canapé, où il s'assit à côté après avoir récupéré un sac de glace pour le poser contre l’oeil gauche du blessé. Un point point restait à aborder, aussi, il reprit la parole.
– Ton absence n'est pas passée inaperçue à l'école. J'ai dit que tu avais du quitter la ville pour régler une urgence personnelle, mais je ne sais pas comment justifier tes blessures quand tu reviendras.
Sasori réfléchit un instant.
– Le plus cohérent, enchaîna son ami, ce serait de dire que tu t'es fait agresser... Mais j'imagine que tu n'aimes pas l'idée.
– En effet, répondit le garçon aux cheveux rouges. Mais on a pas vraiment le choix.
Deidara sentit un poids sur son épaule et il tourna la tête pour voir Sasori qui s'était appuyé sur lui.
– Saso, tu m'as sauvé la vie. Tu t'es sacrifié pour moi... Merci...
Le marionnettiste sourit doucement, et il ferma les yeux, s'endormant sur le blond qui compressait toujours la glace contre l'hématome. Il était rentré, en sécurité, et son acolyte était en bonne santé. Il n'avait donc aucun regret, malgré la torture subie pendant de longues semaines.

Chapitre 20 : Crush

La bibliothèque universitaire était un lieu calme et silencieux, idéal pour les étudiants qui souhaitaient travailler, individuellement comme en groupes. Konan, Deidara, Kisame, Hidan et Kakuzu étaient installés autour d'une table au fond du bâtiment. Les autres, à savoir Pain, Obito, Zetsu et Itachi étaient en cours, quant à Sasori, il était toujours convalescent à l'appartement. Les jeunes adultes discutaient de diverses choses, le plus discrètement possible pour ne pas se faire virer.
– Et du coup, dit alors Kisame après que la conversation se soit terminée, je suis le seul qui sèche un cours là ?
Hidan ouvrit la bouche pour répondre, mais Kakuzu le devança, sans lever les yeux du livre qu'il lisait.
– Non, t'as pas cours aujourd'hui Hidan.
– Tu connais mon emploi du temps ?
– Il faut bien, t'es incapable de te gérer toi même.
Le garçon aux cheveux argentés fit la moue. Konan se pencha en avant vers Deidara, le fixant.
– Tu lui as dit ?
Le blond haussa les sourcils, sans comprendre.
– Hein ?
Konan soupira.
– Sasori, tu lui as dit que tu avais un crush sur lui ?
Deidara resta muet de stupeur, ce qui fit éclater de rire les autres.
– Si on m'avait dit qu'il fallait dire ça pour qu'il se taise enfin, ricana Kisame.
L'étudiant en arts secoua la tête, reprenant ses esprits.
– Mais qu'est ce que tu racontes Konan ?
– Ne fais pas l'innocent, affirma la jeune femme en pointant sur lui un doigt accusateur. T'es peut être encore dans le déni, mais c'est évident. Rien qu'à voir ton comportement pendant qu'il était prisonnier, ou même ta façon de le regarder depuis des mois, tout ça ne trompe pas, tu sais.
Deidara sentit ses joues rougir et le brûler en même temps. Il ne savait pas quoi répondre à la kunoichi, qui avait vu clair dans son jeu. Hidan éclata de rire.
– Ah bah ça c'est trop fort ! La blondasse est devenue une midinette !
Le concerné se leva aussitôt pour aller le frapper, mais Kisame le retint et le força de s'assoir.
– Tu devrais lui dire, continua Konan. Je pense que ça lui ferait du bien de se sentir aimé. Il est toujours... tellement seul. Vous seriez vraiment mignons tous les deux.
– Tu crois ? dit alors Kisame. Il n'a jamais eu l'air de souffrir de sa solitude pourtant.
Le jeune femme leva les yeux au ciel.
– Évidemment que ça ne se voit pas. Sasori ne montre jamais rien. Mais malgré son impassibilité de façade, je le trouve constamment triste. Quand il est avec Dei, il semble plus apaisé.
– Mais ça ne veut pas dire qu'il ressent pour moi ce que je ressens pour lui, intervint le blond, pas sûr de ce qu'elle avançait.
Hidan, qui continuait de rire jusque là, dit soudainement d'un ton sérieux.
– Tu ne le sauras qu'en essayant. Et ne crois pas que ça pourra avancer autrement entre vous, si tu penses qu'il fera un jour le premier pas vers toi, tu te fourres le doigt dans l’oeil jusqu'aux couilles !
– Jusqu'au coude, Hidan, le corrigea Kakuzu en tournant la page de son livre.
Kisame éclata de rire tandis qu'Hidan haussait les sourcils, surpris.
– Ah bon ? J'étais pourtant sûr qu'on disait jusqu'aux couilles.
– Tout le monde n'est pas aussi grossier que toi Hidan, affirma Konan en roulant des yeux.
Deidara réfléchissait à leurs paroles. Il ne se sentait pas capable de lui dire, et Sasori avait pour l'heure d'autres priorités, comme se remettre de ses blessures. Il prit enfin la parole.
– Je vais attendre. Il doit se concentrer sur sa guérison pour l'instant. Je resterai présent pour lui d'ici là. J'ai encore du mal à assumer, je ne me sens pas ok pour lui en parler. Mais je le ferai, un jour. En attendant, ne lui dites rien, s'il vous plaît.
Ses amis hochèrent la tête, c'était légitime. Hidan eut un étrange sourire, et il ouvrit la bouche pour le taquiner en lui proposant un éventuel chantage, mais avant qu'il n'ait pu prononcer le moindre son, Kakuzu avait frappé le dessus de son crâne avec son poing.
– Lui aussi il se taira. Sinon je le vends sur le marché noir.
Cette fois, tout le monde eut un bref rire, pendant que le ninja aux cheveux argentés se massait la tête, qui sonnait douloureusement.

 

**********

 

Deidara marchait silencieusement dans les rues qui menaient à l'appartement. La conversation qu'il avait eue avec ses amis le perturbait, et il ne cessait de réfléchir. Il connaissait Sasori depuis tellement longtemps maintenant, c'était étrange de poser le terme de crush sur lui. Il avait beaucoup de rôles à ses yeux, bien sûr, celui d'ami, et ce depuis le CP, mais aussi partenaire dans l'autre monde puisqu'ils étaient un duo de l'Akatsuki, une organisation criminelle. Et camarades à l'école aussi, depuis le primaire, ils s'étaient suivis dans la même classe chaque année jusqu'à obtenir le bac, avant d'intégrer la même école d'arts. Ils étaient colocataires aussi, et le blond savait que personne d'autre n'aurait pu vivre avec lui, Sasori était tellement renfermé sur lui même qu'il aurait refusé tout le monde. Mais à présent, l'étudiant plaçait une nouvelle étiquette sur la tête rouge de son acolyte, et cela le stressait. Jamais le marionnettiste n'avait eu de relation au delà de l'amitié, déjà difficile à atteindre pour lui, il n'avait donc aucune idée de sa potentielle réaction. Deidara se mordit la lèvre, essayant de se rappeler d'un événement oublié qui l'éclairerait à ce sujet. Même au lycée, il n'avait rien eu ? Il était pourtant déjà magnifique, et beaucoup de filles avaient tenté de l'approcher. Il ne se souvenait pas. Concernant son propre cas, le blond n'avait eu qu'une seule copine, en première. Mais celle ci l'avait largué au bout de quelques mois à cause de son arrogance et de son égocentrisme. Il n'avait pas été particulièrement déstabilisé, et son quotidien n'avait pas changé du tout. Après tout, même dans la période où il avait été en couple, il était resté à traîner avec Sasori au lycée, sans modifier ses habitudes. Il n'y avait que le week end ou sa copine et lui avaient passé du temps ensemble. Après réflexion, c'est peut être aussi parce qu'il ne lui accordait pas d'attention la semaine qu'elle avait rompu. Les pensées de Deidara revinrent sur le sujet principal. Sasori, que faisait-il lui au lycée ? Son comportement était déjà, si distant, bien que plus mature qu'au collège. Et au vu du vécu du jeune homme aux cheveux écarlates, il avait pourtant mûri très vite. Trop vite. Les souvenirs remontèrent lentement en lui.

Chapitre 21 : Exposé

Le blond arriva devant la porte, essoufflé. Il frappa et entra.
– Deidara, lança le professeur en le regardant par dessus ses lunettes. Encore en retard.
– Désolé, m'sieur, j'étais....
– Pas besoin, je me fiche de ton énième excuse. Tu es passé à la vie scolaire ?
– Oui...
– Alors assis toi et tais toi.
Deidara avança jusqu'au fond de la salle, où il s'assit près de Sasori, qui était en train de dessiner sur son cahier, le menton maintenu dans sa paume et le coude sur la table. Il fit la moue, si lui faisait cela en classe, il serait renvoyé. Mais pas Sasori, il semblait invisible aux yeux des enseignants. Éternellement silencieux, avec de bons résultats. La seule chose qui lui était reprochée par le personnel éducatif était son manque de participation, mais le lycéen n'en avait rien à faire. Le cours s'enchaîna, et le blond soupira, mourant d'ennui. Quand il ne resta que trente minutes avant la fin de la séance, l'enseignant posa son regard sur le fond de la salle, en particulier sur un élève.
– Sasori, dit-il, tu as préparé ton exposé ? C'est à ton tour de passer aujourd'hui.
Le garçon aux cheveux rouges hocha la tête, avant de saisir une feuille et une clé USB sur son bureau. Il se leva, traversa la salle pour venir au tableau. La contrariété se lisait sur son visage, mais il restait calme et neutre. Le professeur s'installa dans un coin, avec un carnet et un stylo, lui laissant la place. Sasori se pencha sur l'ordinateur pour mettre sa clé, puis il afficha l'écran sur le tableau pour y dévoiler son diaporama. Prenant place près du tableau, il commença à parler. Deidara se sentit aussitôt concentré. Son ami n'était pas très loquace, mais quand il parlait, il captivait l'attention. Sa voix, déjà si grave pour son âge, posée et froide, expliquait les choses avec clarté. Il se tenait avec nonchalance, pas gêné par la situation ni par les gens, rien dans son langage corporel n'exprimait la moindre émotion ou la moindre faille. Il ne bégayait pas, n'avait pas besoin de se reprendre, et balayait la salle du regard avec ennui tout en parlant. Sa fiche de notes, qu'il tenait dans sa main, était parfaitement inutile. Il ne bougeait que lorsqu'il fallait changer de diaporama. Quand il se tut, le silence reprit place dans la salle ce classe. L'enseignant approuva l'exposé d'un hochement de tête.
– C'était vraiment très intéressant. C'est de l'excellent travail.
Puis il se leva pour faire face au lycéen qui dut lever la tête puisqu'il était vraiment petit contrairement aux adolescents de son âge.
– Sasori, c'est vraiment dommage que tu ne participes pas davantage en cours. Tu es un bon élève, tes réflexions sont pertinentes et tu t'exprimes avec une grande aisance en plus d'avoir une bonne prestance devant un public. Je pensais que ton silence venait de ta timidité, mais tu ne sembles pas l'être. J'aimerais te voir participer plus souvent, et pas uniquement sur les exercices obligatoires.
Le garçon vrilla ses iris ambrés dans ceux, verts, de l'adulte. Celui ci se sentit happé par son regard intense si particulier. Jamais il n'avait eu d'interlocuteur aussi charismatique, et pourtant, il avait des années d'enseignement derrière lui.
– Tout le monde n'aime pas être au centre de l'attention ou s'exprimer publiquement. Je vous serai reconnaissant de ne pas me forcer plus que nécessaire à faire ce que je n'aime pas. Je travaille pour moi, cela me suffit amplement.
Sans accorder une seconde de plus au professeur qui était bouche bée de sa tirade glaciale, il retourna à sa place.

**********

 

Deidara sourit. La réaction de l'enseignant ce jour là l'avait beaucoup amusé. Cela datait pourtant déjà depuis plusieurs années, mais c'était toujours un bon souvenir dans son esprit. Il ouvrit la porte de l'appartement sans faire de bruits, au cas où son colocataire serait en train de dormir. Mais quand il arriva dans le salon, l'étudiant aux cheveux rouges était installé à son bureau, en train de travailler de nouvelles pièces en bois.
– Mais qu'est ce que tu piges pas dans « convalescence et repos » espèce d'abruti ! hurla le blond avec colère.
Sasori se retourna, le regard impassible.
– Je m'ennuyais.
– Et ben regarde une série. Viens là que je vérifie que t'as pas ouvert tes points de suture.
– Non mais c'est bon, pas besoin de jouer l'infirmier non plus.
– Ta gueule et viens.
Il soupira avant d’obtempérer. Deidara le fit asseoir sur le canapé avant de soulever son t-shirt pour le lui enlever. Il approcha ensuite son visage de chaque plaie pour consulter l'état de ses blessures, passant légèrement ses doigts dessus pour être sûr que les fils tenaient correctement. Ses gestes firent frissonner le blessé, qui ne prononça pas un mot.
– T'as de la chance que le travail ait été fait par Kakuzu, quelque chose de moins solide aurait cédé avec tes conneries.
– N'abuse pas non plus. Sasori fixait le mur en grommelant.
Agacé, le blond lui saisit le visage d'une main pour le forcer à le regarder.
– Ta tendance à l'autodestruction commence à me taper sérieusement sur le système. T'as vraiment aucun instinct de survie putain. T'as été torturé pendant des semaines, et t'étais à deux doigts de nous claquer entre les pattes je te rappelle. Alors tu obéis quand je te dis de te reposer, sinon je t'attache à ton lit dès que je sors. C'est bien clair ?
Surprendre le jeune homme était rare, pour ne pas dire impossible, tellement il contrôlait ses expressions. Mais là, il écarquilla les yeux, ne s'attendant pas à une telle assurance de la part de l'artiste aux cheveux longs. Ni à une telle menace. Le blond n'était pas particulièrement autoritaire en général, il s'occupait de lui et se fichait des autres. Mais quand il s'agissait de Sasori, et plus encore depuis qu'il était revenu de l'autre côté dans un état grave, il avait pris beaucoup de confiance, et si le marionnettiste ne s'était jamais soumis à qui que ce soit, il était étrangement docile quand son acolyte explosait et lui imposait quelque chose. Il soupira.
– Je vais faire attention.
Deidara relâcha son visage, l'air toujours sévère.
– Tu dis toujours ça, mais tu recommences dès que j'ai le dos tourné. Enfin bref, j'ai acheté une crème à la pharmacie qui aide à la cicatrisation. Va t'allonger sur ton lit, je vais essayer sur les plaies de ton dos. Et sur le reste aussi, alors désape toi.
– Je vais commencer à croire que tu profites de mon état pour me voir à poil, glissa l'autre pour le taquiner en allant dans sa chambre.
– Arrête de dire des conneries, répliqua aussitôt le blond, les joues rouges.
Quand il le rejoignit dans la pièce, Sasori était allongé sur le ventre, en caleçon, et il put voir les nombreuses blessures sur son corps. Un nouveau sentiment de culpabilité l'envahit. Il s'assit près de lui sur le lit et posa sa main sur la ligne rouge, vestige de la lame qui l'avait traversé de part en part. Le seul point positif était que grâce aux soins des shinobis, les plaies étaient plus belles que s'il était allé à l'hôpital, le chakra étant plus efficace. Il appliqua le produit sur sa peau et commença à le masser pour l'étaler sur toutes les blessures. Ses paumes glissaient lentement sur ses épaules, sa nuque, puis le long de sa colonne avant de dériver sur ses hanches. Il posa ensuite ses mains sur ses jambes et fit les mêmes mouvements. Le soupir d'apaisement de Sasori fut presque imperceptible, et Deidara comprit qu'il muselait encore ce qu'il ressentait, tout comme la douleur qu'il devait ressentir à chaque instant depuis son retour. Quelques minutes après, il le fit se retourner sur le dos et mit de la crème sur son torse, où les attaques avaient été bien plus violentes. Le blond fut preuve de précaution en passant le produit sur ses pectoraux, puis ses abdominaux, évitant le regard de Sasori, embarrassé tout de même par ces contacts, bien que médicaux. Lorsqu'il appliqua le gel sur les cuisses de son acolyte, ce dernier ne put s'empêcher de frémir, et l'artiste se figea soudainement.
– Pardon, je t'ai fait mal ?
– Non... souffla Sasori de façon presque inaudible. Au contraire... C'est étrangement agréable...
Étonné, il tourna la tête pour le regarder, mais cette fois, c'est l'étudiant taciturne qui détournait le regard, fixant le mur. Deidara ne sut comment réagir, voilà qui était bien différent de son comportement habituel.

Chapitre 22 : Revenu en cours

La jeune femme était sur son téléphone, cherchant une information pour le cours qui aurait lieu d'ici une demi heure, quand une couleur rouge à quelques mètres d'elle attira son attention. La brune releva soudainement la tête pour vérifier son intuition, son coeur battant à vive allure. C'était bien lui. Sasori était de retour à l'école d'arts. Mais il était bien différent, il semblait avoir perdu du poids, bien trop en si peu de temps. Il était pourtant déjà très mince de base. Son oeil gauche était cerné d'un hématome violet, bien qu'estompé sur sa peau, ce qui signifiait qu'il disparaissait peut à peu depuis un moment déjà, sa lèvre inférieure était fendue, mais cela semblait cicatriser, il avait aussi d'étranges marques sur le cou, et il portait des vêtements amples et qui cachaient une majeure partie de son corps. Habituellement, l'étudiant portait pourtant des vêtements légers, n'ayant aucun problème avec son corps ou le regard des autres. Il boitait en marchant et avait un équilibre instable, de plus, son sac paraissait trop lourd pour son épaule. Que lui était-il arrivé ? Alexa voulut alerter ses amis, mais ses trois acolytes avaient déjà les yeux rivés sur l'artiste aux cheveux écarlates.
– Sasori ! cria Jean pour l'interpeller.
Le concerné se retourna et les regarda pendant qu'ils avançaient pour lui faire face.
– Est ce que ça va ? demanda la brune, inquiète.
Il hocha simplement la tête. Lucie, pour sa part, avait comme à son habitude beaucoup moins de tact.
– Et bah putain, ça fait un moment que t'avais disparu. Comment ça se fait que tu reviennes dans cet état, qu'est ce qu'il s'est passé ?
Sasori soupira, il s'attendait à des questions, mais n'avait pas envie d'en parler.
– J'avais une affaire à régler ailleurs.
La blonde ouvrit la bouche, mais il la devança.
– Une affaire personnelle. Et avant de revenir, une bande de connards m'est tombée dessus un soir, et seul contre plusieurs, il y a forcément du dégât.
– Et bah, tu dois pas savoir t'y prendre, commenta Erwan. Moi à ta place ils auraient tous déguster sans réussir à me toucher.
Le marionnettiste posa sur lui son regard glacial avant de sourire avec sarcasme.
– Oh, j'aurais adoré voir ça, siffla-t-il.
Il savait que le garçon était arrogant, tout comme il savait qu'à sa place, il aurait pleuré, raconté tout ce qu'il savait, et même réclamé sa mère. Erwan voulut répliquer, notant l'ironie de l'artiste, mais Deidara arriva à ce moment, essoufflé d'avoir couru.
– Putain t'aurais pu m'attendre, fais gaffe quand tu te déplaces, tes côtes sont encore fragiles, elles étaient cassées je te rappelle !
– La ferme, lâcha-t-il, ne voulant pas que ses camarades de promotion aient le détail de son état.
Le blond roula des yeux.
– Viens, il faut aller au secrétariat pour justifier ton absence. Donne moi ton sac, je vais le porter.
– J'suis pas mourant, Dei.
– Arrête de discuter tout le temps !
Les deux artistes laissèrent les quatre étudiants, qui se posaient des questions suite à la scène qu'ils venaient de voir. Leur camarade aux cheveux écarlates était décidément un véritable mystère.

 

**********

 

Sasori était encore plus renfermé sur lui même que d'habitude. Après son passage au secrétariat, il avait laissé Deidara pour aller à son cours et s'était assis en silence dans la salle. Rapidement rejoint par les autres étudiants, puis par l'enseignant qui avait commencé son cours, il prenait des notes sans être vraiment concentré, réfléchissant plus à la production qu'il rendrait sur cette nouvelle thématique. Lorsque la pause arriva, le professeur s'approcha de lui.
– C'est un plaisir de vous revoir, monsieur Redsands, dit-il en souriant. Est ce que tout va bien ?
Sasori le lorgna de son regard. Il était inquiet, et curieux aussi, cela transparaissait dans ses iris. Tout le monde voulait donc savoir ce qui lui était arrivé. Il hocha alors la tête.
– Merci, oui.
Voyant qu'il ne s'exprimerait pas plus, l'enseignant repartit. Sasori avait toujours été apprécié par le personnel éducatif durant sa scolarité. Sans savoir pourquoi, son caractère discret, travailleur et assuré plaisait, faisant de lui un élément efficace bien qu'il ne participe jamais. Le jeune homme s'en accommodait très bien, ce favoritisme à son égard lui permettait de manipuler son entourage avec encore plus de facilités. Le cours reprit, et il se perdit de nouveau dans ses pensées. Depuis qu'il était de retour, il avait l'impression que quelque chose lui manquait, il avait une sensation de vide qu'il ne savait comment combler. Même avant sa captivité, il avait conscience de ressentir cela, mais cela ne l'importunait pas vraiment, après tout, il avait toujours été ainsi, taciturne et solitaire, avec une grande absence intérieure. Mais cela avait évolué, et il se questionnait. A la réflexion, depuis quand était-il comme ça ? Quelle était l'élément déclencheur de sa psychologie instable et si proche de la dépression, sans vraiment l'atteindre puisqu'il ne se sentait pas malade. La réponse s'insinua dans son esprit en même temps que des souvenirs, de très vieux souvenirs.

 

**********

 

Le petit garçon était assis sur la grande table, à quelques mètres de lui, sa grand mère parlait avec un inconnu vêtu d'une blouse blanche. La vieille femme l'avait posée sur le bureau et lui avait demandé de ne pas bouger, alors il ne bougeait pas. Il se frotta les yeux, il était fatigué. Son aïeule l'avait réveillé en pleine nuit, l'avait habillé et mis dans la voiture pour aller quelque part. Il ne comprenait pas, il n'avait que trois ans et demi après tout. Mais il aurait voulu dormir pour être en forme le lendemain. Sa journée était chargée, il allait devoir réaliser les exercices de sa classe de moyenne section, et il voulait réussir. L'enfant bailla, ses yeux papillonnèrent. Il voulait voir ses parents. Avant de se coucher, ils étaient venus l'embrasser, lui murmurant d'être sage avec sa mamie, qu'ils ne rentreraient pas tard. Le petit garçon avait acquiescé, et il avait fermé les yeux. Ses magnifiques yeux de la couleur de l'or, qui rendaient dingues tous les adultes qui le voyaient. Même la maîtresse craquait pour lui, il était si adorable. Sa grand mère s'approcha finalement de lui, après qu'il ait patienté longtemps. Depuis combien de temps était-il sur cette table, immobile ? Des heures, la retraitée l'avait laissé là pour aller parler à plein de personnes diverses avant de revenir dans la pièce avec cet inconnu. On lui avait « attends », alors il avait attendu. Mais il n'aimait pas cela. C'était désagréable. Avançant lentement, soutenue par l'homme, elle prit ses petites mains, aussi immobiles que lui. Il comprit vite que quelque chose n'allait pas, elle avait l'air accablée, elle semblait avoir mal, comme lui quand il se blessait. L'enfant sourit alors, dévoilant sa dentition immaculée.
– Mamie, tu es triste ? Tu veux un câlin ? Ne t'inquiète pas, ça va aller.
Il ne savait pas de quoi il parlait, mais il voulait être fort pour elle, comme les héros à la télévision. La vieille femme réprima un sanglot avant de parler, d'une voix basse et brisée.
– Sasori, mon coeur. Il s'est passé quelque chose cette nuit. Ton papa et ta maman, leur voiture a eu un problème, ils ont eu un accident...
– Ils sont blessés ? demanda le petit garçon.
Il voulait les voir, même s'ils avaient mal, il avait patienté, maintenant, il voulait ses parents. Sa grand mère ne put répondre, elle regarda l'inconnu près d'elle, les yeux brillants et suppliants. Il hocha la tête et se mit face au petit garçon.
– Mon grand, murmura-t-il doucement. Je suis docteur, c'est moi qui ai reçu ton père et ta mère ce soir. Je suis désolé, je n'ai pas pu les soigner, ils sont partis.
Sasori était un enfant très intelligent. Il avait déjà entendu les adultes dirent que des personnes étaient « parties », il savait que cela signifiait la mort. Le concept était encore flou pour lui, mais il savait qu'il ne verrait plus ni son papa, ni sa maman. Il avait attendu pour rien. Il ne s'était pas aperçu non plus que le sourire sincère qu'il avait offert à sa grand mère était le dernier qu'il faisait, pour de très longues années.

Chapitre 23 : Le changement

L'enfant restait silencieux. Sa grand mère le tenait par la main, parlant à la maîtresse, il avait voulu écouter la conversation, mais dès qu'il avait entendu le nom de ses parents, son esprit s'était fermé sur lui même par automatisme. Évidemment, elle racontait l'histoire, Sasori n'avait pas été à l'école pendant une semaine, il fallait expliquer. Il finit par revenir à la réalité.
– Êtes vous sûre de vouloir le remettre dès maintenant en classe ? demandait l'enseignante en le regardant avec inquiétude.
– Oui, à la maison il ne fait plus rien, il reste assis, le regard vide, j'ai peur que ce ne soit pas bon pour lui de ressasser sa douleur en silence. J'aimerais qu'il soit avec les enfants de son âge, qu'il s'occupe.
– Oui, bien sûr. Allez, viens Sasori.
Elle prit la main du petit garçon, qui se laissa faire sans rien dire. Un pantin manipulé. Voilà ce qu'il était depuis cette nuit là. Tournant la tête pour voir son aïeule partir, le laissant là, il n'eut aucune réaction. Il n'avait pas pleuré quand il avait appris, ni les jours suivants. Il n'en avait pas envie, il n'avait envie de rien. Autour de lui, ses camarades jouaient dans la salle de classe, dans le coin poupées, ou bien avec les puzzles, ou encore dans la petite maison avec les animaux en bois. La maîtresse s'accroupit pour se mettre à son niveau.
– Tu as envie de faire quelque chose ?
Sasori vrilla ses iris dans ceux de l'enseignante, et celle ci fut happée par son nouveau regard. Auparavant, ses yeux ambrés pétillaient de vie et de joie, et son sourire illuminait son visage. Ils étaient à présent bien plus intenses, comme s'ils voyaient à travers elle avec précision. Mais ils n'exprimaient rien de particulier. Ni tristesse, ni peur, ni colère.
– Non.
Sa voix aussi avait changé. Elle était froide, dénuée d'expressions. La jeune femme frissonna, pauvre enfant.
– Que dirais tu de dessiner quelque chose ? Je sais que tu n'as jamais trop été tenté par cette activité, mais ça te permettrait de t'exprimer un peu ?
– D'accord.
Elle le fit asseoir sur une table et lui donna feuilles blanches et crayons. Le petit garçon saisit le premier bâtonnet et il commença à tâcher le papier. La maîtresse prit quelques minutes pour s'occuper du reste de la classe, séparant deux fillettes qui se bagarraient pour une voiture, et mouchant le nez du petit Arthur qui avait éternué. Elle demanda ensuite aux enfants de ranger les jouets pour s'installer sur les chaises autour des tables et se retourna pour voir où en était Sasori. Le petit garçon aux cheveux rouges avait dessiné un scorpion écarlate. L'enseignante écarquilla les yeux de surprise, non seulement il avait choisi un animal particulier, peu connu et encore moins apprécié, notamment des plus jeunes, mais en plus il l'avait dessiné avec talent, ce qui était surprenant pour son âge.
– C'est joli, dit-elle en souriant. Où as tu appris à faire ça ?
Sasori plongea encore une fois ses iris d'or dans ceux de l'adulte.
– Nulle part. Mais c'est mon animal préféré.
– Ah oui ? Pourquoi ?
– Il me ressemble.
L'enseignante sourit, elle avait oublié que le nom de son jeune élève signifiait scorpion en japonais. La mère du petit garçon venait du pays du soleil levant si elle se souvenait bien.
– Et puis le poison aussi, lâcha-t-il ensuite. C'est la mort et la douleur, ça aussi ça me ressemble.
La maîtresse perdit son sourire.

 

**********

 

La récréation débuta dans un grand bruit de cris enfantins. Les élèves de l'école maternelle se retrouvaient dans cette immense cour plusieurs fois par jour. Sasori était allé près du grillage, regardant la rue en silence. Un mouvement attira son attention derrière lui et il se retourna. Plusieurs élèves de sa classe ou d'autres groupes étaient près de lui, le fixant avec curiosité.
– Pourquoi t'étais pas là ? demanda une fillette.
– Pourquoi c'est une vieille dame qui t'a amené aujourd'hui ? questionna un autre garçon.
– Et pourquoi la maîtresse elle s'occupe plus de toi aujourd'hui ? dit un troisième élève.
Un enfant, d'une classe de grande section, rigola.
– Vous êtes bêtes, vous savez rien. Moi j'ai entendu les grands parler.
Tout le monde se tourna vers lui, et il se pencha en avant, prenant une voix moqueuse.
– C'est parce que ses parents ils sont morts !
Sasori tourna la tête pour le regarder. Il était content de lui, souriant avec fierté, comme pour lui dire que lui avait encore les siens. Le petit garçon ne ressentit pas de colère. Mais il avait compris que l'autre le prenait de haut, et il n'aimait pas ça. Il cessa d'être un pantin, du moins de l'extérieur, il retrouva la maîtrise de son corps, et la certitude qu'il ne resterait pas sans agir. Il bondit sur son aîné, et commença à le frapper avec toute la force que son corps contenait. Les autres enfants partirent en courant et en criant. Quand la maîtresse arriva enfin, quelques minutes après, l'élève de grande section avait le visage abîmé, il saignait à divers endroits et pleurait à chaudes larmes pendant que Sasori continuait de le marteler de ses poings, le regard inexpressif.

 

**********

 

Sasori s'en souvenait maintenant, c'était à ce moment là que son esprit avait basculé. Mais cela faisait tellement longtemps qu'il avait l'impression d'avoir toujours été ainsi. Personne ne lui avait plus manqué de respect après cet instant, les autres le fuyaient, et il avait pu se laisser plonger dans la solitude. Il ne s'en était jamais plaint, il aimait être seul, mais inconsciemment, le vide en lui s'était propagé, jusqu'à lui faire perdre ce qui lui restait d'émotions et de sentiments. Le petit garçon aimant envers sa famille s'était brusquement refroidi. Il n'avait plus essayé de se rapprocher de sa grand mère, et cette dernière ne l'avait jamais obligé à lui montrer de l'affection. Ils s'étaient simplement côtoyés, vivant au même endroit, l'adulte éduquant l'enfant et s'occupant de lui sans s’immiscer dans son développement psychologique. Peut être aurait-elle du. Le garçon était resté seul ainsi longtemps, jusqu'à l'entrée au CP, où il avait rencontré un enfant plein de fougue et d'énergie, un petit blond du nom de Deidara.

Chapitre 24 : La rencontre

Sasori était assis sur sa chaise, occupé à lire un livre. Il n'avait mis que deux semaines à comprendre le concept et à le maîtriser. Depuis, il s'ennuyait profondément en classe. Les autres élèves chuchotaient, ils avaient entendu des rumeurs. L'un des CPs de l'école s'était battu pour la sixième fois depuis la rentrée, et les adultes l'avaient changé de classe, espérant qu'il serait plus calme dans leur groupe. La maîtresse entra en tenant par la main un petit garçon. Il avait de grands yeux bleus océans et de longs cheveux blonds. Ses vêtements étaient sales et abîmés puisque dans la bagarre, lui et son adversaire s'étaient roulés sur le sol. De nouveaux murmures parcoururent les rangs.
– On dirait une fille...
– Ses cheveux sont si longs...
– Vous êtes sûrs que c'est un garçon ?
L'enfant serra les dents, et il fit un pas pour aller les confronter mais l'enseignante le retint.
– Bonjour les enfants, dit-elle ensuite en souriant aux CPs. Je vous présente Deidara, il sera dans notre classe maintenant.
Elle balaya la salle du regard avant de dire au petit nouveau.
– Tiens, va t’asseoir là bas, à côté de Sasori.
Le blond posa son regard sur le garçon aux cheveux écarlates et il alla s'installer près de lui, le regard méfiant. Celui ci ne fit même pas l'effort de lever la tête de son livre. La maîtresse fut ensuite occupée avec certains enfants qui se chamaillaient à propos de crayons, et Deidara profita qu'elle ait le dos tourné pour commencer la conversation.
– Toi aussi tu vas dire que je suis une fille ? Parce que je te préviens, si tu le fais, je te tape comme les autres.
Sasori tourna la page de son livre.
– Non, je m'en fiche de tes cheveux. Tu fais ce que tu veux, ça m'intéresse pas.
Deidara ouvrit la bouche pour parler, mais il ne sut quoi dire. C'était la première fois qu'il rencontrait quelqu'un aussi inexpressif. Durant toute sa scolarité en maternelle, il s'était attiré des problèmes en se battant à chaque provocation. Sanguin, il ne supportait pas les moqueries ou les insultes. Et les enfants n'étaient pas très intelligents, alors, quand ils voyaient ses cheveux longs, ils le traitaient de fille. Il n'en était pas une, alors il n'aimait pas ça. Et pour une fois, quelqu'un s'en fichait et ne le jugeait pas.
– Tu n'es pas comme les autres, dit-il finalement.
– Mmh.
– Et tu n'as pas l'air de beaucoup parler.
Sasori leva enfin la tête pour plonger son regard dans celui du garçon qui l'importunait, et ce dernier se noya dans la couleur ambrée et intense de ses iris.
– Pourquoi tu veux parler ?
– Tu as l'air intéressant.
– Parce que je me fiche de ce que tu fais de tes cheveux ?
– Déjà oui, c'est jamais arrivé, les autres ils se moquent toujours. Ensuite je sais pas comment dire, t'as l'air bizarre, et j'aime bien. L'enfant roula des yeux.
– Génial.

**********

 

Sasori sortit dans la cour et il se dirigea dans le fond de celle ci, à l'endroit où personne n'allait et où personne ne pouvait le voir. C'était son refuge depuis la rentrée, il pouvait s'asseoir et se perdre dans ses pensées sans être interrompu. Mais alors qu'il approchait, il entendit des rires enfantins. Plusieurs élèves de différents niveaux avaient acculé Deidara contre le mur.
– On a parlé entre nous, dit un garçon aux cheveux bruns en le regardant méchamment. Tu t'es battu avec nous tous au moins une fois. Alors on va te taper ensemble, comme ça tu recommenceras pas. C'est une leçon qu'on te donne.
Il avait l'air plus âgé, peut être un CM1.
– Et en plus on a raison, tu ressembles à une fille ! compléta un enfant, plus jeune que le premier locuteur.
Le blond, maintenu par d'autres élèves au niveau des bras, releva la tête avec fierté.
– Je vais tous vous exploser ! Vous me faites pas peur !
Il avait à peine terminé sa phrase qu'il prenait un coup de poing dans le visage. Les autres enchaînèrent aussitôt, lui envoyant leurs mains fermées comme leurs pieds dans le ventre ou la tête. Il fallait croire que Sasori n'était pas le seul élève de l'école à ne pas vouloir être vu. Il hésita à repartir, mais il ne le fit pas. Il n'aimait pas les gens de façon générale, mais il n'aimait pas non plus les propos que tenaient les garçons envers le nouveau de sa classe. Il n'avait pas encore décidé des valeurs qu'il suivrait dans sa vie, mais il estimait qu'on ne frappait pas quelqu'un pour sa coiffure. Il s'avança donc.
– Laissez le tranquille.
Les enfants se tournèrent vers lui, et ils ricanèrent.
– Tu nous déranges, dégages.
Sasori plissa les yeux. Il n'aimait pas non plus qu'on lui manque de respect. Avec un calme impressionnant, il combla la faible distance qui le séparait d'eux avant de frapper avec tant de violence celui qui avait parlé qu'il le fit tomber au sol d'un seul coup. Sa grand mère l'avait inscrit à un sport de combat au milieu de la maternelle, espérant qu'il pourrait extérioriser ce qu'il ressentait. Cela ne n'avait jamais fonctionné, il n'avait rien à exprimer, mais il avait néanmoins appris des choses utiles, comme faire mal efficacement. Malgré ses six ans, il savait exactement où frapper pour blesser, et en quelques minutes, tout le petit groupe partit en courant et en pleurant. Sa bonne action terminée, il s'apprêtait à partir quand Deidara lui saisit la manche.
– Merci.
Le petit garçon aux cheveux rouges se dégagea de son emprise, le regardant en silence. La maîtresse arriva alors avec précipitation, suivie par les enfants qui montraient du doigt les deux garçons.
– Sasori, Nicolas me dit que tu les as frappés alors qu'ils jouaient, c'est vrai ?
Avant qu'il ne puisse répondre, le regard de l'enseignante tomba sur Deidara, qui présentait des blessures suite aux coups reçus.
– Oh non, tu t'es encore battu Deidara ? Je crois qu'il va falloir convoquer tes parents et te changer d'école, ce n'est plus possible...
Un éclat d'inquiétude brilla dans les iris bleus du blond, mais Sasori prit enfin la parole.
– Il n'a rien fait. C'est vrai, je les ai tapés. Et j'ai tapé Deidara aussi. Mais il ne s'est pas battu, il n'a pas rendu les coups que je lui ai donnés.
Surprise, l'adulte fit alterner son regard entre les deux enfants. Puis elle soupira.
– Cela m'étonne de toi, tu es si calme d'habitude.
– Ils m'ont énervé.
– Ce n'est pas une raison. Viens avec moi dans le bureau du directeur, nous allons en discuter et prévenir tes pa... ta grand mère.
Sasori la suivit sans un mot, il se permit juste de jeter un regard en arrière, pour voir Deidara le fixer avec reconnaissance. Il avait accepté de tout assumer seul, et il avait protégé le blond du renvoi, sachant très bien qu'avec ses antécédents, il aurait pris bien plus qu'une punition.

Chapitre 25 : Pluie battante

Sasori ne s'était pas rendu compte qu'un très léger sourire avait fleuri sur ses lèvres, et quand il le remarqua, il reprit aussitôt son expression habituelle. Le cours continuait autour de lui, mais il n'y prêtait pas attention. Concentré sur ses souvenirs, il ne pouvait plus cesser d'ignorer ce fait qui avait radicalement changé son enfance. Deidara. Tout avait été différent à partir du moment où ils s'étaient connus. Et le jeune homme le niait encore, mais depuis qu'il avait fait sa rencontre, il n'était plus aussi vide. Le blond avait comblé une absence en lui. En sa présence, le marionnettiste se sentait apaisé, sans vraiment savoir pourquoi. Depuis quand ? Il ne savait pas. Mais l'artiste si sanguin était devenu en quelques années la personne la plus importante à ses yeux. Celle pour qui il aurait tout donné. Il ne le disait pas, jamais il n'exprimait ce qu'il ressentait à son égard, se contentant de leurs joutes verbales, mais par ses actes, il l'avait plusieurs fois prouvé, et notamment récemment. Le cours se termina enfin, et l'étudiant prit ses affaires avant de partir en boitant. Il était particulièrement agacé de se voir aussi limité physiquement, et il voulait éviter de croiser qui que ce soit.

 

**********

 

Deidara entra dans l'appartement et il lâcha son sac, épuisé. Cela faisait quelques semaines déjà que Sasori avait repris les cours, et ses blessures s'amélioraient de jour en jour, mais il continuait à négliger son état, aussi, en plus de devoir travailler, le blond devait sans cesse surveiller son colocataire, ce qui était épuisant.
– Saso, je suis rentré, dit-il en entrant dans la salon priant pour que son partenaire ne fasse rien de dangereux.
Mais la pièce de vie était vide, alors l'artiste alla frapper à la porte de sa chambre, mais aucune réponse ne lui parvint, il entra donc, mais son ami n'était pas là non plus. Fronçant les sourcils, il retourna dans le salon et regarda par la fenêtre tout en composant le numéro du marionnettiste. Le ciel était couvert et orageux en cette fin d'automne, et pendant que la sonnerie retentissait, la pluie commença à tomber en trombes. C'était déjà la seconde fois en une heure, mais cette fois, l'averse fut d'une rare violence. Deidara tomba sur la messagerie, et il raccrocha. Où diable était-il encore parti ? N'ayant rien d'autre à faire que l'attendre, il s'installa sur le canapé, checkant ses notifications et ses réseaux sociaux. Une demi heure plus tard, la porte d'entrée s'ouvrit sur l'étudiant, essoufflé et trempé. Vêtu d'un short et d'un débardeur noirs, ses cheveux rouges étaient plus que sauvages, dégoulinant d'eau sur ses épaules. La pluie ruisselait encore le long de sa peau alors qu'il était à l'intérieur du bâtiment depuis plusieurs minutes. Deidara se leva d'un bond.
– Mais t'étais où bordel ?
– Parti faire un jogging, répondit le jeune homme entre deux respirations.
Le blond cligna plusieurs fois des yeux.
– Un jogging ? répéta-t-il.
Puis il explosa.
– Mais t'es un grand malade ! C'est pas vrai une inconscience pareille ! Qui t'a autorisé à aller courir alors que t'es encore blessé !?
– Oh, t'es lourd Dei. Les blessures sont refermées, cicatrisées et bientôt elles seront invisibles, je ne boîte plus et j'ai récupéré de l'énergie. Il est temps de reprendre l'entraînement si je ne veux pas perdre mes forces et l'efficacité de mes muscles.
– Mais il peut des cordes !
– Il ne pleuvait pas autant quand je suis parti.
Deidara se pinça l’arête du nez. Il ne pouvait donc jamais avoir le dernier mot ?
– Ce n'est pas le problème, abruti, lâcha-t-il. Tu as beau répéter que t'es en forme, tu es encore fragile, et ne me regarde pas comme ça, c'est ce qu'a dit Konan en t'auscultant hier. A courir par un temps pareil tu vas chopper la mort. Tu seras malin quand tu vas claquer d'une grippe juste après avoir survécu à la torture du monde shinobi. T'imagines la risée qu'on va se taper de l'autre côté quand ils l'apprendront ?
– Mais la ferme, soupira Sasori.
– Toi la ferme ! Crétin !
– Tocard.
Le blond plissa les yeux.
– J'vais te buter.
– Vas-y, essaie.
Il poussa un grognement de rage et retourna sur le canapé. Amusé, Sasori se dirigea vers sa chambre.
– Et arrête de mettre de la flotte partout ! cria le blond.
– Oui chef, souffla le marionnettiste avec ironie.
Il claqua la porte derrière lui, désirant se plonger sous une douche brûlante.

 

**********

 

Deidara et Sasori ne s'étaient pas reparlé depuis le retour du marionnettiste de son footing. Ce dernier avait pris une douche et s'était couché ensuite. Le blond l'avait vu actif sur ses réseaux sociaux pendant un moment, mais il avait arrêté de le surveiller pour regarder une série. Il se réveilla tard, leur école étant fermée une partie du mois de décembre afin de préparer les oraux qui auraient lieu avant les vacances d'hiver ainsi que le second semestre qui aurait lieu après cette période. Normalement les étudiants en art devaient profiter de ces journées sans cours pour préparer leur prestation devant les enseignants, mais le blond préférait dormir le matin, et ne rien faire de ses journées. Il s'installa dans la cuisine avec un bol de chocolat chaud et des croissants, prêt à savourer son petit déjeuner. Quelques minutes plus tard, la porte de la chambre de Sasori s'ouvrit sur le jeune homme. Le garçon aux cheveux rouges, encore en caleçon, s'était enroulé dans sa couette pour sortir. Il avait mauvaise mine, son visage habituellement pâle était blafard, de lourdes cernes formaient des poches sombres sous ses yeux, et ses iris semblaient vides. De plus, malgré la couverture autour de lui, le blond remarqua qu'il tremblait.
– Salut, lâcha le marionnettiste d'une voix éraillée, signe que sa gorge aussi était en mauvais état.
Il s'approcha du plan de travail avec l'intention de se servir un café, mais il n'était pas en capacité de faire quoi que ce soit, il perdit son équilibre et tomba, ses yeux se révulsant. Deidara avait senti cela arriver, aussi s'était-il levé discrètement, comme pour débarrasser la table, et quand les jambes de son ami avait cessé de le porter, il n'avait eu qu'à tendre les bras pour le rattraper avant qu'il ne tombe sur le sol. Le soutenant pour qu'il reste debout, il lui dit sur un ton de reproche.
– Tu vois, j'avais raison, tes prouesses d'hier t'ont rendu malade. Et vu ta santé en ce moment, ça t'a complètement flingué.
– Mais la ferme, je vais très bien...
Sa protestation n'était qu'un murmure affaibli qui ne convainquit personne, pas même lui.
– C'est ça, c'est pour ça que tu as une tronche de zombie et que tu trembles comme une feuille tout en étant incapable de tenir sur tes pieds. Comme pour lui répondre, le jeune homme lâcha le drap qui l'enroulait, ne parvenant même plus à le maintenir autour de lui. Deidara vit alors son corps, bien plus maigre qu'avant. Il pouvait voir ses côtes ressortir à chaque respiration, les cicatrices encore légèrement présentes sur sa peau, les frissons qui parcouraient son corps à chaque minute. Il se sentit coupable pour la énième fois. La faiblesse qui avait remplacé la musculature efficace de son partenaire était due à ces semaines de captivité, sans bouger, sans nourriture suffisante. Il comprenait pourquoi Sasori voulait reprendre l'entraînement. Le connaissant, il se doutait que le jeune homme ne pouvait plus se regarder dans un miroir avec cette apparence. Il était devenu fragile. Trop. Et quelqu'un comme lui ne pouvait le supporter. Deidara mit un bras sous les épaules de son ami, et l'autre sous ses genoux, avant de le soulever pour l'emmener dans sa chambre.
– Pose moi tout de suite, siffla dans un souffle presque inaudible le concerné. Il est hors de question que tu me portes ainsi.
Deidara baissa son regard pour croiser les yeux brillants de honte de son acolyte. Il n'aimait vraiment pas perdre le contrôle de la situation.
– Saso, si je te pose tu vas aller bouffer le parquet vitesse grand V, alors tu arrêtes de faire ta mauvaise tête et tu me laisses te remettre dans ton lit.
Le malade détourna le regard, serrant les dents en silence, et quand il fut de nouveau sur le matelas, Deidara partit récupérer la couette sur le sol pour lui ramener et l'en couvrir, prenant soin de le border.
– Je vais appeler un médecin, repose toi.
Sasori se redressa brusquement, essayant de se lever.
– Quoi ?! Pas question !
Le blond dut poser ses deux mains sur le torse du marionnettiste pour l'empêcher de se mettre debout. Il le plaqua contre le matelas, ce qui le fit grimacer.
– Je te ne laisse pas le choix.
– Mais, ce serait suspect ! J'ai encore des marques et des cicatrices ! Il va se douter de quelque chose ! On ne peut pas se mettre en danger comme ça !
Il voulut encore se relever, mais Deidara, par réflexe plus que par choix, déplaça sa main autour du cou du jeune homme pour le maintenir allongé. Sasori se figea soudainement en sentant les doigts serrés autour de cette zone si sensible.
– Pour l'instant, il n'y a rien qui puisse leur indiquer quoi que ce soit. Personne ne connaît l'autre monde, ni le pouvoir des chevalières. Mais si ça peut te rassurer je cacherai nos bagues dans ma chambre. La priorité est de te soigner, tu es trop fragile pour qu'on te laisse sans rien faire, alors je vais appeler un médecin à domicile et tu ne vas rien faire à part m'écouter. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose tu entends ? Et si je dois me battre contre toi pour veiller sur ta santé, puisque tu n'as pas l'air foutu de prendre soin de toi, je le ferai sans hésiter.
Sasori avait une nouvelle fois l'air surpris, mais la pression autour de sa gorge ne lui permettait pas de manifester grand chose. L'artiste aux cheveux longs le relâcha finalement, il saisit l'Orbe du pouce gauche de son acolyte avant de se redresser pour quitter la pièce.
– T'as pas intérêt de bouger.
Sasori lança un regard colérique chargé d'éclairs, mais il ne répliqua pas. Le blond passa un coup de téléphone pour demander une visite, il donna l'adresse et attendit patiemment.

