Chapitre 1 : Sortie spontanée en ville
La jeune fille jeta un regard derrière elle, s’assurant qu’elle avait semé les soldats qui l’escortaient. Un rire clair s’échappa de sa gorge, tandis qu’elle savourait un moment de liberté et de légèreté. Elle savait bien qu’elle serait réprimandée pour son action audacieuse et imprudente, mais elle était guidée par l’insouciance de son jeune âge et sa curiosité sans limites. Elle avait suivi une impulsion soudaine, une envie fugace qui avait traversé son esprit. Il était dangereux pour elle de se balader seule dans les rues de la capitale, après tout, elle était la Princesse, fille unique de l’Empereur d’Ynacie. Pourtant, cachée sous une grande cape sombre, elle se sentait protégée, intouchable, anonyme. La population ne la connaissait qu’au travers d’un nom, June, et de portraits officiels tant son père la gardait enfermée. Elle passa devant un bâtiment, ralentit, fit quelques pas en arrière, et observa la devanture de l'édifice. Elle était tentée. Ce n'était pas raisonnable. De plus, ce n’était pas un lieu convenable pour une jeune fille de haute noblesse. Cela lui avait été longuement répété, et ce, pour tout un tas de lieux différents. La plupart des endroits n’était pas dignes de sa présence selon les dires. Elle soupira, au diable la raison. L’adolescente poussa la porte et entra avant de se diriger vers le comptoir, où elle demanda un verre de cidre. La taverne était relativement fréquentée, ce qui était peu habituel pour l'heure matinale mais loin d'être surprenant aux alentours du quai. Toujours cachée sous le vêtement sombre, la Princesse avala une gorgée de son breuvage tout en prêtant attention au bourdonnement assourdissant qui régnait dans la pièce, tâchant de se faire discrète. Il y avait peu de lumière dans l'auberge, pour cause le peu de fenêtres dans la pièce, et seules quelques bougies éclairaient les tables de bois. Le lieu était meublé de façon modeste, mais abondante. Il y avait de la décoration partout sur les murs et les étagères derrière le comptoir débordaient de produits en tous genres. Les yeux océans de la jeune noble firent le tour de la pièce dans un rythme tranquille, prenant le temps de s’imprégner de la vue. Elle adorait être ici, elle adorait cette ambiance, elle adorait tout de ce nouveau lieu exaltant qui la changeait de sa routine. Elle découvrait aussi le parfum des boissons, du bois, des vêtements, plus ou moins propres selon les individus. Une discussion agitée dans son dos s'éleva de plus belle, se distinguant du reste du bruit environnant.
– Ahahaha, arrête de mentir t'es pas crédible !
– Je mens pas, bouffon !
– Ah ouais, renchérit une troisième voix, hilare, donc tu nous dis que tu étais en mer et que tout à coup, tu l'as vu ?! Tu serais pas un peu faquin des fois ?
Trois hommes se disputaient depuis déjà un moment. Deux d'entre eux semblaient tourner en ridicule le dernier qui affirmait dire la vérité. Il en semblait persuadé, et irrité de ne pas être pris au sérieux. Les iris azurs de June se plissèrent, sa curiosité monta d’un cran. Elle ne connaissait pas les sujets qui pouvaient mener à des discordes chez les marins, mais elle voulait en savoir plus. Glissant discrètement sa main sous sa capuche, elle ramena une mèche de cheveux blonds derrière son oreille pour la dissimuler, se concentrant sur la conversation.
– Non, reprit alors l'homme qui clamait son innocence avec ardeur, ce que je dis, c'est qu'un gars sur mon navire l'a vu il y a quelques nuits pendant qu'on naviguait vers le port, et il nous l'a dit !
– Laisse tomber James, ton pote il t'a pigeonné c'est tout. Et toi t’as été suffisamment crédule pour le croire, il doit bien se marrer à l’heure qu’il est.
Le troisième ne répondit rien mais il ricana avec moquerie. Visiblement, aucun d’eux n’était convaincu par la ferveur de leur ami, qui donnait pourtant toute son énergie dans son discours. June leva son verre pour boire une nouvelle gorgée de cidre, quand le dénommé James hurla avec entrain.
