Chapitre 20 : Politiques
Temari frappa à la porte. Une voix lui répondit positivement, aussi entra-t-elle simplement.
- Ah, Temari. Tu veux me dire quelque chose ?
- Oui Kankuro, je viens t'annoncer que je vais partir d'ici peu pour Konoha.
Le garçon sembla déconcerté.
- D'accord, mais ce n'est pas la première fois alors pourquoi as tu un visage aussi grave.
La jeune kunoichi prit une inspiration.
- Je n'y vais pas pour une mission, j'y vais pour y vivre. Je quitte Suna.
- Quoi ? Mais pourquoi ?
Il sembla alors prendre conscience d'une chose et un sourire moqueur fleurit sur ses lèvres.
- Oh je vois, ça se concrétise avec Shikamaru alors ?
La ninja du vent rougit violemment et elle frappa son frère derrière la tête. Il gémit de douleur et se frotta le crâne tandis qu'elle retrouvait son expression sombre.
- Un peu oui, mais ce n'est pas pour ça que je pars. Kankuro, je ne me sens plus à l'aise ici. Tout me rappelle constamment Gaara. Je... J'ai l'impression de ne plus être chez moi.
- Je vois oui. Et bien écoute ma chère sœur, je te souhaite le meilleur.
La kunoichi du village désertique sourit.
- Merci Kankuro, bon courage à toi. Et veille sur Suna.
*********
Hinata était assise devant le miroir. Derrière elle, des jeunes femmes du clan Huyga s'affairaient à coiffer les longs cheveux de leur princesse. Cette dernière était quelque peu anxieuse en cette matinée spéciale, mais surtout, elle était très fière. Aujourd'hui, elle devenait la dirigeante du clan. Son père avait décidé de passer la main et il avait organisé une grande cérémonie dans les règles de la tradition. La porte s'ouvrit alors sur Hanabi, qui rayonnait en cette journée.
- Tu es prête ? demanda-t-elle à son aînée.
Celle ci hocha la tête avant de se lever. Hinata s'approcha de sa sœur qui lui saisit le bras.
- Je suis très fière de toi, tu es devenue si forte.
- Merci Hanabi, je t'aime fort.
- Moi aussi.
Les deux princesses échangèrent un sourire, puis elles longèrent le couloir pour sortir de chez elles. Marchant d'un pas régulier et assuré, elles avancèrent pour entrer dans le temple principal du quartier. Tous les membres du clan et ses représentants étaient installés le long de la pièce. Au fond, centré et président la salle, leur père attendait, le visage grave. Hanabi frotta le dos de sa sœur pour l'encourager, puis elle s'assit près de l'entrée. Hinata marcha dans l'allée sous le regard de tous, elle croisa Neji, près des anciens membres de la branche secondaire qui avait été supprimée pour reformer une seule et même famille égale. Les yeux de la jeune kunoichi brillèrent quand elle songea à sa mort, puis à son retour à la vie. Il lui adressa un grand sourire, et elle répondit de la même façon. Elle se mit ensuite à genoux devant son père, attendant qu'il prononce les premiers mots, ce qu'il fit sans tarder.
- En ce jour si particulier, le clan Huyga va accueillir sa nouvelle dirigeante. Il est désormais temps pour moi de passer la main, de confier l'avenir à la nouvelle génération avec l'espoir qu'elle saura agir avec sagesse et discernement pour le bien de notre grande famille.
Il fit une pause, posant son regard sur sa fille, qui écoutait attentivement, avant de reprendre.
- Hinata, princesse du clan Huyga, jures-tu de servir et diriger notre famille, de protéger nos secrets, de défendre les tiens et d'être pour eux comme pour le village entier une aide bienveillante ?
- Je le jure.
Un silence bref mais présent s'installa alors, et Hiashi se permit d'offrir à son aînée un sourire sincère. Il se leva et tendit la main à sa fille pour qu'elle se relève. Il lui céda sa place et lorsqu'elle fut installée où il se tenait quelques instants auparavant, il s'agenouilla à son tour et prononça quelques mots avant de s'incliner devant elle.
- Saluez votre nouvelle cheffe.
D'un mouvement uni, tous les membres de la famille s'inclinèrent devant Hinata, avec un profond respect. La princesse était aujourd'hui une reine.
*********
Les politiciens échangèrent un regard anxieux. Le Kazekage avait convoqué l'intégralité du conseil, mais personne n'en connaissait la raison, pas même son grand oncle Ebizo. Tous étaient assis autour de la longue table dans la salle sombre, et ils attendaient l'arrivée du jeune dirigeant. Kankuro était également présent, mais lui non plus ne savait pas pourquoi. Le jeune homme regardait le verre, posé en face de lui, sans comprendre ce qu'il faisait à une réunion d'une telle importance. Sasori entra enfin, son long manteau noir aux nuages rouges flottant dans son dos. Il contourna la table en silence, les doigts de sa main gauche frôlant le meuble. La tension montait en chaque personne tandis qu'il avançait. Lorsqu'il fut au bout, devant le siège vide qui n'attendait que lui, il se stoppa et balaya l'assemblée de son regard inexpressif et glacial. Kankuro et Ebizo, assis tous deux à la droite du fauteuil du kage, se regardèrent, soucieux. Les portes de la salle claquèrent subitement et un grand blond entra avec une aise déconcertante. Il s'installa sur l'autre chaise restante, à la gauche de celle du dirigeant. Aussitôt, l'un des vieux conseillers se leva, outré.
- Il n'a rien à faire ici !
Le regard de Sasori, tranchant, se posa sur lui. Le vieil homme déglutit, mais il poursuivit, déterminé.