Chapitre 26 : Auscultation

Deux heures après son appel, quand le professionnel sonna, il lui ouvrit la porte et l'invita à entrer.
– Merci d'être venu, docteur.
– Je vous en prie. Qu'est ce que votre colocataire a ?
– Il a eu la bonne idée d'aller faire un footing hier sous la pluie, et ce matin il ne pouvait pas tenir debout. Il faut que vous sachiez, sa santé est fragile depuis quelques temps, il n'est pas en bonne forme. Il a été pris dans une embuscade en ville et s'est fait tabasser, il a plusieurs blessures qui cicatrisent, mais cet état le rend plus faible, c'est pourquoi je vous ai appelé quand il est tombé malade.
– Vous avez bien fait.
Le médecin posa la main sur la poignée de la chambre de son patient, et Deidara l'interpella.
– Je préfère vous prévenir, en temps normal déjà, il a un caractère de chien, mais alors là il est imbuvable, ne vous laissez pas impressionner, de toute façon il peut rien faire.
– C'est noté, sourit l'homme en entrant.
Il referma la porte derrière lui et balaya la pièce du regard. Le volet était fermé de moitié, laissant la lumière sombre de l'automne diffuser une lumière légère dans le lieu. Tout était si bien rangé, si méticuleux, que cela le surprit. Assis dans le lit, le dos calé contre des oreillers et le corps recouvert de la couette, le jeune homme le fixait avec méfiance. Il aurait cru se trouver en face d'un animal sauvage qui le voyait pour la première fois, sans savoir s'il était une menace.
– Bonjour monsieur Redsands, je viens vous ausculter.
– J'avais cru comprendre.
Sa voix était glaciale, mais elle était brisée par sa faiblesse actuelle. Le médecin comprit aussitôt qu'il essayait de paraître moins malade qu'il ne l'était, mais un simple regard sur son visage blanc immaculé lui permettait de constater son état. Il approcha, tira la chaise près du bureau sur lequel un ordinateur attendait patiemment, et il s'assit près du lit en posant sa mallette.
– Pouvez vous me décrire ce qui vous arrive ?
– J'suis juste claqué. J'ai pas l'impression d'être malade. Deidara s'en fait pour rien.
L'homme sourit. Son patient mentait. Il tira sur les draps pour voir le corps de Sasori et son rictus disparut quand il vit la maigreur de son jeune patient, ainsi que les multiples cicatrices. L'artiste avait détourné les yeux vers le mur.
– En effet, ils ne vous ont pas loupé. Votre ami m'a raconté pour le groupe qui vous a frappé en ville. Vous savez qui a fait ça ?
– Non. Je n'ai pas vu leurs visages.
– Vous avez porté plainte ?
– Non.
Voyant que le jeune homme n'allait pas parler davantage, il sortit ses instruments pour faire son travail. Il prit sa tension, sa température et contrôla les battements de son coeur avant de checker sa gorge comme ses réflexes. A chaque fois qu'il posait ses mains sur lui, Sasori tressaillait. Il remarqua aussi les marques rouges autour de son cou, mais s’abstint de tout commentaire. Au bout de vingt minutes, le médecin le laissa tranquille.
– Vous n'avez pas attrapé de virus, mais vous êtes bel et bien malade. Votre état est du à la faiblesse actuelle de votre organisme, qui ne parvient plus à se protéger des choses élémentaires comme le froid ou la fatigue. Durant les prochains jours, vous allez avoir des sautes de température, et vous n'aurez ni énergie, ni force. Sortir courir n'était pas une bonne idée. Toutefois, si vous vous reposez suffisamment et si vous restez couché, cela devrait s'améliorer au courant de la semaine. Mais il faut suivre les consignes.
Il se leva et regarda son patient, qui n'avait pas l'air de vouloir dire quoi que ce soit, mais qui affichait un air contrarié.
– Bon rétablissement, monsieur Redsands.
Il récupéra sa mallette et sortit sans attendre davantage. Une fois la porte de la chambre refermée, il alla voir Deidara.
– Je vous avoue que je ne m'attendais pas à ça. Il est bien trop maigre, il mange correctement ?
Le blond grimaça.
– Il a tendance à oublier les choses vitales comme manger et dormir.
Ce n'était pas un mensonge, mais ce n'était pas complètement la vérité non plus. Il ne pouvait toutefois pas dire que son poids était du à des semaines de torture. Le médecin hocha la tête.
– Je vais être honnête, je suis inquiet. Ce qu'il a n'est pas grave, mais dans son état cela pourrait le devenir. Surtout qu'il n'a pas l'air très intéressé par ce que je lui ai conseillé.
– Dites moi, et je ferai ce qu'il faut pour qu'il se soigne.
– Il faut absolument qu'il reste au lit à se reposer, et qu'il limite ses déplacements. Son organisme réagit ainsi pour le protéger car il force trop pour son état actuel.
– Je l'aurais parié ça, c'est tout lui.
L'homme sourit.
– Faites aussi en sorte qu'il mange, et bien. Il est sous alimenté à un point dangereux, il faut qu'il prenne du poids avant de reprendre le sport comme il le veut. Dans les prochaines heures, et ce pendant plusieurs jours, il va avoir des hausses de température, mais gardez le au chaud sous la couette, et rafraîchissez juste son visage. Si la température dépasse les quarante, ce qui est fort probable, il est possible qu'il délire. Voyez si vous pouvez gérer, si non, rappelez moi, je vous laisse ma carte avec mon numéro personnel.
Il lui tendit le carton en plus d'une ordonnance.
– Je n'ai pas mis trop de médicaments, l'informa le professionnel, j'ai peur qu'il ne les supporte pas bien.
– Entendu, merci docteur. Je vais le surveiller.
– Il s'est fait étrangler n'est ce pas ?
– Euh, je crois, Sasori ne m'a pas tout raconté en détail. Pourquoi ?
– Il y a des marques profondes sur son cou, on dirait même que c'est arrivé plusieurs fois, et avec force pour qu'elles soient encore là plusieurs jours après. Je ne sais pas sur qui il est tombé, mais c'est inquiétant.
Le jeune homme hocha simplement la tête sans rien ajouter. Il espéra simplement que cela n'alerterait pas trop son interlocuteur. Ils se serrèrent la main, et le médecin quitta l'appartement. Deidara lut le document qu'il lui avait laissé, et il prit son porte feuille. Il ouvrit la porte de la chambre de son colocataire et s'avança vers le bureau. Sasori lui jeta un regard morne, encore frustré d'avoir été ausculté.
– Ne me regarde pas comme ça, c'est pour ton bien.
– Qu'est ce que tu fous à fouiller ici ?
– Je prends ta carte vitale. Je vais aller te chercher des trucs à la pharmacie. Le médecin a dit qu'il nous recontacterait par mail avec son agence pour le paiement.
Le jeune homme roula des yeux et se tourna dans son lit pour tourner le dos au blond. Celui ci eut un sourire, amusé de le voir se comporter comme un enfant.
– A tout à l'heure.

Chapitre 27 : Convalescence difficile

L'artiste était assis sur le bord du lit, occupé à poser un tissu humide sur le front de son acolyte. Après avoir regardé la télévision quelques heures une fois le médecin parti, il avait voulu voir comment Sasori allait pour lui faire à manger, mais le jeune homme dormait, et il n'avait pas voulu le réveiller. Il était retourné dans sa chambre avant de se coucher, et cette fois, le marionnettiste s'était révélé agité. Il n'était plus endormi, mais n'était pas non plus vraiment conscient. Aussitôt, Deidara avait pris sa température, qui était à quarante quatre degrés. Le blond s'était précipité dans la salle de bain pour remplir une bassine d'eau fraîche et des tissus, avant de rester au chevet de son ami qui commençait à délirer à cause de la fièvre. Il balbutiait des mots incompréhensibles en bougeant dans ses draps comme pris dans un cauchemar. L'artiste aux cheveux longs se pencha pour comprendre ce qu'il disait, et après quelques minutes, il écarquilla les yeux. Sasori était en train de revivre la torture qu'il avait subie pendant sa captivité. Il décrivait ce qu'ils lui avaient fait, la douleur ressentie, les questions qu'on lui avait posées. Il était à la fois tous les personnages, et le narrateur également, des scènes qu'il avait vécues. Le jeune homme semblait fou à enchaîner les paroles ainsi, sans aucune cohérence, mais Deidara avait su saisir le sens de ses propos, et il en était effaré.
– Je suis désolé... souffla-t-il doucement, les yeux baissés vers le sol. C'est ma faute si tu as enduré tout ça.
Sa voix sembla tirer son acolyte de son état puisqu'il glissa son regard vide sur lui, un éclat furtif parcourant ses iris. Il balbutia d'une voix faible.
– Pour toi... Je le revivrai cent fois...
Deidara sentit son coeur s'émietter avec violence, il voulut répondre, mais déjà l'autre repartait dans son délire en gémissant. Le blond épongea son front avec douceur, encore perturbé par ses paroles. Sasori n'exprimait rien en général, mais sous la faiblesse et la fièvre, il avait contourné cette habitude et s'était livré, ce qui l'avait sincèrement touché.

**********

 

Deidara tourna la louche dans la casserole. Il avait suivi une recette sur Internet et s'était bien débrouillé. La partie la plus compliquée serait de faire manger Sasori, qui ne semblait pas plus intéressé par le fait de respecter les consignes médicales que par le fait de ne pas se mettre en danger. Le blond remplit un bol avec le résultat de sa cuisine, mettant une dose raisonnable de viande et d'accompagnements, légumes et pommes de terres, couverts d'une sauce légèrement épicée. Il emmena le plat fumant dans la chambre de son colocataire, où celui ci, cette fois bien éveillé, checkait ses réseaux sociaux sans vraiment porter d'attention à ce qu'il y lisait. Quand Deidara entra, il leva les yeux de son écran pour le regarder approcher. Le blond posa le bol sur le bureau, et il saisit son acolyte pour le redresser en position assise. Sasori voulut protester, mais il n'avait pas encore retrouvé la force de bouger, aussi finit-il assis, le regard contrarié. Deidara s'assit sur le matelas prêt de lui, posant le récipient près du garçon aux cheveux rouges.
– Je n'ai pas fai...
Il ne put terminer sa phrase. Dès qu'il avait ouvert la bouche, prévoyant ce qu'il allait dire, le blond avait saisi la cuillère pour la lui faire glisser entre les lèvres. Forcé de se taire et d'avaler après quelques secondes de mastication, le marionnettiste lui jeta un regard noir.
– Ne me fixe pas comme ça, lâcha Deidara en soutenant ses yeux glacials. Tu dois manger et reprendre du poids si tu veux te remettre au sport. Alors c'est fini de sauter les repas. Et puis c'est pas dégueulasse donc fais pas le difficile.
Sasori fronça les sourcils, avant de finalement capituler, il détourna les yeux et tendit la main pour que l'autre lui donne le couvert.
– Non c'est loin d'être ignoble en effet.
Le blond, satisfait, lui donna la cuillère avant de le regarder manger doucement.
– Tu vas me regarder avec ta tronche de merlan frit encore longtemps ?
– La ferme. Je m'assure que tu finisses le bol.
– Parce qu'en plus d'être infirmier et cuisinier tu vas aussi être baby sitter ?
Le récipient vide, Deidara lui prit des mains pour le reposer sur le bureau avant de se pencher sur le jeune homme aux cheveux écarlates.
– Je prendrai tous les rôles nécessaires à ce que tu ailles mieux, et qu'importe si je dois subir tes sarcasmes.
Il saisit alors la mâchoire de l'autre dans sa main, comme pour lui montrer qu'il n'était pas en état de se défendre ou de prendre le dessus, et il poursuivit.
– Et crois moi, tu feras comme je le décide, car tu ne peux physiquement rien faire d'autre pour le moment.
Sasori eut un éclat brillant dans ses yeux, mais le blond ne sut comment l'interpréter. Il savait qu'il risquait de s'attirer sa colère et éventuellement des représailles dès qu'il serait sur pieds, mais il avait aussi conscience qu'il le protégeait à merveille, et si l'autre s'en agaçait, il ne l'ignorait pas non plus. Lâchant le malade, il ramena la vaisselle, quittant la chambre simplement. Il avait été très proche de Sasori, et il avait senti son coeur battre bien trop fort.

 

**********

 

Quelques jours étaient passés, et Sasori commençait à aller mieux. Sa fièvre avait baissé, et il ne délirait plus dans son sommeil. Deidara se permettait donc de le surveiller moins souvent, sachant que cela agaçait le concerné, et il se contentait de vérifier de temps à autre son état. Le blond ouvrit la porte de sa chambre pour lui demander s'il souhaitait boire de l'eau, mais ses yeux fixèrent le lit, vide. Il tourna la tête et vit le marionnettiste debout, chancelant, qui se dirigeait dans la salle de bain d'un pas fragile. Aussitôt il vint le soutenir, au moment où l'artiste sentait ses jambes le lâcher.
– C'est pas vrai, grommela-t-il de sa voix éraillée, tu vas jamais me foutre la paix ?
– Tu tiens pas debout sombre crétin, tu comptes aller où comme ça ? Va te coucher !
Sasori soupira profondément pour contenir sa colère.
– J'ai besoin d'aller pisser, laisse moi.
– Certainement pas, répliqua le blond avec fermeté. Si je te laisse tu vas te casser la gueule et j'vais encore te ramasser en miettes.
Soutenant le jeune homme, il l'aida à avancer jusqu'au bord de la cuvette. Deidara se rendit compte d'un détail.
– Ce n'est pas possible que ce soit la première fois que tu ailles au toilettes depuis que t'es cloué au lit.
Sasori ne répondit pas, fixant le mur.
– Tu y as été tout seul ?
Le marionnettiste lui offrit un sourire forcé, factice et arrogant.
– Puisque tu tiens à le savoir, j'ai attendu que tu dormes et je me suis débrouillé à merveille. J'ai pas besoin d'une nourrice.
– Et tu es tombé combien de fois pendant ton périple ?
Sasori pinça ses lèvres, refusant de répondre, mais son silence fut éloquent. La vérité était qu'il avait rampé plus que marché, mais sa fierté l'avait empêché de demander de l'aide. Deidara roula des yeux, et il tourna la tête vers le mur.
– Bon, dépêche toi, que tu te recouches vite.
L'étudiant aux cheveux rouges pesta alors, les joues rougissant contre son gré tandis qu'il comprenait que son acolyte ne le laisserait pas. Il glissa ses mains vers son caleçon et l'abaissa pour en finir au plus vite. Deidara ne put s'empêcher de bouger, mal à l'aise, et inconsciemment tenté de jeter un regard, mais Sasori prit son mouvement comme une preuve d'impatience, et il siffla alors.
– Et bien quoi ? Tu comptes pas me la tenir non plus ?
Si les joues du jeune homme s'étaient teintées d'une légère couleur, le visage du blond, lui, devint aussitôt écarlate.
– Non non... balbutia-t-il.

Chapitre 28 : L'autre côté

Sasori sentait son esprit tiraillé entre le besoin de s'évanouir et la détermination de rester conscient. Les ciseaux dans la main gauche, et de multiples mèches écarlates dans le lavabo de la salle de bain, il avait voulu se couper les cheveux, gênés par leur longueur. Sa captivité avait laissé trop de liberté à sa tignasse déjà sauvage, et il n'en pouvait plus d'avoir constamment des longs fils capillaires dans la bouche dès qu'il dormait ou secouait la tête. Il fixa son reflet pendant un moment. Son teint pâle était encore maladif, il sentait que son corps était faible, et il détestait cela. Tout ce qu'il voulait était reprendre l'entraînement, et ensuite se venger du monde shinobi qui l'avait mis dans cet état. Son regard glissa sur son ventre. Sa convalescence, et les efforts culinaires de son ami lui avaient fait reprendre un peu de poids, mais il restait encore maigre. Ses côtes n'étaient toutefois plus autant visibles que lorsqu'il était revenu de sa longue détention. Deidara s'en sortait bien, surtout qu'il avait conscience d'être un patient atroce. Il entendit alors la porte de sa chambre s'ouvrir, son rapidement suivi d'un juron. Il esquissa un sourire en songeant : « quand on parle du loup... »
– Putain Sasori ! cria la voix depuis la pièce adjacente, t'es encore sorti de ton lit je vais te dégommer ta race !
Son rictus disparut. La scène allait encore l'agacer. Mais il n'était pas surpris. Son acolyte était dans l'excès avec lui, il n'était pas mourant non plus. Une petite voix au fond de son être lui soufflait qu'il était de mauvaise foi, que son état nécessitait ces précautions, et que c'était lui qui était dans l'excès avec ses pulsions autodestructrices. Il refoula cette pensée, dans le déni. Le blond entra comme une furie dans la salle de bain et il se figea, interloqué.
– Me dis pas que tu t'es levé juste pour te couper les cheveux ?
– Ils me gênaient.
– T'es le pire malade à soigner de cette planète.
– Ta gueule.
L'artiste aux cheveux longs combla la distance entre eux, et il lui arracha les ciseaux des mains pour les reposer sur le lavabo. Il saisit l'avant bras de son acolyte pour l'entraîner avec lui hors de pièce. Sasori essaya de résister, mais il était encore trop faible par rapport à d'habitude, et le blond put le traîner derrière lui sans aucune difficulté.
– Lâche moi !
– Encore un mot et je te porte à ton lit au lieu de juste te tenir la main comme à un gamin.
L'étudiant aux cheveux rouges grinça des dents. C'était assurément les pires vacances de son existence. Deidara le fit basculer sur le lit sans ménagements, et il étouffa une plainte sonore. Gémir de douleur serait la meilleure façon de confirmer à l'autre qu'il avait raison. Il avait plus l'air d'un pauvre pantin désarticulé que d'un maître de la manipulation. Le fan de pyrotechnique le borda avec sa couette avant de reprendre la parole.
– Tu sors encore une fois de ce putain de lit et je t'y attache. Ne me regarde pas comme ça, je le ferai. J'ai des cordes et des menottes, ça m'effraie pas. Dors maintenant.
Sasori le regarda de travers avant de bouger pour lui tourner le dos, vexé. Il avait hésité à demander d'où il tenait ce genres d'accessoires, mais il préférait ne pas savoir. Le blond le laissa là, retournant devant sa série, et une heure plus tard, il voulut voir comment se portait son exécrable colocataire. Il entra dans la chambre silencieusement et entendit la respiration profonde du jeune homme. Il s'était donc bien endormi. Tant mieux. Il s'approcha de lui pour le regarder, il semblait si doux assoupi. Un ange tombé du ciel. Sa beauté était supérieure à tout ce qu'il avait jamais vu. Ne pouvant résister à sa pulsion, il glissa ses doigts dans les cheveux écarlates de son ami. Il s'était vraiment bien débrouillé pour sa coupe de cheveux improvisée. Comment avait-il réussi dans son état ? Qu'est ce qu'il ne savait pas faire, décidément ? C'était incompréhensible, un tel talent. Il ne retira pas sa main, le contact était trop doux, il aimait bien trop cela. Il comprit alors qu'il aimait toucher le marionnettiste, et c'était une chose si rare vu la distance que ce dernier instaurait entre le monde et lui même. Le jeune homme endormi s'agita alors, et le blond se figea, craignant de le réveiller. Mais Sasori était plongé trop profondément dans son sommeil, il bougea la tête, approfondissant inconsciemment le contact, et ses lèvres s'entrouvrirent pour laisser s'échapper un léger soupir de bien être. Souriant, attendri, Deidara continua à lui caresser les cheveux avec tendresse.

 

**********

 

Deidara marchait dans la rue d'un pas rapide. La petite période de vacances, ou plus exactement de révisions avant les examens, était bientôt terminée, déjà, mais il n'avait pas le droit de se plaindre. Lui en avait profité, à la différence de son acolyte. Les oraux approchaient lentement, et le marionnettiste retrouvait lentement la forme. Du moins, il affirmait se sentir de nouveau très bien, mais le blond restait sceptique, et il continuait à suivre les consignes médicales. Mais il se doutait que cela ne plaisait pas au concerné, aussi essayait-il de ne pas s'absenter trop longtemps. Il entra dans l'appartement et s'annonça.
– T'as deux secondes pour retourner au lit si t'étais encore debout !
Il se dirigea vers la chambre et ouvrit la porte. Vide. Il roula des yeux et se dirigea dans la salle de bain. Personne. Il fit le tour complet de l'appartement, mais son colocataire n'était pas là.
– Il a pas osé sortir ce con ?
Il retourna dans sa chambre pour vérifier quelque chose. Une intuition qui se révéla juste, à sa grande horreur. Le téléphone de Sasori était posé sur la table de chevet. Son coeur loupa un battement, et il imagina les pires scénarios. Il était bel et bien parti, mais pas dehors. Il était de l'autre côté.
– Oh l'enfoiré…

Chapitre 29 : Dans le repère de l'Akatsuki

Sasori lança quelques kunaïs et tous se plantèrent au centre de la cible. Parfait, il n'avait pas perdu en dextérité, seulement en force physique brute et en endurance. Quand Deidara était sorti de l'appartement, il avait activé le pouvoir de sa bague, et une fois dans l'autre monde, il s'était réfugié dans l'une des antres secrètes de l'organisation. Puis, il avait commencé son entraînement. Tout d'abord, il avait fallu évalué ses capacités, il avait donc testé ses limites, sa persévérance face à l'effort, sa puissance de frappe et sa rapidité. Une fois qu'il avait pu déterminer ses faiblesses, il avait élaboré un programme de remise à niveau pour retrouver ses compétences d'antan, voire pour les surpasser. Et il avait commencé les différents exercices. Cela faisait maintenant deux heures qu'il était là, mais il ne voulait pas s'arrêter. Il voulait profiter d'être seul et tranquille, qu'il n'y ait personne dans cet endroit. Une porte claqua dans son dos et il se retourna subitement. Du moins, il était censé n'y avoir personne. Il pinça les lèvres, irrité. Deidara l'avait retrouvé plus vite qu'il ne l'avait prévu.
– Nan mais je rêve ?!
L'artiste aux cheveux longs fulminait. En un regard, il avait compris ce que le marionnettiste faisait. Il ouvrit la bouche pour l'incendier mais il aperçut un éclair brillant devant ses yeux, et, par réflexe, il se tourna, évitant ainsi le kunaï que venait de lui lancer son acolyte. Deidara porta son attention sur son partenaire. Le bras toujours tendu après son lancer, les yeux ambrés brillants, les cheveux qui lui retombaient sur le front, le corps pivoté avec précision vers lui. N'importe qui d'autre aurait senti l'aura menaçante du shinobi, mais le blond n'était pas n'importe qui. Il était bien trop furieux de voir l'autre se mettre en danger, et l'attaque que celui ci avait lancée contre lui le mettait d'autant plus hors de lui. Il savait pourtant bien que Sasori n'avait pas cherché à le blesser, mais simplement à le garder à distance. Mais cela n'apaisait en rien sa colère, au contraire. Impulsif, il ne parvint pas à garder son calme et, oubliant que l'autre était encore faible, il se jeta contre lui avec rage. Un combat au corps à corps débuta entre les deux hommes. Sasori, le regard concentré, évitait les coups puissants et enragés du blond, se déplaçant avec agilité hors de sa trajectoire avant d'essayer à son tour de lui porter une offensive. Le garçon aux cheveux écarlates, après une énième esquive, pivota sur son pied droit pour lancer sa jambe directement dans les côtes de son adversaire. Deidara plaça son bras pour parer le coup et il enchaîna avec un crochet du poing droit efficace. Le marionnettiste sentait son endurance baisser à chaque seconde, il avait déjà plus qu'abusé avec son entraînement, il n'était pas en état de contrôler la rage de son acolyte. Il continua d'éviter les coups pendant encore quelques minutes, par simple fierté, puis, quand le blond renvoya son poing fermé avec force, il ne parvint pas à l'éviter. Le coup le heurta de plein fouet au visage et il bascula en arrière, tombant sur le dos. Du sang s'écoula aussitôt de son nez et il voulut se redresser mais l'autre ne lui en laissa pas le temps, il se posta au dessus de lui, le chevauchant pour l'immobiliser, et il saisit les mains du marionnettiste pour les ramener au dessus de sa tête, en veillant bien à ce qu'il ne puisse pas bouger ses doigts et donc utiliser sa redoutable technique. Sasori essaya de le dégager à la force de son torse, mais il était trop épuisé pour cet ultime effort. Il vrilla ses yeux ambrés dans ceux, azurs et traversés d'éclairs, de Deidara.
– Comment as tu osé ?! rugit ce dernier. Espèce de sale con !
Le marionnettiste se contenta de le fixer en silence. Et cela ne fit qu'accentuer la colère de l'artiste aux cheveux longs.
– Putain mais qu'est ce que tu saisis pas dans « tu dois te reposer si tu veux être sur pieds » ?! T'es le pire imbécile de cette planète, tu vas finir par te tuer à force d'écouter tes pulsions autodestructrices par simple fierté ! T'as déjà échappé à la mort de peu sous la torture, et non, faut que tu remettes ça, et tout seul en plus !!
Il avait les yeux brillants, et des larmes perlaient lentement, tant de rage que d'inquiétude. Sasori parla alors, d'une voix froide, dénuée de toute émotion, comme souvent.
– Ma santé ou ma vie, ça n'a aucune espèce d'importance.
Deidara resserra sa prise sur les mains de son partenaire, qui esquissa une légère grimace, et il approcha son visage du sien, ce qui était facile compte tenu de leur position, le fusillant du regard. Cette fois, malgré sa fureur, le blond parla calmement.
– Pour moi ça en a, abruti. Et je ne te laisserai pas te détruire, que ce soit psychologiquement comme physiquement. Je me doute que tu vas trouver ça particulièrement agaçant, mais rentre toi ça dans le crâne : ta vie est plus précieuse à mes yeux que tout le reste. Alors s'il faut que je continue de te frapper pour te le faire comprendre, je n'hésiterai pas. De la même manière que si tu poursuis tes conneries, je vais ramener des chaînes anti chakra d'ici et t'attacher à l'appartement. Tu ne t'es peut être jamais soumis à quiconque dans ta vie, y compris les personnes qui t'étaient supérieures socialement, profs, flics et j'en passe, mais à moi tu vas m'obéir, crois moi.
Sasori, qui avait soutenu son regard fulminant depuis le début, détourna les yeux pendant sa tirade. Il avait été plus violemment heurté par ses propos que son poing, pourtant bien douloureux. Un long silence suivit alors, et il finit par reprendre la parole.
– Tu peux me lâcher maintenant ?
Deidara plissa les yeux, hésitant, puis il libéra les mains du marionnettiste avant de se relever. Il garda toutefois pour lui le fait qu'il avait beaucoup aimé être ainsi sur lui, et si la situation n'avait pas été si grave, ni sa colère si élevée, il aurait pu savourer cet instant. Le blond se contenta de lui jeter un regard dédaigneux en fixant son ami s'assoir, essuyant le sang qui coulait encore de sa narine.
– La preuve que tu n'étais pas en état de te battre ça, avec ta force normale, tu m'aurais éclaté en combat.
Sasori lui jeta un regard noir auquel il répondit par un sourire insolent.
– Mais j'ai adoré te défoncer la tronche. C'est excessivement satisfaisant.
– Tu le paieras.
– C'est ça oui.
Le marionnettiste se mit debout d'un geste vif et il fit un pas vers le blond avec l'intention de lui faire ravaler son rictus, mais il avait atteint ses limites, ses yeux se révulsèrent et il sombra dans l'inconscience. Deidara vit son corps s'écrouler et il se précipita pour le rattraper avant qu'il ne tombe. Inquiet, il vérifia son pouls et sa respiration, avant de soupirer, de soulagement comme de frustration. Sasori fonçait droit vers la mort avec cette dangereuse attitude. L'artiste fixa son visage, il semblait si doux, si apaisé, quand il avait les yeux clos et qu'il ne pouvait contrôler son expression. Le jeune homme caressa doucement sa joue, dégageant une mèche rouge qui venait se mettre en travers.
– Je te promets que je ne laisserai personne te faire du mal, y compris toi même. Tant pis si tu dois me détester pour cela.
Il passa son bras sous les genoux de son acolyte, l'autre soutenant ses omoplates, et il se leva, portant Sasori avant d'activer le pouvoir de sa bague pour les ramener chez eux.

Chapitre 30 : Bilan positif

Sasori et Deidara attendaient l'arrivée du tram. Autour d'eux, quelques personnes essayaient de se réchauffer en marchant sur place, la température hivernale était assez basse, mais eux n'étaient pas dérangés. Sasori ne semblait jamais vraiment se soucier du temps, et s'il portait un sweat à capuches ce jour là, c'est parce que le blond avait insisté pour qu'il se couvre, mentionnant qu'il serait regrettable de devoir passer une nouvelle semaine alité. Le marionnettiste, refusant catégoriquement de passer un seul jour de plus sous la surveillance de son colocataire, avait cédé et il s'était habillé plus chaudement qu'il n'en avait l'habitude. Ce dernier, pas frileux non plus, s'était contenté d'une veste légère et d'une écharpe enroulée négligemment autour de son cou. Sasori avait rendez-vous en centre ville avec le médecin qui l'avait ausculté à domicile quelques temps auparavant. Le professionnel voulait être sûr que tout allait bien et qu'il avait récupéré suffisamment, alors, il avait appelé la veille pour lui dire de venir à son cabinet. L'homme avait réellement été inquiet quand il avait vu l'état physique de son patient. Deidara, qui avait écouté attentivement leur conversation, avait préféré l'accompagner pour s'assurer que son chaotique équipier ne ferait pas faux bond au médecin au dernier moment. Un choix plus sûr, mais qui avait agacé le jeune homme aux cheveux rouges. Le tram s'arrêta enfin et Sasori roula des yeux en voyant que le compartiment était bondé de monde, il détestait cela. Les étudiants entrèrent, rejoignant les voyageurs, tous serrés les uns aux autres. Pour limiter le contact avec les autres, Sasori se plaça stratégiquement entre la paroi et Deidara. Le transport démarra de nouveau, et, emporté par l'élan, le blond fut propulsé contre le mur, achevant ce qu'il restait d'espace vital à son acolyte. Si Sasori garda le silence, n'ayant d'autre choix que de subir la pression du corps de l'autre contre le sien, ce dernier crut que son esprit allait exploser, il pouvait sentir nettement le jeune homme contre son torse, et il ne pouvait empêcher ses pensées de dériver sur cette proximité inattendue. Il était tellement tendu que cela se ressentait de l'extérieur. Sasori tourna la tête vers l'arrière, levant les yeux pour le regarder.
– Dei ? Tout va bien ? Tu as l'air extraordinairement crispé.
L'interpellé concentra toutes ses forces pour ne pas réagir et vriller. Il murmura doucement.
– J'ai hâte de descendre, c'est pas vivable.
Il ne pensait réellement ses propos que partiellement. La situation était bel et bien gênante, mais il ne pouvait trouver désagréable la sensation du jeune homme contre lui. Il pouvait entendre son souffle régulier, pourtant si discret, sentir sa présence tout contre lui, et c'était une sensation délicieuse. Mais ce qu'il entendait le plus, c'était les battements de son propre coeur, qui perdait le contrôle tout autant que son esprit. Quand le tram s'arrêta à leur arrêt, ils descendirent et le blond eut besoin de quelques secondes pour laisser son rythme cardiaque s'apaiser comme pour reprendre la maîtrise de ses pensées, qui étaient parties bien trop loin durant ce trajet. Il posa ensuite son regard sur Sasori, pour s'assurer que ce dernier n'avait rien remarqué de son trouble, mais celui ci fixait la rue d'en face en se passant négligemment une main dans les cheveux. Comment pouvait-il paraître toujours si nonchalant et splendide, même alors qu'il ne prêtait aucune attention à son attitude ?

**********

 

L'homme le regarda fixement, réfléchissant. Puis il s'éloigna pour retourner derrière son bureau, laissant le jeune homme remettre ses vêtements.
– Ce bilan est rassurant, dit alors le médecin après un instant silencieux durant lequel il avait mentalement comparé et analysé les résultats des examens qu'il avait fait passés à son patient. Vous pouvez reprendre le sport progressivement, je suis content de voir que presque toutes les marques ont disparu ou du moins qu'elle sont atténuées. Vous garderez cependant probablement des cicatrices vu l'ampleur de certaines traces. Je suis également rassuré de voir que vous avez repris du poids, vous étiez dans une situation dangereuse, monsieur Redsands.
– Vous m'en direz tant.
Sasori se garda de lui révéler qu'il avait déjà repris son entraînement, bien que ce soit sous la surveillance de son colocataire, ainsi que le fait que ses expériences comme le ninjutsu médical pouvaient effacer définitivement toutes les marques sur son corps. Une fois revêtu, il se laissa tomber sur la chaise en face de son interlocuteur, plongeant ses iris ambrés si intenses dans ceux du professionnel, qui se sentit happé par son regard. L'aura de ce jeune homme ne pouvait laisser indifférent. L'homme déglutit avant de se reprendre, il devait rester professionnel.
– Je ne vous mets pas d'ordonnance, je pense que vous êtes suffisamment bien remis. Mais prenez garde à bien vous alimenter, vous êtes très mince, et si vous voulez augmenter l'activité physique, il vous faut une alimentation riche.
– C'est bon, je peux y aller ?
Sasori lui avait de nouveau parlé d'un ton cassant, et il se contenta de hocher la tête, abandonnant l'idée d'insister sur l'importance de ses consignes. Il se leva pour raccompagner l'étudiant à la sortie de la pièce, et ce dernier traversa la salle d'attente pour aller payer la consultation au guichet d'accueil. Deidara, assis dans la pièce, se leva alors et s'approcha du médecin, le regard inquiet.
– Quel est votre verdict ? demanda-t-il doucement.
– C'est positif, sourit alors le professionnel en le regardant. Son corps s'est très bien remis de tout ce qu'il a enduré, et pas seulement de ce coup de froid récent. Je suis optimiste quant à son état. Mais gardez un oeil sur son alimentation, qu'il ne se mette pas en danger.
– Ouais, je fais plus ou moins ça tous les jours déjà. Merci docteur.
Sasori jeta un bref regard derrière son épaule pour lui signifier qu'il avait terminé, et le blond lui emboîta le pas. Les deux hommes quittèrent le bâtiment en silence, avant d'aller attendre le tram pour rentrer. Les mains dans les poches de son jean, le marionnettiste semblait bien pensif. Le blond le fixait depuis déjà quelques minutes, et il finit par prendre la parole.
– Saso ?
L'interpellé sursauta avant de tourner la tête vers lui.
– Oui ?
– Est ce que ça va ? T'as l'air perdu dans tes pensées. Et ne dis pas le contraire, tu n'aurais pas sursauté sinon. T'es pas facile à surprendre d'habitude.
Son interlocuteur soupira simplement.
– Oui oui, ça va, je réfléchissais juste à quelque chose.
Deidara pencha légèrement la tête sur le côté, curieux.
– A quoi ?
– A la suite des évènements. De l'autre côté, je veux dire.
Tandis qu'il répondait, son regard était devenu glacial, et inquiétant. Deidara ne répondit pas, mais il se doutait bien de ce à quoi son ami faisait référence. Le monde ninja ne pouvait pas s'en sortir sans représailles après ce qu'il lui avait fait et Sasori était rancunier, en plus d'être capable de tout.

Chapitre 31 : Sourire étincelant

Sasori se tut enfin, et il observa les différents visages qui lui faisaient face, analysant leur langage corporel. Deidara et lui avaient été convoqués le même jour pour passer leurs oraux durant les quelques jours qui précédaient les vacances de Noël, auprès d'un jury constitué de professeurs en arts appliqués. Mais lui était passé un peu plus tôt que le blond. Il avait parlé pendant une vingtaine de minutes, la durée attendue pour cette épreuve, d'une voix calme et grave, comme à son habitude. Le marionnettiste n'avait jamais ressenti le moindre stress dans ses études, il savait toujours de quoi il parlait, il était non seulement intelligent, mais aussi pertinent dans ses réflexions, et très adroit. Le cursus d'étudiant en arts était pour lui une véritable plaisanterie, et c'est pourquoi toutes ses absences ne lui avaient jamais porté préjudice. Ce qu'il voyait confirmait tout cela. Les membres du jury étaient plus que satisfaits de sa prestation, ils souriaient sincèrement, se chuchotaient des éloges à l'égard du jeune homme, et leurs iris brillaient de contentement.
– Monsieur Redsands, commença alors l'homme qui présidait le groupe, merci beaucoup pour votre présentation. C'était très intéressant à suivre, et vous êtes véritablement très doué dans votre travail. C'est une chance de vous compter dans notre établissement. Passez une excellente journée.
Sasori inclina la tête pour le remercier, et il sortit simplement. Il longea le couloir, se dirigeant vers la salle dans lequel son acolyte devait encore être en train de passer. Quand il approcha de la pièce, il entendit des cris qui venaient de derrière la porte, et qui visiblement inquiétaient l'étudiante qui attendait son tour. Plusieurs voix perçaient l'isolation des murs, mais celle qui était la plus audible était facile à reconnaître, c'était celle de Deidara. Sasori eut un léger rire, son colocataire était incorrigible. Il avait réussi à s'énerver en pleine épreuve, probablement suite à un désaccord avec les membres du jury qui jugeaient sa présentation. Ce n'était pas surprenant, le blond n'était pas quelqu'un qui permettait qu'on jauge ses productions, il était fier, et personne n'avait le droit de critiquer ses oeuvres, qu'il estimait irréprochables en tous points. La porte s'ouvrit brutalement, et l'étudiant aux cheveux longs sortit avant de la faire violemment claquer. Il avait l'air furieux. Toujours un sourire aux lèvres, Sasori s'avança pour se placer dans son champ de vision, et aussitôt, l'expression de son acolyte s'apaisa, bien qu'il restât contrarié.
– Et bien, je vois que tu as encore su te faire remarquer avec brio, susurra le marionnettiste d'un ton taquin.
Deidara souffla bruyamment.
– Ils sont tous complètement cons ici ! rugit-il. Une bande de vieux snobs bourgeois et élitistes qui pensent tout connaître de l'art alors que ce sont que des pignoufs !
– Je crois qu'ils peuvent t'entendre Dei, ta voix a tendance à porter au delà des murs.
– Je m'en fous ! Qu'ils se mettent leurs critiques où je pense ! J'ai pas besoin de leur aval pour être artiste !
Le sourire de Sasori s'élargit, dévoilant un peu plus sa dentition immaculée. La vision d'une telle expression était si rare, et cela illuminait tellement son visage, accentuant sa beauté angélique, que le blond s'apaisa aussitôt. Il plongea dans les iris ambrés de son ami, et il se sentit fondre sous son regard intense et si brûlant. Le marionnettiste le fixa silencieusement pendant un moment.
– Tu es calmé, c'est bon ? murmura-t-il doucereusement.
Deidara hocha la tête sans répondre. Sasori reprit.
– Tu n'as pas raté ton oral Dei. Ils ont vu que tu étais assuré, que tu savais ce que tu faisais et pourquoi tu le faisais, qu'importe leur avis personnel sur ton travail, ces points comptent pour le barème. D'autant plus que ce que tu présentes est de qualité. Tu auras la moyenne, rassure toi.
– Tu en es sûr ?
– Certain. Allez viens, rentrons.
– Merci Saso... T'es le meilleur.

 

**********

 

L'homme se passa une main dans les cheveux avant de soupirer avec lassitude. La situation était compliquée. Il avait pourtant cru que cela s'arrangerait quand ses troupes avaient ramené Sasori, l'un des membres les plus importants de l'Akatsuki. Mais le criminel avait fini par s'échapper avec l'aide des siens, causant beaucoup de dégâts dans son avant poste, et il n'avait même pas parlé avant. Il était de nouveau au point zéro. Les autres nations étaient furieuses, Suna avait voulu gérer la captivité du prisonnier sans leur intervention, et ce dernier avait pu s'enfuir, alors que tous les pays comptaient sur les informations que Sasori aurait pu délivrer. Et c'était sa faute, il était le responsable de ce désastre en tant que dirigeant du pays du vent. Son échec avait impacté le monde entier, et les autres kages ne s'étaient pas gênés pour le lui rappeler. La main du Kazekage sortit de ses cheveux noirs pour glisser sur son visage. Il se sentait acculé. L'Akatsuki causait de lourds dommages dans chacune des nations, ils détruisaient, tuaient, et menaçaient les institutions gouvernementales, et il n'avait rien, aucun moyen de les arrêter, aucun indice pour les trouver. C'est comme si l'organisation n'apparaissait que pour commettre leurs crimes, avant de s'évaporer. Mais c'était impossible. Leurs repères étaient simplement trop bien cachés. Le Kazekage soupira, en plusieurs années en tant que chef, jamais il n'avait été confronté à un tel ennemi. Habituellement, il inspirait suffisamment la peur de par sa puissance, mais ce genre de réputation n'avait aucun effet sur des individus comme les membres de l'Akatsuki. Il avait attentivement lu les rapports d'interrogatoire de Sasori, il avait été effaré des réactions du prisonnier face à la torture. Si toute l'organisation était composée de personnes similaires, les grandes nations ninjas avaient beaucoup de souci à se faire. L'homme se leva de son bureau, il n'en pouvait plus de réfléchir à une situation sans issues. Il n'avait pas assez d'informations pour prendre une quelconque décision, et rester assis pendant des heures à essayer de trouver une solution miraculeuse ne faisait que lui donner une migraine assourdissante. Il traversa la pièce, il avait besoin de se reposer un moment, d'autant plus que la journée avait été longue, et que le soleil s'était déjà couché depuis plusieurs heures. Il posa la main sur la poignée et se figea soudainement, quand une voix glaciale retentit dans son dos.
– Cette longue réflexion a l'air terriblement difficile.
Le Kazekage se retourna brusquement, et ses yeux s'écarquillèrent quand il découvrit le propriétaire de cette voix si froide et si insolente. Un jeune homme était assis avec nonchalance sur le rebord d'une fenêtre qui n'aurait pas du être ouverte. Le manteau long, noir, aux motifs de nuages rouges cernés de blanc, dont le col se balançait doucement, tout comme ses mèches de cheveux d'un rouge écarlate, au rythme du vent frais de la nuit. Derrière lui, la lune brillait, éclairant sa silhouette svelte qui paraissait pourtant si menaçante. Le jeune intrus avait un visage si doux, si fin, il aurait pu ressembler à un ange si ses yeux couleur de l'ambre n'avaient pas été si intenses, si inquiétants, et si son sourire, éblouissant et dévoilant sa dentition immaculée, n'avait pas paru si amusé au point d'en être effrayant. Le Kazekage ne mit qu'une seconde à reconnaître le portait qu'il avait vu de si nombreuses fois dans le bingo book. Sasori, membre de l'Akatsuki.

Chapitre 32 : Une action isolée, et calculée

Le Kazekage troisième du nom avait senti son coeur arrêter de battre dès qu'il avait reconnu l'intrus. Comment était-ce possible ? Comment Sasori avait-il pu entrer dans le pays sans être repéré par ses nombreux avant postes ? Comment avait-il pu approcher du village, puis y entrer sans que personne ne le remarque ? Comment avait-il pu traverser la cité, puis atteindre le bâtiment central ? Et surtout, comment avait-il pu entrer par la fenêtre dans son propre bureau, et sous ses yeux ? Il était le Kazekage, le ninja le plus puissant du village de Suna, comment avait-il fait pour ne pas remarquer sa présence, alors que le shinobi n'était qu'à quelques pas de lui, dans son dos ? Comme s'il devinait toutes les pensées qui traversaient l'esprit de son interlocuteur, Sasori eut un bref rire, aussi glacial que ne l'était sa voix, et le dirigeant du village des sables, malgré son rang et sa puissance, ne put réprimer le frisson qui parcourut son corps. Il lâcha la poignée de la porte et se tint à distance, sur ses gardes.
– Sasori, dit-il en reprenant contenance malgré sa surprise.
Le jeune homme en face de lui pencha légèrement la tête en le fixant, comme intrigué par la scène qui se déroulait sous ses yeux, scène dont il était acteur principal. Il avait l'air d'un adolescent angélique et curieux, ce qui était d'autant plus troublant avec la connaissance de sa réputation de véritable monstre impitoyable. Voyant qu'il ne répliquait pas, le Kazekage essaya de gagner du temps, et d'obtenir un maximum d'informations, avant qu'un combat qu'il savait inévitable ne débute entre eux.
– Tu parlais de ma réflexion, dit-il avec prudence, tu en étais l'objet.
Le sourire du jeune homme s'agrandit.
– Je m'en doutais un peu, oui. C'est donc moi qui te torture ainsi l'esprit... C'est flatteur...
Il avait susurré ses paroles avec un plaisir manifeste. Le brun en face de lui plissa les yeux, méfiant.
– Nous n'avons rien tiré de toi quand tu étais captif, alors j'ai épluché tous les rapports qui existent à ton sujet, pour comprendre qui tu es. Selon nos dossiers, tu n'as pas l'air d'être quelqu'un qui suit les ordres, ou qu'on peut utiliser.
– Belle observation, le complimenta Sasori, toujours aussi amusé.
– Pourtant, reprit le Kazekage qui sentait qu'il avait peut être une chance d'en apprendre un peu plus au sujet du criminel, tu suis le chef de l'Akatsuki. Tu suis ses projets, tu fais ce qu'il demande. C'est étrange.
De nouveau, Sasori eut un rire.
– Oh... Tu sais, je ne suis qu'un artiste qui veut développer sa discipline. Et mon art peut aider Pain, alors qu'il en soit ainsi.
Il se pencha légèrement, comme s'il allait faire une confidence, et l'attention du Kazekage se focalisa entièrement sur lui.
– Moi... J'aime juste voir ce monde brûler.
Le dirigeant sembla alors prendre conscience d'un fait qui le dérangea.
– Tu n'as pas dit un mot pendant toute ta captivité, alors pourquoi réponds tu à mes questions ? Et pourquoi es tu venu au beau milieu du village alors que tu ne pourras pas en ressortir sans être repéré par mes forces spéciales ?
Un nouveau sourire éblouissant étira les lèvres de Sasori.
– Parce que tu ne pourras répéter ce que je dis à personne. Parce que tu ne pourras plus jamais faire quoi que ce soit de ta volonté. C'est pour toi que je suis venu, et ne crois pas que tes ninjas pourront m'intercepter quand je repartirai d'ici, même avec leur précieux Kazekage...
Un mouvement brusque attira l'attention du shinobi de Suna derrière son épaule, et il écarquilla les yeux, il venait de faire une terrible erreur. Il avait porté toute son attention sur l'intrus. Un intrus qui était le plus grand maître marionnettiste de ce monde. Il était trop tard quand il vit le pantin le frapper sur la tête. La dernière chose qu'il vit avant de tomber dans l'inconscience fut le sourire si lumineux de Sasori.

 

**********

 

Deidara soupira en se dirigeant vers la porte d'entrée, visiblement, la personne qui se tenait derrière avait la ferme intention d'entrer compte tenu de la force avec laquelle elle tambourinait contre la paroi. Il ouvrit finalement avant d'avoir un mouvement de recul en voyant l'air furieux de Pain.
– Putain, souffla le blond, tu t'es pas levé du bon pied toi ce matin. Il t'arrive quoi ?
– Où est Sasori ?
Surpris par sa brutalité, Deidara ne répondit pas tout de suite. Il se décala pour laisser son invité imprévu passer.
– Dans sa chambre, pourquoi ? dit-il enfin.
Le chef de leur groupe traversa la pièce de vie à grandes enjambées, sans prendre la peine de répondre à son hôte qui fronça les sourcils, contrarié d'être ainsi ignoré. Le leader de l'Akatsuki entra dans la chambre de Sasori sans même frapper, suivi de près par le blond qui n'avait pas abandonné l'idée de comprendre la situation. Le marionnettiste, qui était en train de ranger des outils dans son armoire, se retourna brusquement, étonné de voir qui venait d'entrer dans son espace de vie privée sans aucune forme de respect. Il n'eut pas besoin de plus d'un regard pour constater que Pain était furieux, mais à la différence de son colocataire, il ne parut pas surpris par ce fait. L'homme aux cheveux roux fut le premier à parler.
– J'ai été de l'autre côté, siffla-t-il avec fureur, pour essayer de voir comment la situation évoluait. Tu imagines bien la stupeur que j'ai eue quand j'ai compris que la grande nouvelle qui traversait les nations ninjas était la disparition du Kazekage, enlevé par un membre de l'Akatsuki !
Voyant que le marionnettiste gardait son expression stoïque, sa colère redoubla. Il avait l'habitude d'intimider les autres. Ne faire aucun effet à l'artiste l'agaçait fortement.
– Comment as tu osé faire quelque chose d'aussi dangereux sans m'en parler !? Pire, sans que je ne t'en donne l'ordre ! Dois-je te rappeler quelles conséquences peut avoir un tel acte sur nos plans !? Bordel, j'ai l'habitude de l'irresponsabilité de Hidan, ou de Deidara, mais de ta part, je n'aurais pas cru !
Derrière eux, légèrement en retrait, le blond ne releva même pas le reproche qui lui avait été fait. Il observait la scène, soucieux de ce que cela allait donner, et prêt à intervenir si la situation s'envenimait. Toutefois, il n'avait pas encore su décider de quelle façon agir si les deux étudiants en venaient aux mains. Sasori avait pour l'instant l'air neutre, il ne semblait pas vexé ou énervé des réprimandes que lui faisait Pain, mais Deidara savait mieux que personne qu'il n'avait pas besoin d'afficher une quelconque émotion avant de se montrer violent, et dangereux. Après un silence qui lui parut long, surtout en présence d'une telle tension, l'artiste aux cheveux d'or vit enfin Sasori ouvrir la bouche pour répondre, puisque, visiblement, le chef de leur groupe avait terminé de l'incendier.
– Je n'ai pas besoin de ton approbation pour faire quoi que ce soit, Nagato, articula-t-il lentement de sa voix glaciale et cassante. Je fais ce qu'il me plaît, ce qui m'intéresse, quand je le décide. Et je n'ai que faire de tes ordres.
Deidara fixa attentivement son partenaire. Rien dans son langage corporel n'indiquait quoi que ce soit quant à son ressenti suite aux paroles de Pain, mais il avait usé de son véritable nom au lieu de son surnom, que leur bande utilisait pourtant depuis de nombreuses années. Il n'avait pas levé la voix, ni changé d'intonation, on aurait même dit qu'il susurrait ses paroles, tout en fixant l'étudiant aux cheveux roux.
– Tu as un peu trop souvent tendance à oublier que si je suis tes directives, si je t'aide dans ton plan de domination du monde, c'est simplement par sympathie à ton égard. Tes projets, tes rêves démesurés, ton égocentrisme et tes ambitions nombrilistes, je n'en ai rien à faire. Alors laisse moi gérer ma vengeance contre le monde ninja comme je l'entends. Et si jamais tu te mets en travers de ma route, je t'éliminerai comme les autres.
Pain n'avait rien montré de son trouble, mais les paroles de Sasori lui firent avoir des sueurs froides. Il n'arrivait pas à déterminer si son interlocuteur était sérieux dans sa menace, mais il ne pouvait s'empêcher de croire que c'était le cas, il le connaissait suffisamment pour savoir qu'il ne parlait pas en vain. Le possesseur des rinnegans se sentit mal à l'aise, lui comme les autres membres de l'organisation n'avaient jamais eu de remords concernant leurs crimes de l'autre côté, c'était un autre monde, ce n'était pas la réalité pour eux, enfin, c'est ce qu'ils se répétaient pour ne pas avoir à culpabiliser, mais aucun d'eux n'avait jamais mentionné le fait de tuer ici, dans leur univers, tuer «réellement». Mais Sasori l'avait fait, sans aucune hésitation, et ce n'était pas la première fois. Machinalement, Pain recula d'un pas. Ils étaient plusieurs dans le groupe à avoir un caractère fort, et à ne pas se soucier des conséquences de leurs actes dans l'autre monde, mais le jeune homme aux iris dorés était encore bien au dessus de cela. Le silence était pesant dans la pièce, et Deidara, toujours attentif, avait bien remarqué l'incertitude de Pain. Ce dernier répondit enfin.
– Oublions ça, Sasori. J'étais simplement inquiet à l'idée que tes actions ne retombent sur l'organisation. Nous ne nous sommes encore jamais attaqués aux kages, cela risque d'entraîner de lourdes conséquences. Ils vont déployer des moyens inédits et s'allier pour nous trouver à présent.
Sasori pencha légèrement la tête sur le côté.
– Rassure toi à ce sujet, j'y ai pensé. Suna sait très bien que c'est moi, et pas l'Akatsuki, ni en son nom.
– Comment ? demanda l'étudiant aux cheveux roux.
– Quand j'ai quitté le village, je suis passé par l'entrée, pour déclencher les pièges de la falaise et faire sauter les ninjas en faction, histoire de leur signifier qu'ils ne pouvaient rien faire, ni pour leur Kazekage, ni pour leur cité. Mais j'ai laissé un message à l’un des mecs qui n’est pas mort sous l’offensive. J'ai été suffisamment clair sur le fait que c'était mon initiative, et pas celle de l'organisation qui n'était pas au courant. Il a sûrement déjà tout raconté à l'heure qu'il est.
Mais Pain sembla surpris d'un détail.
– Tu as laissé un survivant ? Toi ?
Sasori le fixa un instant en silence, avant de répondre.
– Je n'ai pas dit qu’il resterait en vie, seulement qu’il n’était pas mort quand je suis parti. Il a été touché par une de mes lames, le poison le tuera en trois jours, ce qui lui laisse le temps de dire ce qu'il sait avant de claquer.
Pain ne réagit pas. Sasori n'était vraiment pas comme tout le monde.

