Chapitre 1 : Retour
La jeune femme laissait ses yeux traîner vers la vitre. Le train allait bientôt partir, et pourtant le quai fourmillait encore de monde. La porte du compartiment s'ouvrit alors sur deux hommes de son âge, et elle sourit en les reconnaissant.
- Tom, Antho, ça fait longtemps.
Ils répondirent chaleureusement à son salut avant de s'installer sur les banquettes. Il y eu alors un silence, mais aucun d'eux n'en fut gêné, ils se regardaient simplement, constatant le changement qui avait eu lieu en un peu plus d'une année. Anthony avait maintenant les cheveux coupés plus courts, lui et Tom avaient grandi, et ils étaient maintenant des adultes. Ils semblaient avoir gagné en forces, physiquement comme moralement. Laiah aussi avait changé, ses cheveux longs avaient laissé place à une coupe courte, ébouriffée sur le dessus de sa tête, toujours tranchée par une mèche rouge écarlate. Son visage d'enfant avait laissé place à une expression plus grave, et plus mature, accentuée par un maquillage prononcé noir autour de ses yeux. Comme le jour de leur rencontre, Anthony fut le premier à parler.
- Alors, quoi de neuf ? L'année passée a été compliquée, vous avez fait quoi vous ?
Son ami eut une légère grimace avant de répondre.
- De mon côté, étant enfant de moldus, il était hors de question que je retourne à Poudlard. Quand la Gazette a annoncé le nouveau gouvernement et la prise de pouvoir de Celui Dont On Ne Doit Pas Prononcer Le Nom, mes parents et moi avons déménagé à la campagne discrètement, sans laisser de trace. Dès que j'ai eu dix sept ans, j'ai pu utiliser librement la magie pour protéger le domaine, et jusqu'à ce qu'Harry Potter tue le mage noir, nous nous sommes faits discrets tout en restant informés de la situation. Nous sommes rentrés chez nous cet été. C'est McGonagall qui m'a envoyé un courrier par la suite.
Anthony hocha la tête, il comprenait bien.
- Nous avons fait pareil avec ma famille. Ma mère avait peur qu'on lui reproche d'avoir épousé un moldu, alors nous nous sommes cachés en France le temps que tout ce bordel se passe.
Il se tourna alors vers Laiah. Elle venait d'une famille noble de sorciers, elle n'avait donc rien risqué par la prise de pouvoir de Voldemort. Cependant, elle n'était pas non plus retournée à Poudlard.
- Pour ma part, mes parents n'ont jamais estimé que les sorciers devaient se hiérarchiser selon leur sang. Ils n'ont donc jamais suivi les mangemorts. Quand le ministère est tombé, ils ont organisé un voyage d'affaires professionnel au Japon pour, officiellement du moins, entretenir des liens commerciaux. Nous avons donc pu partir nous réfugier là bas pendant l'année pour éviter de gérer la politique raciste de Londres. En apprenant qu'il était tombé, nous sommes revenus.
Elle eut alors un sourire gêné.
- C'est pas super courageux, je sais. Mais mes parents n'ont jamais été des combattants d'exception ou même des rebelles. Ils ne voulaient pas non plus que je me mette en danger, en allant à Poudlard comme en combattant Vous Savez Qui. Heureusement que les choses se sont arrangées et que nous allons pouvoir terminer nos études. McGonagall a eu une bonne idée, de refaire une septième année pour toute notre promotion.
- T'en fais pas, c'est compréhensible, dit alors Tom. Ne pas vouloir mourir, ou ne pas se battre, c'est un choix normal. Nous étions concernés nous, pourtant nous avons préféré protéger nos familles, c'est logique.
- Ouais, renchérit Anthony, on va pouvoir repartir sur des bonnes bases et finir l'école avant de redevenir des chômeurs, mais diplômés cette fois.