- Il n'est ni membre du conseil, ni ninja de Suna. Enfin, maître Kazekage !
Le maître marionnettiste fit glisser ses iris ambrés sur l'intrus désigné, qui lui renvoya un sourire insolent. Il reporta son attention sur le politicien.
- Est ce que tu viens d'insinuer que l'un des membres de mon organisation, mon binôme qui plus est, siffla-t-il doucereusement, est indigne de s'assoir à ma propre table ?
Son interlocuteur blêmit.
- Je.. Je veux simplement dire que... que cette réunion ne concerne que Suna et son gouvernement.
- Oh je vois, reprit le jeune leader avec une froideur qui fit frissonner tous les conseillers. Pourtant, Deidara participera bien à cette conversation, et pour la simple raison que je l'ai décidé.
L'homme se rassit, honteux. Toujours debout, Sasori saisit son propre verre et le leva, un sourire charmeur aux lèvres.
- A cette première réunion, à ce conseil, à Suna.
Tous saisirent leur propre gobelet et répétèrent un simple « A Suna » avant de boire une gorgée. Deidara avait croisé les bras sur sa poitrine, un rictus moqueur collé au visage. Le maître marionnettiste quant à lui, s'était placé entre Ebizo et Kankuro, plaçant ses doigts sur les récipients pour que les deux hommes ne boivent pas. Son geste, discret, n'avait été remarqué que par les deux concernés, qui regardaient maintenant le Kazekage sans comprendre. Celui ci but une longue gorgée sous le regard de tous, avant de reposer son gobelet sur la table. Il sortit de la poche de son pantalon un rouleau qu'il montra à l'assemblée. L'un des conseillers posa la question qui leur brûlait tous les lèvres.
- Qu'est ce que c'est, Maître Kazekage ?
Les iris glacials du shinobi firent une nouvelle fois le tour des membres du conseil. Puis il prononça quelques mots de sa voix tout aussi froide.
- Les preuves que vous avez essayé de me faire assassiner. Vous tous ici présents, exceptés Deidara, Ebizo et Kankuro.
Le silence se fit lourd. Certains conseillers ouvrirent la bouche dans l'optique de se défendre mais Sasori, revenu devant son propre siège, leva la main, intimant par ce simple geste le silence.
- Je ne veux pas vous entendre. Je conçois votre peur de laisser un ancien criminel de rang S aux commandes de l'une des cinq grandes nations. Je comprends aussi que vous n'ayez pas confiance en moi. Je n'étais pas votre ennemi. Vous avez attenté à ma vie, à présent, je le suis. Votre erreur a été d'engager des assassins de ce pays. Des mercenaires qui étaient depuis quelques temps mes marionnettes.
Il se permit d'offrir un sourire des plus malsains aux politiciens.
- Que voulez vous, j'ai toujours su gérer mon entourage.
Un bref rire clair, léger, tout aussi effrayant que son rictus, suivit sa phrase. Le silence était passé de pesant à sinistre. Son sourire disparut aussi vite qu'il n'avait fleuri sur ses lèvres.
- Votre plus grande faute a été de croire que je n'allais pas le découvrir. Vous connaissiez pourtant ma réputation, cause de votre crainte. Et pourtant, vous m'avez sous estimez. C'est pourquoi vous ne ressortirez pas de cette pièce vivants.
Cette sentence, annoncée avec une froideur spontanée, sonna comme une certitude. Les conseillers étaient blêmes. L'un d'eux, plus courageux que les autres, prit la parole.
- Vous allez nous tuer, Maître Kazekage ?
De nouveau, Sasori sourit, posant ses yeux ambrés sur l'homme.
- Mais c'est déjà fait, susurra-t-il d'une voix doucereuse.
Les politiciens échangèrent un regard inquiet. Puis, l'un d'eux étouffa une exclamation en remarquant le filet de sang qui s'échappait de son nez. D'autres virent le liquide écarlate s’échapper de leurs oreilles ou même de leurs yeux. Le maître marionnettiste saisit de nouveau son gobelet, un sourire éclatant sur le visage.
- Nous avons trinqué ensemble, rappelez vous.
Il but lentement une gorgée avant de reporter son regard sur les conseillers qui agonisaient dans la terreur.
- Ooh, bien sûr, ne vous fiez pas au fait que je boive également. Comme si le poison pouvait m'affecter.
Au moment où il reposa son verre, tous rendirent leur dernier souffle. Kankuro et Ebizo ne savaient quoi dire, ils étaient soucieux du sort que le kage leur réservait. Deidara lui, éclata de rire.
- Tu as toujours aimé rendre les choses dramatiques et spectaculaires, affirma-t-il à son acolyte.
Ce dernier ignora la remarque avant de reprendre comme si rien ne s'était passé.
- Kankuro, j'aimerais que tu rejoignes officiellement le nouveau conseil de Suna. Ton point de vue m'importe en tant que jeune de la nouvelle génération. Ebizo et toi serez mes deux appuis politiques. Je verrais ensuite si d'autres sont dignes de cette fonction.
- Entendu, accepta le jeune homme.
- Si tu es d'accord, j'aimerais aussi que tu diriges la section des marionnettistes. Je veux qu'elle se développe encore, et ton expérience ne sera que profitable.
- Cela me convient.
Ebizo laissa ses yeux se poser sur les corps affalés sur les chaises tout autour de la table.
- Sasori, tout ceci était-il nécessaire ?
- Oui, répondit le Kazekage. Je veux être sûr que personne ne me trahira.
Il se leva alors, et, sous le regard d'un Deidara hilare, il commença à quitter la salle en prononçant une dernière phrase.
- J'enverrais quelqu'un nettoyer tout ça, soyez tranquilles.
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