Chapitre 33 : Les émotions du marionnettiste

Les deux étudiants se fixèrent un moment en silence, puis, le leader de l'Akatsuki soupira.
– Bon, je suppose que je n'ai plus rien à ajouter. Tu avais pensé à tout, je n'aurais pas du venir.
– En effet.
La voix de Sasori était toujours aussi tranchante. Il n'avait visiblement pas du tout apprécié que le chef de leur groupe vienne lui reprocher ses actes comme s'il était un enfant, ou bien comme s'il était sous ses ordres. Parce que si le possesseur des rinnegans dirigeait officiellement les opérations, il était évident que Sasori ne s'était pas plus placé sous son commandement que sous la juridiction de quiconque. N'ayant rien à répondre, Pain salua les deux colocataires et partit, sans même attendre que l'un d'eux le raccompagne à la porte. Sasori et Deidara le regardèrent s'en aller à travers la porte ouverte de la chambre et ils restèrent ainsi pendant un moment, en silence, même après que la porte se soit refermée sur le garçon aux cheveux roux. Le blond se tourna vers son acolyte.
– Tout va bien ?
Sasori le regarda, haussant un sourcil.
– Pourquoi ça n'irait pas ?
– Je sais pas, je demande juste. Au fait, tu sais qu'au moment où Pain est arrivé, je venais juste de rentrer ?
– Et alors ? Que veux tu que ça me fasse ?
Deidara marmonna des insultes à son égard. C'était déjà particulièrement difficile de lui parler, mais quand il était d'une telle humeur, cela relevait du carnage.
– T'es vraiment chiant putain. Ça t'écorcherait d'être sympa des fois ? J'étais sorti pour t'acheter quelque chose, ne sois pas si désagréable, ça me donne envie de te fracasser le crâne.
– M'acheter quelque chose ? En quel honneur ? Depuis quand tu veux fêter Noël toi ? Je croyais que t'aimais pas cette fête depuis que ta famille t'avait renié ?
L'artiste aux cheveux longs roula des yeux.
– Mais c'est pas pour Noël. On n'a pas pu fêter ton anniversaire cette année, tu étais enfermé dans l'avant poste de Suna le huit novembre. Et on allait pas célébrer tes vingts ans sans toi, alors qu'on savait même pas si tu étais encore vivant. Et à ton retour, il y avait plus urgent à gérer, genre ton état, et ensuite tes conneries. Du coup, je suis allé chercher un cadeau aujourd'hui. Maintenant si t'es encore d'humeur de chien ou que je te casse les couilles, tu peux toujours aller te faire foutre, et tant pis.
Le marionnettiste resta silencieux un moment, il avait été surpris de l'attention, et il regrettait d'avoir aussi mal parlé à son colocataire, ainsi que d'avoir ravivé un souvenir probablement douloureux, bien que ce soit récurrent chez lui d'agir de cette façon avec son manque de tact naturel. Il soupira, détournant les yeux vers le sol.
– C'est bon, t'excites pas comme ça, désolé de t'avoir encore envoyé chier. Merci d'avoir pensé à moi, ce n'était pas nécessaire, mais j'apprécie l'attention.
– Voilà qui est mieux, bon, bouge pas, je vais te chercher ça.
Il sourit avec satisfaction et partit de la chambre, avant de revenir quelques instants plus tard avec un petit paquet, qu'il tendit à son ami.
– Voilà, bon anniversaire avec un peu de retard.
Sasori le remercia d'un signe de tête avant de le prendre, il l'ouvrit lentement et regarda à l'intérieur avant de lever les yeux pour fixer le blond, qui se passa une main dans les cheveux, mal à l'aise.
– Je me suis dit que c'était une bonne idée... Enfin, vu que t'as une oreille percée mais que tu mets jamais de bijou, je me suis dit que peut être, t'en avais pas trouvé qui te correspondait, ça ne te plaît pas ?
Le marionnettiste observa l'expression gênée du blond. Il avait l'air anxieux à l'idée que son présent ne lui convienne pas. Il répondit d'un murmure moins froid, et bien plus doux que d'habitude.
– Si, j’aime beaucoup. Merci, Deidara.
Il sortit le bijou et le fixa aussitôt à son oreille avant de secouer légèrement la tête pour dégager les mèches écarlates qui la cachaient, dévoilant la boucle fixée, en argent, et formant un scorpion qui allait longer son lobe.
– Alors ?
Deidara sentit un sourire éclatant illuminer son visage, son colocataire était déjà sublime, mais l'ornement argenté ne faisait qu'accentuer son charisme, et le fait qu'il lui demande son avis après l'avoir mis faisait plaisir au jeune homme.
– Elle te va très bien, et c'est tout sauf surprenant, tout te va bien.
– C’est inutile de me flatter autant.
Deidara fit la grimace. Dialoguer avec Sasori n'était pas aisé, même alors qu'il était parfaitement sincère.

**********

 

L'homme ouvrit les yeux en entendant le son distinctif des pas qui approchaient, sans doute dans le couloir qui se trouvait derrière la porte métallique. Il avait commencé à somnoler il y a quelques heures, à force d'attendre sans que rien ne se passe. Dans un premier temps, il avait cru pouvoir écouter attentivement, pour en apprendre plus sur la situation, puis, il avait observé tout ce qui était autour de lui, cherchant une quelconque solution. Il n'y en avait aucune, il avait abandonné, fermant les yeux. La porte s'ouvrit brusquement, et l'homme eut un léger sursaut, surpris que l'autre soit arrivé si vite. Il le regarda un instant, pinçant les lèvres comme pour se retenir de lui parler, mais le nouveau venu ne semblait pas le moins de monde vouloir lui porter d'attention, il s'était tourné vers la table et rangeait ses outils. Enfin, c'est ce qu'il crut voir, il n'avait pas un bon angle de vue sur le meuble. Il ne pouvait qu'observer cette silhouette, pas très grande, fine et élancée, avec ses cheveux si remarquables dans l’ombre, d'un rouge écarlate, qui dissimulaient une partie de sa mâchoire, ainsi que son regard. La tension en lui s'accentua drastiquement, entre le silence du shinobi, l'inattention qu'il lui portait et le tintement métallique des objets qu'il manipulait, il n'en pouvait plus d'attendre ainsi, sans savoir, sans comprendre.
– Qu'est ce que tu comptes me faire ?!
Il avait parlé soudainement, criant presque, sans aucun contrôle ni de sa voix, ni de son anxiété. Le jeune homme aux cheveux couleur sang tourna enfin la tête vers lui. Lentement, il s'approcha, sans répondre, sachant que cela ne ferait que lui faire perdre les pédales un peu plus. Il s'accroupit enfin pour placer son visage en face du sien. Sasori sourit lentement, et encore une fois, son interlocuteur se sentit perturbé par ce rictus éclatant et terriblement inquiétant, avant de susurrer doucement.
– Tu sais, pour un Kazekage, tu manques cruellement de sang froid.
Le brun lui jeta un regard noir, et cela le fit rire. Il frissonna, ce rire était encore plus angoissant que son sourire. Pourtant, il était doux, cristallin, léger, frais. Dans un autre contexte, venant d'une autre personne, il aurait ressemblé à un son purement angélique et rassurant, agréable à écouter. Mais venant de Sasori, et sachant qu'il était à sa merci, assis au sol et sanglé contre un mur avec des fers coupant le chakra, il ne pouvait qu'être effrayé par ce ricanement plus qu’amusé.
– Je n'ai pas autant réagi quand j'étais torturé par tes ninjas, reprit le jeune homme avec sa voix ronronnante de satisfaction, et pour l'instant, je ne t'ai rien fait. C'est cocasse tu ne trouves pas ? Serais-je supérieur à l’un des cinq plus grands shinobis de ce monde ?
Le Kazekage plongea dans le regard ambré si intense de son tortionnaire. Ses moqueries l’agaçaient au point que sa colère ne surpasse son appréhension.
– Ne nous compare pas, je suis peut être kage, mais je reste un homme, toi, tu es un monstre, inhumain, sans émotions !
Les yeux de Sasori papillonnèrent un instant, faisant battre ses longs cils noirs, qui soulignaient d'autant plus son regard, comme s'il était maquillé d'un mascara au rendu particulièrement volumineux, en plus de l'impression de liner sombre longeant le bord de chaque oeil. Son sourire s’agrandit, et il murmura doucement, comme s'il faisait une confidence à son prisonnier.
– Oh, si tu savais à quel point tu as faux... J'en ai des émotions... Et elles sont si fortes, si intenses, que pour me protéger, je les contiens au fond de moi... Je ressens tellement de choses que je serais incapable de les contrôler si je les laissais surgir. J'ai besoin d'extérioriser, et le faire ici, sur vos petites nations, sur vos populations, cela m'évite d'avoir à le faire sur mon propre corps. J'ai besoin de cette souffrance, que ce soit sur vous ou sur moi, pour évacuer tout ce qui brûle au fond de mon âme... Je retire des massacres que je commets une satisfaction intense, j'aime simplement voir ce monde se détruire. C'est pour ça que je suis Pain alors que je me fous complètement de ses objectifs égocentriques.
Le brun le fixait maintenant avec épouvante. Il venait de comprendre que le profil de Sasori étudié dans ses rapports était bien loin de la réalité. Et qu'il était encore plus dangereux qu'il ne l'avait pensé. Un criminel avec un but peut être mis hors d'état de nuire si on arrive à empêcher ses plans. Mais le marionnettiste n'en avait pas, il n'était pourtant pas désorganisé, au contraire, mais il était l'incarnation du chaos qu'il voulait semer, inarrêtable. Le jeune homme aux cheveux rouges pencha légèrement la tête sur le côté, souriant toujours.
– Maintenant, murmura-t-il lentement, pour répondre à ta première question, à savoir ce que je compte te faire, je vais faire de toi une oeuvre d'art. La nouvelle pièce maîtresse de ma collection...
Le Kazekage n'était pas sûr de comprendre, mais son tortionnaire avait l'intention d'être plus précis puisqu'il reprit, de sa voix toujours aussi doucereuse.
– Ton jutsu aussi rare que puissant, cette technique qui t'a rendu si célèbre, et qui a conçu ta réputation de shinobi terrifiant, la limaille de fer, elle m'intéresse beaucoup. Mon art ne consiste pas seulement à fabriquer des pantins, je peux aussi reprendre les techniques des ninjas qui tombent entre mes mains.
Il saisit le visage de son prisonnier, le regard brillant d'enthousiasme et de démence.
– Je vais faire de toi ma nouvelle marionnette, et à travers ton corps charcuté, démonté et amélioré, le pouvoir du plus puissant shinobi du pays du vent sera mien...
Le Kazekage ne répondit rien, son coeur venait de rater un battement. Même quand Sasori s'éloigna de lui juste après avoir fini de parler, il resta silencieux. Que pouvait-il faire ? Supplier ? Cela serait inutile, et cela ferait bien trop plaisir au criminel. Il ne réagit que lorsque le marionnettiste revint vers lui, des outils tranchants dans les mains, écarquillant les yeux sans pouvoir contrôler sa peur. Encore une fois, le jeune homme sourit et pencha la tête, avant de parler d'une voix douce.
– Je pourrais te rassurer en te disant que tu ne sentiras rien, et que ce sera rapide. Mais ce serait faux.

Chapitre 34 : Nouvelle mission

Deidara toqua à la porte de la chambre de son colocataire avant d'entrer. Sasori était assis en tailleur sur son lit, téléphone dans sa main à regarder son écran. Le jeune homme aux cheveux écarlates redressa la tête pour le fixer.
– J'ai croisé Pain et Konan sur le campus, dit alors son acolyte sans perdre de temps, j'ai des informations à te transmettre.
Le marionnettiste posa son téléphone à côté de lui après l'avoir mis en veille, et il reporta son attention sur le blond.
– Je t'écoute.
L'artiste aux cheveux longs avança d'un pas.
– Ils m'ont dit qu'il étaient allés de l'autre côté, pour en apprendre plus sur la situation géopolitique actuelle. Il semblerait que les nations ninjas, malgré leur force militaire, soient instables. Il y a eu un conseil des kages pour discuter de notre cas, enfin surtout du tien après la disparition du Troisième Kazekage, et les échecs des recherches pour le retrouver. Mais leur petite réunion a mal tourné. Des vieux dossiers sont ressortis, datant du tout début de notre activité de l'autre côté, quand certains pays nous engageaient clandestinement pour faire leur sale travail. Il a été dit qu'ils auraient du prévoir qu'on serait une menace, et nous stopper au lieu de nous engager. Tu connais la fierté de ces puissances mondiales, ce genre de reproches les agace car ils sont... comment dire ? Très vrais.
– Oui, c’était prévisible, jusque là, je ne suis vraiment pas surpris, mais où veux tu en venir Deidara ?
– Et bien, suite à cette tension, Suna a accusé les autres pays de profiter de leur perte de dirigeant pour essayer de les affaiblir, c’est rapidement parti en hurlements. Bref, cette assemblée a été un tel fiasco que les nations ninjas se sont déclarées mutuellement la guerre.
Il ne s’attendait pas à une grande réaction de la part de son ami, qui ne manifestait jamais grand chose, qu’elles que soient les nouvelles, c’est pourquoi il fut surpris d’entendre un éclat de rire traverser la pièce. C’était la première fois qu’il entendait Sasori rire ainsi, sincèrement, sans que ce ne soit du à une pulsion meurtrière, ou une autre raison macabre, bien que le contexte soit tout de même particulier dans le cas présent, cela restait authentique, du pur amusement. Le son était juste magnifique, clair, cristallin, léger. Une véritable mélodie. Le blond se fit la réflexion que le marionnettiste ressemblait encore plus à un ange quand il riait. Un ange derrière lequel se cachait un démon, non, il refoula cette pensée, il ne pouvait pas voir négativement son partenaire. Il ne voulait pas que cela s’arrête, il voulait l’entendre rire plus souvent. Des larmes finirent par perler dans le coin des yeux du jeune homme aux cheveux écarlates, et il les essuya d’un geste de la main tandis que son éclat s’apaisait.
- Pardonne moi, je n’ai pas pu me contrôler, la situation est vraiment risible, ils se réunissent pour s’allier et nous annihiler, pour au final se mettre eux mêmes des bâtons dans les roues. Comment est ce possible que Pain n’ait toujours pas réussi à renverser ce monde, ils sont d’une incompétence prodigieuse en plus d’être complètement prévisibles, même si j’admets ne pas m’être attendu à tant.
Deidara l’observait toujours, appréciant son air amusé et détendu.
- C’est vrai que toi, tu aurais déjà pu le faire tomber depuis longtemps cet univers, si tu l’avais voulu.
L’étudiant tourna ses iris vers lui, le fixant avec intensité.
- Te voilà bien flatteur, tu as quelque chose à me demander ?
- Mais non ! se renfrogna aussitôt le blond. Tu es vraiment parano, c’est pas possible. Je peux te complimenter sans qu’il n’y ait un but derrière, non ?
Craignant que ses mots soient mal interprétés, il tâcha de s’expliquer sans lui laisser le temps de répondre à sa question.
- Je n’ai jamais nié le fait que tu es doué dans tout ce que tu entreprends. Tu n’as peut être pas les rinnegans de Pain, mais tu as su maîtriser ton pouvoir le premier, et avec brio, ton pouvoir, entre tes mains expertes, est plus redoutable que tout. Tu peux entrer dans la tête de n’importe qui et le soumettre, c’est dingue comme capacité. Tu t’es adapté le plus vite à tout ça, les bagues, le chakra, l’autre monde, et surtout, même sans ta chevalière, tu es dangereux. Tu analyses tout, tu sais comment appréhender les gens, les comprendre, les manipuler. Pain, sans sa bague, il n’a plus rien, si ce n’est sa volonté. Toi, c’est différent.
- Tu le penses vraiment ?
Il prit une inspiration.
- Oui, vraiment. Tu es prodigieux. Mais bref, j’ai pas fini ce que je te disais. Après avoir appris cela, Pain a estimé que cette guerre pourrait nous servir.
- Évidemment.
- Ne me coupe pas, je vais jamais terminer sinon ! Il voudrait donc augmenter la tension entre les nations, tant que les combats n’ont pas encore commencé, il y a toujours une chance qu’ils essaient de négocier pour éviter un conflit mondial. Un convoi diplomatique de Konoha traversera demain le pays du Fer, et le trajet prendra plusieurs jours. Pain veut qu’on aille les attendre dans les montagnes, et qu’on les élimine, tout en ne laissant aucune trace qui nous identifierait. Les pays se suspecteront entre eux, et cela fera tomber les dernières réserves.
L’artiste aux tendances explosives fit alors la moue.
- Konan m’a dit que ma technique serait inappropriée dans une telle mesure, je suis trop repérable, mais elle a affirmé que toi, tu saurais t’y prendre. C’est un peu  vexant, mais je dois juste t’accompagner et t’appuyer dans cette mission.
Sasori prit un instant pour réfléchir, puis il sourit doucement.
- Oui, je crois que j’ai une idée.
- Tu veux partir quand ? Ce soir ?
Le marionnettiste secoua la tête.
- Non, ce serait inutile, ils doivent passer la frontière demain tu m’as dit, le temps qu’ils rejoignent les montagnes, cela prendra au moins la journée, si ce n’est plus. Nous partirons demain matin, ainsi, nous aurons le temps de préparer le terrain avant leur arrivée.
- Entendu, comme tu voudras.

 

**********

 

Deidara claquait des dents. Il tourna la tête pour regarder Sasori qui posait des sceaux sur le sol. La neige tombait en continu, et tout était si blanc autour d’eux que sa vision s’en trouvait gênée.
- Putain, lâcha-t-il alors, je pensais pas qu’il ferait si froid.
Le marionnettiste tourna la tête vers lui, visiblement peu perturbé.
- Tu savais pourtant qu’on allait au pays du Fer, il neige toujours dans cette contrée, qu’importe la saison, pourquoi n’as tu pas prévu des vêtements plus chauds que ton crop top ?
Deidara se retint de l’insulter.
- Facile à dire pour toi, t’es toujours torse nu je te rappelle, mais comme tu as activé ton pouvoir, t’as ton corps de pantin, tu ne ressens donc plus rien.
L’autre haussa les épaules, peu concerné par le reproche. Le blond fit la moue, il aurait voulu que son partenaire renchérisse. une joute verbale ne l’aurait pas réchauffé, mais au moins, cela lui aurait changé les idées. Sasori revint vers lui.
- Viens, on va aller dans la grotte que j’ai aperçu un peu plus loin, on aura un bon angle de vue sur le chemin, on sera à couvert pour passer la nuit, et tu pourras te protéger du vent.
L’étudiant aux cheveux longs hocha la tête, il était tout à fait partant pour s’abriter en attendant que leurs cibles n’arrivent, tombant dans leur piège.

Chapitre 35 : La nouvelle marionnette de Sasori

Deidara réprima un frisson. Même abrité dans la grotte devant un feu, il avait l’impression de geler. Il maudit Pain et l’intégralité de son arbre généalogique en enroulant ses bras autour de lui. Sasori, adossé contre la paroi, ni vraiment assis, ni vraiment allongé, le regarda un instant. Quand la lèvre inférieure du blond se mit à trembler presque autant que son corps, se teintant légèrement de bleu, le marionnettiste soupira. Lui n’avait pas ce problème, son long manteau noir était grand ouvert sur son torse de bois, il n’avait absolument aucune sensation dans cet état. Le jeune homme aux cheveux écarlates activa le pouvoir de sa bague, et son anatomie de pantin laissa place à son apparence humaine. Il frémit aussitôt en sentant le froid mordant sur sa peau. Toutefois, il avait l’avantage de supporter les climats les plus difficiles, qu’il s’agisse du désert de Suna comme du froid polaire du pays du Fer, et il ne se sentit aussi dérangé par la température que son acolyte frigorifié. Ce dernier le fixa avant de froncer les sourcils, ne saisissant pas ce qu’il venait de faire.
- Qu’est ce que tu fous ? demanda-t-il pendant que ses dents claquaient. Tu vas chopper la mort, t’es encore moins vêtu que moi.
- Ferme la et viens.
Deidara ne comprit pas sa demande, mais il s’approcha.
- Et bien ? demanda-t-il quand il fut juste à côté de son ami.
Sasori écarta les pans de son manteau.
- Allonge toi contre moi.
Le cerveau du blond n’assimila pas immédiatement le sens de ses paroles. Quand l’information arriva enfin à lui, il rougit violemment avant de bredouiller.
- Qu… Quoi ?!
Il observa le visage de Sasori, essayant de trouver une explication rationnelle quelconque, mais ce dernier n’affichait rien.
- Tu es en train de geler sur place, lâcha doucement son ami en voyant son air interloqué. Je n’ai pas envie que tu meurs d’hypothermie parce que t’as été trop idiot pour mettre des vêtements chauds, je t’aurais bien donné mon manteau, mais il n’est pas épais, et vu ton état, ça ne te réchauffera pas. Si tu ne passes pas la nuit, ça va gêner notre mission. Donc, le plus efficace, c’est la chaleur corporelle, et comme je viens juste de quitter mon apparence de marionnette, ma température est élevée.
L’autre resta un instant silencieux, avant de répliquer.
- D’accord, bah si c’est pour la mission…
Il n’avait pas pu effacer la pointe de déception dans sa voix, mais il s’allongea contre son partenaire. L’artiste taciturne avait raison, blotti contre sa peau, il se réchauffa vite. L’étudiant aux cheveux longs avait toujours les joues rougies, mais il ne disait rien. Sasori aussi restait muet, il n’avait pas été très honnête, il se fichait totalement de la mission, mais il avait voulu agir parce qu’il savait qu’il n’aurait pas pu supporter de voir le froid avoir raison de son ami. Il n’aurait pas pu le regarder trembler pendant des heures sans rien faire. Dans la caverne qui les protégeait de la météo, le seul son qui perçait les murs était le vent mordant qui cinglait les flancs de la montagne, accompagné par leurs respirations discrètes. Les flammes de leur feu de camp s’élevaient avec agitation, comme si elles étaient en train de danser, entraînant par leurs mouvements les ombres qui coulissaient contre la paroi avec un rythme régulier et identique à cette chaleureuse chorégraphie. Deidara ne tremblait plus, blotti contre le torse de Sasori, il écoutait son coeur battre doucement. A ses oreilles, c’était une mélodie rassurante, et agréable. L’odeur de Sasori infiltrait ses narines, elle l’apaisait complètement, un mélange de bois frais et de vanille, un parfum doux et divin, qui lui donnait enfin de rester contre lui pour toujours. Ses yeux se fermèrent sans même qu’il ne s’en aperçoive, sous l’attention des yeux ambrés du marionnettiste, qui veilla à sa sécurité tout au long de la nuit.

 

**********

 

La bataille faisait rage sur le versant des monts enneigés, le sentier étroit était déjà tapissé de corps inertes aux yeux écarquillés qui ne se refermeraient jamais. Deidara utilisait des kunaïs pour éliminer les passagers du convoi de Konoha, respectant ainsi les ordres de Pain, qui ne voulait pas qu’il se fasse identifier lors de cette mission en laissant des traces d’explosions. Sasori veillait à ce qu’il n’y ait aucun témoin, ses lames empoisonnées égorgeaient les ninjas comme les diplomates avec une rapide efficacité. Il avait exceptionnellement enduit ses armes d’un poison moins efficace que les siens, mais utilisé par les nations ninjas. Le blond tourna la tête pour le regarder. Autour du jeune homme aux cheveux rouges flottait une marionnette qu’il n’avait encore jamais vue, capable d’étendre ses bras pour trancher même les cibles les plus éloignées, et couverte d’une cape qui en dissimulait le visage. Il ne fallut que peu de temps pour qu’il ne reste aucun survivant au groupe du village caché des feuilles. Deidara le rejoignit alors, observant les cadavres, puis le pantin.
- Saso, c’est une de tes nouvelles oeuvres ? Je ne me souviens pas l’avoir vu celui là.
Le marionnettiste tourna la tête vers lui, et il hocha simplement la tête. Le blond reprit.
- Je l’ai vu agir, il est très impressionnant, il semble avoir un gros arsenal, tu t’es surpassé en le façonnant.
- Merci. Oui, il cache pas mal de secrets qui me seront utiles.
L’artiste aux cheveux longs sourit, il aimait entendre son acolyte parler de ses créations, son intonation passionnée le rendait plus charismatique encore. Il s’approcha de la marionnette et regarda sous la capuche, avant de se figer. Il avait reconnu ce visage strict. Il tourna la tête vers son partenaire, qui l’observait tranquillement.
- Sasori…
- Oui, c’est bien lui.
Deidara essaya de cacher l’inquiétude dans son regard.
- Tu as utilisé son cadavre pour en faire une marionnette ? Pourquoi ? Par provocation ?
- Non, je n’ai rien à prouver, personne à provoquer. Pas de cette manière du moins, je voulais simplement m’accaparer ses pouvoirs. Son jutsu a fait de lui une légende, un homme impitoyable, je voulais l’avoir dans ma collection.
Le blond ne répondit rien, il voyait son ami sombrer profondément dans un enfer qui le dépassait, et il ne savait pas s’il pourrait le sortir de ces ténèbres. Sasori tira de sa poche un bandeau frontal du village ninja du pays du vent, et il le fit tomber dans la scène de carnage, près des corps.
- Ils vont retrouver ça, et croiront qu’il est tombé pendant la bataille. Ils accuseront en toute logique les ninjas du désert, l’Akatsuki ne porte aucun bandeau de ce genre, et une fois les dernières réserves tombées, la guerre débutera enfin complètement.
Sasori avait parlé avec satisfaction, un étrange sourire étirant ses lèvres. Une violente bourrasque les fouetta alors, et la capuche du pantin se rabattit en arrière, dévoilant le visage désormais éternellement impassible, ainsi que les cheveux bruns, du Troisième Kazekage de Suna.

Chapitre 36 : La solution ?

Sasori se rendit à la porte de l’appartement pour ouvrir à la personne qui venait de frapper. Deidara était absent et ne devait rentrer que dans la soirée, et il n’attendait aucune visite, c’est pourquoi il fut surpris de voir Zetsu, bien qu’il n’en montra rien.
- Salut Sasori, je peux entrer ?
Le marionnettiste ne répondit pas, mais il se décala pour lui laisser le passage. Pourquoi venait-il ici ? Il n’était pas particulièrement proche du jeune hommes aux cheveux verts. Ce dernier s’assit sur le canapé du salon tandis que son hôte s’adossait au mur, à distance.
- Qu’est ce que tu fais ici ?
- Je voulais te parler.
La réponse n’éclaira pas plus l’artiste. Il ne réagit pourtant pas, et son invité poursuivit.
- Depuis quelques temps, Deidara est inquiet, il t’en a déjà parlé plusieurs fois d’ailleurs.
Sasori s’apprêtait à lui dire qu’il n’avait aucune idée de ce dont il s’agissait quand un détail lui revint subitement.
- C’est moi qui l’inquiète, ou plus exactement mon comportement.
L’autre hocha la tête, content de voir que le marionnettiste ne se braquait pas à l’information.
- Il vous en a aussi parlé si je comprends bien ? Et tu viens en discuter avec moi, pour quelle raison ?
Zetsu sourit, avant de vriller ses iris verts dans ceux, ambrés et glacials, de son ami.
- Disons qu’il a plus reproché à Pain de se servir de tes pulsions de violence qu’il n’a vraiment voulu nous en parler, mais j’étais présent, et j’ai assisté à leur dispute. Tu connais Pain, il a répliqué froidement que tu étais conscient de tes actes, et que tu étais parfaitement capable de choisir ce que tu voulais faire. Mais Dei n’a rien voulu entendre, il cherche comment apaiser ta colère, il a peur que tu ne débordes, que tu n’arrives plus à distinguer les limites. Et c’est là que je me suis dit que je pouvais peut être aider.
Sasori haussa un sourcil.
- Ah bon ? Comment ?
- Avant de te proposer ma solution, il faut que tu me dises si tu as envie d’essayer. Si ça se trouve, toi, ça ne t’inquiète pas du tout, je ne veux pas te forcer à quoi que ce soit. Deidara semble vraiment agité par rapport à ce que tu pourrais faire si tu perdais le contrôle, mais c’est ta vie, tes décisions, à toi de choisir.
Le marionnettiste garda un instant le silence, réfléchissant. Puis, il parla lentement.
- J’ai conscience de mes problèmes, et pour être honnête, je n’ai pas la moindre idée de comment cela pourrait évoluer. Mais je n’ai pas envie de pourrir l’esprit de Dei avec des craintes. Je ne suis pas contre essayer quelque chose, si ça peut le rassurer. Et puis, si je pouvais apaiser mon esprit, cela m’aiderait sûrement à me reposer un peu, ça peut être bien. Alors, c’est quoi ton remède miracle ?
Zetsu sourit, acquiesçant, et il sortit de son sac une pochette remplie d’herbes. Encore une fois, l’étudiant aux cheveux écarlates haussa les sourcils, ce qui fit rire son ami.
- J’imagine bien ce que tu penses, mais je te promets, c’est super efficace. Ce truc apaiserait n’importe qui. Voilà ce que je te propose, tu essaies maintenant avec moi, et si ça te convient, si ça fonctionne, je doublerai ma commande auprès de mon dealer, et on partagera.
- Zetsu, je n’ai pas d’argent à gaspiller là dedans.
- Tu ne paieras rien, je te l’offrirai.
- Mais pourquoi ? Je n’ai pas l’impression qu’on soit si proches, tu veux quoi en échange ?
Encore une fois, le garçon aux cheveux verts rigola.
- T’es vraiment parano mec, toujours méfiant à l’égard de tout le monde, c’est à se demander comment Dei a réussi à t’approcher. On est peut être pas très proches, mais on reste amis, et alliés dans l’autre côté. Tu m’as offert ma chevalière, grâce à elle j’ai pu développer des pouvoirs, je n’aurais pu que les rêver jusque là. De plus, ça me fait plaisir de t’aider, et si en supplément, ça rassure Deidara, c’est que du bénef. Alors, qu’est ce que tu en dis ?
Sasori réfléchit un instant, avant d’avancer pour s’assoir sur le canapé à côté de son invité, les yeux rivés sur le sachet.
- Tu penses vraiment que ça calmerait ma violence ? Je n’ai pas envie d’être ridicule sous l’emprise de ce truc, quels sont les effets secondaires ?
Zetsu hocha la tête.
- Oui, j’en suis sûr. Et ne t’inquiète pas, si tu respectes un dosage léger, tu resteras toi même et tout à fait conscient, tu seras juste plus chill. A priori donc, les effets secondaires seront gérable et légers, mais en général, puisque ça produit de la dopamine, tu pourrais être un peu horny.
Sasori grimaça, connaissant l’intensité de ses pulsions, si c’était ce domaine qui se développait, il n’assumerait pas, mais déjà, l’autre poursuivait son explication.
- Ou bien avoir faim, ou ressentir de l’euphorie. Je me doute que ce dernier point serait un changement pour toi, mais franchement, je pense que ça vaut le coup. Si jamais t’as le moindre effet qui te déplaît, si ça te donne des angoisses, mais j’en doute, tu arrêtes et on en parle plus. Alors, partant pour essayer ?
Le marionnettiste hésita un peu, et finalement, il hocha la tête.
- Ok, une fois, pour voir. Mais s’il se passe un truc que j’aime pas, et que t’en parles à quelqu’un, je te dépèce vivant, c’est clair ?
Zetsu ricana une nouvelle fois.
- Ouais, étonnant que Deidara soit inquiet au sujet de ta psychologie, on se demande vraiment pourquoi.
Il se mit alors à rouler deux joints d’un air consciencieux, puis il les alluma avec un briquet et en tendit un à son hôte. Ils tirèrent chacun une taffe dans une inspiration synchronisée, le dos calé contre le dossier du canapé et la tête en arrière. La fumée soufflée, ils restèrent silencieux. Ce fut Sasori qui parla le premier.
- Bon, ça agit pas ton truc.
- Tu fais trop le malin pour quelqu’un qui fume pour la première fois. Tu vas voir dans cinq minutes.
- Toi tu fais trop l’expert, tu fumes depuis combien de temps ?
- Officiellement, depuis la fin du lycée, question de majorité tout ça. Mais en vrai depuis le collège, je me faisais chier, ça me faisait du bien. Dommage que ce soit illégal, j’en aurais grave fait mon métier.
- Dealer ?
- Non, plus dans la production. T’imagines, j’achète une maison avec un grand jardin, sauf que mon potager, c’est juste une immense plantation d’herbe que je revends. Du fait maison, bio, bien traité. J’aurais fait un malheur avec ma propre entreprise, mais ils aiment trop brider les gens dans ce pays, ils jalousent trop la réussite.
Un rire lui répondit et il tourna la tête, comme il l’avait supposé, c’était bel et bien Sasori qui en était l’origine.
- Tu vois, lança Zetsu amusé, ça a déjà l’air de te détendre, depuis combien de temps t’avais pas ri ?
Sasori ouvrit la bouche pour répondre, mais il le devança.
- Et pas parce que tu découpais quelqu’un.
Le marionnettiste referma la bouche. Il y eut un long silence. En effet, il sentait peut à peu la plénitude se répandre dans son être, jamais il ne s’était senti si détendu. Il finit par souffler quelques mots, en même temps que la fumée de son joint.
- Oh putain, t’avais raison…

Chapitre 37 : A croquer

Deidara ouvrit la porte de l’appartement en soupirant, la journée avait été pénible et il était content de rentrer. Il referma derrière lui avant de se tourner pour se figer. La cuisine était agitée comme jamais, le blond aurait cru qu’un concours s’y était déroulé vu le nombre de plats, d’aliments et d’ustensiles sortis. Ce n’était pas le bazar, puisque Sasori était quelqu’un de très organisé, voire même maniaque, mais il y en avait tant que cela donnait une impression de réel désordre. Toutes les fenêtres de l’appartement étaient ouvertes alors que la température extérieure était aux alentours de zéro. Le blond posa son regard sur son colocataire qui lui tournait le dos, occupé à finir son assiette, assis en tailleur sur une chaise. Et si l’artiste aux cheveux longs en croyait le nombre de plats vides à côté de ceux qui n’avaient pas été entamés, son ami n’en était pas à son premier dîner de la soirée.
- Euh… Sasori ?
Le marionnettiste tourna la tête pour découvrir l’expression perplexe de son ami, qui ouvrit la bouche pour le questionner, mais il prit la parole le premier, ayant avalé ce qu’il avait dans la bouche quelques secondes auparavant.
- Ta gueule, si tu fais le moindre commentaire, c’est toi que je bouffe.
Deidara écarquilla les yeux, surpris par son comportement et ses paroles.
- Mais putain, il t’arrive quoi ce soir ?
L’autre haussa les épaules avant de saisir un nouveau plat. D’un pas rapide, le blond s’avança pour être prêt de lui et il lui saisit la mâchoire pour le forcer à le regarder. Ses iris ambrés si intenses étaient presque cachés par ses pupilles, fortement dilatées.
- T’as pris un truc ?
En temps normal, son colocataire se serait vite dégagé d’une telle emprise, mais Sasori resta parfaitement immobile, clignant simplement des yeux tout en le regardant. Il n’avait pas l’air énervé, il semblait juste présent, spectateur d’une scène qui lui était indifférente. Enfin, c’est ce que Deidara aurait pensé s’il n’y avait pas eu un tel éclat dans ses iris dorés, prouvant à quel point il était réceptif au geste soudain de son partenaire. Sasori répondit finalement.
- Zetsu est venu cet après midi, il a dit que tu avais parlé de ton inquiétude sur mon attitude, et il m’a proposé une solution.
- Oui, c’est vrai, il m’avait dit qu’il pensait à quelque chose. Et donc, il a fait quoi pour que tu te retrouves à bouffer comme si t’avais rien avalé depuis six ans ?
- Il m’a fait fumé son herbe, ça marche bien, mais qu’est ce que ça me donne la dalle.
Deidara afficha une nouvelle fois une expression surprise, il lâcha finalement la mâchoire de son acolyte et se laissa tomber sur la chaise près de lui.
- T’es en train de me dire que t’es défoncé parce que Zetsu t’a fait fumé son cannabis ?
Sasori profita qu’il l’ait laissé pour reprendre une bouchée, qu’il mâcha avant de reprendre.
- J’suis pas défoncé, il m’a expliqué que le dosage léger n’avait pas beaucoup d’influence sur la lucidité, en revanche ça apaise vraiment mon esprit, je suis super calme.
Le blond haussa un sourcil.
- Calme ? C’est pour ça que la première chose que t’as dit, c’est que tu allais me bouffer ?
- Naaaaan, mais c’est juste que j’ai trop faim, et que je voulais pas que tu me juges en sortant je ne sais quelle connerie.
Deidara le fixa un instant, interdit, avant de soupirer.
- Bon, ok, si tu veux. Je vais aller prendre une douche, j’suis rincé par cette journée. Tu me laisseras manger un peu ou t’as besoin de tout ce que t’as préparé pour te rassasier ?
- Non t’inquiètes tu peux en prendre, je suis large, il y a encore un poulet dans le four en plus.
L’étudiant aux cheveux longs soupira à cette réponse, et il se leva avant de traverser le salon, retirant son t-shirt. Un frisson le parcourut, et il alla fermer les fenêtres pour empêcher le froid d’entrer avant d’aller dans sa chambre. Sasori se pencha pour passer la tête derrière le mur et le regarder, ou plus exactement, pour laisser ses yeux redessiner la silhouette fine et musclée de son colocataire, ainsi que son dos si bien bâti, et les longs et sublimes cheveux blonds qui glissaient dessus. Il avait vraiment faim. Prenant conscience de ses pensées, il se replaça devant son assiette pour ne plus penser à Deidara. Il avait beau être lucide, il lui fallait faire attention à ne pas laisser ses pulsions ressortir, après tous les efforts qu’il avait faits durant sa vie pour les contenir au fond de lui. Il savait pertinemment qu’en lui se cachait des envies qui le dépasseraient complètement s’il les libérait. La violence n’était pas la seule force en lui qui pouvait lui causer des problèmes.

 

**********

 

Sasori sortit de sa chambre en baillant. Deidara, qui était installé à son bureau à dessiner quelques croquis, leva la tête.
- Hey, bien dormi ? Ta faim s’est calmée ?
- Mmh… Euh, ouais...
- Tu sais Saso, si ça marche, franchement j’ai pas envie de te décourager, mais va falloir qu’on prévoit plus large pour faire les courses si ça te donne une dalle pareille à tous les coups.
- Mmmh.
- Tu te rends compte que t’as utilisé près de deux semaines de courses ? Genre, t’as du faire trente repas en une soirée, c’est pas humain. T’es pas malade ?
Le marionnettiste secoua la tête.
- Non, je vais bien.
Il se laissa tomber dans le canapé, à moitié allongé, à moitié avachi, et il sortit son téléphone pour aller checker l’actualité sur les réseaux. Le blond le regarda un instant, se demandant comment il était parvenu à gérer autant de nourriture avec son petit gabarit, et aussi comment il arrivait à être aussi bien foutu, avant de revenir à son carnet. Il hésita un instant, avant de reposer son attention sur son colocataire.
- Saso ?
- Quoi ?
- Tu voudrais être mon modèle ? Je dois faire plusieurs croquis de corps humains pour mon cours, j’suis pas très inspiré, tu me laisses te dessiner ?
Sasori leva les yeux de son écran, et Deidara se sentit mal à l’aise ainsi analysé par ces iris ambrés si intenses.
- Ouais si tu veux. Mais si tu dois dessiner des corps, t’as peut être des consignes plus précises ?
- Euh oui, c’est genre vraiment le corps, du coup si tu peux être torse nu ce serait mieux… Enfin si tu veux bien.
L’autre haussa les épaules et il se redressa avant de retirer son haut pour le poser sur l’accoudoir. Il s’assit en tailleur et fixa le blond.
- Comment je dois me mettre ?
- Là comme ça c’est bien, tu bougeras après pour que j’ai plusieurs poses et différents angles.
Soucieux de faire vite pour ne pas mettre à rude épreuve la patience limitée de son ami, Deidara entreprit de faire glisser la mine de son crayon sur le papier, immortalisant l’apparence de son modèle. Il put profiter de l’exercice pour l’observer comme il n’osait pas le faire en général, et encore une fois, il se sentit happé par l’air angélique du marionnettiste, qui cachait bien son jeu. Son visage était d’une douceur déroutante si on oubliait son regard glacial, et son corps était digne d’Apollon lui même. Quand il eut terminé le premier croquis, il lui demanda de s’allonger, et Sasori s’exécuta, se plaçant avec nonchalance. Mais malgré sa désinvolte et son aise de façade, le blond remarqua qu’il ne le regardait pas, il avait sans cesse les yeux rivés ailleurs, et cela le surprit. Il n’avait pas l’habitude de voir son acolyte détourner les yeux. Se pourrait-il qu’il soit gêné d’être ainsi observé ? Mais pourquoi ? Deidara se força à ne plus y réfléchir pour rester concentré sur ses dessins. Le comportement de Sasori l’étonnait de plus en plus depuis quelques temps, et il ne savait pas pourquoi son attitude était différente.

Chapitre 38 : L’intuition d’Alexa

Le jeune homme était assis à une table dans le bâtiment de l’école d’arts, occupé à griffonner quelques croquis dans son carnet. Ses cheveux rouges et sauvages éparpillés sur son front dissimulaient ses yeux, ainsi qu’une partie de son visage. Des écouteurs aux oreilles, il était coupé du monde, et ne se concentrait que sur ses dessins. Derrière lui, à quelques mètres, se trouvaient quatre étudiants qui le regardaient.
- Il a l’air plus en forme qu’avant les vacances, chuchota Lucie après un moment.
- Et encore, c’est de l’euphémisme ça, répondit Erwan, également à voix basse. On aurait dit qu’il était en train de clamser, il avait perdu du poids, et il était déjà bien mince, sans parler de toutes les blessures bizarres et inquiétantes qu’il se trimballait. Là, il est revenu à une silhouette stock de fou, comme à la rentrée, voire un peu plus musclé même.
Jean acquiesça tout en sifflant.
- Déjà qu’il faisait tomber les filles avec son air de bad boy, mais plus ça va, plus il est bien gaulé l’enfoiré.
Erwan approuva sa réaction d’un signe de tête, puis il se tourna vers Alexa.
- Ceci dit, il n’y a pas que le physique, là c’est sûr il a tous les points, mais vu comment il était amoché, si ça se trouve, il a des activités peu fréquentables, ou peut être qu’il est violent. Personne n'a vérifié qu'il s'était bien fait tabassé, et même si c'est vrai, pourquoi. On ne sait quasiment de lui, de ce qu’il fait hors des cours, et c’est pas faute d’avoir voulu l’intégrer au groupe.
- Ouais, reprit Lucie, tout ce qu’on sait, c’est qu’il a une belle gueule et que c’est un petit génie en art comme en général… Ah et on sait aussi que le blond qui lui colle au train a le droit de lui rouler des galoches aussi.
Elle ricana au souvenir tandis qu’Alexa soupirait.
- Tu as abusé ce soir là, Lucie, il ne jouait même pas. Il a juste pas voulu gâcher la soirée, et son amitié avec… comment c’est déjà ? Ah oui, Deidara.
Jean mima avec ses mains des guillemets.
- «Amitié», c’est ça Alexa. T’es vraiment naïve. Je sais pas si c’est réciproque, mais je mettrais ma main à couper que Deidara est à fond sur lui. Et vu comment ils sont proches, ils pourraient bien se mettre ensemble vite si tu tentes pas avant.
Erwan pencha la tête avant de dire d’un air solennel.
- Tu sais Alexa, on ne veut que te soutenir, mais de mon côté je te conseillerai plutôt de passer à autre chose.
Les trois autres le fixèrent d’un air surpris, il n’avait encore jamais exprimé cet avis avant.
- Je pense très sérieusement que Sasori n’est pas fait pour toi, tu es une femme gentille, bienveillante, altruiste, sociable, compréhensive, et franchement, je n’ai rien contre lui, mais je suis persuadé qu’il est le genre de gars cliché des films, le ténébreux beau gosse qui fait pleurer les filles par paquets. Sérieusement, regarde comment il est beau et bien foutu, il a sûrement conscience qu’il fait de l’effet à beaucoup de monde, il doit briser des coeurs à la chaîne ce mec.
Il y eut un long silence, et Jean et Lucie finirent par acquiescer.
- Erwan n’a pas tort, dit alors l’autre étudiant. S’il avait été correct, il aurait directement dit qu’il n’était pas intéressé, ou bien qu’il était s’il le souhaitait, il doit bien se douter que tu essaies de l’approcher, il sait toujours tout. J’ai du mal à croire qu’il ne remarque pas ton intérêt pour lui.
Alexa baissa les yeux sur le sol. Ses amis avaient peut être raison, mais elle n’arrivait pas à faire taire son coeur. Et il lui criait que Sasori était un homme exceptionnel, malgré ses secrets et la distance qu’il mettait avec les autres. Son intuition au sujet du jeune artiste ne la trompait pas, elle était prête à parier sur cette certitude. Il n’était pas un connard qui jouait avec les sentiments comme ils le suggéraient, et elle sentait que le seul coeur qu’il avait brisé, c’était le sien, il s’empêchait d’être heureux, mais ce qu’elle ignorait, c’était pourquoi.
- Je ne sais pas, dit-elle finalement, comme une réponse à ses pensées tout comme à ses amis.
Sasori rangea soudainement ses affaires, avant de se lever pour traverser le couloir et quitter le bâtiment. Il ne s’était pas retourné, il n’avait pas vu le groupe qui l’observait, ni Alexa le suivre du regard, les yeux brillants d’une affection sincère, et d’une inquiétude réelle.

 

**********

 

Sasori fit claquer la porte de l’appartement derrière lui, et quelques secondes plus tard, la porte de la chambre de Deidara s’ouvrit sur celui ci.
- Pourquoi tu fais autant de bruit ? Je dormais.
- Qu’est ce que tu fais là, tu ne devais être en cours ce matin ?
Le blond se passa une main dans les cheveux. Détachés, décoiffés et sauvages, ils formaient une crinière tout autour de son visage et tombant sur ses épaules, son visage disparaissant presque derrière.
- J’ai séché. Je voulais faire une grasse matinée. Et toi, tu reviens d’où là, je croyais que t’avais cours dans pas longtemps.
- Je suis arrivé en avance ce matin pour travailler, mais finalement, j’ai pas envie, je vais sécher.
Ils se fixèrent un instant en silence, puis, le fan d’explosions sourit.
- Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, c’est fou ça.
Sasori se laissa tomber dans le canapé, et l’artiste aux cheveux longs s’approcha avant de pencher la tête pour le regarder, ses mèches glissant jusqu’à ce que les pointes dorées frôlent le visage de son acolyte.
- Mes croquis de toi ont vraiment plu à mon prof d’ailleurs, merci encore de m’avoir servi de modèle.
- De rien.
Deidara n’ajouta rien et il repartit dans sa chambre. Sasori ferma un instant les yeux, il se sentait bien plus à l’aise dans cet appartement, avec son ami, plutôt qu’à l’école où la foule se brassait dans les couloirs, dans les salles et dans la rue entourant le bâtiment. Une notification sonore l’interrompit dans son silence, et il sortit son téléphone de sa poche pour allumer l’écran. Un message de Pain. Le marionnettiste appuya sur le nom de son interlocuteur virtuel pour ouvrir la conversation, et il laissa ses yeux suivre le texte que le rouquin avait envoyé.

«Konan est allée de l’autre côté pour récupérer quelque chose, elle a découvert que l’alliance surveillait une certaine zone, apparemment ils pensent que notre repère s’y trouve. Ils se sont plantés évidemment, mais pour les laisser croire qu’ils ne sont pas loin, j’aimerais que Dei et toi alliez là bas, comme si vous défendiez l’endroit. Je t’envoie la position dans le message d’après.»

Juste après, un second message apparut avec les coordonnées du lieu où étaient les équipes de l’alliance ninja. Sasori s’apprêta à répondre quand un troisième message s’afficha.

«Le but c’est qu’ils pensent qu’ils sont au bon endroit, alors laisse des survivants qui pourront témoigner Sasori.»

Le jeune homme fit la moue, il n’aimait pas ce genre de précisions, comme s’il était prévisible, comme s’il était un monstre incontrôlable. Pourtant, il savait bien qu’il était responsable de cette réputation. Il soupira avant de se lever et frappa à la porte de la chambre de son colocataire.
- Ouais, entre !
Il s'exécuta et regarda le blond, qui s’était recouché et qui le regardait, la tête dépassant à peine de la couette. Sasori lui transmit le message du leader de leur groupe, et l’étudiant aux cheveux longs soupira.
- C’est toujours nous qui devons faire le sale boulot, je veux des vacances moi !
Puis, voyant que son acolyte ne répondait, pas, il repoussa sa couverture.
- Bon, laisse moi trois minutes pour me réveiller correctement et m’habiller, et on y va.
L’autre hocha simplement la tête, et il referma la porte en quittant la pièce.

Chapitre 39 : Troublés

Les deux artistes étaient accroupis derrière les buissons, observant la clairière devant eux. Ils étaient arrivés depuis quelques minutes dans le monde ninja aux coordonnées indiquées par Pain. Les escouades de l’alliance devaient être proches d’eux, à poursuivre leurs recherches, mais ils ne savaient pas précisément où, alors ils s’étaient cachés pour surveiller la zone. Deidara avait activé son pouvoir et modelait en avance quelques sculptures d’argiles, mais son partenaire lui, était encore humain, bien qu’il puisse manipuler son chakra, il avait choisi de délaisser son corps de pantin, et avait sorti un rouleau pour pouvoir invoquer une autre marionnette si besoin. Ils attendirent pendant longtemps, environ deux heures selon les estimations du blond, dans un silence total. L’étudiant aux cheveux longs sentait Sasori s’agiter près de lui, il connaissait l’impatience du marionnettiste et se doutait que cette attente devait lui être insupportable. Comme s’il avait eu cette pensée au moment où son acolyte atteignait sa limite, celui ci soupira avec agacement.
- Putain mais c’est pas vrai, ils les organisent comment leurs putain de recherches, ils perdent du temps.
Le passionné d’explosions faillit rire, c’était tout lui ça, critiquer l’organisation des ennemis. Le jeune homme aux cheveux rouges, détestant ne rien faire, déroula son parchemin d’invocation, les yeux rivés sur les marques, et il en ajouta de nouvelles afin de renforcer son sceau d’invocation, tout en continuant à râler à voix basse. Deidara n’était pas surpris qu’il retouche encore ses rouleaux, son ami était d’un perfectionnisme presque maladif, et depuis qu’il avait été incarcéré dans une cellule d’un avant poste de Suna, il semblait paranoïaque sur le fait que ses parchemins puissent être ouverts par d’autres que lui. Pourtant, personne du village du sable n’avait réussi à déverrouiller le sceau sur ses armes, mais cela avait malgré tout rendu le jeune homme encore plus méfiant. Un mouvement attira le regard du blond, et il aperçut enfin une escouade qui approchait, alors que Sasori avait les yeux rivés sur ce qu’il faisait en maugréant sur l’attente. Le blond réagit instinctivement pour qu’ils ne se fassent pas repérés, il se déplaça derrière Sasori et plaça sa main à plat sur le visage de son ami, le faisant taire, tout en observant l’avancée des ninjas de l’alliance. Sasori fut surpris du geste, et il entrouvrit les lèvres pour protester. La bouche si particulière dans la paume de Deidara, de façon inconsciente, profita de l’occasion et laissa sa langue glisser dans celle de l’autre ninja, qui se figea tandis que le haut de son visage se colorait de rouge. Deidara qui était concentré sur leurs ennemis, ne se rendit compte de ce que faisait sa main que quelques secondes plus tard, et simplement parce qu’il ressentit la sensation du baiser qu’il n’avait pas décidé de donner. Pourtant, c’était tout à fait agréable, et il hésita un instant à rester immobile pour simplement profiter. Sasori ne semblait pas lutter pour se dégager, ses yeux ambrés étaient mis clos, les pupilles brillantes de mille feux et l’expression apaisée, comme si lui aussi savourait le contact surprenant, malgré l’embarras qu’il ressentait visiblement étant donné que son visage avait pris la couleur de ses cheveux. La prise ferme sur sa mâchoire l’avait paralysé, presque comme s’il était en transe tandis que la langue intruse se baladait dans sa bouche. Deidara aussi sentit ses joues se colorer légèrement, et il souffla à l’oreille de Sasori, le faisant frissonner.
- Ils arrivent, je ne voulais pas qu’on soit repérés, je ne comprends pas pourquoi ma main agit comme ça, je ne la contrôle pas actuellement, je suis désolé. Elle ne m’obéit pas.
Certain que son acolyte était au courant de la présence ennemie et qu’il serait silencieux, il retira sa main, la langue de sa paume quittant avec regret la bouche du marionnettiste qui sembla retrouver ses esprits après quelques secondes. Il ne regarda pas Deidara et porta aussitôt son attention sur les shinobis un peu plus loin.
- Okey… On y va alors…
Sa voix s’était faite hésitante, ce qui démontrait son trouble. Il effectua des mudras et son corps humain laissa place à son enveloppe de marionnette. Il n’en avait pas besoin pour affronter de simples ennemis comme ceux là, il avait initialement prévu de ne pas s’utiliser lui même, mais il préféra retirer son humanité car il ne supportait pas les réactions qu’il avait suite à l’action involontaire de son ami. Le blond se sentait tout aussi déstabilisé, mais son argile était prête, et ils devaient agir. Il envoya des araignées dans les buissons, pour qu’elles encerclent leurs adversaires, et il les fit sauter. La diversion fonctionna à merveille, les ninjas, paniqués, cherchèrent l’origine de l’explosion. Sasori profita de leur inattention pour bondir et se placer au centre de leurs groupes, les lames empoisonnées sur ses bras frappèrent avec précision, il ne suffisait que d’une égratignure pour que la toxine agisse, et que les victimes touchées ne s’écroulent en attendant de mourir. Le câble imbibé de cette même substance mortelle sortait de son abdomen pour cingler l’air et transpercer d’autres shinobis, qui n’avaient pas le temps de réagir. Ceux qui étaient les plus vifs, et qui esquivaient les coups, se retrouvèrent vite couverts d’insectes blancs, et le temps de comprendre qu’il s’agissait en réalité de sculptures animées d’argile, ces dernières explosaient, les emmenant dans la mort. En quelques instants, leurs effectifs furent considérablement diminués, et Sasori se plaça un peu plus en retrait, pour laisser son partenaire affronter les survivants et les blesser sans les tuer. Si lui s’en chargeait, ce ne serait pas le cas, toutes ses armes étaient enduites de poison, cela ne laissait aucune chance de survie. Sasori entendit un son éloigné, une seconde escouade qui venait en renforts, c’était l’excuse parfaite pour quitter les lieux subitement en laissant des survivants, cela paraîtrait plus cohérent.
- Deidara ! On se replie, maintenant !
Le blond vint aussitôt le rejoindre et ils disparurent dans la forêt. Quand ils furent certains qu’ils n’étaient pas suivis, ils échangèrent un regard et activèrent le pouvoir de leurs chevalières, retournant dans leur monde.

