Chapitre 7 : Les deux vétérans du bataillon d'exploration
Hanji ne put s'empêcher de pousser une exclamation de joie, faisant sursauter les scientifiques qui travaillaient près d'elle. Son appareil semblait enfin terminé, et il fonctionnait à merveille. Certes, il ne s'agissait que d'un prototype miniature d'une arme future, mais l'avoir achevé relevait déjà un succès en soi. Un grand sourire naquit sur ses lèvres quand la porte du laboratoire s'ouvrit sur Erwin. Il entra dans la pièce et un mouvement derrière son épaule attira l'attention de la jeune femme. Des cheveux sombres et une expression blasée sur le visage, elle reconnut sans peine Livaï lorsqu'il se décala pour se mettre aux côtés du major.
- Tu as l'air de bonne humeur, Hanji, supposa le blond en s'arrêtant en face d'elle.
- Surprenant, commenta Livaï d'un ton sarcastique tout en s'adossant au mur avec sa nonchalance habituelle.
- En effet Erwin, mon invention est enfin opérationnelle, répondit la militaire en désignant la machine sur la table, il ne me reste plus qu'à l'envoyer avec les plans à Trost pour que la construction commence.
Le commandant du bataillon d'exploration s'approcha pour admirer la conception de la scientifique. Il leva les yeux vers elle et lui adressa un sourire chaleureux.
- C'est du bon travail, la félicita-t-il. Et pour les lances, qu'est ce que ça donne ?
- J'ai avancé en grande partie sur le projet, mais j'ai confié les dernières étapes à mes collègues, informa Hanji en désignant les autres personnes présentes dans la salle, tout devrait être bouclé d'ici peu.
L'homme hocha la tête, satisfait.
- Très bien, tu vas donc pouvoir suivre Livaï jusqu'au manoir qui héberge son escouade. Ta mission principale est maintenant d'entraîner Eren à maîtriser son pouvoir de solidification en vue d'une expédition pour atteindre Shiganshina.
- Entendu Erwin, de toute manière, il fallait que je m'occupe de ça, mon arme ne pourra être installée qu'avec l'aide d'Eren. Je lui ai déjà préparé un programme intensif.
- Alors c'est décidé, conclut le major, Livaï et toi partirez de la capitale dès demain. Je vais aller prévenir les écuries pour que vos montures soient prêtes à l'aube. Ainsi, vous devriez arriver dans la soirée.
Les deux concernés acquiescèrent. Erwin n'attendit pas plus longtemps et il quitta le laboratoire. Livaï s'approcha d'Hanji et laissa son regard dériver vers sa création. Il leva ensuite les yeux et les plongea dans ceux de sa camarade.
- Comment va ton épaule ? demanda-il.
La scientifique parut d'abord surprise de la question soudaine, puis elle sourit doucement. Derrière son attitude froide et distante, elle savait que son ami l'estimait, et qu'il s'était inquiété lorsque, face aux brigades centrales, elle avait été blessée.
- La plaie s'est complètement refermée, et je ne ressens plus aucune douleur.
Une lueur passa dans les yeux gris de son interlocuteur. Il semblait soulagé. Mais ce sentiment, visible sur son visage, laissa vite place à l'air inexpressif qu'il arborait plus communément.
- Ok, bon je te laisse avec ton bordel, ne sois pas en retard demain.
Il se dirigea vers la porte et l'ouvrit avant de tourner la tête vers Hanji, qui s'attablait déjà autour d'une nouvelle machine.
- Hey, la binoclarde ?
La jeune femme leva les yeux vers lui.
- Arrête de te surmener. Ton travail ne va pas disparaître, alors repose toi, j'ai pas envie que tu me claques entre les mains.
Il sortit sans plus de cérémonie.
*******
Les deux soldats chevauchaient en silence. Comme convenu, ils étaient partis à l'aube. Commençant par un galop efficace pour couvrir le plus de distance, ils avaient ralenti l'allure lorsque le soleil avait atteint son zénith. Les heures défilèrent rapidement et l'orbe brûlante commençait lentement à disparaître dans l'horizon. Livaï était perdu dans ses pensées, tout en admirant le ciel, depuis déjà de nombreuses minutes, ce qui n'avait pas échappé à la scientifique. Elle ne dit rien, soucieuse de ne pas interférer dans une réflexion aussi profonde, mais se mordit la lèvre, la curiosité tenaillant son être. Après une demi heure de lutte, elle abandonna.
- Tu sembles bien pensif, lâcha-t-elle simplement.
Fidèle à lui même, le jeune haut gradé ne montra de sa surprise qu'un haussement de sourcil. Ses yeux acier, alors perdus dans leur contemplation, vinrent se vriller dans ceux de sa camarade.
- Fine observation Hanji.
- A quoi cogitais-tu ? renchérit la militaire, qui n'essayait pas de cacher son intérêt.
Le brun soupira, puis, sachant qu'elle ne le laisserait pas en paix tant qu'il ne lui aurait pas révélé le secret de ses songes, il répondit tout en parcourant la route du regard.
- A Kenny. Il avait beau dire qu'il n'avait pas la fibre paternelle, il a été suffisamment proche de sa famille pour prendre régulièrement des nouvelles de sa sœur et pour s'occuper de moi quand elle est morte.
Il jeta un bref coup d'œil sur la jeune femme, qui le fixait sans dire un mot. Il comprit qu'il devait continuer.