L'ambiance était légère dans le compartiment, les trois sorciers avaient conservé une complicité naturelle malgré l'année de séparation et tout semblait être redevenu comme avant. En arrivant au château, la directrice, Minerva McGonagall, fit un long discours de présentation, pour rappeler les évènements passés avant tout, puis pour expliquer comment l'année et les suivantes seraient organisées. Toutes les générations recommençaient leur année 1997/1998, afin d'être certains que chaque élève ait acquis les bases nécessaires, le programme mangemort ne correspondant pas aux attentes scolaires de l'école. La promotion des premières années se retrouva naturellement assez chargée, comptant les élèves de onze ans comme ceux d'une année de plus, mais rien ne fut trop important. Après la guerre de l'an passé, et les multiples dangers survenus à Poudlard depuis quelques temps, beaucoup de parents avaient préféré mettre leurs progénitures dans d'autres établissements magiques plus calmes, quitte à devoir déménager. Poudlard n'allait donc pas être surchargé de monde. La table des Serpentards, pour sa part, était bien moins fréquentée que de coutume. Beaucoup d'élèves Verts et Argents avaient préféré ne pas revenir à Poudlard, choisissant eux aussi d'autres écoles, ou abandonnant simplement leur scolarité. La grande table semblait presque vide comparée aux trois autres. La réputation de la maison s'était considérablement ternie, et pendant la répartition des nouveaux étudiants, aucun n'avait été désigné pour les rejoindre. Les jeunes sorciers avaient préféré demandé au Choixpeau d'aller ailleurs de peur d'être affiliés aux serpents. L'effet refroidit l'assemblée, et la directrice dut reprendre la parole pour assurer qu'être Serpentard ne signifiait pas être mauvais, mais tous dans la salle savaient que l'année serait compliquée pour ce groupe.
- Si beaucoup de mauvaises personnes sont Serpentards, continua Minerva avec indulgence, c'est parce que l'ambition peut être dangereuse pour quiconque, tout comme la fierté.
Elle tourna ensuite son regard vers les Serdaigles.
- De la même façon que l'intelligence peut être risquée.
Elle posa son attention sur les Rouges et Ors, et plus particulièrement trois élèves.
- Tout comme le courage peut pousser à mettre vos vies en jeu.
Harry, Ron et Hermione eurent un sourire, se sentant légitimement concernés.
- Ne soyez pas trop durs avec eux, conclut l'enseignante. Les élèves Serpentards présents cette année ont tous mérité leur place, sinon ils ne seraient pas ici, croyez moi.
Beaucoup de regards se tournèrent brusquement sur un blond silencieux, et isolé, même sur la table de sa propre maison. Drago Malefoy avait reçu le droit de terminer ses études grâce à sa mère, Narcissa, qui avait sauvé la vie d'Harry. Toutefois, ses parents étaient tous deux assignés à résidence et sous surveillance, et Drago faisait également l'objet d'une attention particulière. Leur famille n'avait échappé à Azkaban qu'avec l'acte de la blonde, mais la réputation de leur famille était détruite plus que jamais. Depuis son arrivée à la gare, tous fuyaient Drago comme un pestiféré, le prince des Serpentards était déchu. S'il s'était écouté, il ne serait pas revenu lui non plus, comme la majorité des enfants de mangemorts, seulement il pensait à son avenir, à la fierté de sa mère s'il était diplômé, et il avait décidé de revenir, malgré la répulsion qu'il inspirait aux élèves. Ce n'était plus le même homme toutefois, il avait perdu son arrogance, sa méchanceté. Le harceleur du Trio d'or était maintenant plus proche du harcelé vu le mépris qu'il recevait des autres. Le repas se termina bientôt, et Laiah se glissa vers la table des Serdaigles pour attendre ses amis, qui sortirent en même temps qu'elle de la grande salle.
- J'espère qu'on aura plusieurs cours en commun cette année, dit alors Anthony, qu'on puisse faire des blagues. Vous avez gardé les mêmes options ?
- Oui, répondit la jeune fille en souriant, soins aux créatures magiques, étude des runes et art pour moi.
- Arithmancie et études des runes perso, ça a pas bougé non plus.
Anthony réfléchit un instant avant de reprendre.
- On aura donc étude des runes ensemble, puisqu'à côté j'ai toujours divination, art et musique.
Ils se quittèrent là, les deux Serdaigles devant prendre l'escalier pour rejoindre la tour Ouest où était située leur salle commune tandis que que la Verte et Argent descendait pour rejoindre les cachots pour regagner le lieu privé de sa maison, placé sous le lac, en profondeur du château. Elle prononça le mot de passe pour entrer et l'ouverture magique se referma derrière elle.
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