**********

 

Deidara faisait les cent pas devant la chambre de Sasori. Quand ils étaient arrivés dans l’appartement, l’étudiant aux cheveux rouges était parti s’enfermer sans un mot. Le blond se sentait coupable, cela faisait deux fois que son ami faisait les frais de ses erreurs, la première fois par fierté, et la seconde parce qu’il n’avait pas su contrôler son pouvoir, et par conséquent, sa main si étrange. Il n’aurait jamais cru que ses paumes puissent avoir une autonomie dans cette mesure, ses mains mangeaient de l’argile sans qu’il n’ait besoin de le commander, mais il avait toujours pensé que c’était un réflexe combatif, pour être constamment prêt à se battre, pourquoi avaient-elles agi ainsi avec Sasori ? Est ce que son inconscient influençait son corps ? Mais alors, à quel point ? Son crush pour le jeune homme aux cheveux écarlates était de plus en plus difficile à contenir. Deidara était aussi perturbé par l’expression que son colocataire avait eue quand l’incident s’était produit, c’était comme s’il s’était abandonné au contact, comme s’il appréciait. Il avait beau être la personne la plus proche de l’artiste taciturne, jamais ce dernier ne s’était confié sur ses désirs, sur ce qu’il ressentait. Jamais il n’avait parlé de relations, eues ou souhaitées, et le sujet n’avait pas été abordé. Le blond se rendit compte qu’il ne savait rien d’intime au sujet de son ami. Lui, c’était l’inverse. Quand il avait compris qu’il n’était pas attiré par les femmes, il lui en avait parlé, parce qu’il était perdu. C’était au lycée, et Sasori l’avait aidé à se documenter, à comprendre ce qu’il aimait, il avait été cherché des informations dans des associations à sa place, lui avait eu peur que sa famille le surprenne dans ce genre de lieu, alors son ami avait tout fait pour lui, et il lui avait transmis tous les contacts, et toutes les informations qu’il avait trouvées. Finalement, Sasori avait été la première personne à savoir quand il avait enfin compris qu’il était gay, et ce que cela représentait. Le blond avait attendu la fin du lycée pour en parler à sa famille, et comme il s’y était attendu, celle ci avait mal réagi. Ses parents l’avaient mis à la porte, et il avait appelé son ami, sans savoir quoi faire. Sans aucune hésitation, le jeune homme aux cheveux écarlates lui avait demandé de lui envoyer sa position précise, un parc, dans lequel il s’était assis avec ses valises en attendant de décider quoi faire, et à peine vingt minutes après, Sasori l’avait rejoint. Il n’avait pas parlé, juste pris l’un des bagages, et Deidara l’avait suivi sans poser de questions, jusqu’à l’appartement qu’ils occupaient encore actuellement. L’artiste taciturne lui avait expliqué qu’il s’agissait de la propriété de ses parents, la sienne désormais, et qu’il pouvait emménager là, qu’une chambre l’attendait. Le blond n’avait pas su comment le remercier, mais Sasori n’attendait rien en retour. Il l’avait rejoint dans l’appartement quelques mois plus tard, dès qu’il était devenu majeur à son tour. L’étudiant aux cheveux longs sortit de ses souvenirs, Sasori avait toujours été là pour lui. Il devait lui parler, savoir s’il lui en voulait, comprendre ce qu’il ressentait, parce que le marionnettiste ne se livrerait jamais de lui même, malgré la souffrance que lui avait toujours causée sa solitude. Enfin décidé, il mit sa main sur la poignée de la porte, et il l’ouvrit pour entrer dans la chambre de Sasori.

Chapitre 40 : Une conversation très personnelle

Le jeune homme était allongé sur son lit dans une posture négligée, à plat ventre sur le matelas, une jambe à moitié en train de tomber sur le côté et un bras croisé sous sa tête, tandis que le second tenait son téléphone pour qu’il puisse scroller facilement sur son écran. Quand son colocataire entra, il tourna la tête vers lui, avant de reporter son attention sur ce qu’il faisait.
- Je peux te parler ? demanda le blond, l’air incertain.
- Mmmh.
Deidara ne sut dire s’il s’agissait d’une réponse positive ou négative. Il s’approcha du lit et s’assit sur le bord.
- Je suis désolé pour la mission.
Sasori posa son téléphone et il replia ses jambes pour laisser plus de place à son ami, se mettant sur le côté pour ne pas lui tourner le dos, appuyé sur son coude. Il ne dit rien et regardait le matelas simplement, l’artiste aux cheveux longs reprit.
- Je ne savais pas que mes mains avaient cette autonomie, et je n’aurais pas du laisser faire. Je suis responsable de mon pouvoir, j’aurais du le contrôler. Je suis désolé parce que tu en as fait les frais, et ça n’aurait pas du arriver.
- Ce n’est pas grave Dei, ne te tracasse pas autant pour un truc comme ça.
La voix de Sasori avait été calme, et lente. Comme d’habitude. Pourtant, il n’avait toujours pas pu le regarder. Deidara sentit que s’il s’arrêtait là, il ne pourrait jamais être sûr de si son ami disait la vérité.
- J’ai vu que tu réagissais pourtant. Tu étais troublé, je préfère que tu me le dises Saso, je n’ai pas envie de voir notre relation gâchée à cause de moi, tu as le droit de m’en vouloir si je fais quelque chose que tu n’aimes pas, mais il faut que tu me parles, sinon on avancera pas. Je ne veux pas te perdre !
Il y eut un silence, et enfin, le jeune homme aux yeux ambrés répondit enfin, s’asseyant en tailleur pour être à son niveau.
- J’ai été surpris, c’est tout. Tu n’as rien gâcher, vraiment, je ne suis pas en colère. C’est juste que…
Il s’arrêta, se mordant la lèvre. Il ne se sentait pas à l’aise quand il commençait à parler de ses pensées. Mais le blond l’encouragea.
- Dis moi, tu as le droit de t’exprimer Saso… Je sais que tu as du mal, mais tu peux tout me dire…
- C’est juste que je ressens tout de façon trop intense, et je n’arrive à gérer… Tu vois ton inquiétude pour mes pulsions de violence ? Et bien c’est pareil pour tout. Tout est sans cesse démultiplié en moi, les émotions, les pulsions plus ponctuelles, les contacts physique. Alors quand je ne m’y attends pas, je n’arrive pas à faire face, et tout me submerge. C’est trop facile de me faire tomber en fait, j’ai des failles bien trop faciles à exploiter. C’est pour ça que je garde tout pour moi. Et…
- Et ?
- Et c’est encore pire quand il s’agit de toi, parce que tu es la seule personne que j’ai laissée s’approcher autant de moi. Tu es le seul à qui je fais confiance, le seul à qui je peux parler, même si c’est dur.
Deidara ne répondit rien, il digéra ces informations. C’était à la fois si clair et tellement flou. Avec douceur, il saisit le menton de son partenaire pour le forcer à le regarder.
- C’est parce que tu n’assumes pas ces réactions causées par tout cela que tu es aussi embarrassé ?
- Oui… répondit Sasori dans un souffle, perturbé par son geste.
- Tu n’as pas à avoir honte. Je sais que tu n’aimes pas que les autres voient tes expressions, ton humanité, mais comme tu l’as dit, avec moi, ce n’est pas pareil. Alors je ne veux pas que tu te sentes gêné de réagir quand ça me concerne, ou juste quand je suis là, ni que tu hésites. Tu as le droit de montrer tes émotions, alors fais le, sinon ça finira par exploser en toi, comme avec la violence. Je n’ai pas envie que tu te blesses Saso, psychologiquement comme physiquement. Je suis content que tu aies pu me parler un peu.
Le marionnettiste n’avait pas bougé, comme figé, les iris brillants  sous l’intensité du moment qu’ils partageaient. C’était rare pour eux d’avoir ce genre de conversations, et encore plus pour l’étudiant aux cheveux rouges. Encore une fois il semblait véritablement impacté, et paradoxalement, à cet instant, toutes ses émotions se transposaient parfaitement sur son expression. Il ressemblait vraiment à un ange, et Deidara ne put s’empêcher de l’admirer longuement, il avait envie de le serrer dans ses bras, et de l’embrasser mille fois pour lui prouver qu’il était aimé. Il lâcha finalement son visage et Sasori baissa aussitôt la tête, laissant ses mèches désordonnées cacher ses yeux, qu’il détournait de nouveau. Le blond le trouvait tellement fragile et accessible quand il se comportait ainsi, mais il avait déjà suffisamment brisé ses défenses pour le faire parler. Il se leva et offrit un sourire éblouissant à son colocataire, qui avait posé son regard sur lui en sentant qu’il s’en allait.
- J’aime vraiment quand on arrive à se parler aussi personnellement, tu peux le faire quand tu veux, vraiment. Je veux être là pour toi comme tu l’as été pour moi.
Il quitta la chambre, laissant Sasori seul pour réfléchir à tout ce qui s’était dit. Le marionnettiste était troublé, par les paroles de son ami, par ce qu’il avait ressenti plus tôt, de l’autre côté, par ce qu’il ressentait maintenant. Quand le blond l’avait forcé à le regarder, son coeur s’était emballé, et il ne comprenait pas. Depuis déjà longtemps, il s’était rendu compte que dans certaines situations, Deidara avait sur lui un effet particulier, mais il avait toujours refusé catégoriquement d’accepter cette réalité, mais plus le temps avançait, moins il pouvait rester dans le déni. Il laissa son dos tomber sur le matelas, l’esprit traversé de ce contact récent avec son acolyte, les paroles de celui ci repassant en boucle dans ses pensées, et ce sourire, si beau, si authentique, qui ne pouvait sortir de sa tête. Il jeta un regard vers la fenêtre, il était encore tôt, jamais il ne parviendrait à dormir maintenant, pourtant c’est tout ce qu’il voulait faire. Quand il sombrait dans le sommeil, il oubliait ce qui le tracassait, il s’oubliait lui, son existence même, et il appréciait ce répit. Il soupira longuement. Il reprit son téléphone, espérant que les réseaux l’aideraient à se changer les idées, mais dans son actualité, il y avait les publications de son ami, qui aimait poster des photos de lui régulièrement, tellement fier de ses cheveux, qu’il entretenait avec minutie. Sasori le trouva beau, comme d’habitude, et il replongea dans les pensées qu’il voulait pourtant fuir. Agacé, incapable de gérer, il jeta son téléphone sur le lit d’un air rageur. Il n’allait jamais s’en sortir. Il refusait fermement ce qu’il ressentait, il voulait oublier toutes ses émotions, et il n’y parvenait pas.

Chapitre 41 : Juste pour cette expression

Le jeune homme attendait devant le bureau. En face, une femme d’une quarantaine d’années faisait alterner son regard entre les différents papiers qu’elle avait devant elle.
- Oui, effectivement, tout est complet pour votre dossier. Je vois que vous êtes étudiant, est ce que vous allez payer vous même ?
- Oui.
- Vous savez que si vous rencontrez des difficultés, les heures vont s’accumuler, je ne voudrais pas que cela vous mette dans une situation dangereuse.
- Ne vous inquiétez pas, j’ai de l’argent de côté, et en général j’apprends très vite.
- Entendu. Il y a une session de code dans la pièce à côté d’ici dix minutes, prenez un boîtier sur l’étagère.
Son interlocuteur acquiesça simplement. En arrivant dans la salle, il se laissa nonchalamment tomber sur une chaise au dernier rang avant de se passer une main lasse dans les cheveux, décoiffant un peu plus ses mèches sauvages d’un rouge écarlate. Dans les minutes qui suivirent, quelques personnes le rejoignirent dans la pièce, mais personne ne vint lui parler, et il se concentra sur l’écran géant projeté sur une toile blanche, sans porter d’attention au reste. Quand la séance se termina, la formatrice revint dans la salle pour la correction.
- Bien, je vais déjà consulter sur l’ordinateur vos résultats pour voir quelques points aborder en priorité.
Elle s’assit au bureau au fond de la salle et laissa ses yeux balayer l’écran de l’appareil.
- Qui a le boîtier numéro vingt-trois ?
Sasori leva légèrement la main pour indiquer que c’était lui, et la formatrice hocha la tête.
- Venez me voir à la fin de la séance s’il vous plaît.
La correction sembla durer une éternité pour le marionnettiste, qui détestait attendre. Quand la salle se vida enfin, et qu’il fut seule avec la femme, il se leva pour aller se placer face au bureau, posant son boîtier avec ceux des autres personnes.
- C’était la première fois que vous faisiez une série de code ?
- Oui.
- Sans aucune expérience dans le domaine ?
- J’ai lu le livre du code.
La femme sembla impressionnée.
- Quand vous disiez que vous apprenez vite, je ne pensais pas que c’était à ce point. Vous n’avez fait aucune faute, même avec beaucoup de chance c’est très improbable.
- J’ai trouvé ça très intuitif en fait.
Le jeune homme ne semblait pas particulièrement intéressé  par  le fait d’avoir fait quelque chose de surprenant.
- On va attendre vos résultats suivants avant de prendre une décision concrète, mais je pense que vous pourrez passer l’examen très vite.
- Tant mieux. Je peux y aller ?
- Oui bien sûr, bonne soirée Sasori.
Il ne renchérit pas, la salua d’un bref signe de tête avant de quitter la salle, puis le bâtiment.

 

**********

 

Deidara soupira, il s’ennuyait. Quand il était rentré, il avait constaté que son colocataire était absent, et comme d’habitude, celui ci n’avait pas pris la peine de l’avertir. Il avait tenté de lui téléphoner, mais il était tombé sur la messagerie, son ami était donc encore dans ce monde. Mais où ? Il s’était alors affalé dans le canapé, attendant que le temps passe. Il n’avait pas envie de travailler, ni d’allumer la télévision pour regarder un série, alors il ne faisait rien. Le blond prit conscience qu’il aimait quand son partenaire était là, il aimait lui parler, ou bien quand il se disputaient, il aimait son contact, et même son caractère difficile, bien qu’il ne l’avouerait jamais. Deidara préférait même quand le marionnettiste était enfermé dans sa chambre, sans lui parler, mais bel et bien présent. C’était comme s’il avait besoin de ressentir l’aura si intense de son acolyte. Pendant un long moment, il resta immobile, dépérissant sur le canapé, avachi de façon grotesque, et glissant au fur et à mesure tant il ne se tenait pas droit, tant il n’était pas stable. La porte d’entrée s’ouvrit alors sur Sasori, et le regard du blond s’illumina.
- T’étais où ? demanda-t-il aussitôt. Pourquoi tu m’as rien dit ?
L’artiste aux cheveux rouges haussa un sourcil tout en entrant dans le salon.
- Depuis quand je dois te tenir informé de ce que je fais ?
Habituellement, ce genre de réponse aurait provoqué l’énervement du fan de pyrotechnie, mais il jubila, il avait très envie de conflit, pour combler son ennui.
- Tu parles trop mal encore, tu sais très bien que je m’inquiète facilement !
- T’as pas besoin, j’suis organisé et autonome, je me débrouille. Me prends pas pou un gosse de douze ans hein.
Deidara sourit.
- Non t’as pas douze ans, même si t’en as la taille, mais désolé, depuis que t’as passé quelques semaines séquestré de l’autre côté, je m’inquiète dès que tu disparais.
Il vit le visage de son ami se renfrogner, et il fut satisfait d’avoir visé juste. Le marionnettiste avait beau contrôler avec talent ses expressions, à force d’habitude et de temps, Deidara était capable de discerner les moindres changements sur son visage, une chose avec laquelle Sasori avait vraiment du mal par ailleurs, se sentant prévisible et donc en danger.
- Mais tu me cherches volontairement là, tu veux te battre encore ? Cette fois je vais t’éclater, je ne suis plus blessé maintenant !
Le blond éclata de rire.
- Oh, t’es vraiment trop facile à agacer, vraiment c’est hilarant.
- Mais tu te paies vraiment ma tronche ?!
- Bah oui ! Tu vas faire quoi même ?
- T’étriper.
Sasori profita qu’il soit allongé sur le canapé pour le saisir dans le but de lui faire passer l’envie de rire, mais cela ne fit qu’augmenter l’amusement de l’étudiant aux cheveux longs, qui était visiblement très heureux de ce conflit enfantin. Ne voulant pas être étranglé, il attrapa les poignets de Sasori, et celui ci força pour s’extirper de sa poigne, leur combat devant une simple épreuve de force. Finalement, Deidara profita du fait que son colocataire ne prenait pas ce combat au sérieux, qu’il n’utilisait pas ses capacités réelles, et il le fit basculer sur le dos, maintenant ses poignets au dessus de sa tête. Le blond le surplombait, mettant tout son poids pour être sûr que son ami ne pourrait pas se dégager, et effectivement, après quelques tentatives, l’étudiant aux cheveux rouges pesta.
- Mais lâche moi putain !
- Bah alors, roucoula insolemment Deidara, je croyais que tu voulais m’étriper ? Tu n’as pas dit que puisque tu n’étais plus blessé, tu allais m’éclater ? T’es pas si fort que ça finalement.
Le marionnettiste lui jeta un regard noir, il ne pouvait rien faire de plus dans cette posture.
- Mais tu continues à me chercher en plus ?
- Ouais, tu vas faire quoi ?
L’artiste aux yeux ambrés pesta, insultant l’intégralité de l’arbre généalogique de son ami en marmonnant.
- Tu sais très bien que j’ai pas été sérieux, sinon je t’aurais explosé et t’aurais pas cette insolence, finit-il par dire.
- Je sais, mais j’ai profité de ça et du coup maintenant t’es bloqué.
Sasori était visiblement vexé.
- Oui bon, maintenant que t’es content d’avoir gagné, tu me lâches ?
Le blond ne put s’empêcher de rire, ce qui agaça son interlocuteur.
- Mais quoi encore ?!
- Désolé, mais ta voix sèche et vexée là, ça me termine. Et pour te répondre, non, je crois bien que je trouve ça très drôle de te voir immobilisé comme ça. Tu vas faire quoi si je te lâche pas, à part râler ?
Il baissa ses yeux azurs sur son partenaire sous lui, le fixant avec beaucoup d’amusement, et d’insolence, comme s’il le défiait. Mais Sasori, sans comprendre pourquoi, se sentit perturbé par ce regard provocateur, il fut happé par ce bleu océan, et sa colère s’évanouit, au profit d’une sensation étrange. Son coeur rata un battement, et sa respiration s’accéléra, il paniquait à l’idée de perdre le contrôle de ses réactions, et il se maudit au moment où  il sentit que le haut de son visage se teintait de rouge. Deidara fut surpris de voir ce changement progressif, déjà ce n’était pas habituel de voir Sasori ainsi, mais là, il avait pu l’observer pleinement pendant ce court instant, et cela le chamboulait. Il n’avait qu’une envie, continuer de voir cette expression, l’accentuer, en être la cause, et la voir se répéter dès qu’il s’approcherait de son ami. Le blond ne se rendait pas compte que, perdu dans ses pensées, il était en train de dévorer des yeux son colocataire, qui s’en retrouvait toujours plus perturbé. Jamais Sasori n’avait autant détesté attendre qu’à cet instant précis, tout son corps s’était figé, il n’essayait plus de lutter contre la poigne de son partenaire depuis déjà un moment, quelque chose en lui s’était éveillé et le consumait de l’intérieur, et le fait que le blond ne fasse rien le rendait dingue. Chaque seconde qui passait lui faisait perdre la raison, et ses joues avaient la même teinte que ses cheveux, une réaction qu’il abhorrait complètement, sans pouvoir la contrôler. Leurs corps étaient trop proches, et en même temps trop loin, le marionnettiste était en plein supplice, les pupilles dilatées, sans comprendre, sans pouvoir rien faire, aussi entravé par sa fierté qu’il ne l’était pas les mains de son acolyte. Spontanément, il laissa échapper une plainte sonore, qui relevait plus du gémissement que d’une protestation, et cela ramena Deidara à la réalité. Une seconde fois, il fut surpris de ce qu’il vit sous ses yeux, mais embarrassé à l’idée d’être aller trop loin, de déplaire à son ami, il se recula aussitôt, lâchant enfin les poignets de l’artiste aux yeux ambrés.
- Oh, désolé !
Il n’eut pas le temps de dire autre chose que Sasori bondissait hors du canapé pour aller s’enfermer dans sa chambre.

Chapitre 42 : Le surnom

L’étudiant entra dans le bureau avant de s’approcher de la table. La femme qui travaillait derrière lui sourit.
- Bonjour Sasori, vous venez connaître vos résultats ?
Il hocha simplement la tête, et elle consulta son écran d’ordinateur.
- Je crois bien que vous avez établi un record, c’est très impressionnant. Vous présenter à l’examen une semaine après votre inscription, et réussir sans aucune faute, vous pouvez être fier de vous.
- Je dois donc passer à la pratique maintenant ?
- Oui, on va réserver des créneaux d’heures selon votre disponibilité.
Le jeune homme acquiesça et ils définirent les horaires ensemble. Le marionnettiste quitta ensuite le lieu pour rentrer. Quand il ouvrit la porte de l’appartement, il passa devant son colocataire sans dire un mot, se dirigeant directement vers sa chambre. Deidara ne supportait plus cela, cela faisait des jours qu’il culpabilisait, et des jours que Sasori l’ignorait complètement, refusant de ne serait ce que le regarder. Le blond n’aimait pas cette tension, il savait pourtant qu’il était le seul responsable, mais lorsqu’il s’était accroché à sa contemplation de son acolyte, il en avait perdu la notion du temps. Il angoissait maintenant depuis une bonne semaine à l’idée d’avoir détruit ce lien de complicité et de confiance avec son ami. Il ne s’entendit presque pas crier le nom de son partenaire tant ses pensées et ses craintes prenaient toute la place dans son esprit. Mais Sasori lui l’entendit, et il fit volte face. Pour la première fois depuis plusieurs jours, il posa ses yeux ambrés sur Deidara, et il le vit, le corps fébrile, une expression de regret, de peur, de tristesse tellement sincère, sur le visage. Le marionnettiste fut surpris, et aussitôt il combla la distance entre eux pour poser sa main sur le bras du blond.
- Deidara ? Qu’est ce que tu as, ça va ?
Sa voix semblait inquiète, mais le blond était tellement angoissé qu’il ne le remarqua pas.
- Je suis tellement désolé, Sori, pardonne moi.
L’artiste aux cheveux rouges le fit assoir sur le canapé, se plaçant à ses côtés, avant de répondre.
- De quoi es tu désolé ?
Cela sembla surprendre Deidara, qui reprit la parole. Il avait la gorge sèche, mais il ressentait le besoin de poursuivre cette conversation.
- Ce que j’ai fait il y a une semaine, j’ai bien vu que ça t’a gêné, j’ai bien vu que tu étais mal à l’aise, et je suis resté immobile comme un glandu. Et maintenant tu me fuis, bordel ça fait une semaine que tu fais comme si j’existais pas et t’as raison, je me suis ultra mal comporté, mais ça me fait trop de mal que tu m’ignores.
Il baissa la tête et ses longs cheveux blonds cachèrent son visage, et son air si coupable.
- Je suis tellement désolé…
Il était rare de voir Deidara si peu confiant, si hésitant. Sasori semblait toujours aussi surpris, et à son tour il se sentit coupable. Lentement, il leva sa main gauche pour décaler les mèches blondes si douces de son acolyte et les ramener derrière son oreille, dégageant son visage. Cette fois, ce fut lui qui saisit le menton de son ami pour le forcer à le regarder, bien qu’il soit très délicat, contrastant avec la fermeté de Deidara quand il le lui faisait. Plongeant ses iris ambrés dans ceux, azurs, brillants de tristesse, de son partenaire, il prit lentement la parole.
- Et moi je suis désolé de t’avoir ignoré. Je n’étais pas en colère contre toi, je ne voulais pas t’effrayer en agissant ainsi, pardon. En vérité, j’ai honte de mes réactions lors de ce qu’il s’est passé, je n’ai pas réussi à me contrôler, et tu sais à quel point je déteste cela, ça m’a embarrassé, et je n’osais pas te regarder en face. Je n’osais pas non plus aborder le sujet, alors j’ai fui, comme d’habitude. Ne t’en veux pas, je t’en prie, tu n’as rien fait de mal, c’est juste que… ça m’a beaucoup troublé, je ne comprends pas du tout pourquoi, mais j’étais tellement perdu dans ce qu’il se passait, j’ai perdu le contrôle, je n’étais plus capable de réfléchir…
Deidara se sentit rassuré par ses paroles, et aussi par ses gestes si doux à son égard. Par réflexe, parce que son être lui hurlait de le faire, il enroula ses bras autour du cou de Sasori pour le serrer contre lui, posant sa tête contre son épaule.
- J’ai vraiment cru que j’avais gâché notre amitié. Plutôt mourir que de te perdre.
Sasori fut déconcerté du geste, mais il mit aussi ses bras autour de lui. Ils restèrent ainsi en silence pendant un moment.
- Dei ?
- Oui ?
- Comment m’as tu appelé tout à l’heure ?
Le blond fronça les sourcils en s’éloignant pour regarder son ami. Il réfléchit un instant.
- Je crois que j’ai dit Sori, je ne sais pas pourquoi, c’était spontané. Tu n’aimes pas ?
- Ce n’est pas ça, je suis juste surpris, c’est déjà rare qu’on use de surnoms avec moi, mais en plus c’est toujours « Saso » d’habitude, alors je ne m’y attendais pas.
- Mais, est ce que tu l’aimes bien ce surnom ?
Il hocha la tête.
- Oui, je le trouve très sympa.
Deidara lui offrit un sourire éblouissant.
- Et bien ça me convient, en plus je suis celui qui l’a inventé, donc je dépose officiellement le brevet, c’est ma propriété.
- Tu parles de moi là ?
Le blond rougit subitement.
- Juste le surnom !
Il détourna les yeux, il aurait aimé que ce soit le cas pour Sasori tout entier, mais il était trop tôt pour cela. Voyant qu’il était mal à l’aise, le marionnettiste reprit la parole.
- Est ce que ça te dit qu’on regarde un film ?
L’artiste aux cheveux longs se redressa aussitôt.
- Oh carrément oui !
- Choisis celui que tu veux alors.
Deidara bondit du canapé et il alla chercher son disque dur, qu’il brancha à la télévision avant de lancer le film qu’il avait choisi et de retourner dans le canapé. L’heure passa en silence, mais ni l’un ni l’autre n’était gêné. Deidara était cependant fatigué, et il s’endormit lentement, tombant sur Sasori. Machinalement, il enroula son bras autour de la taille du marionnettiste, qui se sentit troublé bien qu’il refusât de le déranger en bougeant. Quand le film se termina, l’étudiant aux cheveux écarlates hésita à le réveiller, il avait l’air si détendu en dormant, et vu le stress qu’il avait ressenti à cause de lui cette semaine, il avait visiblement besoin de dormir. Lentement, il se plaça de sorte à être allongé, le blond accroché à lui, et il ferma les yeux. Son coeur battait bien plus vite, il ne comprenait pas pourquoi, mais il respira profondément pour ne pas gêner le sommeil de son colocataire.

Chapitre 43 : Visite surprise

Deidara ouvrit les yeux, sans savoir où il était. Il ne se souvenait pas de s’être endormi, mais il remarqua qu’il était dans le salon, sur le canapé. C’était étrange, il ne lui avait jamais semblé que le sofa était si confortable, pourtant, il était tout à fait à l’aise. Une respiration s’éleva alors, très proche de lui et il redressa la tête pour voir. Sa bouche s’ouvrit de stupeur quand il comprit qu’il venait de passer la nuit à dormir sur Sasori. Pas à côté, comme c’était déjà arrivé notamment après des soirées un peu trop alcoolisées, mais bien sur lui. Son bras était posé sur le torse du marionnettiste, et sa jambe était repliée, enserrant sa taille. La position ne semblait pas perturber Sasori qui dormait encore, et, ne voulant pas le réveiller, Deidara n’osa pas bouger. Il se mit alors à admirer son visage  si paisible ; comme d’habitude quand il était inconscient, son expression était d’une grande douceur. Le blond se demanda si, éveillé, il serait capable de paraître ainsi avec ses yeux ambrés magnifiques, mais malheureusement toujours si froids. Lui se savait capable de tomber devant son regard si intense. Le marionnettiste était incroyablement beau, un véritable ange tombé du ciel. Sans parvenir à s’en empêcher, il posa sa main sur la joue de son acolyte, caressant sa peau, elle était plus douce que tout ce qu’il avait déjà connu. Sasori ouvrit subitement les yeux, et Deidara retira sa main.
- Désolé de te réveiller, dit-il très rapidement, cherchant à se justifier, je ne me souviens pas de m’être endormi, que s’est-il passé ?
Sasori utilisa son bras droit, l’autre étant coincé sous le corps du blond, pour s’ébouriffer les cheveux, avant de répondre d’une voix encore ensommeillée.
- Tu t’es mis à pioncer contre moi, je n’ai pas pas voulu te réveiller, alors je me suis allongé. Mais t’étais pas autant sur moi quand je me suis assoupi, je suppose que t’étais bien à l’aise pour finir comme ça, mais si ça te dérange pas, maintenant que t’es réveillé, tu pourrais arrêter de me prendre pour un body pillow ?
- Oui, bien sûr.
L’étudiant aux cheveux longs désenjamba son ami pour s’assoir dans le canapé, et celui ci se redressa à son tour. Tous deux avaient les cheveux ébouriffés, et les vêtements froissés à cause de la nuit, ils semblaient presque sauvages tant ils étaient négligés. Il y eut soudainement des coups contre la porte, et ils échangèrent un regard avant de se lever d’un même mouvement. Deidara alla ouvrir pendant que Sasori restait immobile, les yeux fixés sur l’entrée de l’appartement. Il y avait toute l’Akatsuki qui attendait derrière. Hidan fut le premier à entrer, il regarda Deidara de haut en bas, constant son allure débraillée, puis son regard tomba sur Sasori, qui était dans le même état, et il sourit.
- Non sans déconner ? railla-t-il, on a interrompu quelque chose ?
Le blond se sentit rougit, tant de gêne que de colère.
- Mais ferme ta gueule toi !
- On vient de se réveiller, dit alors simplement Sasori. Je reviens, je vais me préparer.
L’étudiant taciturne alla s’enfermer dans sa chambre, le temps de retirer ses vêtements froissés et de mettre un t-shirt propre. Il passa devant le miroir de sa salle de bain, essaya de discipliner ses cheveux, souffla en regardant son reflet puisque le rendu ne lui convenait pas, et finalement, s’ébouriffa la tête pour leur redonner leur effet désordonné. Il ressortit dans le salon, où leurs amis s’étaient installés, soit dans le canapé, soit sur des chaises et fauteuils qui se situaient dans la pièce. Par chance, l’appartement des artistes était assez spacieux. Deidara n’avait pas pris la peine d’aller se changer, visiblement contrarié par les sous-entendus d’Hidan qui pour sa part, était encore hilare. Sasori s’adossa au mur et pour changer de sujet, il posa une question.
- Pourquoi êtes vous tous venus ? Je ne me souvenais pas qu’on avait une réunion.
Kakuzu eut un sourire.
- Heureusement qu’on est amis, j’ai l’impression que ça te surprend qu’on vienne te voir quand c’est pas pour parler affaires.
- Plus sauvage que lui, tu meurs, commenta Hidan en jetant un regard tendancieux au blond, qui ne répondit que par un coup de coude agressif.
- En fait, dit alors Pain en regardant le marionnettiste, on vient bien parler de nos projets,
Deidara et toi avez loupé la conversation sur le groupe ce matin. Konan et moi sommes allés hier de l’autre côté, et nous voulions faire le point tous ensemble, comme vous ne répondiez pas, on a décidé de venir directement.
Le blond se sentit gêné, qu’allaient imaginer leurs amis ? Il râla, faisant la moue.
- Oui bah ça va, on dormait c’est tout. On travaille nous ok ?
- Deidara, vous êtes en art, répliqua Hidan. Vous êtes destinés au chômage, alors moins fort le mépris.
- Mais chômeur toi même connard !
- Après Hidan t’es en sociologie quoi.
Tout le monde se tourna vers Obito, qui sourit avec innocence.
- Désolé, c’est sorti tout seul.
- Nan, franchement c’est mérité, ricana Kisame pendant que l’étudiant aux cheveux argentés boudait à son tour.
Sasori posa ses yeux ambrés sur Pain.
- Alors, quel est le bilan du monde shinobi ?
Pain hocha la tête, effectivement quand il s’agissait de revenir au sujet principal, le marionnettiste savait se montrer catégorique, les digressions ne duraient pas souvent longtemps avec lui.
- Oui, revenons en à ça, tu as raison. La guerre nous est vraiment profitable, il y a plusieurs champs de bataille sur les frontières, et comble de l’ironie, les nations ninjas essaient d’acheter nos services. Bien sûr, il y a toujours un risque qu’il s’agisse d’un piège pour nous défaire, mais vu leur motivation à nous contacter, je suppose qu’ils veulent aussi gagner cette guerre. Leurs forces diminuent au fil des jours, alors nous allons faire durer la chose, semer du conflit, faire croire qu’on travaille pour tel ou tel pays, et quand ils seront à bout de force, on pourra enfin soumettre le monde ninja.
Sasori réfléchit un instant à la situation.
- Tu auras besoin des rapports de mes espions je suppose.
- Oui en effet, je vais préparer en fonction de la situation nos interventions, mais j’ai besoin de toi sur le terrain.
- Entendu.
- Je peux aussi être utile pour semer le trouble, intervint alors Itachi, mes pupilles peuvent distordre l’esprit, les souvenirs et la réalité des ninjas de l’alliance.
Konan acquiesça.
- J’y pensais justement. Je pense que le sharingan peut nous permettre d’avancer plus vite, surtout que c’est normalement une technique héréditaire d’un clan de Konoha, si nous nous en servons contre les autres nations, celles ci penseront que c’est le pays du feu qui agit, et le conflit n’en sera que renforcé.
Pendant qu’ils échangeaient sur la façon de procéder, Deidara et Hidan continuaient de se disputer à voix basse.
- Mais du coup, c’est vrai cette histoire de sommeil ? Vous étiez pas en train de…
- Mais non ta gueule. Il va t’entendre là. On profitait d’une grasse matinée sans ta vieille tête là.
- Mais t’attends quoi pour te le faire sérieux ? Le déluge ?
Deidara rougit.
- Mais t’es un animal pour parler comme ça ? Occupe toi de ton cul et laisse moi tranquille, ça te regarde pas !
- Oh t’en fais pas pour moi, je m’en occupe très bien de mon cul ! Celui qui est en manque d’attention, c’est plutôt celui de Sas…
Il n’eut pas l’occasion de finir sa phrase que le coup était partit tout seul, la main de Deidara s’écrasant dans son visage. Le son résonna dans tout le salon, et les deux âmes turbulentes constatèrent que tous les autres les fixaient maintenant. Le visage d’Hidan présentait déjà une marque rouge, et Deidara croisa les bras.
- Nan mais il est chiant aussi là.

Chapitre 44 : Suppositions et conseils

Sasori était concentré. Il était occupé depuis quelques heures à filtrer ses composants pour produire différentes versions de ses poisons. Quand toutes les toxines furent prêtes, il sortit un carnet de notes et commença à faire des calculs pour établir sa prochaine expérience. Il s’était téléporté de l’autre côté, dans le repaire de l’Akatsuki, afin de pouvoir utiliser son matériel de chimie et profiter de la tranquillité du lieu. Depuis un moment déjà, il avait une idée en tête, une idée dangereuse. Sans nul doute, certains l’auraient même qualifiée de folie, mais lui voulait essayer. Le marionnettiste ne supportait pas l’idée d’être fragile, de pouvoir être mis au sol facilement, et il ne voulait pas passer tout son temps avec un corps de pantin, surtout qu’il ne pouvait prendre cette apparence dans le monde réel. Alors il ne cessait de s’endurcir, d’où un entraînement rigoureux sur son corps, qu’il musclait et entretenait avec attention, mais ce n’était pas suffisant. Ce n’était jamais suffisant, quoi qu’il fasse. Sa nouvelle lubie était de développer une immunité totale à tous les poisons existants, dans cet univers comme dans le sien. Pendant plusieurs jours, il avait donc répertorié tous les mélanges mortels ou simplement toxiques, et en avait préparé des échantillons. L’étape suivante était de doser pour se les injecter, et laisser son corps s’habituer aux substances mortelles. La mithridatisation était une discipline risquée, et peu efficace dans le monde réel, malgré la légende à l’origine de son nom, mais Sasori était un expert, il avait des pouvoirs et des connaissances qui échappaient à cet univers. La science dans la société shinobi n’était pas la même. Il était certain qu’il pouvait y arriver, même si cela nécessitait de prendre de gros risques. Il prépara une première seringue avec un premier poison, puis il serra une lanière de cuir autour de son bras droit, faisant ainsi un garrot sur le membre. Le jeune homme était ambidextre, tout aussi à l’aise de sa main droite que de la gauche, mais il avait plus souvent tendance à faire les choses importantes, requérant de la précision, de la seconde. Il grimaça légèrement quand l’aiguille plongea dans sa peau, et il versa la toxine avant de retirer la seringue. Il attendit quelques secondes, et n’observant rien de particulier, il prit des notes sur la formule et le dosage testés. Satisfait de ce premier essai relativement positif, il rangea ses affaires. Il avait hâte de continuer ses expériences.

 

**********

 

Le jeune homme se stoppa, posant le pied à terre, et il retira son casque, secouant la tête pour laisser ses cheveux écarlates reprendre leur aspect habituel. Une personne s’arrêta juste à côté de lui, faisant le même mouvement pour libérer sa tête. Sasori tourna la tête pour le regarder, il s’agissait d’un homme qui devait avoir le double de son âge, les cheveux grisonnants et les yeux noisettes. Le plus âgé fixait également son cadet, mais avec stupeur.
- Ne me dis pas que c’était la première fois que tu montais sur une moto Sasori ?
- Si, pourtant, c’est le cas.
L’homme siffla, impressionné.
- C’est épatant, tu maîtrises déjà le véhicule avec précision, on dirait que tu en fais depuis des années. C’est dingue !
- Merci. J’apprends vite en général.
- Ce n’est même plus vite à ce stade mon garçon, ça relève de l’exploit. Tu n’auras pas besoin de prendre beaucoup d’heures. Je songe même à t’inscrire à la prochaine session d’examen, d’ici un mois. Le temps que ça arrive, on aura le temps de vérifier que tout est bon, mais je pense sincèrement tu es déjà prêt, ce ne sera que du contrôle.
Sasori hocha la tête avant de descendre pour pousser la moto jusqu’au garage. Son moniteur, comme beaucoup d’adultes, était tombé rapidement dans sa poche, et cela lui était bien utile.

 

**********

 

Deidara était avachi dans le canapé, sans rien faire. Konan revint de la cuisine avec un verre d’eau qu’elle lui tendit.
- C’est inhabituel que tu viennes ici, Dei. Tu avais quelque chose à dire à Pain ? Parce qu’il n’est pas là.
Le blond secoua la tête.
- Non, c’est à toi que je voulais parler.
- A moi ?
- Ne me dis pas que tu es surprise, tu es dans le groupe celle qui a le plus de sensibilité et qui comprends facilement les autres et leurs problèmes, tu as une bienveillance et une patience hors normes, de toute l’équipe, tu es celle qui donne les meilleurs conseils.
Il but une gorgée, pendant qu’elle s’asseyait à côté de lui.
- C’est encore Sasori ? demanda-t-elle.
Il sourit.
- Tu vois, c’est tellement intuitif chez toi. Oui c’est encore lui.
- Tu es encore inquiet ? Je croyais que Zetsu avait trouvé une solution ?
Deidara hésita un instant, il ne savait pas comment aborder ce qui troublait ses pensées.
- Oui, Zetsu a trouvé quelque chose, même si je sais pas si c’est vraiment bien, imagine qu’il devienne dépendant, ce serait ma faute. Mais j’ai pas envie de lui dire d’arrêter alors que c’est parce que je suis inquiet qu’il a essayé.
- Mais ça fonctionne ?
- Oui, ça marche assez bien, j’ignore s’il a beaucoup d’effets secondaires, je sais juste que ça lui donne une faim pas possible, il passe ses soirées à bouffer quand il fume, mais j’ai l’impression que ce n’est pas tout, et qu’il veut pas m’en parler. Tu le connais, il est pas très tactile ni sociable, alors c’est pas simple. Quand il fume, il est étrange, il me fixe avec ses pupilles dilatées là, ça me perturbe, et dès que je veux lui en parler, l’approcher, il s’enfuit dans sa chambre.
Konan fronça les sourcils.
- Ah oui en effet, tu sais, c’est assez rare, mais chez certaines personnes, fumer accentue le désir.
- Le désir ? T’es en train de suggérer que ça le rend horny là ?
- Oui, enfin, je sais pas, peut être. T’en parles jamais avec lui de ce genre de choses ? Vous êtes proches non ? Il a été le premier à le savoir pour toi, et à t’accompagner.
L’étudiant aux cheveux longs resta silencieux.
- Oui c’est vrai, mais non, il ne me parle jamais de ce qu’il ressent. Encore moins de ce sujet là. Je suppose des trucs à force de le connaître, mais je ne suis jamais vraiment sûr.
- Tu veux me parler de tes suppositions ?
Son interlocuteur hocha la tête, le fait que la jeune femme soit toujours dans la demande du consentement, même dans un échange, au lieu de se poser comme voix de la raison avec des injonctions le mettait en confiance pour lui parler.
- On sait tous qu’il cache ce qu’il ressent, qu’il veut nous faire croire qu’il ne ressent rien, et même si parfois il y a des doutes, je pense qu’on sait tous quand même, au moins parmi le groupe, que c’est faux. Et du coup, à force de le côtoyer, je pense que c’est au delà de ça, je pense qu’il a une forme d’hypersensibilité qu’il réprime car si elle ressortait, il ne pourrait plus rien maîtriser. Tu sais bien qu’il ne supporte pas de ne pas avoir le contrôle. Je pense que cette hypersensibilité est tant physique qu’émotionnelle, il ressent tout de façon si intense qu’il a été obligé de se construire des barrières pour gérer ça. Tu le frôles à peine, il frissonne, c’est dingue je te jure. Je pense que c’est pour ça qu’il est si peu tactile. Il craint de ne pas maîtriser ses réactions et il pense que ça voudrait dire perdre la face. Du coup il se referme sur lui même. Le souci, c’est qu’il se bloque, et cette carapace qu’il se construit l’isole, et je pense qu’il en souffre car derrière son attitude solitaire, il déteste être seul, parce qu’il l’a trop été enfant.
Konan hocha la tête, elle avait écouté très attentivement, elle prit la parole doucement quand il eut terminé.
- Oui, ça semble très cohérent, je ne peux pas être sûre que ce soit vrai, tu le connais mieux que moi, mais ça pourrait rejoindre ma supposition ?
- Sur le fait que fumer le rende horny ? Oui, probablement, il est possible que ça accentue chez lui une pulsion déjà refoulée, mais il ne le dira jamais si c’est le cas.
Il y eut un silence et il reprit.
- Enfin, du coup, ce que je voulais dire, c’est que je sais pas quoi faire pour l’aider, et comme tu es toujours de bons conseils, je voulais ton avis. Qu’est ce que tu ferais à ma place ?
La jeune femme réfléchit un instant.
- Je comprends bien ton inquiétude, mais pour l’instant on ne peut pas savoir comment ça va tourner, alors il vaut mieux le laisser expérimenter cette méthode si ça peut contenir sa violence. Il ne faut surtout pas qu’il se fasse remarquer dans ce monde, cela nous causerait de sérieux problèmes. Je pense que si j’étais toi, je ferais en sorte de le surveiller, sans être non plus trop sur son dos, il n’aimerait pas ça. Juste, garder un oeil sur lui, et ne pas le laisser sombrer dans sa solitude. Il tient à toi Deidara, même s’il a du mal avec l’autorité, toi, il t’écoute. Tu es sûrement la seule personne à pouvoir le maîtriser si jamais il perd le contrôle. Alors reste auprès de lui, particulièrement quand il va de l’autre côté. Quand à ce qu’il contient, n’essaie pas le faire parler, si un jour il se sent mal, qu’il a besoin d’extérioriser, ou de faire quelque chose de tout ce qu’il ressent, il saura choisir s’il veut t’en faire part.
Le blond hocha la tête.
- Merci pour ton écoute Konan, je vais essayer.
Elle sourit avant de reprendre la parole.
- Tu sais quoi ? Je pense que tout le monde est un peu stressé en ce moment, entre nos études, la situation du monde shinobi, la guerre en cours, on devrait se poser un peu. Que dirais tu qu’on organise pour le groupe un voyage aux vacances de février ? On a tous une semaine en commun, on pourrait aller dans un parc d’attractions ?
- J’ai toujours voulu aller à Disney Land.
- Va pour Disney alors, je vais regarder les billets et hôtels ce soir, je t’envoie les infos et on prépare ça ?
L’artiste aux cheveux longs acquiesça. Konan avait vraiment un don pour apaiser les autres.

Chapitre 45 : Toxique

Sasori cligna des yeux. Il voyait trouble. Il venait juste de s’injecter une nouvelle dose d’un de ses poisons. Mais cette fois ci, il n’y avait pas eu aucune réaction. Il se retourna dans l’atelier et s’approcha du miroir accroché au mur pour fixer son reflet, son visage avait pâli, et s’il avait la peau très blanche de base, il paraissait maintenant blafard. Le marionnettiste n’avait pourtant pas l’impression d’avoir surdosé. Mais la toxine était peut être plus agressive. Il activa le pouvoir de sa bague et se téléporta dans le monde réel. Il arriva aussitôt dans sa chambre et se retint au bureau, pris de vertiges. Il savait bien qu’il devait laisser le temps à son corps de s’habituer à la substance afin qu’il s’en protège efficacement, mais il n’était pas quelqu’un de patient. Il regarda la porte fermée de sa chambre, il voulait aller dans la cuisine pour manger quelque chose, espérant que cela lui ferait du bien, mais en était-il seulement capable ? Lentement, il avança jusqu’à sortir de la pièce et traversa le salon.
- Sori ? Qu’est ce qu’il t’arrive ?
L’artiste aux cheveux écarlates sursauta, tournant la tête. Il n’avait pas senti la présence de son colocataire, qui était en train de travailler à son bureau. Quand le blond vit le visage bien trop pâle de son ami, et son regard vague, il se leva aussitôt pour s’approcher.
- T’es malade ? Bordel, tu fais peur à voir encore, on dirait que t’es en pleine transformation en zombie là.
Sasori trébucha.
- Tu tiens même pas debout, mais c’est quoi ça ?
Le marionnettiste ouvrit la bouche pour répondre alors que le blond était devant lui, mais ses yeux se révulsèrent et il tomba en avant. Deidara avait bien remarqué son état, aussi, dès qu’il le vit basculer, il tendit les bras pour le retenir. Il s’agenouilla pour accompagner sa chute, empêchant sa tête de cogner le sol.
- Putain Sasori ? Meurs pas je t’en supplie !
Le concerné tourna lentement ses yeux sur son acolyte, avant de murmurer.
- J’vais pas mourir, t’inquiètes, j’ai vu pire…
Deidara ne put s’empêcher d’être contrarié par sa réponse.
- Tu dis toujours ça, tu te rends compte que ça n’a aucun sens ? C’est pas parce que tu frôles le décès plusieurs fois que ça t’immunise contre la mort !
Son ami ferma les yeux.
- Si tu le dis…
Le blond le secoua doucement.
- Hey, non, reste avec moi ! Il t’arrive quoi, dis moi !
Sasori rouvrit les yeux, il se sentait progressivement partir.
- Je t’expliquerai, mais appelle surtout pas de médecin… Si ça s’empire, contacte Konan, elle a des connaissances en médecine.
Deidara fronça les sourcils.
- Me dis pas que t’as encore fait des conneries de l’autre côté et que c’est la cause de ton état.
Le jeune homme aux cheveux rouges ouvrit la bouche pour répondre, mais encore une fois, il fut pris de vertiges, ce qui était tout autant désagréable quand il était au sol que cela l’était debout. Il murmura finalement, avec difficulté.
- Putain…
Et sur ce dernier souffle, il s’abandonna à ce qu’il ressentait pour soulager son esprit, sombrant dans l’inconscience. Deidara un instant son visage blême, sans savoir comment réagir. Finalement, il passa son bras inutilisé sous les genoux de Sasori, et il se redressa, le portant dans ses bras. Il ne put s’empêcher de soupirer de satisfaction en constatant qu’il était bien plus lourd qu’il y a quelques mois, et donc qu’il s’était bien remis de ses blessures. Puis il afficha un air contrarié tout en allant dans la chambre de son ami, qu’est ce que celui ci avait encore fait pour se retrouver ainsi ?