- Alors je me demandais si derrière son caractère antipathique, il avait quand même été fier de moi à sa façon. Et aussi, s'il l'aurait été s'il avait su que sa fille était aujourd'hui une adolescente dotée d'une force remarquable et membre de l'élite du bataillon.
Il avait soufflé cette tirade avec sa désinvolte naturelle sans prêter attention à l'air étonné de la chef d'escouade. Ce fut lorsqu'elle cria qu'il tourna la tête vers elle et croisa ses yeux écarquillés.
- Hein ?! Comment ça la fille de Kenny ?!
Livaï ne put s'empêcher de pousser un long soupir exaspéré. Il l'informa néanmoins.
- A force de rester dans ton laboratoire, tu finis par oublier de communiquer avec les autres, abrutie. Il y a quelques temps une nouvelle recrue de la cent sixième brigade a été envoyée par Erwin dans mon escouade à cause de son dossier excellent.
Il prit ensuite le temps de conter à son amie sa rencontre avec Aya'nah, et la façon dont ils avaient tous deux appris leur lien de parenté. Hanji passa les vingt minutes suivantes à s'extasier, clamant que c'était formidable qu'il retrouve un peu de famille, en plus de Mikasa, et s’enthousiasma à l'idée de rencontrer cette jeune fille. Las, le jeune haut gradé la laissa parler toute seule et reprit le fil de ses pensées qu'elle avait grossièrement interrompu plus tôt.
*******
La nuit était tombée depuis quelques heures quand les deux cavaliers entrèrent dans le domaine du manoir. Le bâtiment ne laissait pas entrevoir de lumière, et les hauts gradés déduisirent que les militaires devaient être dans leurs chambres, probablement en train de dormir. Ils menèrent silencieusement leurs montures à l'écurie puis entrèrent dans l'édifice. Le calme était apaisant, et le seul son qu'ils entendaient était celui de leurs pas dans les couloirs. Toutefois, une faible lueur s'éleva depuis le salon, accompagnée de voix basses et paisibles. Livaï haussa un sourcil. Il connaissait bien son escouade et était surpris d'une telle discrétion, un terme auquel il n'était pas habitué avec eux tant l'ambiance était électrique entre les adolescents. Sans se concerter, lui et Hanji s'approchèrent de la pièce et en ouvrirent la porte. Ils découvrirent Jean, calé sur une chaise, en pleine conversation avec Aya'nah, quant à elle assise en tailleur sur la table. A leur entrée, les deux soldats se tournèrent vers eux et les saluèrent d'un sourire.
- Bonsoir Caporal Chef, bonsoir Hanji, dit tranquillement le jeune homme pendant que les deux hauts gradés s'avançaient dans la salle.
- Où sont les autres ? demanda Livaï.
- Partis dormir, Caporal Chef, répondit la brune.
- Et pas vous ? continua-t-il.
- J'ai croisé Aya' dans les couloirs, l'informa Jean, j'étais sorti boire un verre d'eau quand je l'ai vue.
Livaï dirigea son attention vers la jeune fille qui sourit d'un air gêné.
- Je suis régulièrement prise d'insomnies, comme je ne voulais pas déranger les filles qui dormaient, je suis sortie marcher un peu.
Le chef d'escouade ouvrit la bouche pour parler mais il fut devancé.
- C'est donc toi la fameuse Aya'nah Ackerman ? demanda Hanji avec enthousiasme tout en fixant l'adolescente de ses grands yeux curieux, ce qui n'arrangeait pas l'embarras de cette dernière.
- Euh, oui c'est moi, confirma-t-elle d'une voix timide.
Le jeune haut gradé remarqua que sa soldate semblait mal à l'aise face à un tel intérêt, aussi décida-t-il de venir à son secours.
- C'est pas le moment Hanji, tu feras les présentations demain. Pour l'instant, Jean et Aya'nah, allez vous coucher, vous devez être debout à l'aube pour continuer votre entraînement en vue des prochaines expéditions. Vous êtes dans l'élite à présent, vous avez un rôle important à jouer.
- Oui, Caporal Chef, acquiescèrent les deux recrues d'une même voix.
Ils quittèrent la pièce, laissant leurs deux supérieurs seuls. Un bref silence s'installa avant que la scientifique ne reprenne la parole.
- Ils ont l'air de bien s'entendre ces deux là, murmura-t-elle d'un air distrait, tant mieux, plus vite elle s'intégrera, plus efficace sera sa coordination avec l'équipe.
Livaï ne répondit rien, de nouveau plongé dans ses pensées.
Commentaires
1 Chibiyama Le 15/04/2018
J'ai adoré le combat entre Mikasa et Aya'nah dans le précédent chapitre, même si j'avais parfois un peu de mal à visualiser c'était une belle scène!
2 Chibiyama Le 25/03/2018
Irra est insupportable, tellement cliché, ça fait du bien de la voir se faire remettre à sa place! Après je la rangerais pas dans la catégorie des Mary-Sue car pour moi, l'une des caractéristiques principales des Mary-Sues est que tout le monde les apprécies et les admire ce qui n'est pas du tout le cas chez Irra x) Après vu qu'elle est faite pour être un cliché dont on se moque j'imagine que c'est normal!
Voilà bref encore bravo pour l'écriture de Livaï qui est pas du tout OOC je trouve, ça fait du bien de lire ça
laiah Le 25/03/2018