**********

 

Le jeune homme sortit de la chambre un moment, le temps d’aller se faire un café. Il sentait qu’il n’allait pas beaucoup dormir à cause de son partenaire. Il revint quelques temps après, une tasse dans les mains, et s’assit sur la chaise qu’il avait placée près du lit de son ami. Il posa les yeux sur Sasori, qui s’agitait légèrement. Son visage était toujours aussi pâle, et il alternait entre de violents frissons comme s’il était glacé, et des gémissements de gêne face à une chaleur insoutenable, le visage brillant de sueur. Ne sachant trouver de réel entre deux, Deidara l’avait tout de même couvert de sa couette, inquiet depuis qu’il avait vu ses lèvres virer au bleu. Le jeune homme recommença à transpirer, et Deidara posa son café le temps de placer un tissu humide sur son front pour le rafraîchir. Il soupira, avant de râler.
- Je sais pas ce que t’as branlé encore mais je sens que ça va m’énerver.
Le silence lui répondit, et il souffla encore.
- Je déteste quand tu fais des trucs comme ça, je sais jamais comment t’aider, mais toi on dirait que tu fais tout pour te mettre des bâtons dans les roues. Regarde toi, on dirait que t’as pris tes propres poisons, sans la dimension mortelle vu que tes victimes meurent en quelques minutes en général. Sauf ton autre truc là, celui qui tue en trois jours, t’es vicieux franchement, tu pourrais leur épargner des souffrances à tes cibles. Mais non, monsieur veut extérioriser sa colère et il fait du mal aux autres, tu sais, je le dis parce que tu dors, mais tu casses les couilles hein.
Il sursauta en entendant Sasori émettre un son, mais il était toujours assoupi, il semblait juste avoir chaud, encore.
- Nan mais sérieusement, reprit le blond, qu’est ce que je dois faire pour te sortir de là ? J’ai pas d’idées, ça me déprime complètement. Et comme tu parles jamais, j’ai beaucoup de mal à comprendre comment arranger les choses.
Sa voix baissa en intensité.
- J’ai tellement peur que tu te fasses du mal, que tu ailles au delà de tes limites et que ça finisse par te tuer… Je ne serais pas capable de vivre sans toi Sori. Depuis que j’suis enfant  c’est toi qui me sers de pilier, c’est toi qui m’aides, toi qui m’accompagnes à chaque problème. Sans toi, je serais à la rue, perdu et refermé sur moi même, et probablement occupé à me détester. Je sais que tu souffres, et ça me tue de rien pouvoir faire. Je t’en prie, trouve la force de me parler, qu’on puisse avancer.
Il se tut et repris une gorgée de café, avant de laisser ses doigts plonger dans les cheveux rouges de son colocataire. Ils étaient si doux, il aurait aimé pouvoir faire cela même quand le marionnettiste était réveillé. Ce dernier recommença à claquer des dents, et Deidara posa sa tasse pour retirer le tissu humide de son front avant de remonter la couette. Il frictionna son corps pour essayer de le réchauffer. Quand Sasori cessa de trembler, le blond soupira.
- Tu me facilites pas la vie putain…

Chapitre 46 : Une gestion émotionnelle remarquable

Sasori ouvrit les yeux avec difficulté. Il lui semblait qu’une enclume lui était tombée sur le crâne, il avait la nausée. Le jeune homme grimaça par réflexe.
- Comment tu te sens ?
Il sursauta et tourna aussitôt la tête vers l’origine de la voix, une voix qu’il avait reconnue. Deidara était toujours assis sur la chaise, il avait l’air fatigué, mais surtout inquiet.
- Ça va, qu’est ce que tu fous là ?
Sa voix était bizarre, caverneuse, comme s’il sortait d’une longue convalescence de plusieurs jours, alors qu’il ne s’était écoulée qu’une dizaine d’heures. Il était encore livide. Deidara soupira, exaspéré.
- C’est tout ce que t’as à poser comme questions ? Tu ne te demandes pas ce qui s’est passé depuis que t’es tombé ? Tu te souviens que tu t’es écroulé quand même ?
Sasori ferma un instant les yeux.
- Ah oui, c’est vrai. Donc tu as veillé sur moi toute la nuit ? Fallait pas.
- Fallait pas ?! s’écria le blond, furieux. Tu te moques de moi là ? T’as vu l’état dans lequel tu étais ? Putain toutes les quarante minutes tu devenais bleu et frigorifié, et après tu chauffais comme si t’étais dans un four, j’ai cru que tu allais claquer dans la nuit moi ! Je savais pas quoi faire, j’ai aucune connaissance médicale, j’avais peur d’être impuissant à te regarder comme ça, je savais même pas ce qui t’arrivait, et toi tu penses pouvoir dire que j’aurais du te laisser comme ça ?!
Sasori soupira, détournant les yeux.
- Je ne voulais pas t’inquiéter, je suis juste un peu malade, j’allais pas mourir, tu t’inquiètes trop vite.
- T’es pas souvent malade, et ça ressemblait pas à quelque chose de normal. Dis moi la vérité, tu sais pourquoi t’étais dans cet état ?
Le marionnettiste garda ses yeux rivés au loin.
- Oui.
Il avait soufflé sa réponse doucement.
- Ok, pourquoi t’étais dans cet état donc ?
Sasori resta silencieux, ce qui agaça davantage son ami, qui se leva soudainement pour crier.
- Je t’ai posé une question ! Je viens de passer une nuit entière éveillé à angoisser pour toi, je pense avoir mérité une réponse !
L’étudiant aux cheveux rouges tressaillit. Il comprenait la rage de son partenaire.
- Je fais des expériences de l’autre côté.
Il fit une pause.
- Depuis quelques temps, j’essaie de m’immuniser contre les poisons, ceux de ce monde comme de l’autre… Et ça fonctionne bien, mais celui que j’ai testé hier a été particulièrement compliqué à gérer pour mes anticorps…
Le blond resta silencieux, il se laissa retomber sur la chaise, avant de prendre la parole, étonnamment calme.
- Donc là, t’es en train de m’expliquer que tu t’amuses à injecter dans ton corps des poisons, parfois extrêmement puissants et douloureux, en particulier les tiens, juste parce que tu veux te forcer à ne plus en ressentir les effets ? C’est bien ça ?
Son interlocuteur hocha la tête, observant son expression. Deidara avait toujours une expression calme, ce qui le surprenait car il avait tendance à s’énerver très vite, il était impulsif et incapable de se poser pour réfléchir avant de réagir. Pourtant, dans son esprit, le blond était en train de perdre le contrôle. Il était effaré, pour ne pas dire horrifié, de ce qu’il venait d’apprendre. Il ne pensait pas que Sasori aurait pu encore repousser les limites dans l’autodestruction, et pourtant, il en arrivait à ce point là. Quand il prit la parole, après ce long silence, ce fut toujours avec cette voix lente, apaisée, tranquille.
- Sasori, je vais finir par te tuer.
Le concerné cligna des yeux, assez surpris. Il ouvrit la bouche pour répondre mais Deidara vint lui fermer en posant sa main dessus.
- Non, tu la fermes. Je ne veux pas entendre tes excuses, je ne veux pas savoir pour quelles incroyables et intelligentes raisons tu as pris cette décision. Tu es en train de faire quelque chose de dangereux, quelque chose qui pourrait avoir ta peau. Mais non, ça ne t’inquiète pas, tu te dis que t’es juste un scientifique, que c’est expérimental. Après tout, quelle valeur a ta vie hein ? Un jour je vais vraiment t’aider et directement te buter moi même, ce sera moins fatiguant que de supporter tes conneries qui me flinguent psychologiquement à force de m’inquiéter et d’angoisser pour toi.
Il plongea dans les iris ambrés de son ami et se sentit happé par ce regard si intense. Il jura.
- Putain mais est ce que tu te rends compte qu’en te faisant du mal comme ça, tu m’en fais aussi ? J’ai sans cesse peur de te perdre, de te voir sombrer trop loin. A force de dépasser tes limites tu vas finir par faire quelque chose qui te dépassera, et ce jour là tu en mourras. Qu’est ce que je dois faire pour t’aider ? Non franchement, dis moi. Parce que là, à part t’attacher à ton lit ou te tenir en laisse pour te garder sous surveillance, j’ai pas d’idées.
Sasori détourna les yeux. Il aurait préféré que son ami s’énerve, qu’il crie, qu’il fasse comme d’habitude. La façon calme mais glaciale avec laquelle il exprimait sa colère le frappait trop violemment. Il n’avait rien à répondre, alors il fuyait du regard.
- Je n’ai pas l’intention de te blesser quand je fais des trucs comme ça, souffla-t-il doucement, presque inaudible.
Deidara le fixa. Il eut du mal à maintenir sa colère avec une telle vision sous les yeux. Le jeune homme aux cheveux rouges semblait tellement fragile à cet instant, avec ses iris ambrés portés ailleurs, brillants, et son visage d’ange qui affichait une mine si triste. Il était tellement magnifique en temps normal, mais quand il laissait enfin ses expressions s’afficher sans les réprimer, il était encore plus époustouflant. Le blond soupira.
- Tu me facilites vraiment pas la vie Sori… Allez, repose toi, je te laisse tranquille…
Il se leva et quitta la chambre, il avait besoin de dormir lui aussi.

 

**********

 

Sasori cherchait dans ses étagères un outil, sans parvenir à le trouver. Il était pourtant méthodique, et toutes ses affaires étaient rangées avec minutie, et presque de façon obsessive tant il était psychorigide, il était donc particulièrement rare qu’il perde quelque chose, voire même, cela n’était jamais arrivé. Les dernières semaines avaient été éprouvantes, depuis sa dernière altercation avec Deidara, il n’était pas retourner de l’autre côté pour poursuivre ses expériences, mais il savait qu’il ne pourrait pas s’en empêcher définitivement. Pour gérer sa frustration de ne pas pouvoir faire ce qu’il voulait, il s’était plongé dans son travail du monde réel, avec les projets qu’il réalisait pour ses cours. Comme à son habitude, une fois parti dans ses travaux, il ne s’était pas arrêté, et en avait oublié de dormir pendant plusieurs jours. Le blond, occupé par ses propres obligations, n’avait pas pu le surveiller comme il l’aurait souhaité. Et les deux étudiants ne s’étaient que peu parlés, Sasori par culpabilité et embarras suite à ce qu’il s’était passé, et aux reproches que son ami lui avait faits avec justesse, et Deidara parce qu’il souffrait énormément de l’attitude du marionnettiste, et qu’il avait eu besoin de prendre le temps de réfléchir et digérer tout cela. Le jeune homme aux cheveux écarlates jura, ne trouvant toujours pas son outil. Il posa la boîte et alla regarder près du bureau de son acolyte, situé dans le salon. Deidara, beaucoup moins organisé, avait la fâcheuse habitude de lui emprunter du matériel et de ne pas le remettre à sa place. L’artiste se passa une main dans les cheveux, il y avait aussi cette migraine qui le tenait depuis des heures, et qui le ralentissait. Ne voyant rien sur le meuble, il alla directement fouiller dans la chambre de son partenaire. Il fut pris de vertige, ayant avancé trop vite, mais il ignora une énième fois les signaux que son corps lui envoyait. Il avait déjà vidé la boîte d’antidouleurs, et rien ne faisait effet pour apaiser son mal de crâne. Il regarda dans quelques tiroirs, sans pouvoir mettre la main sur son outil, et quand un nouveau vertige le prit, il perdit l’équilibre et tomba près du lit. Sasori grimaça, il s’appuya sur le matelas pour se redresser et s’assoir dessus, et il se prit la tête dans les mains. Machinalement, sans le décider, il s’allongea, espérant faire passer cette sensation qui lui brouillait les sens. La tête plongée dans l’oreiller, l’odeur du tissu emplit ses narines. Un parfum d’argile et de menthe fraîche. Une odeur qu’il connaissait par coeur, c’était celle de Deidara. Cela l’apaisa aussitôt, et il ferma les yeux, il était tellement fatigué, et tout tournait si fort dans son esprit, il n’arrivait plus à se concentrer. Il s’endormit alors sans même s’en rendre compte.

Chapitre 47 : Des recherches sans résultat

Deidara rentra de son cours en soupirant. C’était exaspérant d’avoir autant l’impression de perdre son temps alors qu’il était pourtant passionné par son domaine d’études. Depuis plusieurs jours, son partenaire travaillait sur ses productions, sans quitter son bureau, au point que le blond ait déposé régulièrement sur le meuble des assiettes pour qu’il pense tout de même à s’alimenter, aussi fut-il surpris en constatant que le salon était vide. Inquiet, comme toujours, il alla dans la chambre de Sasori pour voir s’il y était, mais encore une fois, personne. Pris d’un mauvais pressentiment, il laissa ses yeux se balader dans la pièce, cherchant le téléphone de son ami. Il fit demi tour vers le salon et vit l’objet sur le bureau. Son coeur rata un battement et il n’attendit pas une seconde de plus pour activer le pouvoir de sa bague et se téléporter dans l’autre monde. Deidara courut dans les couloirs du repère de l’Akatsuki, craignant le pire. Il fit claquer la porte de l’atelier de Sasori, et trouva la pièce sombre vide elle aussi. Le matériel était rangé, il n’y avait aucun signe d’une présence récente. Mais où était-il alors ? Le monde ninja était bien trop vaste, le marionnettiste était-il parti semer chaos et désolation quelque part ? Il n’avait aucune chance de le trouver. L’artiste aux cheveux longs sortit dehors, il commençait à paniquer à l’idée que Sasori ait finalement pété un câble, il était vrai qu’il ne l’avait pas vu fumer depuis leur dernière conversation, il était tout à fait possible que le marionnettiste ait accumulé trop de pulsions et qu’elles soient sorties d’un coup, auquel cas le monde shinobi avait du souci à se faire. Mais Deidara lui ne s’inquiétait que pour son acolyte. Après sa dernière captivité et la façon dont cela s’était terminé, il ne faisait nul doute que si l’alliance ninja parvenait encore à mettre la main sur Sasori, ce dernier serait exécuté, car bien trop dangereux. Le blond fit apparaître son oiseau d’argile, et il monta dessus avant de s’envoler. Peut être pourrait-il repérer son ami en planant au dessus d’une plus grande surface. Il survola les environs pendant plusieurs heures, sans trouver le moindre indice. Il finit par redescendre. Il n’avait pas d’autres idées, il avait toujours peur pour son ami, mais était impuissant. Il activa le pouvoir de sa bague pour retourner dans l’appartement, dans le monde réel. Sasori n’était toujours pas dans le salon, et après un coup d’oeil dans sa chambre, il n’y était pas non plus. Deidara soupira, et il ouvrit la porte de la sienne, décidé à se reposer en attendant d’avoir des nouvelles de son partenaire. Il se figea alors, sans comprendre ce qu’il voyait. Le marionnettiste était là, allongé sur son lit, le visage enfoui dans son oreiller, et les cheveux encore plus désordonnés qu’ils ne l’étaient habituellement. Deidara l’avait cherché partout dans l’autre monde, alors que depuis le début, il était là, dans sa chambre à lui, à dormir très sereinement ? Le blond n’en revenait pas, mais il était soulagé. Il avança doucement dans la pièce et il s’assit sur le bord du lit pour le regarder. Sasori avait l’air tellement apaisé quand il dormait, il avait une expression si douce. Il était incroyablement beau, et Deidara ne put s’empêcher de l’admirer pendant de longues minutes, puis, sans pouvoir résister, il leva sa main pour aller replacer une mèche rouge qui tombait sur la joue du jeune homme, caressant celle ci avant de remettre les cheveux rebelles derrière son oreille. Le marionnettiste avait le sommeil très léger, alors il ouvrit les yeux en sentant le contact, et il croisa le regard azur de Deidara, qui recula sa main.
- Je ne voulais pas te réveiller, désolé.
Sasori fronça les sourcils, et il se redressa pour s’assoir avant de regarder autour de lui.
- Je ne me suis pas rendu compte que je m’étais endormi.
- Tu sais que je t’ai cherché pendant des heures ? Tout ça pour finalement abandonner et découvrir que depuis tout ce temps, tu dormais dans mon lit.
Sasori détourna les yeux. C’était en effet particulier, il se souvenait de l’apaisement qu’il avait ressenti quand l’odeur de son ami avait empli ses narines. Il parla doucement.
- Désolé. Je cherchais un de mes outils, tu m’en voles tout le temps tu les ranges jamais, mais j’avais mal à la tête, j’étais fatigué, je sais pas ce qu’il s’est passé mais je me suis endormi.
Le blond sourit, il était tellement soulagé qu’il ne lui tint pas rigueur du reproche.
- Tu n’as pas besoin de l’être, c’est pas grave, ça ne me dérange pas que tu dormes ici. Est ce que ta migraine est passée ?
- Je crois…
- Je vais aller faire à manger, ça te fera du bien. Et pour ton outil, je sais duquel tu parles, je vais te le rendre. Et pour ton information, sache que tu as un très bon matériel et que c’est pas perdu, mais j’ai la flemme de ranger, ça arrive.
Deidara se leva et il ouvrit son placard, il fouilla entre des piles de vêtements et sortit l’outil qu’il avait emprunté à son acolyte. Ce dernier l’avait regardé faire, perplexe.
- Avec les vêtements, bah oui évidemment, c’est logique, dit-il sarcastiquement.
- Oh ça va, garde tes remarques, au moins je l’ai pas perdu ton bordel.
- Encore heureux.
Deidara lui tendit et Sasori se leva pour le prendre, le blond lui tira la langue pour réagir à sa dernière réponse.
- T’es vraiment un gosse.
- Tu m’aimes ainsi.
- Ben voyons.
Le marionnettiste sortit de la chambre et il se passa une main dans les cheveux pour les ébouriffer davantage, comme si c’était possible.
- Sori ?
Il se retourna pour voir son ami, qui sortait de la chambre à sa suite.
- Oui ?
- Tu as envie de manger quelque chose en particulier ? Pour que je sache quoi cuisiner ?
Il attendit un instant avant de répondre.
- Non, fais ce que tu veux, je vais aller prendre une douche.
Le marionnettiste partit dans sa chambre, et Deidara alla dans la cuisine pour préparer le repas. Le blond était rassuré, alors sa bonne humeur revenait tandis qu’il mettait le couvert sur la table. Quand le plat fut prêt, il servit deux assiettes, et dans un timing excellent, Sasori sortit de sa chambre pour le rejoindre. Il passa devant le blond, et ce dernier sentit à pleins poumons l’odeur mêlée de vanille et de bois du jeune homme avec celle du shampoing et gel douche qu’il utilisait. Il ne put cependant pas savourer longtemps ce parfum délicat car l’autre s’était déjà assis, alors il s’installa en face, et il garda le silence pendant qu’ils mangeaient. Deidara ne fit aucun  commentaire, mais il était content de passer ce moment avec lui. Le marionnettiste semblait encore fatigué, mais il avait déjà meilleure mine que les jours précédents, et au moins, son partenaire était sûr qu’il n’avait pas encore recommencé à faire quelque chose de dangereux.

Chapitre 48 : Boom

Sasori rentra dans l’appartement, il était satisfait de sa journée de cours et avait pu rendre un projet comme il l’avait souhaité, il était particulièrement fier de son travail. Il entendit de la musique à travers les murs de la chambre de son colocataire, pourquoi le son était-il si fort ? Il traversa le salon, posa son sac et alla ouvrir la porte, laissant les paroles de la chanson sortir de la pièce dans laquelle elles étaient enfermées.

« Boom boom boom boom
I want you in my room »

Sasori se figea. Deidara était en face d’un trépied, qui maintenait son téléphone. L’écran montrait l’interface de TikTok, en train de filmer, et le blond était manifestement en train de danser au moment où il était entrer.
- Putain, mais je vais devoir recommencer à cause de toi, râla alors le blond en coupant l’enregistrement de sa vidéo.
- Mais qu’est ce que tu branles encore ?
- Bah quoi, ça se voit pas ? Je fais un TikTok.
Derrière eux, la musique continuait à tourner.

« Boom boom boom boom
I wanna double boom
Let’s spend the night together
Together in my room »

Sasori soupira, et son ami vint lui prendre le bras.
- Viens en faire un avec moi Sori, les chorégraphies sont super simples, t’inquiètes pas !
Le marionnettiste le regarda, perplexe.
- Ne me dis pas que tu arrives ne serait ce qu’à imaginer que je vais faire ça.
Deidara réfléchit un instant.
- Non, c’est vrai, mais je vais quand même essayer de te convaincre. Tu sais, tu ferais fureur sur TikTok, en cosplay maid c’est très tendance en ce moment, avec des oreilles de catboy. Je suis sûr que tu ferais un malheur, et à nous l’argent.
- T’essaies de me dire que tu vendrais ma dignité pour de la thune ? T’as envie de mourir ?
Deidara ricana. En réalité, le gain ne l’intéressait pas, surtout avec la situation aisée de son ami, mais il rêvait de le voir vêtu d’une robe de soubrette.
- Oh, tout de suite ta dignité, alors que tu serais adorable…
L’artiste aux cheveux écarlates souffla, dépité, avant de partir de la pièce. Il entendit son partenaire remettre la musique au début pour reprendre ce qu’il faisait, et il roula des yeux avant de ranger ses affaires. Puis il se rendit dans sa chambre et se laissa tomber sur son lit avant de prendre son téléphone. Il alluma l’application TikTok et regarda dans ses abonnements, tombant sur la vidéo que son colocataire venait de tourner, et qu’il avait postée dans la foulée. Il soupira, et son regard fut attiré par la description de la vidéo, qui le surprit légèrement : « Message visé ».

 

**********

 

Sasori fit glisser la fermeture éclair de son manteau jusqu’en haut, et il regarda son écran. Deidara devait bientôt en avoir terminé avec son rendez vous. Le mois de février était bien entamé, et le marionnettiste avait reçu il y a peu les résultats de son examen du permis moto, qu’il avait obtenu très facilement dès le premier essai. L’examinateur avait été impressionné par sa performance, et l’auto école l’avait félicité en lui annonçant le résultat. L’artiste s’était donc rendu en début d’après midi, avant même que son colocataire ne parte pour ce qu’il avait à faire, et il était allé dans une boutique pour acheter une moto. Après avoir réglé toute la paperasse nécessaire, il était sorti avec son véhicule, puis l’avait chevauché avant de consulter son téléphone, pour constater le message que son partenaire lui avait laissé.

« Putain ça se trouve ça va faire trop mal… J’espère je pourrais manger sinon j’vais tuer des gens… Je devrais sortir d’ici 16h ! »

Le blond avait voulu se faire un piercing à la langue, trouvant cela très esthétique, mais il avait commencé à flipper la veille du grand jour. Sasori vit qu’il était quinze heures trente, il voyait le message un peu tard, le blond devait déjà être au salon avec le bijou en place, aussi décida-t-il d’aller à la rencontre de son acolyte, il avait acheté deux casques précisément pour qu’ils puissent se déplacer avec son nouvel achat plutôt que par les transports en commun. Deidara n’était pas au courant qu’il avait passé son permis, il ne s’attendait donc pas à le voir arriver, encore moins sur une moto. Sasori avait opté pour un modèle Yamaha MT-09 de 2017, un véhicule noir qu’il trouvait sobre et adapté. Le marionnettiste mit son casque, et il se pencha pour saisir le guidon, avant de partir en direction du salon que son ami avait choisi pour réaliser son envie. Quand il arriva dans la rue, il aperçut le blond qui sortait sur le trottoir, et s’arrêta juste en face de lui, avant de poser le pied au sol et de se redresser pour retirer son casque. La lumière du jour fit briller la boucle d’oreille en forme de scorpion, qui longeait son lobe. Deidara, qui s’apprêtait à demander à l’inconnu pourquoi il lui barrait la route, ouvrit la bouche en reconnaissant son acolyte et ne parvint pas à dire quoi que ce soit.
- Je te ramène ? demanda tranquillement Sasori.
L’artiste aux cheveux longs baissa la tête pour le regarder en entier, remontant ensuite le regard, comme pour s’assurer qu’il n’imaginait pas ce qu’il voyait. Sasori portait un lourd pantalon sombre ample, qui empêchait de voir la musculature de ses jambes, et des bottes sombres, en revanche, le manteau qu’il portait retraçait finement sa silhouette, sa taille, son torse comme ses bras. Le fait de le voir ainsi, sur la moto, augmentait son charisme de façon exponentielle, et la première pensée de Deidara, incontrôlée, fut de vouloir être la moto, qu’il enviait d’être ainsi chevauchée par son partenaire.
- Tu comptes me répondre à un moment ? Ou bien le piercing t’a rendu muet, auquel cas je me demande pourquoi ne l’as tu pas fait avant, ça m’aurait fait des vacances.
Le blond fronça les sourcils à la pique, et il retrouva l’usage de la parole.
- Mais ta gueule ! J’ai mal à la langue mais ça va certainement pas m’empêcher de parler ! Mais je comprends pas ce que je vois, d’où tu sors ça ?
- Je l’ai achetée tout à l’heure.
- Mais depuis quand tu as le permis ?
- Quelques jours.
- Mais tu t’es inscris quand pour le passer ?
- Il y a un peu plus d’un mois.
Deidara faillit lui reprocher de ne pas l’avoir prévenu, mais il savait ce que Sasori allait lui répondre : cela ne le regardait pas, il ne lui devait rien, et encore moins lui raconter tout ce qu’il faisait. Il gonfla ses joues, vexé, et son partenaire lui tendit un deuxième casque.
- Bon, alors, tu montes où tu vas prendre le tram ?
Le blond saisit le casque pour le mettre sur sa tête.
- Franchement j’ai envie de te frapper Sori.
- Bah tu essaieras plus tard, grimpe derrière moi maintenant.
Visiblement, le marionnettiste ne prenait pas la menace au sérieux, c’était d’autant plus vexant. Il enjamba le véhicule, s’installant derrière son acolyte, et quand il passa ses bras autour de lui, se retrouvant contre son dos, le parfum naturel de vanille et de bois frais de son ami s’infiltra dans son nez, et toute sa colère disparut, il se sentit simplement apaisé. Sasori démarra et par réflexe, son acolyte resserra sa prise autour de sa taille pour ne pas tomber, pris au dépourvu par la vitesse. Amateur de sensations fortes, et ayant l’habitude de voler avec son oiseau d’argile de l’autre côté, il apprécia cependant le voyage, et la proximité qu’il avait avec le conducteur n’y était pas pour rien.

Chapitre 49 : La surprise

Deidara était de bonne humeur, les vacances de février étaient enfin arrivées, et il avait réussi à convaincre Sasori de faire sa valise sans savoir où ils allaient alors que le marionnettiste voulait toujours tout contrôler. Ce n’était pas sans mal que le blond avait obtenu cette victoire,  il avait du négocier depuis la fin des cours, deux jours auparavant. Il posa ses bagages dans le salon et entra dans la chambre de Sasori, qui rangeait ses vêtements avec minutie. Il s’appuya nonchalamment au chambranle de la porte, le regardant faire.
- Pourquoi tu me fixes ? demanda le marionnettiste sans même tourner la tête vers lui.
- Je suis fasciné par ton habitude psychorigide par laquelle tout doit être parfaitement droit et bien agencé.
- Je suppose que toi tu as juste jeté tes affaires en vrac dans un sac ?
- Tu supposes bien. T’as bientôt fini ?
Sasori soupira.
- Pourquoi tu demandes ça, on est pressés ?
Deidara sourit avec insolence.
- N’essaie pas de glaner des infos avec moi, je connais trop bien tes méthodes. Tu ne sauras rien, n’insiste pas. Et en plus, j’adore te voir dans le doute, toi qui es un véritable maniaque du contrôle, là tu ne peux rien maîtriser et c’est satisfaisant. Enfin, il y a une petite nuance, puisque visiblement tu fais passer ton besoin irrépressible de tout diriger sur tes bagages, donc une fois que t’auras prouver à tes caleçons et tes t-shirts que c’est toi qui décides, on pourra peut être y aller ?
Le visage de Sasori avait pris au fur et à mesure du discours de son acolyte une expression vexée, et ses joues s’étaient légèrement colorées, signe qu’il était piqué par la provocation du blond, un peu trop vraie.
- Un jour tu vas finir empaillé, faudra pas te demander pourquoi.
- J’en prends note.
Il ressortit comme il était venu, un grand sourire aux lèvres. La journée commençait trop tôt, mais elle commençait bien.

 

**********

 

Le wagon était bruyant, mais personne n’en était surpris. Hidan ne cessait de crier, pendant que Kakuzu lui demandait de se taire toutes les cinq minutes. Obito, Zetsu et Kisame faisaient des paris sur la patience de l’étudiant en commerce, et sur le moment où il frapperait finalement le jeune homme aux cheveux argentés. Itachi et Pain discutaient à voix basse et Konan écoutait de la musique, préférant le calme du voyage. Sasori, qui admirait le paysage par la vitre depuis le départ de la gare, tourna la tête pour regarder Deidara, qui, en face de lui, dessinait dans un carnet de croquis. Pendant un long moment, il l’observa faire. Deidara avait l’habitude de froncer légèrement le nez quand il était concentré ou frustré, particulièrement dans les moments où il ne parvenait pas à réaliser ce qu’il souhaitait, et le marionnettiste eut l’ombre d’un sourire quand il le vit effectuer inconsciemment ce geste à cause d’un trait particulièrement  difficile sur sa feuille. Il fallut presque quarante minutes pour que le blond ne remarque qu’il était épié, il leva alors la tête, croisant le regard si intense de son colocataire.
- T’as que ça à faire de me fixer avec tes yeux de démon là ?
Sasori leva son bras accoudé sur la rambarde de son fauteuil pour laisser son visage s’appuyer contre sa paume. Il répondit lentement.
- Et bien étant donné que je ne sais pas où on va, ni ce qui est prévu en terme d’organisation, oui, j’ai que ça à faire. Et puis ça me distrait de te voir te fâcher contre ton papier.
Piqué, son partenaire rétorqua d’une voix un peu agressive.
- Où est ce que tu vois que je m’énerve ? J’ai pas dit un seul mot.
L’étudiant aux cheveux rouges ouvrit la bouche, mais son interlocuteur le coupa.
- Non en fait ne réponds pas. Je déteste quand tu lis mon langage corporel, j’ai l’impression que tu sais tout, c’est effrayant.
- Effrayant, ou vexant parce que tu te fais call out ?
- Mais ferme la espèce de scientifique analyste des enfers là.
- Donc c’est la deuxième option.
Deidara fronça les sourcils, prêt à répondre, quand Hidan se laissa soudainement tomber sur le fauteuil à côté de Sasori.
- Vous trouvez pas que c’est super insolent ce qu’on fait ?
- De quoi tu parles encore ? s’agaça le blond, agacé que quelqu’un les interrompe.
Kakuzu soupira au loin, visiblement satisfait d’avoir enfin un peu de répit, et Kisame, Obito et Zetsu s’étaient tournés vers eux, prêts pour la suite du spectacle.
- Et bien, reprit l’intrus avec un sourire. On a déclenché une guerre de l’autre côté, on a monté les grandes nations les unes contre les autres, leur monde est en plein chaos, et nous on part tranquillement en voyage pour profiter de nos vacances, c’est quand même vachement insolent non ?
Deidara resta un instant silencieux, réfléchissant à ses paroles, et Sasori avait fermé les yeux, préférant ignorer Hidan.
- Oui, admit le premier, vu comme ça c’est vrai que tu n’as pas tort. Mais on a besoin de destresser avec nos études, et après les examens de tout le monde aussi.
L’autre rigola, trouvant la réponse tout aussi impertinente que la situation, mais il ne répondit rien, se tournant vers Sasori. Il avait bien noté que le marionnettiste s’était effacé depuis son intervention et il n’aimait pas être ignoré.
- Alors Saso ? susurra-t-il, tu ne te demandes pas où on va ?
Le silence lui répondit, mais il n’abandonna pas.
- J’imagine que ça doit être frustrant. Peut être que si tu me supplies, je pourrais te donner des indices ? Qu’est ce que tu en dis ?
- Tu ne sais pas non plus, lâcha Deidara.
- Ouais mais j’ai des indices, enfin je crois. J’ai des théories dirons nous. D’ailleurs à part Konan et toi, personne ne sait ?
- On le sait tous, sauf toi et Saso, intervint alors Zetsu.
Hidan se tourna vers Deidara.
- Comment ça se fait ?
- On voulait faire la surprise à Sasori, expliqua le blond, mais si on te l’avait dit, tu aurais tout balancé.
- Quoi ?! se révolta le concerné. Mais comment vous pouvez ne pas me faire confiance sérieux ?
Cette fois, ce fut Kisame qui s’en mêla.
- Bah tu viens d’essayer de faire du chantage à Saso en échange de l’info quoi, donc on a bien fait.
L’immortel se mit à ruminer dans son coin.
- Tu parles, pour ce que ça sert, il m’a même pas regardé. Mais je vais le faire parler, vous allez voir.
Il se redressa sur son siège et approcha son visage de sa victime, avant de lever la main avec l’intention de toucher sa joue du bout des doigts. Il eut à peine frôler la peau pâle du marionnettiste que celui ci, d’un geste rapide et maîtrise, lui décolla un coup de poing qui le fit basculer dans l’allée du wagon avec un râle de douleur. Deidara éclata de rire, tandis qu’Obito, la mine sérieuse, se tournait vers Kisame.
- Je crois que personne n’avait parié sur le fait que ce serait Sasori qui le frapperait. Qui a gagné du coup ?
- Et bien, on dirait que c’est match nul, tout le monde récupère sa mise. Putain je suis déçu de ne pas y avoir pensé, Saso a tellement moins de patience, c’était prévisible.
Hidan, vexé, partit s’assoir et fut beaucoup plus calme pour le reste du trajet. Quand le train s’arrêta, le groupe se dirigea vers l’hôtel que Konan avait réservé, et ils durent se diviser par groupes pour les chambres. Le jeune homme aux cheveux argentés fut le premier à prendre la parole.
- Si je pouvais ne pas être dans la chambre de Sasori, ça m’arrangerait, je sais que je suis immortel avec ma bague mais j’aimerais garder un squelette solide et sans fractures si possible.

Chapitre 50 : Zéro tact

Deidara restait silencieux tout en rangeant les affaires de sa valise dans la commode. Ils avaient loué trois chambres aux total, chacune pouvant accueillir jusqu’à quatre personnes puisqu’elles étaient constituées de deux lits doubles. Pour éviter les problèmes, Hidan avait été mis avec Konan et Pain, quant à Zetsu, Obito et Kisame, qui s’entendaient bien, ils partageaient une pièce. Itachi, préférant le calme, avait suivi le couple, mais se retrouvait maintenant en compagnie du turbulent et immature immortel aux cheveux argentés. Il ne restait donc que Kakuzu, qui, par défaut, se retrouvait avec Sasori et lui. Si le marionnettiste n’avait pas l’air de s’en préoccuper, après tout, l’étudiant commercial était calme, donc cela lui convenait, lui en revanche avait du mal. Il se retrouvait avec deux personnes froides et fermées à toute sociabilité, et cela le mettait mal à l’aise.
- Dites, commença Kakuzu en les fixant, on fait comment pour la répartition des lits ? Vous dormez ensemble dans l’un d’eux et je prends l’autre ? J’aime pas dormir avec quelqu’un, et de toute façon vous êtes proches tous les deux, non ?
Deidara essaya de ne pas réagir, et surtout de contrôler sa gêne. Leur ami pouvait être si direct que ça en paraissait presque agressif. Il se tourna vers Sasori, qui était en train de changer de t-shirt, et repivota aussitôt pour regarder Kakuzu plutôt que son colocataire.
- Euh… moi ça ne me dérange pas, si ça lui convient aussi ?
- Je m’en fous, commenta le marionnettiste dans son dos.
- Super, reprit le blond, toujours fébrile, alors c’est réglé. On devrait rejoindre les autres maintenant, il est temps pour toi de découvrir la surprise, Sori.
L’interpellé lui jeta un regard inexpressif.
- Arrête de jubiler où c’est la dernière fois que j’accepte de te suivre quand je ne sais pas où tu veux m’emmener.
- J’arrêterai pas, c’est trop bien de te voir te poser des questions et rester dans ta frustration. Et arrête de mentir, je suis sûr qu’au fond, tu adores les surprises.
Le marionnettiste souffla, dépité.

 

**********

 

Le groupe marchait dans les allées, observant autour d’eux. C’était la première fois qu’ils allaient dans un tel parc d’attractions. Marchant à l’arrière, les mains dans les poches, Sasori ne disait rien. Konan jeta un coup d’oeil par dessus son épaule, et elle ralentit pour être à côté du marionnettiste.
- Tu t’étais attendu à ce genre de surprise ?
- Non, répondit-il simplement en levant les yeux vers elle. Pas du tout. Quand avez vous organisé ça ?
- Il y a quelques semaines, Deidara est venu parce qu’il avait besoin de parler, et comme on est tous tendus, on a décidé d’organiser ça pour prendre un moment chill.
- Il avait besoin de parler ? Il ne va pas bien ?
C’était infime, mais l’inquiétude dans la voix grave du jeune homme n’échappa pas à Konan, qui sourit.
- Si, c’est pour toi qu’il s’inquiète, mais tu le sais déjà. Dis moi Sasori, est ce que tu te rends compte de l’importance que tu as à ses yeux ?
L’artiste resta silencieux un instant, réfléchissant à la question.
- Je crois ? Je ne sais pas trop, je ne me pose pas ce genre de questions.
- Tu mens… Tu te les poses, c’est juste que tu ne veux pas savoir la réponse, et encore moins la dire, parce que ça reviendrait à sortir de ton déni. Deidara est la personne la plus importante pour toi, tu crains que ce ne soit pas réciproque, tu refoules tout pour ne pas être blessé si jamais tu finis déçu. Mais tu ne le seras pas Sasori, il tient à toi, vraiment.
Un cri un peu plus loin les interpella. Hidan et Deidara commençaient à se disputer, et le marionnettiste profita de la diversion pour fuir la conversation en contournant le groupe. Le temps que Konan se tourne vers lui de nouveau, il avait disparu. Elle reporta donc son attention sur les deux éléments perturbateurs.
- Puisque je te dis que je le fais facilement Space Mountain ? s’écria le blond, un air consterné sur le visage.  J’ai l’habitude de voler sur un oiseau, alors c’est pas ça qui va me faire peur !
- Et moi je te dis qu’un piaf et un vaisseau spatial ambiance Star Wars, c’est pas la même chose ! Tu vas vomir ton quatre heures à la fin !
- Tu me prends vraiment pour un faible en fait ?!
- Oui ? Et alors, tu vas faire quoi ?
Ils semblaient sur le point de se jeter l’un sur l’autre pour en découdre, mais Kakuzu attrapa le col du t-shirt de son acolyte pour le retenir, et au même moment, Sasori saisit le poignet de son colocataire pour l’empêcher d’avancer. Si Hidan se débattit pour échapper à l’emprise, Deidara pour sa part se figea aussitôt, se retournant pour fixer le marionnettiste qui n’affichait toujours aucune expression. Itachi intervint alors.
- Donc on va faire Space Mountain du coup ?
- Je suis chaud, affirma Kisame, hâte de voir qui des eux a raison. Deidara, je mise sur ton estomac, alors tiens le coup.
- Évidemment, répondit le blond d’un air dédaigneux.
Quand ils ressortirent quelques temps plus tard, Deidara était en pleine forme, et pour fêter sa victoire sur l’étudiant en sociologie, il alla se chercher des sucreries à grignoter. Obito soupira pendant qu’ils attendaient près du stand.
- Je ne comprends pas comment il peut bouffer autant et que ça n’ait aucune conséquence sur son corps. C’est pas humain.
Kisame ricana légèrement.
- Selon mes sources, Sasori aussi se défend bien quand il est défoncé.
Tout le monde se tourna vers le marionnettiste, qui haussa les épaules. Le blond, qui revenait vers eux, sourit alors.
- Dîtes vous que quand c’est lui qui s’y met, même moi je n’arrive pas à le suivre. Il fume, il mange cinq fois ce que je me fais ensuite, c’est épatant.
- En attendant, ça marche, il tue personne, commenta Zetsu qui restait fier d’avoir trouvé une solution efficace pour contrer les pulsions de violence de leur ami.
Les autres hochèrent la tête, d’accord sur la conclusion. Sasori détourna les yeux, mal à l’aise d’être le centre de l’attention, et il leva la main pour piquer une friandise parmi tout ce que Deidara s’était acheté, avant de reprendre la route vers l’attraction suivante. Le blond ne lui fit aucune remarque, et Hidan lança alors, malicieux.
- Ah ouais, Deidara, tu dois vraiment l’aimer Saso. T’aurais tué n’importe qui te volant de la bouffe, mais lui, tu lui dis rien.
Si Sasori était déjà en train de s’éloigner, sans aucune réaction, Deidara lui, fit volte face, le visage devenant écarlate. Il ne pouvait rien dire, ni lui crier dessus pour avoir manqué de tact et de discrétion, car la moindre esclandre de ce genre serait un aveu public. Hidan le savait pertinemment, et il éclata de rire, fier d’avoir finalement sa revanche.

Chapitre 51 : La nuit à l’hôtel

Deidara se sécha les cheveux après avoir enroulé une serviette autour de sa taille. Il venait de prendre une douche, et cette dernière avait été plus que satisfaisante après une telle journée. Après avoir fait l’Indiana Jones, les membres de l’Akatsuki s’étaient baladés du côté de la plage des pirates, et avaient surtout profité du cadre jusqu’à la fermeture du parc le soir. Tout juste rentrés à l’hôtel, le blond s’était approprié la salle de bain le temps de s’occuper de sa chevelure, grande priorité de sa vie. Il s’habilla ensuite et sortit, laissant la place à Kakuzu, et rangea ses affaires avant de chercher Sasori du regard. Ce dernier était sur le balcon, torse nu, accoudé à la rambarde et le regard perdu dans le vague. Le blond enfila une veste, et il ouvrit la baie vitrée avant de sortir le rejoindre.
- Sori, on est au mois de février, couvre toi putain.
- Je n’ai pas froid.
- T’as toujours réponse à tout, tu m’énerves.
Son interlocuteur ne répondit pas. Il reprit alors.
- Est ce que la surprise te plaît ? Au moins un peu ?
- Je ne suis pas fan des voyages, ni des parcs d’attractions.
Deidara afficha une expression déçue qu’il ne vit pas, puisque son colocataire était dans son dos. Le marionnettiste enchaîna.
- En revanche, j’apprécie de passer ce genre de moments avec toi. Et en sortant, ça me permet de penser à autre chose. Alors merci, elle est sympa cette surprise.
Un sourire éblouissant illumina aussitôt le visage de l’artiste aux cheveux longs, et il se plaça près de lui, admirant aussi la vue. Ils restèrent un long moment ainsi, en silence. Ils n’avaient pas besoin de parler pour communiquer, et si le marionnettiste ne s’exprimait pas souvent, le blond avait appris à lire en lui, jusqu’à pouvoir interpréter ses silences. Ce fut Kakuzu qui les interrompit dans cet échange muet, ouvrant la baie vitrée.
- Si ça avait été Hidan sur le balcon, j’aurais verrouillé la porte sans rien dire, mais là je vais me contenter de dire à Saso que la salle de bain est libre.
Les deux hommes se retournèrent, et Sasori le remercia d’un hochement de tête. ils rentrèrent dans la chambre, et l’artiste aux cheveux écarlates se pencha pour prendre des affaires propres sous le regard inconscient mais persistant du blond, avant de partir à son tour prendre une douche. Kakuzu, qui s’était allongé sur son lit avec un magazine, jeta un regard par dessus sa page pour observer le blond. Après quelques instants, il prit la parole.
- Sans vouloir t’enfoncer un peu plus Deidara, je ne comprends pas qu’il n’ait rien pigé vu comment tu le bouffes des yeux à chaque fois qu’il se penche un peu trop.
Le blond rougit subitement, avant de grommeler.
- Je le bouffe pas des yeux.
- Tu es à deux doigts de baver hein.
Il fit la moue.
- Ne te vexe pas, je ne te charie pas. et puis soyons honnête, n’importe qui craquerait pour lui vu comment il est foutu, mais il faut bien admettre que c’est curieux qu’il capte rien alors qu’il suranalyse tout avec sa paranoïa.
- Tu dis n’importe quoi, n’importe qui craquerait pas, la preuve, toi tu craques pas pour lui.
C’était de la pure mauvaise foi, il avait parfaitement conscience du fait que Sasori pouvait plaire à absolument tout le monde.
- Moi c’est pas pareil, assura Kakuzu en tournant la page. La seule chose chez lui qui pourrait m’intéresser, c’est son compte en banque. Voilà une bonne motivation pour le pecho, mais j’ai la flemme. Et puis même s’il est calme, j’ai pas envie de me taper tous ses problèmes psychologiques. Tu t’en rends compte du nombre de tares qu’il accumule ?
- Parle mieux de lui, ça va pas !
La porte de la salle de bain s’ouvrit de nouveau. Sasori avait changé de vêtements mais il était toujours torse nu.
- Parler mieux de quoi ? demanda-t-il avec nonchalance en revenant dans la pièce.
Si Deidara se figea, Kakuzu répondit avec aisance.
- Du chien qu’il aimerait avoir dans un futur hypothétique.
- Ah, commenta le marionnettiste sans relever, peu intéressé.
Deidara lui s’étouffa, comprenant parfaitement ce qu’avait voulu dire l’étudiant en commerce. Il se reprit néanmoins en voyant que son colocataire s’apprêtait à retourner sur le balcon, et il se plaça devant lui pour l’empêcher de sortir.
- Tu es en vacances, tu n’as pas de travail, pas de truc à faire, alors il est hors de question que tu passes une énième nuit blanche, et surtout sur le balcon. Tu vas dormir ce soir, et récupérer tout le sommeil que t’as perdu. Et c’’est pas une question.
Sasori fixa l’expression sévère de son acolyte, qui semblait déterminé. Leurs visages proches, leurs regards confrontés, avec un air de défi, la tension était montée très rapidement, avant d’être coupée par le bruit d’une page qui se tourne.
- Je vous rappelle que je suis là, commenta Kakuzu.
Sasori recula, détournant les yeux.
- Okey c’est bon, je vais dormir. Mais arrête de me prendre la tête.
Son interlocuteur sourit, content de cette victoire. Le marionnettiste prit son téléphone et il s’allongea dans le lit avant de checker ses réseaux sociaux, silencieux. Après un petit moment de silence, durant lequel Deidara fit la même chose, Kakuzu posa son magazine pour se coucher, et il demanda s’il pouvait éteindre la lumière dans la pièce. Deidara acquiesça, et Sasori n’eut aucune réaction. La chambre fut plongée dans le noir, et après quelques minutes, Deidara passa son bras par dessus son acolyte pour lui prendre son portable et le poser près du sien, hors de la portée de son propriétaire.
- Je peux savoir à quoi tu joues ? lança le jeune homme aux cheveux rouges à voix basse.
- Tu dois dormir Sori.
Le marionnettiste se redressa sur son coude pour attraper son téléphone, visiblement en désaccord avec la décision de son ami. Deidara lui attrapa le poignet avant de le plaquer contre le matelas, se plaçant sur lui pour l’immobiliser.
- Tu ne bouges pas, affirma—il, le regard sévère bien que noyé dans l’obscurité. Il me semblait avoir été clair tout à l’heure, tu dois te reposer, je te jure que si je dois t’attacher pour que tu te tiennes tranquille je le ferai.
- Lâche moi, siffla Sasori, contrarié.
- Non, je veux que tu dormes.
La pression sur son corps empêchait l’étudiant de se dégager pour s’éloigner, et il sentait son rythme cardiaque s’affoler, une sensation aussi désagréable qu’incompréhensible. Il laissa retomber sa tête sur l’oreiller, soupirant de lassitude. Le blond était bien trop près, bien trop intrusif avec lui. Pour autant, il ne lui serait pas venu à l’esprit de vouloir qu’il s’éloigne. Le silence dans la chambre n’était coupé que par leurs respirations. Jusqu’à ce qu’une voix ne s’élève dans la pièce.
- Je sais pas ce que vous branlez encore tous les deux, mais je rappelle encore une fois que je suis là.
Les deux rougirent violemment à l’intervention de Kakuzu, et ce dernier ajouta.
- La prochaine fois que vous voulez vous battre, vous chevaucher ou vous attacher, soyez gentils et prenez une chambre de deux, j’ai vraiment pas envie d’assister à ça. Maintenant soyez gentils et bouclez là, j’aimerais dormir.
Deidara libéra son ami et il se plaça dos à lui, atrocement gêné, mais prêt à veiller qu’il ne reprenne pas son téléphone. Mais le marionnettiste n’avait aucune intention de retenter quoi que ce soit, lui aussi était très embarrassé, et il préféra rester à distance, ses pensées ressassant en boucle ce qu’il venait de se passer.

Chapitre 52 : Dernière journée à Disneyland

Kakuzu était assis sur un banc, à côté de Pain. Les autres étaient allés visiter la maison hantée du parc, afin d’accompagner Hidan qui voulait absolument montrer qu’il n’avait pas peur de l’attraction. Les deux hommes, peu intéressés, avaient préféré les attendre non loin de l’édifice.
- Est ce que ça s’est bien passé pour vous à l’hôtel ? demanda alors l’étudiant aux cheveux roux. Personnellement, Itachi s’est chargé d’Hidan, c’était donc tranquille.
- Oui, pareil, enfin… Ces deux là c’est quelque chose quand même.
- Ah ouais ? C’est étonnant, Sasori est pourtant si calme.
Kakuzu hocha la tête.
- Oui, il l’est. Tout seul. Mais Deidara le confronte sans le ménager, et tu sais qu’il n’a aucune patience et qu’il déteste qu’on s’implique dans sa vie. Pourtant, curieusement, il ne dégage pas l’autre même quand il est intrusif avec lui. Il semble très sensible à sa présence, et il se laisse facilement faire quand c’est lui.
Pain réfléchit un moment, silencieux. Kakuzu reprit.
- Bien sûr, il proteste, ils n’ont pas arrêter de se battre hier soir, mais honnêtement Pain, je ne pense pas que la solution pour gérer la violence de Saso soit de fumer, je pense que la solution, c’est Dei.
Le chef de l’Akatsuki se tourna pour fixer le brun.
- Est ce que tu crois que Deidara est au courant du pouvoir qu’il a sur Sasori ?
- Je ne sais pas, je ne pense pas.
- Ne lui disons rien pour l’instant.
- Comme tu veux, mais pourquoi ?
Pain resta un moment silencieux, au loin, le groupe revenait de la maison hantée.
- Parce que j’ai l’impression que personne ne se rend compte de la dangerosité de Sasori, et ses pulsions font de lui une véritable bombe à retardement. Je veux être sûr avant d’annoncer à celui qui peut la faire sauter à tout moment qu’il a entre les mains notre arme la plus redoutable.
Le silence qui suivit fut légèrement pesant, jusqu’à être brutalement coupé par les cris de Deidara et Hidan. Le groupe repartit dans le parc et il s’arrêtèrent pour manger avant de poursuivre. Quand le repas fut terminé, ils marchèrent tout en débattant de la prochaine attraction.
- Vous avez envie de faire quelque chose en particulier ? demanda Konan en regardant le plan.
- On a fait pas mal de choses depuis hier, affirma Itachi, mais Sasori n’a rien suggéré, on devrait le laisser choisir cette fois.
- Non, répondit le marionnettiste, je m’en fiche.
Hidan eut alors un sourire mesquin en voyant ce qu’il y avait devant eux.
- J’ai une petite idée pour l’attraction de Saso perso…
Tout le monde suivit son regard, et le marionnettiste fusilla du regard l’immortel.
- Même pas en rêve.
Hidan éclata de rire.
- Voyons, tu vas quand même aller saluer ta famille, tu es un gentil garçon bien élevé, et si t’es sage, on ira dire bonjour à ton cousin après, c’est quoi déjà son petit nom ? Pinocchio ?
Sasori fit un pas pour le frapper, mais une main lui retint le bras. Il tourna la tête et vit Deidara qui le regardait tout en le tenant.
- Ne te méprends, j’adore quand tu le frappes, mais je trouve son idée assez cool, on pourra digérer tranquillement en faisant « It’s a small world ».
- J’ai dit non, Deidara.

 

**********

 

Sasori affichait une expression renfrognée. la musique autour d’eux, qui restait un peu trop en tête, était insupportable, mais pas autant que les ricanements d’Hidan près de son oreille dans la barque. Plusieurs fois, il avait essayé de le jeter dans l’eau autour de l’embarcation, mais pour des raisons de sécurité et de discrétion, Deidara, assis près de lui, avait été chargé de l’empêcher toute agression à l’égard de l’immortel. Pour limiter les provocations, Kakuzu attrapa Hidan par le col et il le tira en arrière pour l’éloigner de l’artiste qui fulminait. Le blond, inquiet à l’idée qu’il passe un mauvais moment, posa sa main sur le bras de son acolyte, ce dernier leva les yeux pour le regarder.
- Ne l’écoute pas, ces poupées n’ont rien à voir ni avec toi, ni avec ton travail. Elles sont jolies, mais elles n’ont pas le dixième du talent que tu mets dans tes pantins. Alors décrispe toi un peu, arrête de serrer les dents comme si tu allais cramer cet endroit, et détends toi un peu.
Il sentit le corps du marionnettiste se décontracter, et il sourit. La voix d’Hidan retentit depuis le fond du bateau.
- Tu te sens chez toi Saso ? Tu pourrais danser avec ces poupées, personne ne remarquerait la différence, tu veux pas essayer dis ?
L’expression du marionnettiste s’assombrit.
- Je vais le tuer.
- Pas maintenant, et pas ici, lui dit le blond. Même s’il le mérite. C’est bondé de monde je te rappelle. Contrôle toi un peu.
Il croisa le regard ambré de son acolyte et pendant un instant, il crut qu’il allait lui aussi être jeté hors de la barque. Parcouru d’un frisson, il n’osa pas reprendre la parole, mais Sasori finit par détourner les yeux sans rien dire, soupirant simplement.

 

**********

 

Le trajet retour semblait se passer dans le calme, contrairement à l’allée. Il n’y avait quasiment pas un bruit dans le wagon. Hidan maintenait du papier contre son nez pour empêcher le sang de se répandre. Quand ils étaient sortis de l’attraction « It’s a small world », le jeune homme aux cheveux argentés avait continué de chercher Sasori, mais ce dernier, contenu par Deidara, n’avait pas réagi de l’après midi. Jusqu’à ce que le groupe ne quitte le parc pour retourner à la gare, le blond s’était absenté quelques minutes pour passer aux toilettes, et Hidan avait été murmuré des provocations à l’oreille du marionnettiste, qui n’avait pas dosé son crochet du gauche, frappant en plein milieu de visage de l’impertinent. Son nez s’était brisé sur le coup, et Konan s’était chargée de le replacer correctement, depuis, l’étudiant en sociologie gardait le silence, cherchant à contenir le sang qui s’écoulait. Kakuzu, assis près de lui, lisait sans dire un mot, profitant de cet étrange moment où Hidan était silencieux. Deidara lui avait un sourire amusé qu’il ne réprimait pas depuis qu’il était revenu vers le groupe et qu’il avait découvert la scène d’Hidan s’écriant de douleur, le t-shirt et le menton couverts de sang. En montant dans le train, il s’était assis près de Sasori, qui s’était installé contre la fenêtre. Le marionnettiste n’avait pas dit un mot, il avait mis ses écouteurs et lancé de la musique, aussi son colocataire avait fait de même, ne voulant pas l’agacer davantage. Il espérait cependant que le marionnettiste avait passé un bon séjour. La première heure défila calmement, et quand Itachi se retourna pour demander quelque chose à Sasori, il se figea.
- Les gars, regardez ça.
Tout le groupe se tourna vers les artistes. Le jeune homme aux cheveux écarlates s’était endormi, la tête posée sur l’épaule du blond, lui aussi assoupi, un sourire apaisé aux lèvres. L’image était adorable. Konan les regarda avec attendrissement, et Kisame sortit son téléphone pour les prendre en photo.
- Hop, ricana-t-il, voilà notre nouveau fond d’écran de conversation de groupe.
- Fond d’écran ? renchérit Obito. Je veux que ça devienne les cartes postales de vacances de l’Akatsuki.

Chapitre 53 : L’accident

Deidara et Sasori faisaient une ronde dans les alentours du repère de l’Akatsuki. Ils reprenaient les cours plus tard que les autres, aussi Pain leur avait demandé un rapport de la situation de l’autre côté pour prendre en main la suite des évènements. Les deux ninjas s’arrêtèrent finalement dans une clairière.
- Alors, de ton côté ? demanda Sasori simplement.
- Aucun signe de présence humaine, et du tien ?
- Rien non pl…
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase, un mouvement dans le dos de Deidara alerta son attention, et les deux partenaires évitèrent d’un bond le jet de kunaïs qui se plantèrent dans le sol, à l’endroit exact où ils se tenaient quelques secondes avant. Trois équipes de ninjas sortirent des bois, se mettant en garde. En un regard, le marionnettiste nota la présence de trois jonins, ninjas de grande expérience, issus de Konoha. Les autres combattants autour d’eux étaient jeunes, des adolescents d’une quinzaine d’années. Des genins, avec leurs formateurs. Il en conclut deux choses, tout d’abord cette rencontre était imprévue et accidentelle, ensuite leur mission n’était sûrement pas de pister l’Akatsuki. Il aurait été inconscient de la part des villages ninjas de confier une telle tâche à des équipes composées d’aspirants. La vérité était plus simple, ils étaient en mission dans cette zone, et ils avaient repéré Deidara avant de le suivre, ils n’avaient donc aucune idée de la présence de leur repère, c’était simplement du hasard. Cependant, ils allaient devoir trouver un moyen de les éloigner avant de retourner dans leur monde. Sasori se tourna vers son acolyte.
- Aucun signe de présence humaine alors ?
Le blond culpabilisa, il s’était fait repéré et pisté par des amateurs, à cause d’un manque de prudence.
- Je suis désolé, j’ai manqué de vigilance.
L’un des jonins plissa les yeux.
- C’est bien ce qu’il nous semblait, ce manteau avec le nuage rouge, il s’agit de l’Akatsuki. Les jeunes, restez en retrait, nous allons nous en occuper.
Les adolescents hochèrent la tête, et Sasori sortit son rouleau d’invocation qui contenait le pantin du troisième Kazekage, mais Deidara se plaça devant lui.
- Laisse moi m’en charger, dit-il, déjà c’est ma faute, et ensuite il faut juste les distraire le temps de disparaître, pas besoin de leur imposer ton poison, ils n’en réchapperaient pas. Il vaut mieux pour eux que ce soit moi leur adversaire.
Il avait plus comme objectif de préserver l’âme de Sasori en lui évitant un nouveau massacre que de protéger la vie de leurs ennemis, mais Deidara avait toujours préféré éviter les morts inutiles. Cette rencontre était un accident, et il s’agissait d’enfants, même formés à la guerre et aux arts shinobis, le blond ne tirerait aucune satisfaction de leurs morts, alors il préférait les éviter.
- Entendu, comme tu veux, accepta son acolyte. Mais ne me fais pas attendre.
Deidara s’élança contre les trois jonins, rivalisant contre eux sans grandes difficultés. Le plus difficile était de garder son attention sur les trois hommes, mais cela ne l’inquiétait pas. Son argile explosa et l’un des adultes fut envoyé dans le décor, blessé. Le blond l’avait suivi des yeux, admirant son art à l’oeuvre, un sourire fier au visage. Un geste qui le coupa de son attention, et qui lui porta préjudice, puisqu’un ninja de Konoha se plaça devant lui avant de lui porter un coup brutal, kunaï dans la main. La lame trancha la hanche et le ventre du criminel, qui laissa échapper une exclamation de douleur avant de tomber sur le dos. Il porta ses mains sur la blessure et elles se teintèrent de sang. Le coeur de Sasori rata un battement sous cette vision, et lorsque le responsable de ce coup baissa sa main vers son équipier pour le saisir, le marionnettiste perdit la notion du temps. La chair de son corps laissa place au bois, et son enveloppe devint celle d’une marionnette, tandis qu’il se précipitait vers le blond. Le jonin de Konoha ne put jamais poser sa main tendue sur Deidara, lorsqu’elle fut à quelques centimètres du blessé, un câble lui transperça le corps, et il eut à peine le temps de crier sa douleur et de voir le poison couler, se mêlant à son sang, avant de perdre la vie. L’artiste aux cheveux longs fut surpris de voir cela, mais sa vision se troubla vite, et il essaya de se concentrer pour comprendre ce qu’il se passait. Il entendait des cris déchirants, voyait des images trop rapides devant ses yeux. Le visage de son ami était expressif, plus que d’habitude, enragé. Ses yeux ambrés si intenses, qu’il trouvait si beaux, étaient d’une froideur extrême, ils annonçaient la promesse d’une mort certaine. Pourquoi Sasori semblait-il autant en colère ? Avait-il raté quelque chose ? Pourquoi semblait-il si déconnecté de ce qu’il se passait ? Il essaya de se redresser et la douleur se raviva violemment au niveau de sa taille, il se tint le ventre, et la sensation du sang coula entre ses doigts, il baissa les yeux. Il venait de comprendre pourquoi son ami était intervenu, c’est parce que lui avait été blessé. Un filet de sang s’écoula de sa bouche, et il tourna son regard vague vers le combat, écarquillant les yeux. Le blond avait perdu la notion du temps, il se doutait bien qu’il ne s’était passé qu’une fraction de secondes, même s’il avait l’impression d’être étendu sur le sol depuis des heures, mais en un laps de temps si court, Sasori avait eut le temps d’éliminer les trois jonins. les corps étaient allongés sur le sol, leurs yeux étaient ternes, leurs poitrines ne se soulevaient plus au rythme de leur respiration qui ne fonctionnait plus. Mais le marionnettiste ne s’était pas arrêté là, les adolescents essayaient de fuir, ou de se défendre, mais ils n’avaient aucune chance, ni contre ses capacités, ni contre sa fureur. De l’autre côté de Deidara, il y eut des pleurs, et il se força à tourner la tête, pour voir une des genins sur ses genoux, les yeux écarquillés d’horreur, en train de supplier qu’on épargne sa vie. Elle était si jeune, elle semblait si effrayée. Deidara se fit la réflexion que des enfants ne devraient pas être entraînés ainsi à combattre, que ce n’était pas juste. Sasori s’approcha d’elle, et l’adolescente leva les yeux vers lui.
- Je vous en supplie… je ne raconterai rien… Je le jure…
- Je sais, dit le marionnettiste d’une voix impassible.
C’était la première fois qu’il parlait depuis le début de son intervention, il semblait presque avoir retrouvé son calme. La jeune fille était la seule des trois équipes encore en vie, et en entendant la voix de cet ennemi terrifiant, elle fut d’autant plus tétanisée, se demandant si elle vivrait. Paradoxalement, malgré sa peur, elle ne put détacher son regard de Sasori. Il semblait si jeune, il avait un visage délicat, il ressemblait à un ange. Comment avait-il pu devenir ce monstre, qui, quelques secondes plus tôt, avait massacré des enfants ?
- Est ce que tu as peur ?
Il lui avait posé la question avec sa voix grave, froide, mais si douce.
- O… Oui… hoqueta-t-elle.
Le câble empoisonné dans la cage thoracique du marionnettiste sortit brusquement, perçant le corps et le coeur de la kunoichi, qui fut parcourue d’une convulsion avant de s’écrouler sur le sol. Sasori la fixa, et il murmura.
- Tu n’auras plus peur, désormais.

Chapitre 54 : Tout ce qui n’est pas dit à voix haute

Sasori prit le temps d’effacer toute trace de Deidara et lui même de la scène de combat. Il envoya un pantin saisir délicatement son partenaire en prenant garde à ne laisser aucune tâche de sang du blond qui pourrait être repérée par l’alliance, puis ils retournèrent jusqu’au repère de l’organisation, et Sasori fit disparaître sa marionnette, récupérant son ami dans ses bras pour l’emmener jusqu’à son atelier. Pendant qu’il traversait les couloirs, l’artiste aux cheveux longs fixait son visage, ce n’était pas souvent que le marionnettiste laissait ainsi voir ses expressions, et il était touché de voir une telle inquiétude pour lui.
- Tu n’aurais pas du les tuer, souffla-t-il.
- Ils auraient fait un rapport à Konoha, ils auraient fait des recherches, et ils ne doivent pas trouver cet endroit.
- C’était des enfants…
- C’était des ninjas Deidara. Ils avaient choisi leur voie.
Le blond n’avait pas la force de protester davantage. Sasori entra dans la pièce, et il déposa le blond sur la table de travail, avant de soulever légèrement son haut en résille pour inspecter la plaie.
- Si je meurs, je t’interdis de prendre mon corps pour en faire une marionnette.
- Ce n’est pas une blessure profonde, tes organes vitaux ne sont pas touchés, tu ne vas pas mourir, alors arrête de dire des conneries.
Deidara fit la moue, et il gémit de douleur quand son partenaire commença à traiter la lésion. Ses mains étaient si douces, s’il n’avait pas eu aussi mal, il aurait adoré ce contact. Il trouvait cela surprenant étant donné que son partenaire était très manuel, il aurait du avoir les paumes abîmées, la peau rêche, mais c’était tout le contraire. Celui ci prit ensuite des produits pour remplir une seringue avant de s’approcher de son patient, qui saisit brusquement son poignet.
- A…Attends… Je suis désolé Sori… j’aurais du les repérer… Mais m’injecte pas ton bordel pitié…
Sasori plongea dans le regard bleu océan de son acolyte.
- C’est juste de l’anesthésiant Dei, je vais devoir te recoudre en attendant que Konan puisse utiliser son jutsu médical.
- Je vais dormir ?
- Non, tu vas juste un peu comater, et ne plus sentir la douleur.
- Okey…
Il piqua l’aiguille un peu en dessous la blessure, sur le haut de la cuisse, après avoir légèrement abaisser son pantalon, et en attendant que le produit fasse effet, il prépara son fil et son aiguille, puis il commença à recoudre la plaie, concentré et rigoureux. Deidara, le regard vague, ne pouvait s’empêcher de le regarder, son ami était si beau, et concentré ainsi, avec son regard légèrement inquiet, il était véritablement sublime.
- Sori ?
Sa voix était basse, un peu ensommeillée.
- Oui ?
- Pourquoi… Pourquoi tu as réagi comme ça tout à l’heure… Je ne t’avais jamais vu aussi en colère… Même… Même quand t’avais été torturé…
Sasori resta un instant silencieux, avant de dire doucement.
- Tu sais déjà pourquoi.
- Je veux… Je veux te l’entendre dire…
Sasori coupa le fil, ayant terminé son travail, et il tourna la tête pour confronter le regard azur de son colocataire. En temps normal, il n’aurait pas été capable de le soutenir, mais en cet état, le blond était si fébrile que son ami put le soutenir.
- J’ai perdu mon sang froid parce que je ne supporte pas que quiconque te fasse du mal.
Deidara sourit, c’était exactement ce qu’il avait voulu entendre. Sasori nettoya la blessure, et il plaça autour de sa taille un bandage pour maintenir ses points de suture en place. Le blond se surprit à penser qu’il devrait se blesser plus souvent, pour bénéficier des contacts si délicats de son partenaire. Quand tout fut terminé, Sasori le regarda.
- On va retourner chez nous, je vais te porter pour que tu ne forces pas sur la plaie, repose toi.
- Évidemment, je ne suis pas toi.
Sasori lui jeta un regard noir, auquel il répondit d’un sourire innocent. Le marionnettiste préféra ne rien répondre, et il le prit avec délicatesse avant d’activer le pouvoir de sa bague. Une fois dans leurs appartements, il l’emmena dans sa chambre et il le posa sur son lit avant de rabattre la couverture sur lui.
- Est ce que tu as besoin de quelque chose ?
- Tu m’aides à prendre une douche ?
Le visage de Sasori se décomposa sous l’embarras et Deidara éclata de rire.
- Oh c’est bon, je te taquine, je vais dormir un peu et je verrais tout à l’heure pour me lever. Mais j’aurais besoin de toi pour refaire le bandage après je pense.
Sasori était toujours figé.
- Ah bah ça y est, je l’ai perdu. Qu’est ce qui passe, tu m’imagines à poil et ça te bloque ?
- Mais arrête de dire des conneries, soupira Sasori, dépité. Je me demande juste où tu vas chercher un humour pareil. Appelle moi si tu as besoin de moi, je vais aller faire un rapport à Pain et ensuite je reviens et je serai là si besoin.
- Entendu. Oh, et Sori ?
- Quoi encore ?
- Merci, ce que tu fais pour moi, ça compte beaucoup. Même si t’as du mal à t’exprimer, tu agis, et ce que ça signifie, ça me touche.
L’expression du marionnettiste s’adoucit aussitôt.
- Je t’en prie, Dei.
Il sortit, et le blond eut un grand sourire, il l’aimait tellement.

**********

 

Deidara entra dans la chambre de son colocataire et il s’assit sur le lit, près du jeune homme qui, adossé au mur, dessinait dans un carnet.
- J’ai eu une idée.
- Est ce que je dois m’inquiéter ?
Il n’avait même pas levé les yeux de ce qu’il faisait.
- Mais non, ça va être marrant. On ne reprend les cours que la semaine prochaine, et je me demande comment ça se passe les cours pour les autres, alors pourquoi on infiltrerait pas leurs écoles ?
- C’est une idée stup…
- Stupéfiante ? Oui je sais.
- Stupide, asséna le marionnettiste. J’allais dire stupide.
Deidara fit la moue.
- Tu ferais mieux de te reposer, reprit Sasori, tu as récemment été blessé je te rappelle.
Le blond, comme un chat en quête d’attention, s’allongea sur les jambes de son ami, pour qu’il cesse de dessiner, et il souleva son t-shirt pour montrer sa taille.
- Konan est passée hier pendant tu étais parti faire les courses, elle a effacé ça en trois minutes, regarde la perfection de ma peau, j’ai plus rien !
- Tant mieux pour toi.
Le blond fit la moue.
- Alors du coup on peut ?
- Non, c’est une idée débile, tu vas juste te faire virer de cours quand ils s’apercevront qu’il y a un intrus. Et puis ça n’a aucun intérêt.
- Mais si, protesta Deidara, c’est drôle, et puis je suis curieux. De toute façon je vais le faire, t’as rien à me dire. Tant pis si je suis tout seul.
Sasori resta silencieux, et Deidara passa quelques secondes à observer son visage pour essayer de déchiffrer son expression.
- Je serai tout seul, Sori ?
Le marionnettiste soupira, détournant les yeux.
- Non, dit-il finalement, je ne vais pas te laisser faire des idioties sans surveillance, tu serais capable de finir en garde à vue avant la fin de la semaine.
Deidara eut un grand sourire. Il savait que son ami ne l’aurait pas lâché. Il se demandait jusqu’à quel point il pouvait lui faire faire ce qu’il voulait.

Chapitre 55 : Renvoyé

Deidara soupira.
- Il reste combien de temps ? murmura-t-il à sa voisine, Konan.
La jeune femme prenait des notes, elle répondit sans lever les yeux de sa feuille.
- Encore une heure trente.
Le blond soupira une nouvelle fois, puis il se tourna de l’autre côté, vers Sasori, qui fixait devant lui les bras croisés.
- On se fait chier…
Le marionnettiste ne daigna pas le regarder, mais il lança à voix basse.
- C’était ton idée, tu assumes. Mais je trouve ça intéressant pour ma part. Je croyais que tu aimais l’art ?
- Mais j’aime l’art !
Dans l’amphithéâtre, plusieurs étudiants se tournèrent vers lui, et il rougit, honteux d’avoir crié. L’enseignant qui leur faisait face le regarda par dessus ses lunettes.
- C’est bien, commenta-t-il, nous sommes contents pour vous, mais si vous pouviez éviter de m’interrompre, ce serait parfait.
Humilié par la remarque comme par son cri, il se fit petit, et le cours reprit normalement. Après un instant, il posa ses yeux sur son acolyte, irrité.
- J’aime pratiquer, chuchota-t-il la théorie ne m’intéresse pas.
- Certes, mais cela ne change rien au fait que c’est toi qui as voulu venir alors qu’on aurait pu profiter de nos jours de congés.
Deidara souffla, vexé.
- Tu parles, t’aurais travaillé comme d’habitude. Tu sais pas te reposer.
Sasori ne répondit rien, et le blond souffla de nouveau, l’heure sembla durer une éternité, et Konan n’était pas plus divertissante que son acolyte puisqu’elle était concentrée sur le cours, écrivant sur sa feuille consciencieusement. Quand ce fut enfin terminé, les jeunes adultes quittèrent l’amphithéâtre, Konan posa son regard sur Deidara.
- Et bien, c’était une souffrance si terrible ?
- Oui, c’était chiant.
La jeune femme eut un sourire amusé, et elle se tourna vers Sasori qui marchait de l’autre côté, les mains dans les poches.
- Vous en êtes où de cette expérience ? Et comment ça se passe ?
- On a fait la fac de philo hier matin, répondit tranquillement le marionnettiste, avec Pain.
- C’était perché, commenta Deidara, un peu comme en sociologie l’après midi d’ailleurs. Mais je me suis un peu moins ennuyé, Hidan cherchait la merde comme toujours. Je ne sais pas comment il peut s’en sortir avec ses études en étant si déconcentré. Mais du coup c’était chiant quand même, on est vite partis après deux heures.
- Je ne suis pas d’accord, j’ai trouvé la sociologie vraiment intéressante, intervint son colocataire.
Deidara lui jeta un regard de travers.
- Sans blagues, quelle surprise que tu sois captivé par la socio toi, comme si c’était pas un de tes si nombreux domaines de prédilection avec ta manie de manipuler tout ce qui t’entoure.
- Pourquoi est ce que tu as l’air si amer dans ton sarcasme ? lui demanda Konan, intriguée.
Deidara fit la moue.
- Il m’agace, on s’incruste dans des cours, et c’est comme si il avait suivi toute l’année, il comprend, il est pas perdu. limite s’il n’était pas si sauvage, il pourrait participer. C’est frustrant de se sentir idiot quand on fréquente un génie, alors ça me fout sur les nerfs.
- Pauvre chaton, réagit Sasori d’un air mielleux avant de continuer d’avancer vers la ligne de tram.
Le blond lui, s’était arrêté, vexé par la pique. Konan l’attendit, et quand le marionnettiste fut un peu plus éloigné, il siffla.
- Si j’avais pas peur de sa réaction, je lui aurais fait payer sa provocation en l’embarrassant avec des menaces sur ce que je pourrais lui faire en représailles.
- Si tu lui parlais de tes sentiments, je suis certaine que ce genre de menaces fonctionnerait sur lui, il est tellement pudique. Et tu arrives vraiment à le troubler, il le cache, mais j’ai déjà réussi à le remarquer. Qu’est ce que tu attends pour lui parler ?
L’irritation de l’artiste aux cheveux longs redescendit aussitôt. Il regarda la jeune femme, et cette dernière vit ses iris azurs briller sous l’anxiété.
- Je ne veux pas le perdre Konan.
Sa voix avait été étouffée, comme s’il avait une boule dans la gorge. La jeune femme mit sa main sur le bras de son ami, lui signifiant qu’elle comprenait et ce dernier regarda au loin. A quelques dizaines de mètres d’eux, Sasori s’était retourné et les fixait. Deidara reporta son attention sur son interlocutrice.
- Allons y, il ne va pas attendre longtemps, tu le connais.
- Oui.
Ils marchèrent pour rejoindre le marionnettiste.

 

**********

 

Assis au fond de la classe, Deidara s’ennuyait toujours. Ils étaient à la fin de la semaine, et le dernier cours qu’ils avaient incrusté était celui de Kakuzu, en école de commerce. Il leur avait été beaucoup plus difficile d’entrer dans le bâtiment, dont l’accès n’était pas ouvert au public comme en faculté, mais ils avaient pu se glisser aux côtés de l’étudiant dans un cours d’une trentaine d’étudiants. La veille, Kisame, Obito et Itachi les avaient accueillis à la fac de Lettres pour suivre quelques heures, et personne ne leur avait rien dit, l’établissement n’étant pas surveillé et les effectifs presque jamais contrôlés. La professeure devant eux parlait depuis une heure et quelques minutes, et Deidara s’ennuyait, comme à chaque fois. Il se tourna vers Kakuzu.
- C’est toujours aussi chiant ? T’as vraiment pas de goût même pour choisir tes études c’est fou.
- C’est toi qui n’as pas de goût, maintenant laisse moi écouter.
- Mais tu parles trop mal ? La vie de ma mère je vais te frapper là.
- Putain mais tu vas pas être aussi chiant qu’Hidan merde ! J’en ai déjà assez de le supporter lui, tu vas pas t’y mettre non plus.
Une voix intervint, plus élevée.
- Monsieur Okane ?
Kakuzu, interpellé, leva la tête vers l’enseignante, qui poursuivit d’un ton hautain.
- Si mon cours et le savoir que je fais la bonne grâce de transmettre dans cette école ne vous intéresse pas, je vous prierais de bien vouloir quitter cette salle. Je ne supporte pas que l’on m’interrompe. Vous n’êtes ni au lycée, ni dans une faculté de basse filière ici.
Kakuzu s’apprêta à répondre, mais un ricanement visiblement mal contenu, retentit près de lui, et tout le monde se tourna vers son origine. Deidara n’avait pas pu s’empêcher de réagir avec hilarité en voyant son ami se faire ainsi réprimander. Il n’était pas courant de voir Kakuzu dans cette situation, pas plus que cela ne l’aurait été pour Sasori, Pain, Konan ou Itachi. Mais ce fou rire ne plut pas à la professeure qui se leva pour mieux dévisager l’insolent.
- Vous là, non seulement mes paroles vous font rire, ce qui est très irrespectueux, mais en plus je ne vous ai jamais vu. Vous n’êtes pas inscrit dans ce cours ?
- Je ne suis même pas inscrit dans cette école, répondit le blond avec impertinence.
La femme sembla choquée.
- Et vous osez l’affirmer avec affront ?! Avez vous conscience que mes cours ne sont destinés qu’à une élite d’étudiants qui font leurs preuves ? Les étrangers ne sont pas admis ici, ils n’ont payé aucun frais de scolarité, il est inacceptable de se présenter ainsi dans une formation aussi sélective, sortez immédiatement de cette salle, je ferais remonter l’accident dans les plus brefs délais, une sécurité doit être installée à l’entrée du bâtiment !
Elle était rouge de colère, complètement scandalisée, et Deidara se leva pour partir, pas le moins du monde gêné de son intrusion. Alors qu’elle allait se reprendre, et enchaîner sur la suite du cours, ayant complètement oublié Kakuzu, un mouvement attira son attention. Près de là où se situait l’impertinent qu’elle venait de renvoyer, un autre jeune homme s’était levé et traversait le fond de salle pour sortir. Elle ne le reconnaissait pas, mais l’avait remarqué plus tôt, il était attentif et silencieux depuis le début de son cours.
- Vous pouvez m’expliquer ce que vous faîtes ? demanda-t-elle, surprise et contrariée.
Les yeux ambrés si intenses de Sasori se posèrent sur elle et elle se sentit sondée, comme si en un regard il avait pu analyser toute sa personne.
- Vous avez été pourtant claire sur le fait que les personnes étrangères à l’école ne pouvaient pas suivre vos cours. Alors je m’en vais.
- Mais… Vous aussi ?
- Oui. Vous l’auriez sûrement remarqué plus tôt et pas après une heure si au lieu de vous focaliser sur votre ego, le prestige de vos paroles ainsi que leur prix, vous vous intéressiez à vos étudiants.
Il quitta la pièce, laissant le groupe dans un long silence pesant. Le marionnettiste posa ses yeux sur le blond qui l’attendait, souriant. Il avait visiblement entendu ce qu’il venait de dire, et en était satisfait. Le jeune homme aux cheveux écarlates avait été cassant, comme à son habitude, mais il était aussi particulièrement de mauvaise humeur à cause de la douleur qui résonnait dans sa tête depuis le début de la journée.
- J’adore quand tu parles comme ça, lui dit son acolyte pendant qu’ils sortaient. Toujours avec calme, classe, politesse, mais c’est tellement violent. Je trouve ça très drôle, c’était bien envoyé.
- Mmmh…
Deidara fronça les sourcils. Son ami semblait distrait, il dissimulait comme toujours ses expressions, mais il remarqua ses sourcils légèrement froncés et sa mâchoire plus serrée qu’à l’ordinaire. Son ami avait mal, mais il n’en parlait pas. Il se demanda s’il avait encore une migraine, comme cela arrivait régulièrement.

Chapitre 56 : Parce que je suis ton ami

Deidara s’arrêta en prenant le poignet de Sasori et il se plaça en face de lui.
- Est ce que ça va, Sori ?
- Oui.
Le marionnettiste s’apprêtait à reprendre la route, mais son acolyte ne le lâcha pas.
- Tu as fini de mentir ? Je connais cette expression, tu as mal à la tête, n’est ce pas ?
Sasori soupira.
- Tu me gonfles, je peux plus rien te cacher c’est agaçant.
- Moi ce qui me gonfle c’est ton besoin systématique de vouloir cacher des trucs importants, le réprimanda aussitôt le blond en le libérant.
Le jeune homme resta un instant silencieux, puis il répondit.
- Une migraine c’est pas important, c’est rien de grave.
- Tu m’excuseras, mais ça fait des années que tu en fais souvent, je trouve pas ça rassurant moi. Tu te rends compte que tu en fais tellement que j’arrive à le remarquer à tes expressions alors que tu n’en affiches aucune ? Tu as déjà pensé à consulter un médecin à ce sujet ?
- Non.
- Évidemment, soupira l’artiste aux cheveux longs, qu’est ce que je croyais. Bon, on rentre, il faut que tu t’allonges, et que tu prennes un antidouleur.
Sasori ne protesta pas, et ils reprirent leur chemin. Deidara ne cessait de jeter des brefs regards vers son ami, il se rappelait de la première fois où ils avaient parlé de sa tendance migraineuse, il y a longtemps, quand ils venaient d’entrer au collège.

 

**********

 

Les deux enfants discutaient près du préau de la cour de récréation, enfin, l’un d’eux parlait rapidement, avec enthousiasme, et le second écoutait, répondant parfois brièvement. Un groupe d’élèves plus âgés s’approcha d’eux, et le blond se tut pour les fixer, le regard interrogateur.
- Vous êtes en sixième ?
- Oui, répondit Deidara, un peu méfiant.
- Qu’est ce que vous voulez ? enchaîna son ami d’un ton sec, visiblement contrarié d’être dérangé.
Leurs aînés sifflèrent, faussement impressionnés, devant son intonation. Il y avait toujours des nouveaux qui ne les connaissaient pas, et qui apprenaient à leurs dépends que c’était eux, et personne d’autre, qui faisaient la loi dans la cour. Il n’était pas rare qu’en début d’année scolaire, les plus jeunes leur parlent avec affront, comme ce petit garçon aux cheveux rouges, mais cela ne durait jamais longtemps, ils étaient doués depuis quelques années déjà, pour semer la terreur au sein du collège avec leur bande. Alors qu’ils avaient intentionnellement l’intention de leur demander quelconque offrande, un paquet de chewing-gum, un peu de monnaie, ou quelques friandises cachées dans leurs sacs, le premier à avoir parlé avait maintenant d’autres projets.
- Et bien, dit-il en plongeant dans les yeux ambrés du sixième, tu as la confiance pour me parler comme ça toi. Il faut peut être t’apprendre à respecter les troisièmes ?
- Dégage, fous nous la paix.
Le petit n’avait pas hésité une seule seconde, tant bien que cela le décontenança. Sasori, pour sa part, n’était pas le moins du monde préoccupé par cette équipe de collégiens qui les surplombait, il avait depuis le début de la matinée une douleur atroce dans le crâne, et sentait sa patience mise à rude épreuve par cette tentative d’intimidation. Ce n’était pas la première fois, c’était habituel pour lui de ressentir ces douleurs, mais à chaque fois que cela arrivait, il devenait désagréable, enfin plus que d’habitude. C’était dans l’espoir de les voir partir qu’il avait parlé si sèchement. Mais le garçon perturbateur, agacé par le comportement de son cadet, poussa Deidara pour le saisir par le col, le soulevant légèrement. Celui ci ne le contra pas, l’esprit distrait par la douleur, mais il arriva à braquer son regard intense sur le troisième, qui sembla alors le reconnaître.
- Oh mais, tu serais pas le mioche qui n’as plus de parents ?
Un de ses amis intervint.
- Tout le monde en parlait dans cette ville quand c’est arrivé, il y avait sa photo dans le journal, et il lui ressemble c’est vrai.
- Mais alors c’est pour ça que t’es malpoli avec nous, reprit le premier qui n’avait pas lâché Sasori, t’as pas été éduqué. Comme quoi, avoir des parents c’est vachement important.
Son ton avait été railleur, mais il ne garda pas son sourire longtemps, en une fraction de secondes, sans comprendre, il se retrouva par terre, une vive douleur brûlant son ventre. Le sixième s’était libéré de son emprise, et il l’avait projeté au sol d’un coup de pied violent. Il le regardait désormais de haut, le regard assassin. Aucun des troisièmes ne rigolait, tout s’était passé rapidement, mais ils avaient tous vu dans le geste la maîtrise précise, et l’absence de difficulté qu’il avait eue pour se défendre. Ce collégien n’était pas une victime, il avait au contraire le potentiel pour être un bourreau. Sasori fit un pas en avant, levant son bras, visiblement décidé à leur faire passer leur moqueries, mais une main enserra son poignet. Il tourna son regard vers le blond qui le retenait, celui ci fixait leurs aînés.
- Je vous conseille de ne plus vous approcher de lui, dit alors Deidara. Vous risqueriez de perdre plus que votre fierté.
Les élèves aidèrent leur ami à se relever et ils disparurent dans la cour, où il y avait une foule d’élèves parmi lesquels se fondre.
- Pourquoi tu m’as arrêté ?
Deidara lâcha le poignet de son acolyte et il se plaça devant lui pour le regarder.
- On vient d’arriver au collège, j’ai pas envie que tu aies des ennuis. Tu dois apprendre à contenir ta violence Sasori.
Le garçon aux cheveux écarlates resta silencieux, mais son ami n’en avait pas terminé.
- Tu t’énerves moins vite d’habitude, tu sembles vraiment pas normal là. Qu’est ce qu’il y a ? C’est pas la première fois que je te vois comme ça en plus.
Sasori soupira, et il détourna les yeux.
- Rien…
Sentant l’insistance de Deidara, il finit par ajouter quelques mots.
- J’ai juste mal à la tête, c’est rien, ça arrive souvent.
- Et ça fait combien de temps ?
- Depuis ce matin.
Le blond croisa les bras.
- Et ça dure depuis longtemps ces migraines régulières ? Pourquoi tu n’en parles pas ?
Sasori haussa les épaules.
- Toujours je crois. Et je sais pas, c’est pas important je vois pas l’intérêt de le dire.
Son camarade fronça les sourcils, contrarié.
- Mais enfin parce que je suis ton ami ! Tu dois me dire ces choses là ! Crois moi bien que je vais te surveiller de près maintenant, allez suis moi, on va à mon casier, j’ai des antidouleurs dedans, ça te soulagera peut être.
Sasori hocha la tête, il lui semblait toujours étrange d’entendre Deidara dire qu’ils étaient amis, mais cela lui apportait un apaisement intense. Il n’avait pas besoin d’aide, ni de protection ou d’accompagnement, pourtant, le blond lui offrait les trois sans conditions.

Chapitre 57 : Péripéties au sein de la coloc

Deidara entra brusquement dans la chambre de son colocataire qui ne put s’empêcher de sursauter.
- Putain Deidara, tu peux pas frapper ?
- Non, mais c’est bon, j’interromps rien de privé si ?
- C’est pas une raison. Qu’est ce que tu veux ?
Le blond s’approcha du lit, sur lequel était installé son acolyte.
- J’suis dans la merde, je dois rendre un projet demain et j’ai pas commencé.
Sasori le regarda un instant, interdit, avant de rétorquer.
- Et en quoi ça me concerne ? T’avais qu’à mieux t’organiser.
Deidara fronça les sourcils.
- Connard.
Le marionnettiste esquissa un léger sourire amusé, mais déjà, l’étudiant aux cheveux longs reprenait la parole en lui tendant un carnet.
- J’avais pensé à ça il y a longtemps, j’ai pas réalisé ça pour les cours normalement, mais ça rentrerait parfaitement dans les consignes.
Sasori consulta la page pendant quelques secondes.
- Et pourquoi tu m’en parles ? T’as besoin d’aide pour quoi ?
- Je veux que tu sois mon modèle.
Il y eut un silence, et le blond crut que son partenaire allait refuser, mais Sasori soupira.
- Putain, il est vingt heures, ça va prendre des heures et en plus je vais devoir reprendre une douche après. La prochaine fois tu t’y prendras plus tôt.
- Promis, et de toute façon dis toi que je vais devoir passer la nuit à traiter les photos, alors que toi une fois le shooting fait, tu pourras te laver et te coucher, enfin, si t’as pas prévu de faire autre chose de la nuit.
Les deux étudiants allèrent dans le salon, et pendant que Deidara sortait son matériel, Sasori retira ses vêtements pour être torse nu. Le blond commença ensuite à maquiller et peindre son visage, ses épaules, son torse, mélangeant les couleurs, les formes, pour réaliser un make up fantaisiste et imaginaire issu de son invention. Quand ce fut terminé, l’artiste recula pour voir son travail, et il fut ébloui par la beauté angélique de son ami, soulignée par ces couleurs. Sasori était époustouflant, comme d’habitude, mais le make up ne faisait qu’accentuer sa sublimation déjà irréelle. Il était prodigieux, la définition même de la perfection. Reprenant ses esprits, il installa le fond et prépara l’appareil photo. Il prit plusieurs clichés, avec différents angles, et diverses postures, puis il montra son travail à son ami, qui approuva d’un hochement de tête. Il le remercia, et Sasori repartit pour se débarrasser de la peinture. Deidara rangea ses affaires sommairement avant de se mettre derrière son ordinateur pour trier les photos, et les modifier légèrement. Il passa des heures à contempler les traits de son ami, à travailler les photos pour le mettre encore plus en valeur, si seulement c’était possible, et à l’admirer. Aucun professeur se pourrait lui mettre une mauvaise note avec un tel résultat, ils allaient craquer pour cet art, et il était vraiment fier de lui.

**********

 

Le blond regardait une série dans le salon, son partenaire était parti depuis la veille de l’autre côté, pour réaliser de nouvelles expériences avait-il dit, aussi profitait-il de ce temps pour faire tout ce qu’il souhaitait, à commencer par manger n’importe quoi, mettre de la musique à fond, et regarder divers programmes avec le son monté au maximum pour un effet de cinéma qu’il adorait. En temps normal, si Sasori se fichait bien des activités de son colocataire, il aimait néanmoins le calme, et Deidara devait donc limiter la dimension bruyante de ses occupations. Le générique de fin d’épisode commença, et il jeta un oeil sur son écran de téléphone, voyant qu’il était une heure et quart du matin. Un son de toux étouffée retentit alors derrière le mur et il sursauta. L’artiste aux cheveux longs se leva pour entrer dans la chambre de son partenaire. Il se figea aussitôt et soupira, exaspéré. Sasori était allongé sur son lit, le visage blême, des cernes sous les yeux qui creusaient ses traits délicats, et il semblait avoir du mal à respirer. Il venait probablement de revenir de l’autre monde.
- T’as encore l’air d’un zombi, lâcha-t-il.
- Je me passerai de tes commentaires, soupira le marionnettiste d’une voix rauque et faible.
Il n’avait pas son énergie cassante habituelle en parlant, il semblait exténué. Son colocataire fronça les sourcils, contrarié de s’être encore fait envoyer promener, mais il n’avait pas l’intention de s’arrêter là.
- Tu t’es encore injecté des poisons pour t’immuniser ?
- Bien vu, Sherlock…
Sa voix avait encore baissé en intensité, Deidara avait à peine entendu, mais cela ne l’agaça que davantage.
- Putain, même complètement éclaté par tes expériences tu trouves le moyen d’être arrogant, tu fais chier.
Sasori marmonna une réponse, que l’autre ne parvint pas à comprendre. Il s’approcha de lui.
- T’as dit quoi ?
Son partenaire répéta doucement.
- Top dix des pires buts contre son camp…
L’ego du blond fut piqué, il était vrai qu’il était réputé pour sa confiance en lui parfois excessive. Il souffla, vexé. Sasori fut repris par une quinte de toux, et l’autre ne put s’empêcher de s’inquiéter, il s’assit au niveau de la tête de lit et saisit son ami pour le redresser et l’adosser contre son torse.
- Mais qu’est ce que tu branles encore ? soupira l’étudiant aux cheveux écarlates.
Deidara lui fit une pichenette sur le front pour le réprimander de son ton désabusé et condescendant. Comment pouvait-il paraître aussi dédaigneux dans un état aussi faible ?
- Je fais en sorte de t’aider, tu vas t’étouffer à rester allongé comme ça. Je te redresse pour que ça dégage tes bronches un peu mieux, vu que t’es pas foutu de te gérer tout seul.
- Tu cherches trop la merde…
- Et bah ça change d’un abruti qui cherche trop la mort.
Sasori leva les yeux pour observer le visage de son ami. Le blond avait l’air fermé, inquiet, mais il posait sur lui un regard étonnamment doux.
- Merci Dei… murmura-t-il plus sérieusement avant de tousser une nouvelle fois.
Il arrivait à respirer plus facilement dans cette position. Son acolyte lui caressa doucement les cheveux, ramenant les mèches qui tombaient devant ses yeux en arrière pour dégager son front.
- De rien. Même si tu me fatigues avec tes conneries, je t’abandonnerai jamais, Sori…
Le marionnettiste eut un léger sourire. Il souffla doucement.
- Crois pas que tes paroles mielleuses vont me faire oublier que tu m’as qualifié d’abruti.
Deidara souffla.

Chapitre 58 : Le temps de la discussion

Les membres de l’Akatsuki s’étaient retrouvés à la cafétéria du campus pour déjeuner ensemble. Ils n’avaient pas cours l’après midi et en profitaient pour traîner. La salle était presque complètement vide quand des étudiants s’approchèrent de leur table. Deidara fronça les sourcils, que voulaient Alexa et ses si insupportables amis ? La brune sourit poliment.
- Bonjour, vous allez bien ?
Le groupe échangea un même regard perplexe, incertain quant aux raisons de cette venue soudaine. Ce fut Konan qui répondit la première.
- Salut, oui nous allons bien. On peut faire quelque chose pour toi ?
La jeune femme aux iris verts baissa les yeux, visiblement mal à l’aise, et elle commença à se triturer les doigts, hésitante. Lucie, d’une nature plus assurée, fit un pas vers elle pour lui saisir les épaules et l’encourager.
- Allez Alexa, tu as dit que tu voulais le faire, tu peux y arriver.
Devant cette scène étrange, tous la fixaient avec incompréhension, excepté Sasori qui avait le regard rivé sur son écran de téléphone, et ce bien depuis bien avant l’arrivée de ses camarades de promotion. C’était pourtant le seul dont l’attention était souhaitée à cet instant. L’étudiante en filière artistique prit une grande inspiration avant de prendre la parole.
- J’aimerais te parler, Sasori…
Il redressa la tête à l’entente de son nom et haussa un sourcil. Elle ajouta aussitôt.
- S’il te plaît…
Il la jaugea de ses yeux ambrés si intenses pendant quelques secondes, ce qui la stressa particulièrement, puis il se leva pour la suivre plus loin. Ils sortirent tous les deux de la cafétéria et les autres, restés à la table occupée par l’Akatsuki, les fixèrent à travers la vitre. Ils ne pouvaient pas entendre ce qui se disait à l’extérieur, mais aucun ne décrochait son attention de la scène.
- Alors, jaloux ? lança Hidan à son voisin après un long silence.
Deidara avait la mâchoire serrée, mais il garda son calme.
- Pas du tout. Et puis on sait même pas de quoi ils parlent, si ça se trouve c’est pour un projet à la fac.
Jean, Erwan et Lucie se concertèrent du regard, puis le premier prit la parole.
- Elle est raide dingue amoureuse de lui. Elle est en train de lui dire.
- Vraiment ? questionna Obito, surpris.
- Oh que oui, sourit Lucie, elle en perd la tête depuis des mois, et nous on en peut plus de l’entendre nous parler de lui.
Son ami aux cheveux longs et châtains rigola doucement, mais leur troisième acolyte fronça les sourcils.
- Arrêtez de dire des conneries tous les deux.
Jean protesta aussitôt.
- Hey mais j’ai rien dit moi !
- Tu rigoles c’est pareil, renchérit Erwan avant de se tourner vers Obito et les autres du groupe.
- Pour être tout à fait honnête, nous commencions à nous inquiéter pour Alexa. Ce n’est pas sain d’éprouver ce genre de sentiment sans que ça ne puisse être exprimé, ou développé. Elle ne faisait que ruminer tout ça, en réprimant de peur qu’il comprenne, et elle en est devenue très anxieuse. Nous avons pensé qu’il était temps qu’elle lui en parle, mais on ne voulait pas la forcer, et après en avoir discuté avec elle, elle a voulu le faire. Si ça fonctionne, tant mieux, si non, elle pourra passer progressivement à autre chose.
Konan acquiesça.
- C’est peut être mieux en effet, approuva Pain avec calme.
Hidan ricana en observant Deidara qui n’avait pas lâché la silhouette de son colocataire des yeux. Le blond le connaissait par coeur, il savait qu’il n’était pas intéressé, mais il n’arrivait plus à réfléchir de façon lucide, et ne pouvait pas s’empêcher d’être inquiet. Et si, par curiosité, ou par lassitude, il laissait sa chance à la jeune femme ? Après tout, elle était jolie, bienveillante, gentille. Elle n’avait jamais cherché à s’imposer comme il le détestait. Alors que lui même le faisait souvent avec le marionnettiste.
- Vous en pensez quoi, vous ? demanda Kisame aux amis d’Alexa, curieux de la situation.
- Sincèrement, dit alors Lucie avec un peu plus de sérieux, on veut encourager notre amie, mais on est aussi méfiants. Sasori est un homme assez particulier, on ne veut pas qu’il la fasse souffrir.
- Sans vouloir porter de jugement hâtif, ajouta Jean, on ne le connaît pas beaucoup mais on a vraiment l’impression d’avoir affaire à un bad boy. Et si dans les films ça marche bien niveau romantisme, dans la réalité, c’est plus souvent de la toxicité et un vrai danger. On l’imagine du genre à briser des coeurs, à se foutre des sentiments d’autrui, à juste vouloir faire ce qu’il veut, et à manipuler les pauvres âmes qui tombent sous son charme.
Hidan, qui s’amusait beaucoup à cet instant, ouvrit la bouche, s’apprêtant à siffler avec un air faussement admiratif pour le féliciter de sa perspicacité, ce qui ne ferait que conforter l’ami d’Alexa dans son opinion au sujet de l’artiste taciturne, mais Deidara parla le premier, assez sèchement.
- Ouais bah vous ne le connaissez vraiment pas alors. Il a peut être un comportement réservé, mais derrière ce qu’il montre, ou plutôt ce qu’il ne montre pas, il est vraiment attentionné. C’est la meilleure personne que je connaisse.
Il se leva, énervé par cette conversation, et partit sans laisser le temps à quiconque de lui répondre. Erwan semblait mal à l’aise.
- On ne voulait pas l’insulter, on l’apprécie vous savez. C’est juste qu’il est si secret qu’on a du mal à le cerner.
- On sait, le rassura Konan en souriant. Deidara se sent simplement plus concerné quand il s’agit de lui. Sasori l’a sorti d’une situation très difficile il y a quelques années, et il a toujours été là pour lui, alors il n’est pas très rationnel quand on parle de ça. Mais il est aussi celui qui le connaît le mieux, et il est vrai qu’avec nous, Sasori a toujours été d’une grande exemplarité, et totalement safe.
Hidan eut alors un sourire taquin.
- En fait il est toxique que pour lui même ce con.
Kakuzu, assis près de lui, lui asséna une claque bruyante derrière le crâne qui résonna dans la salle.
- Ferme la, tu parles trop.

 

**********

 

Sasori suivit Alexa à l’extérieur du bâtiment. Il la fixa, attendant qu’elle ne parle. La jeune femme se sentit rougir sous son regard si intense, elle détourna les yeux.
- Je ne pensais pas que ce serait si difficile, souffla-t-elle après un instant.
Le marionnettiste ne répondit rien. Elle prit une nouvelle inspiration avant de confronter ses iris ambrés.
- Tu as toujours l’air de tout savoir, de tout voir… Enfin, c’est l’impression que tu donnes, mais est ce que tu avais remarqué ?
- Remarqué quoi ?
Sa voix était grave, mais pas aussi cassante que d’habitude. Il était attentif, calme, posé, et elle frissonna en ressentant cette aura charismatique.
- Que…
Alexa déglutit avant de reprendre, moins fort.
- Que j’ai des sentiments pour toi.
Il y eut un silence.
- Je m’en doutais.
L’étudiante n’en fut pas surprise, mais cela la déstabilisa un instant. Ses yeux verts étaient toujours rivés dans ceux de son interlocuteur, si beaux, si hypnotisants. Comment un homme pouvait être si sublime ? Si attractif. Cela en était presque irréel, il était un ange, rien de moins qu’une divinité sur terre. Elle se força à revenir à la réalité.
- Tu n’es jamais venu m’en parler, alors que tu savais. Il y a une raison ? Est ce que ça te gêne de le savoir ?
Sasori ne dit rien pendant un moment, la regardant simplement, puis il prit la parole.
- Je ne t’en ai pas parlé parce que cette décision n’appartenait qu’à une seule personne, toi. Je pense que nos émotions nous sont personnelles, et qu’il faut que nous les partagions aux autres selon nos limites et notre volonté. Tant que tu ne venais pas m’en parler, j’estimais que c’était quelque chose que tu voulais garder pour toi, et je n’allais pas t’imposer de me les exposer. Je n’aimerais pas qu’on le fasse pour moi.
Alexa ne s’était pas attendue à cette réponse. C’était à la fois empli de compréhension, de respect et de bienveillance, tout en étant une mise en garde sur la distance qu’il mettait avec ce qu’il ressentait lui même. Il savait choisir ses mots avec beaucoup de soin.
- Je comprends.
- Tu as pourtant l’air surprise.
- C’est vrai, je ne pensais pas que tu réagirais ainsi.
Sasori pencha légèrement la tête sur le côté, intrigué, et elle trouva le geste adorable, mais ne fit aucun commentaire.
- Tu pensais que je réagirais comment ?
- Et bien… Je ne pense pas que ce soit réciproque, alors j’imaginais que tu me le dirais simplement sans faire traîner la conversation. Que ce serait court, que tu ne parlerais presque pas. D’habitude, du peu qu’on s’est fréquentés, tu te contentes de phrases brèves. Je ne pensais pas qu’on continuerait au delà de mon aveu, et que ce serait assez froid et distant. Mais il fallait quand même que je te le dise, pour pouvoir avancer après, et ne pas avoir de regret.
Le marionnettiste hocha la tête.
- Je vois. Tu as bien fait. Je ne vais pas te mentir, tu as vu juste sur une grande partie de tes propos. Ce n’est pas toi particulièrement, tu sembles être quelqu’un de bien, c’est général, j’ai jamais trouvé d’intérêt sur ce sujet, et je suis distant avec tout le monde.
Elle eut un léger rire.
- Oui, j’avais bien remarqué. Même s’il semble y avoir une exception. En tout cas, je te remercie de m’avoir écoutée, tu es vraiment un homme exceptionnel, et je ne sais pas si je dis ça à cause de ce que je ressens ou parce que ta réaction me renvoie cette impression, mais je le pense sincèrement. Je te souhaite d’obtenir tout ce que tu souhaites.
- Toi aussi, Alexa.
Elle le salua d’un geste de la main, s’empêchant de frissonner quand il prononça son nom de cette voix si doucereuse, et elle alla chercher ses amis pour partir. Sasori resta un instant immobile. Elle avait donc remarqué qu’il y avait effectivement une exception. Il ne mettait pas de la distance avec tout le monde, une personne y échappait.

Chapitre 59 : Vulnérable

Sasori respira longuement. Il sentait ses émotions se décupler et s’intensifier en lui sans qu’il ne puisse les réprimer, et si pour le moment, il parvenait à faire comme si de rien n’était, n’affichant qu’une expression impassible, il savait que cela ne durerait pas. Mais il n’avait aucun moyen d’extérioriser, Pain ne leur donnait plus beaucoup de missions de l’autre côté en ce moment, essayant d’analyser la situation géopolitique qui s’y développait, alors il n’avait rien pour passer ses nerfs. Il savait pourtant que céder à ses envies meurtrières ne faisait que le plonger davantage dans ses psychoses, et que cela ne lui procurait rien de bon, mais il était tellement perdu dans ce qu’il ressentait qu’il ne parvenait plus à lutter contre ses démons. Il ouvrit un tiroir dans sa chambre pour sortir le sachet d’herbes que Zetsu lui avait donné. En quelques minutes, il avait préparé une cigarette et l’allumait pour tirer une première taffe, laissant la fumée s’engouffrer en lui, pour finalement la souffler. La sensation d’apaisement fut presque immédiate, et il s’accouda au rebord de la fenêtre, laissant le vent frais balayer ses mèches de cheveux sauvages qui retombaient sur son front. Quand sa clope fut terminée, il s’en roula une nouvelle, rien n’était plus efficace pour endormir ses pulsions de violence et même plus généralement ses émotions intenses qui le troublaient.

 

**********

 

Deidara soupira en arrivant enfin devant l’immeuble, il était content de pouvoir enfin rentrer après cette journée à courir partout en ville pour acheter du matériel artistique dans diverses boutiques spécialisées. Il ouvrit la porte d’entrée et fut aussitôt surpris d’entendre de la musique aussi forte, alors que son colocataire préférait généralement le silence. Il posa ses sacs et regarda la scène qui se jouait devant lui. Sasori avait encore retourné la cuisine et préparé beaucoup trop de plats, dont beaucoup étaient vides ou copieusement entamés. Il était assis sur le rebord de la fenêtre, un tacos dans une main et un joint dans l’autre. Le blond comprit aussitôt ce qu’il s’était passé durant son absence.
- Est ce que ça va ?
Le marionnettiste sursauta avant de se retourner, et cela surprit l’étudiant aux cheveux longs. Son partenaire n’était pas facile à surprendre, il était toujours sur ses gardes, dans une attention constante relevant davantage de la paranoïa que de la prudence. Les rares moments où il se trouvait moins attentif étaient quand il atteignait un point dangereux de négligence vis à vis de sa santé, comme lorsqu’il ne dormait pas pendant plusieurs nuits à suivre, ou quand il n’était pas lucide. Les pupilles dilatées du jeune homme aux iris ambrés confirmèrent les soupçons de son ami. Sasori était tout simplement défoncé. Et pour en arriver à ce stade, lui qui était étonnement résistant à toutes sortes de substances, il devait avoir fumé plus d’une cigarette.
- Bah ouais, répondit enfin l’artiste taciturne d’une voix grave et posée, peut être un peu trop.
- Tu as encore dévalisé le frigo.
- Désolé, j’avais faim.
Deidara s’approcha doucement de lui.
- Et t’as fumé combien de joints ?
Son acolyte fixa dans le vide pendant un instant, l’air complètement perdu, puis il haussa les épaules. Le blond le fixa pendant quelques secondes, il était rare de ne pas voir le marionnettiste avec une expression glaciale et froide. En cet instant, il avait l’air ailleurs, et son visage était si doux, avec une certaine innocence étant donné son air désorienté. Deidara ne put s’empêcher de le trouver adorable, mais son manque de lucidité l’inquiéta. Il prit doucement le tacos à moitié fini de son ami pour le poser sur la table, devant le regard intrigué de celui ci, et il saisit le mégot pour l’éteindre dans le cendrier.
- Mais Deidaraaaa, tu fais quoi ? protesta l’artiste aux cheveux écarlates sans son implacabilité naturelle.
- Je pense que tu as assez fumé, et assez mangé aussi si j’en crois l’état de la cuisine. Tu vas finir par être malade.
Sasori fit la moue, ce qui le surprit, mais il ne put retenir un sourire.
- Oh allez Sori, tu vois bien que tu n’es pas toi même. Tu vas aller t’allonger un moment, il faut que tu retrouves ton état normal.
- J’ai pas envie.
- Ne fais pas l’enfant.
Voyant que son acolyte ne bougeait pas, Deidara le souleva sans ménagement, et si l’autre se débattit aussitôt avec ce qu’il lui restait de conscience et de compétences, il finit néanmoins sur l’épaule du blond, qui avait serré ses jambes devant lui, le laissant tenter de donner des coups de poing dans son dos en vain.
- Lâche moi !
Sans répondre, il l’emmena dans sa chambre et se pencha pour le faire tomber sur son lit. Sasori n’était visiblement pas content, mais l’autre lui caressa doucement la joue.
- Le toi lucide serait reconnaissant, alors cesse de bouder. Repose toi.
Il n’eut aucune réponse, alors il se leva pour le laisser tranquille, prenant soin d’emporter les feuilles à rouler et le sachet d’herbes avec lui. Juste avant de sortir, il tourna la tête et vit que Sasori le fixait avec plus d’émotions et d’affection qu’il ne l’avait jamais fait en étant dans son état habituel.

 

**********

 

Le marionnettiste ouvrit les yeux, et les souvenirs récents lui revinrent en mémoire.
- Putain de merde.
Il sortit de son lit et alla se rafraîchir sous la douche avant de s’habiller d’un pantalon ample et d’un débardeur, tous deux de couleur noire. Il rejoignit le salon, et vit que la cuisine avait été rangée et nettoyée. Son colocataire était assis dans le canapé, occupé sur son téléphone.
- Tu te sens comment ?
- Honteux.
Deidara sourit, il l’aurait parié. Son ami se laissa tomber près de lui dans un mouvement las.
- C’est pas grave. Il y avait une raison au fait que tu aies fumé autant ?
- Comme d’habitude.
L’artiste aux cheveux longs savait qu’il fallait beaucoup creuser pour obtenir des informations sur ce qu’il ressentait, et il avait l’avantage de bien connaître son partenaire.
- Tu avais des envies de violence ?
L’autre hocha la tête, avant de soupirer.
- C’était plus intense cette fois, j’ai cru que j’allais faire des conneries, alors j’ai pas fait gaffe au nombre de cigarettes, c’est le seul truc qui a marché jusque là. Mais je n’aime pas l’état dans lequel ça me met. Je ne me sens pas moi même.
- T’as l’impression d’être vulnérable ?
Son équipier acquiesça. Deidara se tourna vers lui, et il posa une main sur son épaule.
- Je suis content que ça t’aide avec tes pulsions, mais tu as raison, ce n’est pas une solution durable sur le long terme, pas à cette intensité en tout cas. Je sais aussi que tu refoules toutes tes émotions parce qu’elles aussi te rendent facile à atteindre selon toi, mais vraiment, ce ne sont pas des faiblesses. Si tu parvenais à exprimer petit à petit ce que tu ressens, peut être que ça t’apaiserait, et que ce serait plus efficace que de fumer de l’herbe. Je suis là pour t’écouter, tu le sais n’est ce pas ?
Sasori resta silencieux un instant, et son ami le lâcha pour ne pas lui imposer trop de contacts. Se replaçant dans le canapé, il attendit patiemment. Et à sa grande surprise, Sasori se laissa lentement glisser jusqu’à ce que sa joue se repose sur l’épaule du blond. Le marionnettiste souffla alors, d’une voix basse et douce.
- Oui, je le sais.

Chapitre 60 : Sans réponse

Deidara était essoufflé, il se retourna, cherchant son partenaire du regard, pour le trouver au milieu du champ de bataille, couvert du sang de leurs ennemis. Il s’approcha. Pain leur avait demandé de se rendre en urgence de l’autre côté, car une équipe de ninjas d’élite avait trouvé l’un de leurs repaires et commençait à l’inspecter. Le chef de l’Akatsuki avait donc missionné les deux artistes pour aller éliminer toute la troupe, et ainsi s’assurer qu’aucune information ne reviendrait aux grandes nations, et surtout pas la position du lieu. Ils avaient combattu dans l’antre pendant de longues minutes, et Deidara étant limité dans son potentiel explosif pour ne pas détruire le lieu, Sasori avait du recourir à ses techniques de corps à corps en plus de ses pantins. Mais il n’avait pas été poussé dans ses retranchements au point de devoir activer son propre corps dans sa version articulée.
- Tu vas bien ? demanda le porteur de la bague Azur à son équipier.
- Oui, pourquoi ? répliqua aussitôt l’artiste taciturne.
Le blond soupira, se rattachant correctement les cheveux après les efforts physiques que la bataille avait demandé.
- Ils étaient d’un niveau bien supérieur à ce qu’on combat d’habitude, je voulais juste vérifier que t’avais pas été touché. Je n’ai pas pu jeter un oeil à ce que tu faisais vu que mes adversaires occupaient toute mon attention, mais il me semble t’avoir vu voltiger à un moment ?
Le marionnettiste le regarda en silence un moment, avant de répondre doucement.
- C’était rien. Je n’ai aucune blessure, mais si tu ne me fais pas confiance, tu n’as qu’à vérifier.
- Je te fais confiance, Sori, mais admets que tu ne prêtes pas beaucoup d’attention à ta santé.
- Mmh.
Deidara sourit légèrement.
- Je n’obtiendrais probablement pas mieux, mais sache que je prends ça pour un oui. Allez nettoyons ce bordel, sinon Pain va nous reprocher de laisser des cadavres dans le repaire.
Les deux ninjas s’activèrent pour se débarrasser des corps, et l’artiste aux cheveux longs trouva que son ami était quelque peu différent, il semblait un peu distrait. En général, il faisait tout pour nettoyer derrière lui avec rapidité, n’aimant pas traîner, ni perdre de temps, pourtant, cette fois, il était assez lent. Son partenaire ne s’en formalisa pas trop, après tout, Sasori était aussi souvent perdu dans ses pensées, c’était probablement encore le cas. Les deux criminels utilisèrent leurs chevalières pour revenir dans leur monde, et Deidara alla aussitôt s’affaler dans le canapé de leur appartement. Son colocataire se dirigea vers sa chambre sans rien dire. Il ne fallut que quelques secondes pour que le blond n’entende le bruit sourd d’un corps qui chute, et il se précipita pour trouver le marionnettiste au sol, grimaçant de douleur, et le visage blême.
- Putain il t’arrive quoi ?
N’obtenant aucune réponse, il s’apprêta à poser une autre question, mais il remarqua alors du sang qui commençait à s’écouler du nez et de la bouche de son acolyte, ce dernier luttait pour garder les yeux ouverts. Il alla chercher son téléphone pour appeler Konan, puis Pain, mais aucun des deux ne décrocha. Qui d’autre que la jeune femme avait des connaissances médicales pour ausculter son équipier ? Il baissa les yeux vers Sasori, le seul autre membre du groupe qui pouvait soigner, c’était le marionnettiste lui même. L’étudiant aux cheveux longs n’avait pas le choix, il composa le numéro des urgences, les mains tremblantes, et demanda une ambulance, pendant que Sasori avait de plus en plus de mal à respirer correctement. Pris d’une douleur atroce dans la poitrine depuis le combat, le jeune homme avait cru qu’il ne s’agissait que d’un hématome violent suite au coup qu’il avait reçu, mais quand il avait commencé à sentir des vertiges, il s’était douté que la réalité était toute autre. Il se rendait maintenant compte que son état était sans doute plus grave qu’il ne l’avait imaginé. Il aurait voulu dire à Deidara de ne pas appeler les secours, que cela risquait de compromettre leur secret, mais il n’en était pas capable, et visiblement, il ne pouvait pas rester ainsi. Le téléphone dans sa main, Deidara s’agenouilla près de lui.
- Reste avec moi, ne meurs pas, s’il te plaît, ils vont arriver, ne t’inquiète pas.
S’il en avait eu les moyens, Sasori lui aurait fait remarquer que c’était plutôt lui qui s’inquiétait. Ses sens étaient tellement instables qu’il en perdit la notion du temps, et il arriva à peine à discerner le brancard et les personnes qui approchaient de lui pour le transporter. Sa vision se fit de plus en plus trouble, et il perdit connaissance au moment où il entra dans l’ambulance.

**********

 

Deidara faisait les cent pas dans la salle d’attente de l’hôpital. Cela faisait maintenant des heures qu’il était là, la boule au ventre, à se demander si Sasori était encore vivant. Depuis qu’il était monté dans le véhicule avec lui pour l’accompagner, il n’avait fait que constater la panique de l’équipe médicale quant à l’état de son ami. Dès qu’ils étaient arrivés sur place, le brancard avait été amené dans l’un des services d’urgences, et le personnel lui avait demandé de patienter. Mais il n’avait aucune nouvelle, depuis maintenant trop longtemps, et l’ignorance le rongeait. Plusieurs personnes étaient passées dans cette salle, toutes étaient reparties avant lui, et il était désormais seul, la soirée était commencée, et la plupart des patients était dans des chambres, ou repartis après leurs rendez-vous. Un médecin entra alors dans la pièce.
- Bonsoir, vous êtes le colocataire de Sasori Redsands ?
Deidara se précipita vers lui.
- Oui, comment va-t-il ?
- Nous avons enfin stabiliser son état, mais il n’est pas encore sorti d’affaire, il est toujours au bloc opératoire. Je suis venu vous voir car nous manquons d’informations sur ce qu’il s’est passé, vous avez dit au téléphone qu’il s’était écroulé comme ça, soudainement ?
Le blond hocha la tête.
- Nous sommes sortis faire du sport, et en rentrant, il est allé dans sa chambre, et il est tombé.
- Quel sport ?
- De la course, et un peu de musculation.
Le médecin nota ce qu’il disait, puis il le regarda par dessus ses lunettes, un air suspicieux sur le visage.
- Il ne s’est rien passé durant cette sortie ?
- Non, pourquoi ?
- Votre ami a plusieurs de ses organes vitaux perforés, un poumon, et la rate. Il a fait plusieurs hémorragies internes, et je ne sais même pas comment il peut être encore en vie. Et en général, ça n’arrive pas comme ça, sans rien. Il faut un choc extrêmement brutal, comme se prendre un bus par exemple.
Deidara revit brièvement le souvenir de son champ de vision latéral, le moment où il avait vu son coéquipier voltiger après un coup. Sasori avait donc bel et bien été touché, et même gravement, mais il avait menti, et il avait fait comme si de rien n’était. Il comprenait mieux à présent pourquoi il avait pris son temps pour nettoyer le repaire. Il avait du souffrir énormément en portant les cadavres pour s’en débarrasser et le tout sans se plaindre une seule fois. Et lui n’avait rien remarqué. Se rendant compte qu’il s’était perdu dans ses pensées, l’artiste répondit d’une voix neutre.
- S’il s’était pris un bus, je pense que je l’aurais remarqué. Il ne va pas mourir ?
L’homme le regarda de nouveau avec attention.
- Il est encore trop tôt pour le dire. Je vous avertis également qu’avec des telles blessures, j’ai été obligé de le signaler, et il va probablement y avoir une enquête pour comprendre ce qu’il s’est passé.
Il partit ensuite, et Deidara se sentit tomber sur une chaise. Il n’arrivait pas à y croire, à se rendre comte de ce qu’il se passait. Sasori était entre la vie et la mort, et il pouvait le perdre à chaque seconde.

Chapitre 61 : Le verdict

Les cernes creusaient le visage du blond, tout comme l’inquiétude. Il avait dépensé une fortune à la machine à café pour se maintenir éveillé dans l’hôpital, sentant une pique de stress le parcourir dès qu’il entendait des pas dans les couloirs ou une porte claquer au loin. Cela faisait maintenant plus de vingt-quatre heures que Sasori était quelque part dans ce lieu immense, situé entre la vie et la mort. Pain et Konan l’avaient rappelé, ils avaient été effarés d’apprendre ce qu’il s’était passé, pour la vie de Sasori d’abord, puis pour les conséquences sur leur secret à tous. Tous les membres de l’Akatsuki lui avaient téléphoné dans la nuit, demandant des nouvelles qu’il n’avait pas lui même. Il avait toutefois refusé qu’ils le rejoignent, cela aurait été encore encore plus suspect, il avait simplement promis de les tenir au courant. Deidara écrasa le gobelet vide entre ses doigts, frustré de n’avoir aucune connaissance de la situation. Un médecin entra dans la salle d’attente et le jeune homme bondit sur ses pieds.
- Il est toujours inconscient, lui annonça-t-il sans le faire attendre davantage. Nous avons réussi à stabiliser son état, sa vie n’est plus en danger, mais il va falloir surveiller encore un moment. Je vais vous conduire à lui, il a été placé dans une chambre. L’anesthésie générale a du être augmentée compte tenu de la durée de l’opération, il risque d’être assez perturbé en se réveillant.
Deidara ne répondit pas, il soupira simplement de soulagement, la pression qui avait enflé en lui se dissipant.
- Je vous suis.
Le trajet se fit rapidement, chaque seconde passant pourtant trop lentement pour lui. Lorsque le médecin ouvrit la porte, il se tourna vers lui.
- Il risque d’avoir quelques difficultés à parler, il a été intubé pendant un long moment, sa gorge risque d’être douloureuse.
Deidara acquiesça simplement avant d’entrer. Il posa son regard sur le lit avec appréhension, mais rien ne l’alarma. Sasori semblait juste dormir, son visage était assez serein. Il était couvert d’un drap, qui dissimulait presque intégralement les bandages enroulés autour de son corps. L’étudiant aux cheveux longs sortit son téléphone pour écrire aux autres membres du groupe, leur expliquant la situation, et la bonne nouvelle. Il approcha ensuite sa main du visage de son ami pour dégager une mèche de cheveux rouges qui tombait sur son visage, caressant sa joue au passage. Le marionnettiste ouvrit doucement les yeux, les paupières papillonnant sous le coup de la sensation encore brumeuse, comme s’il n’était pas complètement sorti du sommeil qui lui avait été imposé. Il essaya de parler, mais il sentit sa gorge se serrer de douleur, et il ne put qu’exprimer un léger son étouffé.
- Ne force pas trop, Sori, souffla son ami en reculant sa main pour lui laisser de l’espace, prends ton temps avant de parler.
Le jeune homme soupira et il ferma les yeux, essayant de se concentrer. Il reporta ensuite son attention sur Deidara, le regardant avec questionnement. Habitué à son langage non verbal, bien que léger, le blond comprit tout de suite ce qu’il demandait.
- Tu m’avais dit que ça allait, tu m’as encore menti. Je t’ai vu t’écrouler, je n’ai pas eu le choix, j’ai du appeler les secours. Tout ça pour apprendre finalement que tu avais des organes vitaux touchés, et que tu étais en train de mourir. Tu as passé plus d’une journée au bloc opératoire, on a failli te perdre Sasori, et pour de bon.
Il n’avait pas pu empêcher sa voix de contenir un ton de reproche. Il avait eu tellement peur, il s’était trouvé là, impuissant, à attendre. Il ne lui en voulait déjà plus, mais l’amertume était encore trop récente pour se dissiper. Le marionnettiste resta silencieux, avant de parler, d’une voix basse et cassée à cause de sa gorge douloureuse.
- T’es beau.
- Je ne veux pas de tes exc… Attends, t’as dit quoi là ?
Il vrilla son regard azur dans les iris dorés de son colocataire, qui ne semblait pas saisir ce qu’il venait de dire. Le blond se souvint qu’il était toujours sous l’emprise de l’anesthésie, ce qui expliquait son attitude détachée actuelle. En temps normal, Sasori aurait fui son regard avec culpabilité, et il serait resté silencieux. La porte s’ouvrit sur le médecin et une équipe d’infirmiers  qui s’approchèrent.
- Vous êtes réveillé, constata le premier, comment vous sentez vous ?
Sasori haussa les épaules avec flegme avant de grimacer, le mouvement avait été un peu ambitieux pour le moment.
Le personnel s’approcha de lui, et il eut un mouvement de recul.
- Nous devons changer vos bandages, se justifia l’un d’eux.
- Il n’y a que Dei qui me touche, répliqua le blessé d’une voix perdue.
Le jeune homme aux cheveux dorés se sentit mal à l’aise, il s’approcha à son tour.
- Sasori, laisse les faire, c’est leur travail. Je n’ai pas les compétences pour changer tes pansements moi, eux si, et c’est important vu ton état de santé.
Son acolyte fit la moue, mais il se laissa faire, frissonnant en sentant les mains inconnues se poser sur lui. Quand les infirmiers le portèrent pour le déplacer, avec précaution, il lâcha soudainement.
- J’voudrais que ce soit Deidara qui me soulève… Mais pas comme ça…
Le visage du blond se colora de rouge sous la surprise comme les propos, et les personnes dans la pièce sourirent, amusés par la situation.
- Elle était bien dosée cette anesthésie générale, s’amusa le médecin pendant qu’il auscultait son jeune patient.
- Il va tellement vouloir s’enterrer quand il reprendra ses esprits, réagit finalement Deidara.
Il ne put s’empêcher de regarder l’état du corps de son ami, les cicatrices récentes dues à son opération qui parcouraient son ventre et son torse. Il savait bien que Konan pourrait les refermer plus vite grâce à son jutsu, et que Sasori trouverait bien le moyen de les rendre invisibles avec le temps, mais il ne put s’empêcher de se sentir triste pour lui. Il avait déjà bien assez de traumatismes et de blessures internes, il aurait préféré lui épargner encore une marque qui lui rappellerait ce souvenir dès qu’il croiserait un miroir.

 

**********

 

Deidara regardait par la fenêtre de la chambre, repensant à ce que Sasori avait dit sous l’influence de l’anesthésie. Est ce que c’était une révélation concrète, sortie de l’esprit si secret de son ami ? Ou bien juste une connerie à ne pas prendre au sérieux. Il se retourna pour regarder son acolyte, qui s’était rendormi peu de temps après la venue du personnel. Ce dernier s’agita légèrement et ouvrit les yeux, alors le blond retourna près de lui.
- Comment tu te sens ?
Le marionnettiste grommela un instant avant de répondre, d’une voix rauque encore abîmée.
- Comme si j’étais passé sous un bus…
- J’aurais préféré attendre que tu sois en forme, mais il y a urgence. Tout à l’heure quand tu dormais, un inspecteur est venu à ma rencontre. Il compte ouvrir une enquête pour comprendre ce qu’il t’est arrivé, et s’il commence à fouiner dans ta vie tu vas très peu apprécier. Il est encore à l’hôpital, je crois qu’il pose des questions aux personnes qui t’ont géré.
- Merde.
- Tu l’as dit. On fait quoi ?
Sasori se redressa dans son lit, et son ami vint aussitôt le plaquer contre l’oreiller pour l’empêcher de se lever.
- Oh, ne fais pas n’importe quoi s’il te plaît.
Le marionnettiste ignora sa remarque, il réfléchissait déjà.
- Est ce que d’autres personnes ont posé des questions ?
- Tout le monde.
- Et tu saurais les reconnaître ?
Le blond hocha la tête. Sasori regarda sa main gauche.
- Okey, on va commencer par l’inspecteur. Tu sais où ils ont foutu ma chevalière ?
- Toutes tes affaires ont été récupérées quand tu es entré au bloc, ils sont censés te les amener prochainement, mais comme c’est pas déjà là, je suppose qu’ils ont eu des choses plus urgentes à faire.
- Tant pis, prête moi la tienne s’il te plaît.
Deidara retira Azur de son index pour lui donner, et son partenaire l’enfila à son doigt.
- Est ce que tu peux aller chercher ce type ? Dis lui que je suis réveillé, et que je veux bien répondre à ses questions.
L’étudiant aux cheveux longs acquiesça et il sortit de la pièce avec une légère appréhension. Que comptait faire Sasori avec le terrible pouvoir que renfermait la bague ?

Chapitre 62 : Les chevalières

L’inspecteur entra dans la chambre, suivi de Deidara qui referma la porte. Il semblait avoir une cinquantaine d’années, et une carrière importante derrière lui si on se fiait à son visage sévère et assuré. Quand il avait entendu parler d’un jeune homme hospitalisé d’urgence dans un état critique, sans aucune raison apparente, il n’avait pas pu s’empêcher de vouloir trouver une explication. Plus il avait posé de questions, moins il avait eu de réponses claires. Il lui semblait évident que cette affaire cachait quelque chose de plus grand, et sa curiosité comme son instinct le poussaient à trouver ce qu’il se passait. Quand le jeune blond qui accompagnait la victime était venu lui dire que son ami était conscient et qu’il acceptait de le voir, il s’était dirigé vers la chambre avec fermeté, décidé à obtenir des éléments précis. A aucun moment, l’homme ne s’était imaginé ne pas réussir à comprendre la situation, il n’avait en face de lui que deux étudiants d’une vingtaine d’années, ils ne faisaient pas le poids face à son expérience. Il avait interrogé des profils bien plus coriaces, bien souvent des criminels endurcis, qui connaissaient suffisamment les méthodes d’interrogatoire pour essayer de les détourner à leur avantage et qui avaient un sang froid hors norme. Là, il jouait dans une cour de récréation. Il eut un premier doute quand il croisa les yeux ambrés du jeune homme installé dans le lit. Jamais il n’avait vu une telle maîtrise de soi, un tel regard glacial, et pourtant si tranquille, sans la moindre crainte, sans la moindre hésitation. Il s’installa néanmoins sur une chaise près de lui, préparé à la conversation qui allait suivre.
- Bonjour monsieur Redsands, comment vous sentez vous ?
- Bien. J’ai cru comprendre que vous souhaitiez ouvrir une enquête, mais je n’ai rien demandé, ni contacté les forces de l’ordre, alors pourquoi ?
L’homme sourit, le patient était décidément bien méfiant. Et étonnamment lucide pour quelqu’un qui sortait d’une anesthésie générale en ayant échappé de peu à la mort.
- Votre cas n’est pas anodin, répondit-il alors. Vous êtes arrivé ici avec des organes internes touchés, un tel état n’arrive pas sans évènement, je veux simplement comprendre à quoi c’est dû. Pour de telles blessures, il y a forcément quelqu’un derrière tout ça, selon les suppositions des médecins avec lesquels j’ai discuté, un véhicule aurait pu vous percuter. Sachant que la personne qui l’aurait fait ne s’est pas manifestée, elle est non seulement responsable de votre état, mais aussi coupable d’un délit de fuite, et de non assistance à personne en danger. Alors ma demande est simple, racontez moi ce qu’il s’est passé.
- Vous semblez déjà avoir beaucoup de suppositions.
- Nous n’avons fait qu’évaluer la situation vis à vis de votre état. Et éliminer les explications qui ne correspondaient pas. Nous avons besoin de la vérité, et vous seul pouvez nous la donner.
Sasori soupira, las de cette conversation. Deidara observait la scène depuis la porte, il se demandait ce que ferait son acolyte quand il serait à bout de patience, et bien que le visage de ce dernier soit resté impassible, lui percevait son agacement face à la détermination de l’inspecteur.
- Je vois, lâcha soudainement le jeune homme d’une voix traînante. Comme je vous l’ai dit, je n’ai rien demandé. Combler votre curiosité ne m’intéresse pas. Et je n’apprécie pas qu’on vienne se mêler de ma vie.
L’inspecteur ouvrit la bouche pour rétorquer mais Sasori le coupa avant même qu’il ne prononce le moindre mot.
- Mais ce n’est pas grave, bientôt, vous ne vous poserez plus de questions. Il n’est pas nécessaire que je vous donne des informations pour lesquelles vous n’aurez plus aucun intérêt d’ici quelques minutes.
Pendant qu’il parlait, toujours avec beaucoup de calme, ses mains effectuèrent des mudras, lentement, pour ne pas alerter l’inspecteur. Celui ci allait demander ce qu’il faisait, ne comprenant pas ces gestes, mais il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche, il s’était figé sans comprendre comment. Le sceau du marionnettiste venait de s’apposer sur le représentant de l’autorité. Il avait désormais accès à sa mémoire, et plus généralement à ses capacités cérébrales. Le jeune homme se balada dans la tête de sa victime, effaçant tout souvenir de lui, ses interrogations, et le peu d’informations qu’il avait rassemblé. Il remplaça ce contenu par une nouvelle histoire, qui justifierait sa présence à l’hôpital : il était venu déposer des papiers pour un arrêt de travail destiné à un collègue. Pour éviter qu’il ne cherche à comprendre de qui il s’agissait, ou qu’il ne trouve cela louche, il fit en sorte de  rendre temporaire cette excuse. Dès que l’homme serait sorti de l’établissement, il oublierait y être allé, et tout ce qu’il pensait y faire. Sasori sortit du cerveau de l’inspecteur, et ce dernier, le regard vide, se leva pour sortir, sans un regard derrière lui.
- Deidara, finalement, j’ai pu voir dans sa tête toutes les personnes à qui il a parlé ici, mais j’aimerais que tu m’accompagnes et que tu t’assures que je n’ai oublié personne.
- Bien sûr.
Il s’approcha de son acolyte pour l’aider à se redresser et ils allèrent dans les couloirs, Sasori reproduisant la même technique à chaque fois qu’ils croisaient quelqu’un du personnel qui s’était occupé de lui. Quand tout fut terminé, le marionnettiste récupéra ses affaires, rendit Azur à son ami, et ils partirent de l’hôpital. Sur le chemin, le jeune homme semblait avoir des difficultés à avancer, son utilisation excessive de chakra alors qu’il était encore convalescent avait accentué sa fatigue, alors, sans un mot, le blond vint le soutenir, et si cet état agaçait le concerné, il se permit de murmurer un remerciement à son partenaire. Quand ils arrivèrent à l’appartement, Deidara le posa sur le canapé avant de s’assoir à côté de lui. Le marionnettiste laissa son corps s’adosser et il ferma les yeux.
- Comment tu te sens ? demanda l’étudiant aux cheveux longs
- Épuisé.
Il y eut un silence. L’artiste aux iris bleus reprit alors la parole.
- J’ai une question, je n’ai pas compris quelque chose.
Sasori ne tourna pas la tête vers lui, il n’ouvrit pas non plus les yeux, mais il était attentif.
- Mmh ?
- Je croyais que nos chevalières nous donnaient nos pouvoirs, que Azur donnait la faculté d’utiliser l’argile explosive et que l’Orbe donnait les facultés de marionnettiste. Pourtant, quand tu as pris ma bague, tu as gardé tes pouvoirs de manipulation, alors je suis un peu perdu.
Sasori se redressa, pliant ses jambes en tailleur avec précaution, pour le regarder.
- Nos chevalières ne renferment pas nos techniques, ni nos pouvoirs. C’est déterminé par notre identité. Les bagues ne permettent que deux choses, nous transporter de l’autre côté, et nous permettre de manipuler le chakra. Pour ce qui est de ce que l’on en fait, je pense que c’est simplement un pouvoir qui nous correspond. Si tu portais l’Orbe, ou une autre, tu pourrais toujours sculpter ton argile.
- C’est plus clair maintenant, merci de m’avoir expliqué. Sori, tu as l’air vraiment mort, tu devrais aller dormir.
Le marionnettiste resta un instant silencieux, puis il répondit en soupirant.
- Ouais, t’as raison.
Il se leva en grimaçant légèrement et alla dans sa chambre. Il se laissa tomber sur son lit, repensant à tout ce qu’il s’était passé dernièrement. Le jeune homme se souvint alors de ce qu’il avait dit à son colocataire lorsqu’il était à l’hôpital, sur son désir, et il sentit son visage le brûler tandis qu’il rougissait fortement, regrettant ses paroles, et sa perte de contrôle. Il enfouit sa tête dans son oreiller pour s’étouffer dans sa honte.

Chapitre 63 : Le mot de trop

Les membres de l’Akatsuki étaient réunis dans le salon de l’appartement des artistes. Deidara distribuait des verres à tout le monde, tout en donnant des nouvelles de Sasori, racontant les évènements en détail. Le concerné était toujours dans sa chambre, endormi, un état justifié. Même si deux semaines s’étaient écoulées depuis son hospitalisation, le jeune homme était resté enfermé, prenant le temps de se remettre. Konan était venue plusieurs fois compléter les soins avec sa technique médicale ninja, et si les blessures n’étaient maintenant qu’un souvenir, le marionnettiste se fatiguait vite, ce que la kunoichi pensait du à son surmenage général depuis de nombreux mois. Le repos lui avait été imposé, et pour une fois, il n’avait pas protesté. Les étudiants s’installèrent tranquillement, parlant de leur ami, mais aussi de leurs journées, et d’autres sujets plus insignifiants, jusqu’à se taire en entendant la porte de la chambre à gauche du salon s’ouvrir. Sasori sortit, les cheveux encore plus sauvages que d’habitude, vêtu d’un pantalon ample et d’une veste à capuches ouverte sur son torse. Il laissa son regard ambré balayer l’assemblée, avant de se diriger dans la cuisine.
- Qu’est ce que vous foutez ici ? dit-il en se déplaçant.
- Et bien, quel accueil chaleureux, railla Hidan, t’as l’air content de nous voir, ça fait plaisir.
Un soupir lui répondit.
- Commence pas toi, boucle la.
L’immortel se sentit piqué, puisqu’il renchérit aussitôt, avec agacement.
- Non mais je rêve ?! On était venus prendre de tes nouvelles espèce d’immense connard. Tu vas vraiment me dire de la fermer alors que je fais simplement remarquer que tu te comportes comme un con en nous voyant ?!
- Ouais, répondit simplement la voix du marionnettiste depuis la cuisine.
Deidara se pencha vers les autres pour murmurer.
- Il est d’une humeur de chien en ce moment.
Kisame répondit sur une intonation soufflée similaire.
- J’ai envie de dire, ça change pas de d’habitude.
Si tous s’étaient adaptés au caractère de leur ami, Hidan semblait décidé à ne pas laisser passer son attitude, il se sentait énervé par le manque de respect du blessé, pour qui il s’était levé plus tôt afin de lui rendre visite. Quand Sasori revint dans le salon, une tasse de café dans la main, il se planta face à lui, ce qui obligea l’artiste aux cheveux rouges à lever la tête pour soutenir son regard, puisqu’il était plus petit.
- Personne ne te dit jamais rien, donc t’as grave pris la confiance, asséna-t-il avec colère, mais tu parles trop mal, j’suis pas ton chien t’entends ?!
- Fous moi la paix.
Il n’y avait pas la moindre réaction chez son interlocuteur, et c’est précisément ça qui énervait autant l’homme aux cheveux argentés. Il n’avait pas de problème à se disputer avec quiconque, à voir les autres crier, mais il trouvait insupportable que quelqu’un puisse se maîtriser comme le faisait Sasori. Il n’aimait pas ce calme tranquille, ce sang froid inhumain, il n’aimait pas le savoir le mépriser de ses iris dorés, il n’aimait pas cette indifférence et encore moins avoir conscience que cela dissimulait bien plus de danger que lui. Si son interlocuteur s’était énervé, il aurait lui même réagi avec moins d’intensité. C’était puéril, mais il s’en fichait. Hidan savait appuyer sur les faiblesses, et il avait bien l’intention de soulager ses émotions en voyant l’autre succomber aux siennes, il savait maintenant qu’elles existaient, et qu’elles étaient intenses, malgré les apparences. Il eut un rictus mauvais.
- Putain ce que tu peux être arrogant. Tu me fixes comme si t’attendais tranquillement que je me lasse, comme si t’avais rien à faire de tout. Si tu savais comme ça m’énerve.
Il se rapprocha encore, se tenant maintenant à quelques millimètres du marionnettiste, qui posa machinalement sa tasse sur un meuble d’à côté sans lâcher des yeux l’homme qui s’imposait dans son espace vital. Kakuzu semblait avoir deviné ce que son équipier comptait faire.
- Hidan, ça ne vaut pas le coup, ça va se retourner contre toi.
L’interpellé ignora cette mise en garde.
-T’as plus besoin de te cacher tu sais Saso… Maintenant, avec tous les évènements de ces derniers mois, on sait très bien que c’est faux, ce masque d’impassibilité que tu affiches. T’as le contrôle de rien en fait, et ça doit bien te faire chier de t’en rendre compte, vu comment tu es maniaque de tout maîtriser. Mais la vérité c’est que t’en es incapable, tout puissant que tu es. T’es une merde, pas mieux que nous autres, tu t’efforces de développer ce que tu appelles de l’art, mais c’est juste une façon de te voiler la face. Malgré tes capacités, t’as pas été foutu de prévoir les évènements, t’as failli nous claquer dans les pattes deux fois déjà, on a été obligés d’aller te chercher. Bah tu sais quoi, on aurait peut être mieux fait de te laisser là bas le premier coup. Surtout pour voir comment tu t’autodétruis tout seul, putain quelle perte de temps. Pauvre petit Sasori à la vie tragique qui relève la mode emo avec brio à paraître edgy tout le temps, comme si on en avait quelque chose à péter. Avec ton incompétence, t’as même failli à ta mission de sauvetage de ton équipier, t’aurais pu le faire tuer, ton cher Deid…
Si le marionnettiste avait encaissé chaque phrase sans rien manifester, il avait néanmoins senti sa colère s’intensifier en lui, et ses envies de violence remonter. Il avait tenu jusqu’à ce que l’immortel prononce le nom du blond. Son regard s’était voilé et il avait soudainement attrapé la gorge de sa main droite pour le plaquer avec force contre le mur, faisant trembler l’appartement. Sa main gauche avait subtilisé avec précision la chevalière de l’autre, pour la jeter au sol, et une lame était soudainement apparue entre ses doigts, pour venir se poser sous le menton de l’étudiant. Derrière eux, les autres avaient étouffé un même hoquet de surprise, choqués. Hidan, lui, observa attentivement le marionnettiste, son torse nu que la veste ne couvrait pas se soulevait plus rapidement, signe de l’émotion qui ressortait, et son visage avait troqué son air inexpressif pour un air menaçant, toujours glacial mais manifestement visible. Le regard ambré du jeune homme était assassin. Ce n’était pas un coup de pression de sa part, il mourrait d’envie de le tuer. Un grand sourire étira les lèvres de l’impertinent. Il adorait cette vision, il adorait le fait d’avoir enfin réussi à faire de l’effet à ce type, à lui faire perdre contenance. Il commença à rire, les yeux exaltés.
- C’est donc ça qui te fait réagir ? Ooooh, si tu savais à quel point je suis fan de ce qu’il se passe. C’est tellement savoureux de te voir ainsi, perdre les pédales. Tellement plus satisfaisant que de juste te voir buter des gens.
Il avança la tête autant qu’il le pouvait, appuyant sa gorge contre la paume de l’autre, et contre sa lame, pressant son corps contre celui qui le maintenait.
- Oh, vas-y Sasori, plonge cette arme en moi, t’en meurs d’envie, vas-y, prouve à tout le monde que personne ne compte pour toi. Personne, à part Deida…
Dès qu’il commença à nommer le partenaire du marionnettiste, celui ci esquissa un geste pour terminer ce qu’il avait commencé, ne supportant pas ses paroles provocatrices, ni son intonation traînante, à l’insolence poussée à l’extrême. Une main saisit soudainement son poignet , un bras s’enroula autour de sa taille, et il fut brusquement tiré en arrière. Il jeta un regard derrière son épaule et aperçut Kakuzu, dont la carrure bien plus massive que la sienne et dont la force pouvait le retenir, il se débattit aussitôt, prêt à se battre, jusqu’à ce que Deidara apparaisse devant lui.
- Sasori, stop !
L’artiste aux cheveux écarlates plongea dans le regard azur de son partenaire, et il cessa dans la seconde de lutter, bien que toujours maintenu par Kakuzu par sûreté. Hidan, un immense sourire aux lèvres, fixa l’homme qu’il avait provoqué tout en se baissant pour récupérer sa chevalière tombée au sol. Il en riait, mais il avait ressenti un stress conséquent quand le marionnettiste l’avait privé de cette bague qui lui offrait l’immortalité. D’habitude, quand il cherchait à l’agacer, il se savait protégé par son pouvoir, là, il s’était retrouvé sans défense. Mais ce danger ne l’avait pas empêché d’apprécier l’instant, au contraire. Après un instant, l’étudiant en commerce relâcha le jeune homme, et ce dernier attrapa sa veste pour la remettre en place sur son épaule, le vêtement ayant glissé pendant qu’il s’agitait. Tous avaient pu voir sur son torse les hématomes encore bien marqués sur sa peau si pâle. Sasori reprit son expression impassible et il traversa le salon sans leur adresser un seul regard pour retourner dans sa chambre, s’y enfermant. Deidara fixait la porte close, se demandant s’il devait aller lui parler, ou lui laisser un peu de temps. Hidan ricanait, visiblement fier de lui, et Kakuzu laissa le plat de sa paume claquer contre l’arrière du crâne de son acolyte, produisant un son particulièrement fort.
- Tu aurais complètement mérité que je le laisse te tuer, lâcha-t-il froidement.
- Moi je l’aurais laissé mourir, confirma Kisame avec un sourire.
Konan affichait un air sévère, elle se planta devant Hidan, et ce dernier se demanda si elle n’allait pas le frapper à son tour.
- Est ce que tu es inconscient ou juste complètement idiot ?! On essaie de trouver comment aider Sasori depuis des mois, tu crois vraiment que son état peut durer comme ça ? C’est quoi ton but, empirer les choses ? Lui rajouter des traumas ? Le rendre encore plus dangereux ? Il va se passer quoi pour lui s’il commence à tuer ici, s’il s’en prend à nous ?! On essaie de l’aider merde, on est ses amis, à quoi tu joues Hidan ?!
Il ne répondit rien, il avait trouvé cela exaltant sur le moment, mais après réflexion, il se rendait compte des conséquences que cela pourrait avoir sur le groupe entier si Sasori vrillait. La jeune femme se tourna vers Deidara, et posa sa main sur son épaule.
- La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que je crois qu’on a une vraie piste pour l’aider.
- Laquelle ? demanda le blond en posant son regard sur elle.
- Toi, Dei. Il était prêt à se battre, ta simple intervention l’a arrêté. Je crois vraiment que ma théorie se confirme. C’est toi, la solution.

Chapitre 64 : Mis de côté

Le mois d’avril s’était déroulé lentement, Pain avait décidé de ménager un maximum le duo d’artistes, et plus particulièrement le marionnettiste. Ce dernier avait repris tranquillement son semestre à l’école d’Arts, passant avec brio ses oraux, jusqu’à finalement valider son année en avance au début du printemps. Il avait été tenu à l’écart du groupe, et c’était mieux ainsi. Konan pensait qu’éloigner un peu le jeune homme de l’autre côté pourrait atténuer ses besoins de violence, et tout le monde avait trouvé que la méthode fonctionnait bien. Jusqu’à ce que Deidara leur apprenne que son colocataire se rendait toujours là bas seul, et qu’il comblait ses pulsions en faisant des expériences toujours plus risquées, et toujours plus sordides. Il avait fait de son mieux pour l’occuper dans leur monde, en lui proposant des sorties, en l’intéressant à toutes sortes de choses, mais Sasori finissait toujours par trouver comment s’isoler. L’étudiant aux cheveux roux se décida donc de cesser de le tenir à distance des évènements, il organisa une soirée dans l’appartement qu’il partageait avec Konan, et invita l’Akatsuki dans son intégralité. Il espérait que les choses se passeraient bien entre Hidan et Sasori, qui ne s’étaient pas revus depuis que le marionnettiste avait failli tuer l’autre. Les deux artistes, encore chez eux, se préparaient. Deidara, pour une fois prêt avant l’heure de départ, alla voir dans la chambre de son colocataire, qui tourna la tête vers lui.
- Quoi ?
- Est ce que ça va aller ?
Le marionnettiste fronça les sourcils.
- Pourquoi ça n’irait pas ? Je ne suis pas du cristal, ta façon de sans cesse t’inquiéter est assez agaçante.
Le blond soupira.
- C’est pas ça Sori, c’est juste que la dernière fois qu’on a été tous réunis, t’as failli tuer Hidan.
Sasori détourna les yeux.
- Je me souviens. Je vais me contrôler.
Deidara s’approcha de lui et il posa sa main sur son épaule.
- J’ai confiance en toi. Tu t’en sortiras, je sais que tu luttes constamment contre tout ce que tu ressens, ça doit être épuisant. Je suis là si tu as besoin.
Sa main se déplaça sur la joue de son ami, et ce dernier ferma les yeux, se laissant aller au contact de la paume. Puis, reprenant ses esprits, il recula, mais Deidara avait eu le temps de le voir apprécier, il ne fit toutefois aucun commentaire.
- On devrait y aller.

 

**********

 

Les membres de l’Akatsuki étaient installés dans le salon. Hidan ne pouvait s’empêcher de fixer Sasori, qui pour sa part ne lui avait pas adressé un seul regard. Il ne semblait pas tendu, ni énervé, mais il l’ignorait simplement. La conversation avait été jusque là très classique, chacun racontant son quotidien et le déroulé actuel de ses études. Pain changea de sujet après une heure pour faire le point sur leur projet de l’autre monde.
- On devrait se mettre d’accord sur la suite du programme, se justifia-t-il.
Sasori pencha légèrement la tête sur le côté, intrigué.
- Alors ça y est, vous arrêtez de me tenir à l’écart ? Je fais de nouveau partie du groupe ?
Un silence embarrassé lui répondit.
- Mais quelle idée, lança Konan en souriant. Tu avais juste besoin de repos, mais on ne t’a pas mis de côté.
Les autres acquiescèrent et le marionnettiste les regarda.
- Ne me prenez pas pour un imbécile, c’est aussi ridicule qu’agaçant.
Pain ouvrit la bouche pour répondre, mais il le devança d’un ton sec.
- J’étais fatigué, pas stupide.
Il y eut une nouvelle tension, pesante, sans bruit.
- Désolé, Saso, dit alors la jeune femme. On était inquiets à ton sujet, on ne voulait pas que tu portes encore trop de choses sur tes épaules. On s’est rendus compte que tu avais beaucoup donné pour notre cause, au point même d’y sacrifier ta santé. Nous avons voulu t’accorder un peu de répit, tu le mérites. Maintenant, tu es avec nous, alors si tu veux t’impliquer, ce sera ton choix, on le respectera. Entendu ?
L’artiste aux cheveux rouges réfléchit un instant, puis il hocha la tête. Itachi prit à son tour la parole.
- La situation là bas nous est favorable, le monde ninja est affaibli par les tensions politiques. Les conflits entre les grandes nations et leur incapacité à communiquer et à s’allier sont notre meilleur atout. Alors la question, c’est : qu’allons nous faire ?
- Bah tout exploser et ne laisser que des cendres ? répondit Hidan comme si c’était une évidence, pendant que Deidara trouvait l’image utilisée plaisante.
- Quel idiot, lâcha Kakuzu sans tact.
Pain se tourna vers l’immortel.
- On ne veut pas détruire ce monde, ni éliminer la population de l’autre côté. On veut anéantir leur système, on veut façonner un monde à notre image. Alors certes, nos moyens ne sont pas forcément très moraux, mais pour obtenir une paix parfaite, il faut bien en passer par là. Quand nous aurons le contrôle, nous pourrons nous occuper de faire au mieux.
Sasori les observa sans rien dire. Il avait toujours trouvé les idéaux du leader de leur organisation puérils. Pour qui se prenait Pain, après avoir découvert un monde il y a tout juste quelques années, à revendiquer le droit de critiquer le système et vouloir s’approprier ces territoires ? Qui était-il pour vouloir s’imposer ainsi dans un monde dans lequel il ne vivait même pas ? Il trouvait son ego déplacé. Mais il garda le silence, il s’en fichait complètement de ce qui pouvait bien advenir de cet univers. Cela ne l’intéressait pas, et il avait conscience qu’il n’était pas le mieux placé pour faire une quelconque leçon de morale. Tout ce qui lui importait, c’était son art.
- Dans ce cas, reprit Hidan après avoir réfléchi, on devrait tuer les kages, ils n’auraient plus personne à la tête des grandes nations, et on pourrait prendre le commandement.
Les membres du groupes prirent un instant pour étudier cette suggestion.
- Non, intervint alors le marionnettiste. Ce ne serait pas efficace.
- Pourquoi ? demanda Deidara à son colocataire.
- Les villages ninjas n’attendraient pas, ils nommeraient de nouvelles personnes au rang de kage aussitôt les anciens décédés. Et nous nous retrouverions avec le même problème.
- Et qu’est ce que tu proposes alors ? questionna Kisame, intrigué.
Sasori balaya l’assemblée de son regard ambré.
- Il faudrait les faire céder. Faites craquer leurs chefs, et les populations suivront. Il n’y aurait que des petits groupes de résistants à écraser, mais ce serait rapide. Si le monde ninja capitule, nous aurons accès à davantage de ressources, et éliminer toute rébellion sera un jeu d’enfants.
Tout le monde le fixa, et Pain prit sa décision.
- C’est un bon argument. Bien, faisons donc en sorte qu’ils se soumettent à nous de leur propre volonté.
La conversation se tourna vers les étapes nécessaires à ce résultat, et Deidara lui regarda son acolyte, son visage tranquille, inexpressif, ses yeux dorés si intenses, ses mèches écarlates qui tombaient sur son front et sur les côtés de sa tête. Sasori avait un don avec les gens, pour leur faire faire tout ce qu’il désirait, soit en les convainquant, soit en les menaçant, et lui avait eu de nombreuses reprises d’être témoin de cela. Il se souvint d’un évènement précis, lorsqu’ils étaient encore au lycée.

Chapitre 65 : L’ange gardien

L’adolescent était installé avec nonchalance à une table, dans un couloir du lycée. Il avait beau être extraverti et plein d’énergie, parfois, il aimait s’isoler et se retrouver seul avec lui même. Griffonnant dans un carnet de croquis quelques tracés pour un dessin qu’il lui faudrait retravailler, il était concentré. Une ombre attira son attention et il releva la tête, voyant devant lui trois garçons de sa classe. Il ne leur parlait pas beaucoup, il était donc surpris de leur venue soudaine.
- Bah alors Deidara, t’es tout seul ? Tes potes sont pas avec toi ?
Le blond fronça les sourcils, cette approche lui paraissait louche.
- Ils sont en cours, ou quelque part dans le coin je ne sais pas. Vous cherchez quelqu’un ?
L’un de ses interlocuteurs sourit.
- Non, c’est toi qu’on voulait voir. On a trouvé ton compte Twitter le week end dernier.
- Et alors ?
Le jeune homme sentait bien une certaine tension dans cette situation, mais il ne voyait pas où était le problème. Ses posts sur les réseaux ne parlaient d’aucun de ses camarades, seulement ses amis, il ne manquait de respect à personne, aucune communauté, aucun groupe, aussi ne se sentait-il pas le moins du monde inquiet à l’idée que son compte soit vu par d’autres personnes. Un autre l’éclaira.
- Alors on a vu ce que tu tweetes sur toi. On savait pas que t’étais pd.
La mine de Deidara s’assombrit. Il avait oublié l’homophobie ambiante de la société, même au XXIème siècle.
- Qu’est ce que ça peut vous foutre ? lâcha-t-il d’un ton plus sec.
- Hey, tu vas te calmer un peu, rétorqua celui qui avait parlé le premier, visiblement contrarié que le blond ne se sente ni gêné, ni en danger.
Ils étaient venus le confronter avec l’intention de lui faire comprendre qu’il n’était pas normal, qu’il ne devait pas ne serait ce qu’oser en parler sur Internet, ils voulaient l’effrayer, le contraindre à se faire discret, à éprouver de la honte. Mais Deidara ne semblait pas impressionné, et cela ne leur plaisait pas.
- Moi si j’étais un détraqué mental, reprit le troisième garçon avec un sourire, en voyant quelqu’un l’apprendre, je m’écraserais pas mal. T’as un culot monstre de nous répondre ainsi, alors qu’on pourrait te balancer à tout le monde.
- Non mais je rêve ? ricana Deidara. Un détraqué mental ? Et c’est moi qui suis culotté. Vous sortez d’où vous trois ? Du XIXème siècle ? Non mais vous croyez quoi ? Que je vais flipper ? Vous êtes des gros nazes, les gars. Non seulement j’ai aucune honte mais je n’ai pas à en avoir, en revanche, l’homophobie est un délit, alors vous devriez peut être être gênés de vous comporter comme des merdes. Je n’en parle pas justement pour ne pas me faire emmerder par des abrutis dans votre genre, mais dans l’absolu, j’en ai rien à foutre que vous le disiez, je ne fais rien de mal. Bougez de là maintenant, vous gâchez mon champ de vision.
Piqué par sa répartie, l’un de ses interlocuteurs le saisit par le col du t-shirt, et le poing de Deidara alla s’écraser aussitôt dans son visage, signant les prémices d’une bagarre violente. Un surveillant arriva rapidement pour les séparer, et si Deidara avait un oeil au beurre noir, il sourit avec fierté en voyant les nez de ses adversaires qu’il avait fracturés, et le sang qui s’écoulait lentement de leurs narines et de leurs lèvres fendues. Pendant qu’ils étaient tous les quatre entraînés dans le bureau de la vie scolaire pour expliquer les évènements, Sasori arriva dans le couloir. Itachi, qui était près de lui, lui expliqua ce qu’il s’était passé, puisque s’il n’avait pas eu le temps d’intervenir, il avait eu le temps d’en voir plus que l’adolescent aux cheveux rouges.

**********

 

Les trois lycéens rentraient chez eux, marchant sur le trottoir, il faisait déjà nuit, il n’était pas si tard, mais la saison rendait les journées courtes.
- Vous pensez qu’il va tenir encore longtemps ? Je déteste son assurance dès qu’on essaye de le remettre à sa place cette pédale.
Un soupir lui répondit.
- C’est pas une cible facile, mais sur le long terme, personne ne peut encaisser, on va redoubler d’efforts jusqu’à ce qu’il ait honte d’aimer les mecs. Si on le laisse comme ça, ils vont tous penser que c’est normal de sucer des bites quand on est un homme, et on va se retrouver à devoir se méfier de peur d’être approchés par ces tapettes qui se multiplient et qui prennent la confiance.
- C’est sûr, mais il m’énerve, ça fait déjà deux semaines qu’on essaie de lui pourrir la vie, et on s’est déjà pris plein d’heures de colle à cause des bagarres. On peut même pas casser la gueule d’un pd en paix.
- Ouais, mais lui aussi il en a pris des heures de colle. Il n’est pas protégé par le système, t’inquiète.
Ils tournèrent dans une rue déserte, qui faisait partie de leur chemin.
- Vous allez plutôt arrêter d’emmerder Deidara.
La voix avait résonné avec un ton glacial dans leur dos. Surpris, n’ayant entendu aucun bruit de pas, senti aucune présence, ni vu personne, les trois adolescents firent volte face, sursautant légèrement avant de se reprendre. Devant eux, il n’y avait qu’un autre garçon de leur classe. Ils mirent un certain temps à le reconnaître car ce dernier était très effacé dans le groupe, mais ils voyaient souvent la victime de leur harcèlement et de leur haine traîner auprès de lui. Le visage impassible, les cheveux rouges. Il semblait calme, trop calme pour un type qui paraissait si chétif comparé à leur gabarit à eux. Trop calme pour quelqu’un de seul, face à trois adolescents agressifs dans une ruelle vide et sombre.
- T’es quand même pas idiot au point de nous avoir suivis pour espérer négocier la tranquillité de ton pote pd ? lança alors celui qui se tenait au milieu.
- Non, répondit l’autre avec nonchalance. Je ne suis pas venu négocier.
- Oh, alors tu veux demander poliment ? Tu crois qu’avec ta tronche de gosse innocent et prépubère tu obtiendras notre pitié ?
Sasori pencha légèrement la tête sur le côté.
- Non plus.
Il s’approcha d’eux jusqu’à n’être séparé de ses interlocuteurs que par quelques centimètres. Ils purent tous voir ses iris ambrés si intenses.
- Je suis venu m’assurer que vous ne vous en prendrez plus à lui. Ni à aucune autre personne non hétéro au passage.
Ils n’eurent pas le temps de rire, les coups étaient partis vite. Pendant quelques minutes, les seuls sons qui tranchèrent le silence de la nuit furent les impacts violents des corps sur le sol et les gémissements de douleur. Les trois garçons étaient allongés, presque inconscients, la vision trouble, quand leur agresseur fracassa leurs téléphones sur le sol, jusqu’à ce qu’il n’en reste que des morceaux irrécupérables.
- Vous n’aurez plus besoin de ça, après tout, si vous vous en servez pour harceler des gens sur les réseaux, autant vous les enlever.
La voix de Sasori leur semblait lointaine. Il s’accroupit et saisit le cou de l’un d’eux pour le forcer à être attentif.
- Si vous adressez de nouveau la parole à Deidara, je recommencerai. Et la prochaine fois, je vous tuerai. Ou je vous briserai les jambes pour que vous ne marchiez plus jamais. Je vous déconseille d’aller baver que c’est moi qui vous ai cassé la gueule, déjà ça détruirait votre réputation de mec populaire à la virilité déjà si fragile, et ensuite vous n’avez aucune preuve, alors que moi, j’ai déjà préparé un alibi. Est ce que je suis clair ?
L’adolescent senti les larmes couler sur ses joues à cause de la pression sur sa gorge et de la douleur. Ce n’était pas la première fois que ses amis et lui se battaient, jamais ils n’avaient fait face à une telle violence, à une telle technique. Sasori ne mentait pas quand il disait qu’il pourrait les tuer, il en était certain. Déclamer des menaces avec une telle tranquillité, sans exprimer la moindre humanité, c’était effarant. Il hocha doucement la tête, et en quelques secondes, plus personne n’était là. Sa vision se troubla, que s’était-il passé même ? Rien de tout cela ne semblait réel. La seule certitude qu’il avait était que ses deux amis et lui gisaient dans la rue, avec une douleur lancinante aux côtes, aux jambes, au visage.

 

**********

 

Deidara traversa le couloir après avoir rangé ses livres dans son casier. Il aperçut au loin Sasori, installé avec négligence sur un banc, et il avança pour le rejoindre. Sur sa gauche, au croisement du couloir, il tomba face à ses trois harceleurs. Tendu, il s’apprêta à répondre à leurs provocations, ou à se défendre physiquement, mais à peine eut-il croiser leurs regards que ceux ci détournèrent les yeux avant de le dépasser pour s’éloigner de lui. Surpris par leur fuite, il se retourna, constatant avec étonnement leur démarche boiteuse et leurs frissons dès que quelqu’un les frôlait au niveau de la taille. Ils avaient aussi le visage marqué, comme s’ils s’étaient battus. Ce n’était pas la première fois que ces trois là revenaient avec des bleus ou des coquards, mais habituellement, ils s’en vantaient, racontant à qui voulait l’entendre la grande bagarre qui leur avait offert ces souvenirs de guerre. Cette fois, ils n’avaient rien dit, et se faisaient très discrets. Le blond s’installa près de son ami, qui écrivait des premières réflexions sur un sujet de dissertation de français.
- C’est étrange, lâcha Deidara.
- Qu’est ce qui est étrange ? l’interrogea l’autre sans cesser d’écrire.
- Les trois gros cons de la classe, ceux qui me faisaient chier depuis un moment, tu sais je t’en avais parlé, surtout qu’ils m’ont faire prendre des heures de colle les enfoirés. Non seulement on dirait qu’ils ont pris une raclée, mais en plus ils ont baissé les yeux en me croisant alors qu’ils  étaient bien décidés à me faire payer mon existence à chaque fois qu’ils me voyaient.
- Très étrange en effet.
Deidara réfléchit un moment. Il était habitué aux silences de son ami, au fait de mener les conversations seul. Le son du stylo sur le papier accompagna ses réflexions, et il sembla prendre conscience de quelque chose.
- Sasori, pourquoi hier soir tu m’as demandé de poster sur mes réseaux que je t’avais encore battu sur Mario Kart alors que t’étais pas encore arrivé chez moi ?
- T’avais oublié de t’en vanter la dernière fois qu’on a joué.
- C’est quand même bizarre de m’avoir demandé ça.
L’adolescent aux cheveux écarlates soupira.
- Pourquoi tu l’as fait si tu trouves ça bizarre ?
- Parce que je te fais confiance.
Il y eut un nouveau blanc entre les adolescents.
- C’est toi qui leur as fait ça, n’est ce pas ?
Le blond n’obtint aucune réponse. Mais il n’en avait pas besoin, il savait lire en lui, lire en ses émotions non exprimées, lire en ses mots non prononcés.
- Tu vas te mettre dans la merde un jour à jouer comme ça avec la légalité. Mais merci, t’es vraiment un ange.

Chapitre 66 : Fierté

Le blond était allongé sur son lit à scroller son écran. Une information sur l’actualité passa sous ses yeux.
- Ah mais c’est vrai, ça approche !
Deidara se leva pour sortir de sa chambre, à la recherche de son colocataire. Ce dernier était en train de travailler une pièce en bois à son bureau, dans le salon.
- Sori, je peux t’interrompre un moment ?
- Tu l’as déjà fait techniquement.
L’autre roula des yeux.
- Putain ce que tu peux être de mauvaise foi. Quand j’arrive sans prévenir, tu me reproches mon manque de politesse, et quand je fais l’effort de demander gentiment, tu râles encore. T’es un gros con tu sais.
- Merci, ça me va droit au coeur. Tu voulais me dire quoi ?
Deidara s’approcha et il s’assit sur le bureau de son ami, le forçant à quitter son travail des yeux pour le regarder.
- On arrive bientôt au mois de juin, dit-il.
Sasori haussa un sourcil.
- Effectivement, tu es très observateur aujourd’hui toi. Et donc ?
- Vas-y mollo sur le sarcasme. Juin, c’est le mois de la Pride. Et je voudrais que tu viennes avec moi à celle qui se fera en ville. Le deuxième samedi de juin. S’il te plaît.
Il y eut un silence, et Deidara sentait que sa proposition allait être refusée. Son ami avait toujours été là pour l’aider, le soutenir, mais dès qu’il s’agissait de se confronter à la foule, c’était autre chose.
- Si ça peut te faire plaisir, d’accord, lâcha alors le marionnettiste après un instant.
Un sourire éblouissant étira les lèvres du blond.

 

**********

 

Sasori toqua à la porte de la chambre de son colocataire et il entra.
- Deidara, tu es prêt ?
Le blond passa la tête depuis la salle de bain pour le regarder.
- Je me maquille. Tu vas y aller habillé comme ça ?
- Pourquoi ? C’est pas bien ? Ou inadapté ?
Deidara l’observa un instant. Le marionnettiste portait un jeans troué noir, avec de la résille sous le vêtement qui ressortait sur sa peau si pâle, avec un débardeur de la même teinte ébène. la tenue, légère, retraçait finement sa silhouette légèrement musclée, suivant les creux de ses hanches et la forme de son corps. Il était sans aucun doute le plus bel homme qu’il n’avait jamais croisé.
- T’es super beau comme toujours, mais je trouve que ça manque un peu de couleur pour une Pride.
- Que dois-je changer ?
- Tu me laisserais te maquiller ? Et te prêter des bijoux ?
- Oui.
L’étudiant aux cheveux longs sourit.
- Top, je termine et j’arrive. Si tu veux, regarde sur mon bureau, il y a un classeur avec les différents drapeaux LGBT+ que j’ai peints, tu peux regarder s’il y en a un qui te parle.
Le jeune homme aux cheveux rouges s’approcha pour feuilleter les différentes propositions. Son ami le rejoignit après quelques instants.
- Alors ? demanda-t-il.
Son colocataire lui montra un drapeau, et Deidara sourit. Il ne demanda pas si le choix de son équipier était par simple appréciation des couleurs ou bien parce qu’il s’agissait de ce à quoi il s’identifiait. Jamais ils n’avaient parlé de ce que ressentait l’artiste taciturne pour autrui, aussi était-il complètement dans l’ignorance. Et il avait du mal à contenir sa curiosité.
- Assis toi, je vais chercher mes pinceaux et mes palettes.
Il entreprit avec attention de maquiller Sasori, il n’eut pas besoin de toucher à son teint, déjà aussi parfait que celui d’une poupée de porcelaine, en revanche il ajouta un léger trait de liner et un soupçon de mascara, accentuant son regard ambré déjà si intense naturellement. Le jeune homme paraissait déjà porter ces artifices au naturel tant ses cils étaient sombres et allongés. Sur le haut de ses pommettes, le blond dessina deux drapeaux à trois bandes, rose, violet, bleu, l’emblème de la bisexualité. Comme il s’y attendait, la peau était si douce que le pinceau glissait avec fluidité, traçant la couleur en un seul passage. Quand il eut terminé, il alla chercher dans ses affaires des accessoires et il accrocha aux poignets de Sasori qui le regardait faire en silence des bracelets violets, pour rappeler la couleur du drapeau ainsi que celle de la chevalière qu’il portait. Puis, après un instant d’hésitation, il accrocha un collier imposant, de la même teinte lilas, décoré de chaînes argentées, autour de son cou gracile, le faisant frissonner. Il ne fit aucune remarque sur le fait que ce genre de bijou, en plus d’être lié à une esthétique gothique ou du moins un style alternatif, était aussi souvent associé à des signes d’appartenance dans le milieu BDSM. Le blond aimait ce type d’accessoires, et il en achetait plusieurs sans aucune intention derrière. Il devait cependant reconnaître que sur Sasori, cela lui donnait une impression étrange, presque embarrassante. Mais comme toujours, cela lui allait à merveille.
- Est ce que ça te va ?
Le marionnettiste se leva.
- Si ça te convient, oui. On peut y aller.
Les étudiants en Arts sortirent, et il ne leur fallut pas longtemps pour rejoindre le centre ville et trouver le cortège de la marche. L’après midi défila très vite, Sasori ne cessait de regarder Deidara qui s’amusait, et qui illuminait la foule par son attitude si solaire. Lui se faisait plus discret, se contentant de suivre le groupe, d’observer les évènements, les danses, et d’esquiver tout contact physique avec les personnes présentes. L’après midi défila vite, le cortège avait fait le tour du centre ville avant de s’arrêter sur la place centrale, où les stands étaient prêts à accueillir la foule. Sasori avait perdu son colocataire durant le trajet, il alla simplement voir les marchandises proposées. N’ayant rien de particulier à acheter, il opta pour un cornet de churros à manger en attendant de retrouver le turbulent passionné d’explosions. Observant les différentes performances sur la place, venant de groupes aux costumes aussi colorés que variés, dont il admira l’originalité et la qualité de conception, il se laissa entraîner par ses pensées. Des bras s’enroulèrent soudainement autour de ses épaules, et il contint sa surprise en reconnaissant le parfum d’argile et de menthe fraîche de Deidara. Ce dernier déposa sur la joue du marionnettiste un baiser léger.
- Merci d’être venu avec moi, Sori. Je peux te prendre un churros s’il te plaît ? Tu me donnes faim…
Sasori ne répondit rien, mais il saisit un bâtonnet dans le sac et il le lui tendit. Le blond, n’ayant pas envie de le lâcher ni de déplacer ses bras, se contenta d’ouvrir la bouche pour attraper la friandise entre ses dents.
- Merchi, articula-t-il avec difficulté.
Il se décala pour manger, et Sasori fit volte face pour le regarder.
- Tu t’es bien amusé ?
- Oui ! Si jamais tu veux bien, et que tu as encore un peu d’énergie sociale, on pourrait aller à l’after prévu par l’organisation, plusieurs bars proposent des tarifs réduits pour la Pride ?
- D’accord.
Le blond saisit son poignet.
- Est ce que tu t’es un peu amusé au moins ?
Sasori le fixa, il semblait soudainement soucieux.
- J’aime bien l’ambiance qu’il y a à la Pride, et le militantisme derrière, même si je ne participe pas, j’aime regarder. J’ai apprécié, ne t’inquiète pas.
Le sourire de son ami en réponse fut chaleureux.

Chapitre 67 : L’ultime bataille

Les étudiants se réunirent dans le salon de l’appartement qu’occupaient Pain et Konan. Ils avaient décidé de se retrouver en urgence après avoir reçu des nouvelles d’Itachi, parti dans l’autre monde récupérer des affaires qu’il avait laissées. Les nations de l’autre côté s’affrontaient en ce moment même, et par hasard, l’un de leurs repaires était à proximité du champ de bataille. Cet affrontement était, selon le possesseur des sharingans, d’une violence nouvelle, comme un dernier sursaut des pays ninjas pour essayer de défendre leurs patries, en vain, puisque la paix était désormais impossible à retrouver étant donné les crimes de guerre qui avaient été commis dans ce conflit. La trahison qui s’était glissée dans cette alliance avait visiblement laissé des traces dans les esprits de chacun, et elles ne s’effaceraient pas de sitôt.
- Quel est le plan ? demanda Hidan, enthousiaste.
- On se téléporte sur place, annonça Pain, on force les kages à capituler, on met fin à la guerre, et on prend le contrôle de ce monde.
- Ils sont sur place au moins ? se renseigna Deidara.
- Oui, acquiesça Konan. Itachi nous a dit qu’ils étaient tous présents, nous n’aurons peut être pas d’autre occasion de les confronter en même temps. C’est le moment d’en terminer avec les nations ninjas.
- Qui nous dit qu’une fois soumis à notre organisation, ils n’essaieront pas de nous la mettre à l’envers ? s’interrogea Obito avec méfiance.
- Nous anticiperons, répliqua le chef de leur groupe, le réseau d’espions de Sasori est trop performant pour que des informations puissent lui échapper. Nous éliminerons la résistance dans l’oeuf, et nous nous assurerons que personne ne veuille ramener la violence et la guerre dans ce monde.
Kisame croisa les bras.
- On devrait peut être se bouger et rejoindre Itachi maintenant, il ne va pas attendre une plombe qu’on discute tranquillement ?
Pain hocha la tête, et tous les membres du groupe activèrent le pouvoir de leurs bagues, avant de disparaître de l’appartement. L’Akatsuki n’avait presque jamais agi de cette façon, tous ensemble au même endroit, il s’agissait plus d’actions menées par binômes, et parfois par groupes de quatre. C’est pourquoi les ninjas de tous pays, qui s’affrontaient déjà depuis un long moment, furent surpris de voir devant eux, sortir de la montagne où ils n’avaient pas conscience qu’un repaire était dissimulé, l’intégralité des criminels les plus dangereux, les mêmes qu’ils avaient cherché en vain pendant tant de mois.
- Mais c’est une blague, lâcha soudainement le Tsuchikage avec dépit et stupéfaction, sans parvenir à en croire ses yeux.
Les combats se figèrent tant les ninjas semblaient déconcertés par cette apparition. Un homme s’avança plus que les autres, les yeux rivés sur le marionnettiste aux cheveux rouges. Il ouvrit la bouche pour parler, mais Sasori le devança.
- Tu dois être Rasa, le quatrième Kazekage. Tu n’as pas perdu de temps pour reprendre en main Suna. Ton prédécesseur serait fier de toi.
La mine du dirigeant s’assombrit.
- Et aujourd’hui encore plus, car il va être vengé.
Le jeune homme aux iris ambrés sourit, amusé par son assurance, mais il ne répondit rien. Pain observa le champ de bataille, avant de parler d’une voix calme, mais forte.
- Regardez vous, à vous entretuer pour des futilités. Vous ne faites que propager la souffrance, sans être capables d’y mettre un terme.
Il effectua un mudra, et cinq autres incarnations de son pouvoir, avec les mêmes cheveux roux, et des rinnegans similaires, apparurent tout autour de la zone de combat.
- La religion, les idéologies, les ressources, les territoires, même l’amour et la soif de justice, peu importe la raison qui vous motive, c’est pathétique. Sous couvert de bonnes actions, de bonnes motivation, vous estimez que c’est suffisant pour déclencher une guerre, et au final ce ne seront pas vos idéaux qui seront portés à l’honneur, parce que c’est le vainqueur qui décidera de ce qui aura été juste ou non. La guerre n’est qu’un crime payé par le sang et la douleur des vaincus.
Il balaya l’assemblée de son regard si particulier.
- Nous venons aujourd’hui mettre un terme à tout cela. Vous allez souffrir dans un premier temps, parce que vous voudrez vous battre pour la liberté, et je l’accepte. Il faut parfois tomber pour grandir et perdre pour gagner, parce que les plus grandes leçons de la vie sont apprises par la douleur. Alors venez, ninjas du monde entier, venez essayer, et lorsque vous aurez compris, vous vous rendrez.
Ses paroles achevées, les ninjas hurlèrent leur soif de vaincre, et le combat reprit, plus violent que jamais maintenant que ces criminels de légende s’étaient joints à la partie. La scène était pour le moins chaotique, personne ne savait vraiment avec qui se battre, ni contre qui. Les shinobis de chaque nation se battaient contre leurs voisins de frontière, contre les renégats, sans parvenir à une réelle coordination. Tout le contraire de l’Akatsuki, dont les membres avançaient dans les rangs en causant de lourds dégâts. Hidan semblait beaucoup s’amuser à balayer sa faux gigantesque autour de lui, il éclata même de rire quand un soldat de Kumo le transperça d’une épée massive, avant de se rendre compte que sa victime était dotée d’un pouvoir qui le rendait immortel. Il n’eut cependant pas le temps de regretter ses actes, et fut tué rapidement. Itachi était également redoutable, quiconque croisait ses sharingans ne pouvait plus se lever, ni même bouger, piégé dans un monde virtuel duquel on ne sort pas indemne, et il était soutenu par Kisame, et son imposante Samehada qui se nourrissait du chakra de ses adversaires. Des explosions violentes retentissaient de tous les côtés, Deidara survolant la zone sur son oiseau et envoyant ses créatures d’argile combattre. Les papiers immaculés de la seule femme du groupe tranchaient l’air à une vitesse folle, si rapides et si incisifs qu’ils n’avaient pas le temps de se tacher de sang même alors qu’ils traversaient la chair. Les six incarnations de Pain créaient un carnage dans une gigantesque circonférence en utilisant tous les pouvoirs édifiants des rinnegans. Différentes silhouettes maîtrisant les éléments entouraient Kakuzu, dont les fils fauchaient l’air et les corps avec vivacité. Obito et Zetsu utilisaient leurs capacités pour disparaître dans le sol, et réapparaître plus loin, si le premier pouvait ensuite fracasser avec violence leurs ennemis, le second, moins puissant, se contentait de servir de diversion. Sasori n’utilisait pas seulement une centaine de pantins invoqués depuis ses rouleaux, dont le troisième Kazekage, provoquant et perturbant les rangs du village des sables, il usait aussi de son propre corps marionnette ; à lui seul, il était une véritable armée. Ses mouvements, chaque inclinaison de ses doigts, était d’une précision monstrueuse, ses oeuvres valsant dans les airs comme un ballet minutieusement préparé, mais terriblement mortel.

Chapitre 68 : Une fois, mais pas deux

Le combat faisait de nombreux dégâts du côté de chaque pays, alors que leurs adversaires, pourtant seulement une dizaine d’individus, ne comptaient aucune perte. Il ne faisait aucun doute que la puissance de cette organisation criminelle surpassait leurs forces. S’ils s’étaient alliés, ils auraient eu une chance, mais aucun des kages n’était prêt à faire confiance à ses pairs après les conflits qui avaient eu lieu ces derniers mois. Dans les conditions actuelles, aucune victoire n’était donc envisageable, l’Akatsuki travaillait contrairement à eux dans une symbiose parfaite. Un par un, les dirigeants des plus grandes nations de ce monde abandonnèrent, posant leurs armes à terre en signe de reddition. Les ninjas suivirent leurs chefs, et le calme revint progressivement sur le champ de bataille. Les cinq kages furent réunis auprès de Pain pour négocier les termes de leur défaite, et ce que cela leur coûterait. Ils étaient entourés d’Itachi et Kakuzu, qui s’assuraient qu’il n’y aurait pas de piège tendu à leur leader. Les autres membres, éparpillés sur toute la zone, surveillaient la foule de combattants, encore nombreux malgré les pertes énormes qui avaient secoué leurs rangs. Pain gardait une expression mesurée, mais il était complètement satisfait. Enfin, il atteignait son but, comme il en rêvait depuis qu’il avait découvert ses pouvoirs, et cet univers.
- Vous allez nous ouvrir l’accès à vos villages, annonça fermement Pain. Nous avons déjà le contrôle total sur la cité de la pluie, Ame, qui n’avait pas la chance  d’avoir un kage, ni un quelconque dirigeant de votre trempe lorsque nous sommes arrivés. Vous resterez à vos postes, mais vous agirez en notre nom. Nous laisserons certains de nos espions avec vous, pour assurer la bonne communication. Nous maintiendrons la paix dans ce monde, vous n’aurez plus à craindre qu’une guerre ne cesse entre vos nations, puisque nous n’en formerons qu’une, et vos ambitions de domination, vous pouvez désormais les oublier.
Les visages étaient sombres, malgré la promesse de fraternité et d’accalmie, tous savaient que cela se paierait au prix d’une certaine liberté. De plus, le goût de l’échec leur était amer, ils étaient en train de capituler face à des criminels, qui avaient tué sans scrupules beaucoup d’innocents. Pour toutes les nations ninjas, cette défaite était difficile à encaisser.
- Hors de question ! hurla une voix dans la foule.
Les têtes se tournèrent machinalement vers l’origine du cri, et les shinobis découvrirent avec stupéfaction que tous ne s’étaient pas rangés du côté de leurs supérieurs. Un groupe conséquent de combattants issus de tous les villages s’était rassemblé pendant le début des négociations, refusant catégoriquement de laisser l’Akatsuki gagner. Pas sans se battre. Ils s’étaient faufilés dans les rangs, cherchant à atteindre ensemble l’un des membres de l’organisation ennemie, et avaient réussi à mettre la main sur l’un d’eux. Un kunaï sous la gorge, les mains immobilisés, les autres résistants placés stratégiquement autour de lui et son assaillant, les cheveux dorés tirés en arrière pour l’empêcher de bouger la tête. Deidara. Konan jeta un regard paniqué à Pain, qui comprit la gravité de la situation. De tous les membres de leur assemblée, le blond était le seul qui ne devait pas être pris en otage. Les ninjas rebelles n’avaient aucune idée de ce qu’ils venaient de provoquer. Sasori, à l’opposé du champ de bataille, s’était figé dès que le cri avait résonné. Le temps était comme arrêté, pas seulement parce qu’il avait aussitôt reconnu son colocataire, mais aussi parce qu’il avait déjà vu cette scène. Quelques mois auparavant, son ami avait aussi servi de monnaie d’échange. Ses émotions explosèrent en lui, et il ne parvint plus à réprimer ses pulsions de violence. Il n’accepterait pas que la situation se répète. Il ne supporterait pas de se faire avoir une seconde fois. Il ne pouvait plus tolérer que quiconque appuie sur sa seule faiblesse, son ami, le seul qui comptait plus que tout. Le marionnettiste avait beau être le plus éloigné des résistants, il traversa la zone de combat à une vitesse étonnante, utilisant le câble de son abdomen pour se propulser. Son regard ambré semblait dément, comme une promesse de mort certaine, et irrationnelle. Certains ninjas parmi ceux qui s’étaient déjà rendus, essayèrent de l’arrêter, craignant un véritable massacre, ils furent tous balayés sans avoir la moindre chance ; d’autres au contraire reculèrent pour ne pas se trouver en travers de son chemin. L’homme qui tenait une lame sous la gorge de Deidara appuya cette dernière, hurlant qu’il ne plaisantait pas, et qu’il tuerait si Sasori ne s’arrêtait pas immédiatement. Sa phrase fut à peine terminée que le câble ruisselant de poison et de sang se planta en plein milieu de son front. Il s’écroula, et aussitôt Deidara bondit agilement pour s’éloigner des rebelles. Mais face à la violence inouïe dont faisait preuve son colocataire, il dut prendre ses distances avec toute la zone où les combats avaient repris. Sasori avaient identifié d’un seul regard tous ceux qui s’étaient révoltés, tous ceux qui étaient complices de la prise d’otage, et aucun n’avait échappé à sa vision d’analyste. Le jeune homme aux yeux azurs observa, d’abord surpris, puis inquiet, son ami devenu incontrôlable, sauvage. L’artiste aux cheveux rouges utilisait ses pantins tout autour de lui, mais aussi directement ses mains, qu’il plongeait avec vivacité dans le corps de ses adversaires dans un son sordide de chair déchirée, face à des ninjas qui essayaient de se défendre, en vain, comment analyser et anticiper des gestes quand ces derniers n’étaient en rien de la tactique, mais l’expression pure d’une folie meurtrière. Les hurlements se suivaient, sans qu’une fin puisse être envisagée, puisque, par peur d’être les suivants, les différents soldats des autres nations, se lançaient dans le combat, autant pour sauver les derniers rebelles que pour tenter d’arrêter ce carnage. Le Raikage regarda Pain.
- Nous nous sommes rendus, vous devez l’arrêter, ou bien il n’y aura plus personne à diriger dans ce monde !
Konan acquiesça et elle déploya ses ailes de papier pour rejoindre les autres membres de l’Akatsuki.
- Putain mais quel taré, ricana Hidan qui s’amusait de ce spectacle. Il va quand même pas falloir le buter lui aussi, si ?
- Je t’interdis de le toucher ! rétorqua Deidara à sa suggestion.
- C’est à toi de le faire, lança alors la jeune femme.
Le blond eut un hoquet de surprise.
- Tu ne vas pas me demander de l’éliminer ?
Sa voix avait été fébrile, il craignait depuis longtemps que Sasori aille trop loin, et qu’ils ne doivent agir. Mais il ne pouvait pas s’y résoudre. Il en était incapable.
- Non, lui dit la kunoichi. Je ne te dis pas de le tuer. Mais il n’est pas en état d’écouter l’un d’entre nous actuellement. Tu es le seul à pouvoir l’arrêter.
Deidara regarda la zone de combat, et il courut en direction du marionnettiste, glissant entre les pantins assassins, les cadavres, et les ninjas. Il avait toujours été habile, excellent en taijutsu, et très observateur, des compétences nécessaires à sa propre technique, puisqu’il combattait souvent en volant sur son oiseau, couvrant ainsi de longues distances. Il repéra au coeur de cette tempête assourdissante causée par le bruit des armes et les cris de douleur, son ami qui dirigeait ses marionnettes, et son câble dévastateur, et il parvint à le rejoindre, se mettant devant lui pour lui couper la route. Celui ci se figea en reconnaissant son partenaire.
- Sasori, ça suffit ! cria l’artiste aux cheveux longs. Arrête ça maintenant ! Nous avons gagné !
Il sentit le regard perdu de son acolyte, comme si ses arguments ne faisaient pas sens. Il le sentit déstabilisé, envahi par des émotions abusivement intenses réprimées pendant bien trop longtemps, et malgré le danger que cela représentait, il ne peut s’empêcher de s’inquiéter. Son ami n’était que le résultat d’une enfance volée par les traumatismes, il n’était pas responsable. Pas de tout en tout cas.
- Sori, arrête, dit-il plus doucement en confrontant ses iris ambrés emplis d’aliénation. Je me fiche que ces gens restent en vie, de ce monde, de Pain et ses projets de paix, mais toi, tu comptes. Plus que tout. Et je refuse de te laisser sombrer dans la démence, je refuse de t’abandonner à tes troubles psychologiques.
Il avança lentement en parlant, les armes tournoyaient autour de lui, mais il savait qu’il ne risquait rien, son partenaire aurait détruit l’univers pour lui, alors aucune des armes dévastatrices ne le toucherait.
- Je ne te laisserai jamais te détruire. Tu crois que tu n’as pas la force de lutter, que ça ne sert à rien de continuer, que c’est trop puissant pour toi et que tu ne peux pas gagner, je le sais, je vois bien que tu crois n’avoir rien à perdre… Et que tu penses que tu n’as pas de raison de te battre… Mais toi, tu es la mienne, alors, je peux te rendre la pareille, et être la tienne. J’ai toujours eu si peu de te le dire, mais tu es devenu ma raison de vivre.
Il s’arrêta, à quelques centimètres du marionnettiste, qui le fixait, les yeux bouleversés, comme s’il cherchait à comprendre le sens de ses paroles. Deidara l’aida à comprendre, il prit le visage de son ami dans ses mains, et il l’embrassa, avec toute la force de ses sentiments. Sasori se figea, ses marionnettes cessèrent de tuer pour devenir immobiles, aussi statiques que lui l’était, et il ferma les yeux, se laissant vaincre parce qu’il avait si longtemps réprimé. La guerre était terminée.

Épilogue

Le jeune homme se regarda dans le miroir, il avait l’air moins fatigué depuis quelques temps. Il se passa la main dans les cheveux, ébouriffant un peu plus les mèches rouges qui retombaient sur son front. Il avait encore du mal à se rendre compte de tout ce qu’il s’était passé dernièrement. Sasori soupira avant quitter la salle de bain pour retourner dans sa chambre où il enfila sa veste sombre. La voix de son colocataire traversait légèrement l’isolation, il devait encore être sur son téléphone. Il sortit dans le salon, et vit son partenaire debout à l’autre bout du salon, devant un trépied sur lequel reposait son téléphone en train de filmer. L’artiste se vit brièvement passer sur le retour de la caméra pendant qu’il traversait la pièce.
- Sori, viens, j’ai besoin d’attention, lâcha alors le blond qui l’avait aussi aperçu sur son écran.
Le marionnettiste fit demi tour et il s’approcha de lui en le regardant, et quand il fut juste derrière lui, il enroula ses bras autour de la taille de Deidara et se hissa sur la point des pieds pour lui embrasser le cou, puisqu’il était plus petit.
- Tu vas couper ta vidéo, on est en retard, il faut qu’on parte. J’aime pas faire attendre les autres.
- C’est pas une vidéo, c’est un live TikTok. Dis bonjour au chat.
Sasori posa les yeux sur l’écran, et il vit une multitude de messages défiler dessus. Il s’éloigna alors du cadre pour ne plus être filmé, ce qui fit sourire le blond. Les messages en direct complimentèrent l’artiste d’avoir un copain « aussi beau », et s’attendrirent face à la réserve de celui ci. Deidara les remercia, avant d’éteindre le live.
- T’aurais pu me prévenir, râla Sasori.
- Non, j’adore montrer au monde la chance que j’ai. Et puis t’as rien fait de mal, c’était mignon.
- Justement.
Le jeune homme aux cheveux longs roula des yeux, amusé. Son acolyte lui tendit alors un casque de moto, et il le saisit en souriant, il adorait monter derrière le marionnettiste. La vitesse et le vent lui rappelaient la sensation quand il volait sur son oiseau d’argile, de l’autre côté, bien que ce soit moins intense. Ils descendirent au garage, et le blond s’installa derrière son colocataire, enroulant ses bras autour de lui. C’était aussi quelque chose qu’il appréciait avec ce véhicule.

 

**********

 

Les deux artistes entrèrent dans l’appartement de Pain, s’excusant pour le retard. Le leader de leur groupe avait décidé d’organiser une soirée, maintenant que l’été était bien entamé, et que la gestion de l’autre monde était parfaitement sous contrôle. Les guerres avaient complètement cessé, et les pays ninjas prospéraient comme jamais sous l’oeil attentif des renégats, il était donc temps pour l’Akatsuki de fêter leur victoire. Ils traversèrent le couloir, dans lequel une discussion résonnait depuis le salon.
- Non mais sur le principe c’est top, affirma Itachi, mais en terme d’application, c’est une méthode élitiste réservée aux populations privilégiées.
- Pour ne pas dire « pour les bourgeois de droite » ajouta Kisame d’un ton railleur.
- Vous parlez de quoi ? demanda Pain qui conduisait les nouveaux arrivés dans la pièce où Konan leur offrit un verre.
- Montessori, lança Kakuzu qui n’avait pourtant pas l’air intéressé par cette conversation.
- Ah je connais ça, dit Deidara avec enthousiasme. C’est moi qui le fais ça normalement, monter Sori.
Le marionnettiste, qui buvait une gorgée, s’étouffa brusquement, sous le regard amusé de son partenaire et les rires bruyants du reste du groupe.

 

**********

 

Les membres de l’Akatsuki avaient pris leurs aises dans le salon de Konan et Pain. Quelques heures étaient passées depuis l’arrivée des retardataires, et ils avaient pris le temps, entre deux discussions légères, de faire le point sur les évènements qui se passaient de l’autre côté. Zetsu se roula deux joints, et il en tendit un à Sasori.
- Non, merci.
- Tu ne fumes plus du tout ? questionna l’étudiant aux cheveux verts.
- C’est rare, je n’ai rien contre l’apaisement que ça procure, mais je ne supporte pas l’idée de ne pas être lucide, surtout quand il y a des gens autour de moi.
- Comment t’arrives à gérer tes envies de violence alors ? demanda Hidan. Enfin pour ne pas dire pulsions meurtrières de gros taré.
- Tout le monde avait compris la première formulation, asséna froidement Konan, pas besoin d’être insultant.
Sasori resta silencieux, détournant les yeux. Deidara rigola doucement.
- Disons qu’il fait du sport, affirma-t-il à sa place.
- Comment ça ? réagit Obito en fronçant les sourcils.
- Mais t’es débile, ou juste naïf, ricana l’immortel. Il est en train de nous dire que quand Saso doit extérioriser ses émotions, au lieu de buter des gens, Deidara s’occupe de le déglinguer pour l’aider à gérer ce qu’il ressent. Il le saute quoi.
L’artiste aux cheveux écarlates avait envie de s’enterrer six pieds sous terre, il n’avait pas pu empêcher son visage de prendre une couleur vive sur le haut de ses joues. Deidara pesta contre l’absence de tact de leur acolyte, lui aussi aimait embarrasser son partenaire, mais il était plus subtil, et surtout mieux placé pour le faire.
- T’as vraiment su saisir l’occasion Dei, enchaîna l’étudiant en sociologie, bien joué champion, tu dois vraiment kiffer ta vie. Je me demande si t’en profites pas un peu trop.
Hidan afficha un sourire carnassier en voyant l’agacement sur le visage de sa victime préférée.
- A y repenser, poursuivit-il, je trouve que Sasori ne te montre pas beaucoup d’affection, contrairement à toi… Peut-être qu’il ne t’aime pas, en fait… Il serait plus démonstratif sinon.
Konan soupira de lassitude en voyant ce qu’il cherchait à provoquer.
- C’est n’importe quoi, lâcha-t-elle sèchement. Tout le monde n’est pas pareil, certaines personnes sont tactiles, d’autres non. Et selon le contexte, cela change. Tu n’as aucune idée de comment ils vivent en privé, et vu comment t’es chiant, ça ne m’étonne pas que devant toi, ils se fassent discrets.
Sasori glissa un regard sur son colocataire, et même si ce dernier savait que l’immortel aux cheveux argentés ne faisait que le provoquer, il affichait une mine contrariée, visiblement vexé par l’insinuation. Le marionnettiste grimpa sur les genoux du blond et avec beaucoup de douceur, il l’embrassa devant tout le monde, suscitant des sifflements de la part de leurs amis, prouvant ainsi que les suppositions dites étaient fausses. Deidara, après avoir mis un instant à réaliser, répondit aussitôt au baiser, l’intensifiant avec enthousiasme. Il saisit son colocataire par la taille et le bascula sur le canapé pour prendre le contrôle de la situation, et rendre leur contact encore plus chargé de tout l’amour qu’il ressentait. Sasori se laissa faire, s’abandonnant à son partenaire.
- Et beh putain, quel retournement de situation, commenta Kisame après de longues secondes devenues des minutes.
- Dei veut le bouffer ou quoi ? lança Obito, visiblement impressionné.
- Et il met la langue le salaud, ajouta Hidan.

FIN

Je suis toujours un peu triste lorsque je termine une histoire, fière bien sûr, mais triste de devoir laisser les personnages auxquels je me suis attachée. Cette histoire, c'est un peu différent, parce que c'est la plus longue, donc j'ai eu encore plus de temps pour me lier au contexte, et aux protagonistes. En plus, l'Akatsuki, et plus spécifiquement Sasori, cela compte vraiment beaucoup pour moi. Plus que les autres oeuvres de fiction. Mais en plus de ça, c'est la première histoire que j'arrive à terminer depuis que mon handicap me pourrit la vie, et surtout ma passion pour les créations. Je me sens constamment ralentie, à un point si frustrant. Terminer Akatsuki, c'est un premier pas pour ma revanche sur tout ce contre quoi je lutte au quotidien. Et si je suis mélancolique d'avoir achevé cette fiction, j'en suis aussi tellement fière.

Infiniment merci au lectorat qui a suivi mon avancée d'autrice, merci à vos commentaires, à votre présence, à votre appréciation. Je n'écris pas particulièrement pour un public, j'écris principalement pour moi, pour extérioser mes émotions, pour faire vibrer mon imagination. Mais il n'en est pas moins vrai que le retour d'autrui m'importe. J'aime vous faire plaisir, j'aime offrir ce que je crée. Je suis ravie que cela vous ait plu. Je reviendrai sur cette histoire lorsque j'aurai le temps de la corriger, peut être que j'ajouterai quelques lignes, quelques anecdotes. En attendant, vous êtes toujours les bienvenu·e·s ici pour la lire, la relire, et donner votre avis.





/Décembre 2018 à Janvier 2023/

 

Commentaires

  • xxx

    1 xxx Le 20/10/2021

    Et j'ai beaucoup aimé ta fic' "Gardienne des univers"! Comptes tu la poursuivre?
    laiah

    laiah Le 20/10/2021

    Oui, rien ne sera laissé inachevé à moins que je ne puisse plus physiquement écrire. Je manque juste de temps ! Contente que ça te plaise !
  • xxx

    2 xxx Le 20/10/2021

    Oui c'est ce que j'ai fait, j'ai regardé ce que tu as écrit sur Wattpad aussi !
  • xxx

    3 xxx Le 13/10/2021

    Merci! Je ne cherchais pas spécialement des fanfictions Naruto, simplement j'aime beaucoup ton style d'écriture !
    laiah

    laiah Le 15/10/2021

    Et bien merci beaucoup, c'est très flatteur, n'hésite pas à te balader sur le site pour voir tout ce qu'il y a ! :)
  • xxx

    4 xxx Le 13/10/2021

    Salut!
    C'est toujours aussi bien! ^^
    À quand la suite?
    D'ailleurs je me demandais si tu avais écrit d'autres histoires dans l'univers de Naruto par exemple ? Si oui où sont-elles?
    Bon courage pour ta fanfiction et tes études ;)
    laiah

    laiah Le 13/10/2021

    Hello, merci beaucoup, contente que ça te plaise. :) Concernant cette histoire, un chapitre est posté toutes les deux semaines (hors exceptions, mais je préviens quand il y a un souci.) Pour les histoires dans l'univers de Naruto, il y a quelques chapitres de la fic "Gardienne des Univers" (chaque chapitre se passe dans un univers distinct, et peuvent se lire indépendamment des autres, en somme, tu peux lire uniquement les chapitres sur Naruto) et pour des histoires qui mettent en scène les personnages de Naruto dans un autre univers, il y a "Magies du monde" (avec Sasori, Deidara, Itachi, Kakashi, Shikamaru, Gaara et peut être d'autres par la suite) et "La conquête des Océans" (avec Sasori et Deidara encore, mais il n'y a encore que lé début.)
  • xxx

    5 xxx Le 13/02/2021

    Bonjour!
    Bravo, cette fanfiction est GENIALE, super bien écrite!!
    En plus, mon perso préféré dans Naruto c'est Deidara...
    J'attends la suite! ;)
    laiah

    laiah Le 15/02/2021

    Un grand merci à toi. :)
  • Phoenix769

    6 Phoenix769 Le 08/02/2021

    J’ai lu le nouveau chapitre ^^
    Trop bien comme d’habitude :)
  • Phoenix769

    7 Phoenix769 Le 15/01/2021

    J’ai lu ton nouveau chapitre :) Trop bien comme d’habitude :)

    J’ai hâte de voir comment ça va se passer pour Sasori
  • Phoenix769

    8 Phoenix769 Le 10/01/2021

    En réseau social je n'est que Watts ap
  • Phoenix769

    9 Phoenix769 Le 10/01/2021

    Je t'enverrai un mail comme tu me l'as dit . Je le ferai quand j'aurai plus de temps parce que là avec 6 contrôle de prévu je révise beaucoup. Merci et j'espère que tu t'en sors bien avec tes examens
  • Phoenix769

    10 Phoenix769 Le 04/01/2021

    J’aimerai trop mettre des histoires sur Wattpad sauf que je peux pas . Il y a un problème avec mon courriel qui fait que je peux pas poster mais bon je trouverai un moyen un jour . Si tu as une idée sur comment je pourrais faire n’hésite pas ! Ton aide serai la bienvenue :)
    laiah

    laiah Le 06/01/2021

    Bonjour, je te conseille de m'envoyer un mail pour discuter de ce problème Wattpad et essayer de trouver une solution, je ne reçois pas les commentaires de mon site en notification, donc ce n'est pas pratique pour échanger rapidement. Mon mail est dispo dans la rubrique réseaux sociaux de mon site (ou alors si tu as un réseau, tu peux essayer aussi, je suis active sur la plupart.) Merci pour mes examens, oui c'est pour mes études. Profite de ta classe alors !
  • Phoenix769

    11 Phoenix769 Le 31/12/2020

    Ah oui tes examens. Pour tes études il me semble. Moi je suis en 6e donc je n'y suis pas encore Ov–

    En tout cas bonne choses pour tes examens ! :)

    Et le prochain chapitre bas j'attendrai ^^
  • Phoenix769

    12 Phoenix769 Le 30/12/2020

    Je suis trop contente ! Ton histoire m'a inspiré pour un livre que je suis en train de créé . Ce ne sera pas un livre sur Wattpad ni sur un site internet mais un livre pour mon travail d'écrivaine. Du coup je suis surexcité à l'idée d'inventer cette nouvelle histoire ^^

    J'ai jeté un œil sur tes autres fic pour ma part elles sont tout aussi bien les unes que les autres mais j'ai une petite préférence pour celle-ci. Quand le nouveau chapitre sera posté compte sur moi pour me ruer dessus :)
    laiah

    laiah Le 31/12/2020

    Avec plaisir dans ce cas. :) Le prochain chapitre attendra un peu, je prépare mes examens en ce moment, mais j'y travaille.
  • Phoenix769

    13 Phoenix769 Le 27/12/2020

    Ok j'irais regarder ça :)
  • Phoenix769

    14 Phoenix769 Le 19/12/2020

    Ces deux fanfiction sont géniales ^^
    Dis moi tu en a fait d'autre sur Naruto ?

    Moi aussi mon perso préféré dans l'Akatsuki c'est Sasori :)

    En fait c'est mon perso préféré dans Naruto avec Gaara
    J'attends la suite de l'histoire avec l'impatience de Sasori :)
    laiah

    laiah Le 23/12/2020

    Des histoires portées sur Naruto (univers, contexte etc) il y a des chapitres de la fic "Gardienne des Univers" (chaque chapitre se passe dans un univers distinct) et pour les personnages de Naruto dans un autre univers, il y a Magies du monde (Sasori, Deidara, Itachi, Kakashi, Shikamaru, Gaara et peut être d'autres par la suite) et la conquête des Océans (Sasori et Deidara encore.)
  • Phoenix769

    15 Phoenix769 Le 19/12/2020

    Au faite je lis aussi ton histoire "RP Naruto SnS rupture de l'ether. Cet fic est aussi génial que celle-là

    Et j'ai juste une question quel est ton perso préféré de l'Akatsuki
    laiah

    laiah Le 19/12/2020

    La fiction du RP est particulièrement sympa à écrire même si très difficile vu qu'on est très nombreux-ses dans le groupe, je suis vraiment contente de voir qu'elle plaît aussi aux personnes extérieures au RP ! Mon personnage favori est celui que je RP, Sasori. :)
  • Phoenix769

    16 Phoenix769 Le 19/12/2020

    Ah bon pas grave ta fiction est tout de même génial d'ailleurs j'ai vu que tu as posté un nouveau chapitre je file le lire ^^
  • Phoenix769

    17 Phoenix769 Le 17/12/2020

    Ha ha je comprends quoique il en soit ta fic est la meilleure de toutes celle que j'ai lue ^^

    Et sinon juste question comme ça est ce que t'as prévu un lemon ??
    laiah

    laiah Le 18/12/2020

    Encore une fois, merci ! Non ce n'est pas prévu du tout, bien qu'il y ait une relation développée au fil de l'intrigue entre les protagonistes, il s'agit d'une fiction d'aventure et non pas romantique. Tout sera donc sobre et placé en décor concernant le ship. Je n'écris pas d'érotisme pour le moment. Mais je ne sais pas si dans le futur, je changerai d'avis, je préfère donc ne pas être catégorique. En revanche, j'aime beaucoup travailler sur la tension qui se construit entre eux, j'ai l'intention de jouer avec cela dans cette fiction.
  • Phoenix769

    18 Phoenix769 Le 18/11/2020

    À quand la suite ?
    laiah

    laiah Le 16/12/2020

    Toutes mes excuses Phoenix, je n'ai pas l'habitude des commentaires sur mon site. J'essaie de poster un chapitre toutes les deux semaines en général, après ça peut varier selon l'avancée de l'écriture, notamment en ce moment ou je travaille beaucoup pour mes études. :) Très contente que la fiction te plaise !
  • Phoenix769

    19 Phoenix769 Le 18/11/2020

    C'est vraiment...SUPEEEERRR ^o^
  • Phoenix

    20 Phoenix Le 28/09/2020

    Fanfiction géniale et super bien écrite
    Bravo
    laiah

    laiah Le 08/10/2020

    Merci beaucoup Phoenix. :)

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