– Il n'a pas menti ! Je le connais bien moi, c'est pas un menteur ! Vous êtes justes jaloux parce qu'il a vu voguer au loin l'Akasuna !!
La Princesse figea son geste soudainement. Les deux comparses éclatèrent de rire, comme si leur acolyte venait de sortir la plus grande blague de la journée.
– Mais enfin, t'es un sacré naïf toi ! s'exclama le premier.
– L'Akasuna n'existe même pas ! renchérit l'autre. Ce n'est qu'une légende de pirates pour effrayer les nouveaux et les jeunes dans le milieu marin ! T’es pourtant plus un gamin pour y croire.
James cria de nouveau pour protester.
- Bande de pignoufs, vous êtes juste incapables de voir plus loin que le bout de votre truffe. L’Akasuna existe, sinon pourquoi il y aurait tous ces récits ?! Ça ne sort pas de nulle part ! Les légendes naissent des témoignages de rescapés, et de faits réels enfin ! Comme on dit, il n’y a pas de fumée sans feu ! C’est sûr que pour des bélîtres comme vous, c’est trop de réflexion !
La dispute s’intensifia avec l’enchaînement des injures, mais l’adolescente ne les écoutait plus. Un sourire léger flottant sur les lèvres, elle se perdait dans son imagination, s’inventant des histoires diverses et variées en une fraction de secondes. L’homme mentait peut être, ou bien il y croyait réellement sans que cela ne soit vrai, mais elle s’en fichait, elle voulait juste rêver. Elle termina sa boisson avant de reposer le gobelet sur le bar, puis elle se leva, donna quelques pièces d’argent à l'homme qui servait derrière le comptoir et elle quitta la taverne pour reprendre sa balade. En retrouvant l'air frais de l'extérieur, la jeune fille se sentit de meilleure humeur. Elle aimait l’odeur de la mer. Elle espérait qu’un jour, elle pourrait visiter le monde en montant sur un navire. Alors qu’elle observait l’horizon, essayant de percevoir la silhouette d’un navire sombre qui s’évanouirait dans cette ligne lointaine, une main saisit fermement son épaule. La Princesse cria, surprise. En se retournant elle croisa le regard sévère de l’un des soldats qu’elle avait fuis un peu plus tôt.
- Votre Altesse, c’était très imprudent, vous auriez pu vous faire agresser par ces gens. Nous allons devoir en référer à l’Empereur. Suivez nous, nous vous escortons au palais immédiatement.
La liberté avait été courte, et elle risquait de ne pas revenir avant un moment, la jeune fille allait être sanctionnée pour son audace. Elle soupira, acceptant son sort. Elle n’avait pourtant aucun regret.
**********
L’Empereur cessa de regarder le soldat qui lui parlait pour poser ses yeux sur sa fille. L’adolescente fixait le sol, un air inquiet sur son visage enfantin.
- Merci pour ce rapport soldat, déclara-t-il sèchement. Je vais prendre les choses en main.
Les gardes comprirent l’ordre implicite et quittèrent la pièce, le son de leur pas résonnant jusqu’au plafond. La salle du trône semblait déjà immense, mais vide, c’était encore pire. June se sentait étouffée par l’atmosphère, et par le silence de son géniteur. Impatiente, elle finit par relever ses iris pour confronter l’expression stricte qu’il affichait.
- Père, je…
- Silence.
La jeune fille frissonna. Le ton était dur, froid. Elle n’avait pas l’habitude de la tendresse, elle n’avait pas été élevée avec amour, mais elle n’avait encore jamais désobéi de façon aussi effrontée, alors elle n’avait pas encore subi de réprimande particulière. Elle sentait qu’elle n’allait pas apprécier ce qui allait suivre. Elle ne regrettait pas, mais elle était inquiète des conséquences que son choix allait entraîner.
- Je suis très déçu June. Je te pensais plus intelligente.
- Pardon Pè…
- J’ai dit : silence, tonna l’Empereur d’une voix plus forte.
La Princesse baissa de nouveau les yeux. Quelques secondes passèrent, puis l’homme reprit, austère.
- Je t’ai autorisée à sortir parce que le couturier souhaitait te voir en urgence afin d’ajuster la robe commandée pour le prochain bal. Je me dois de constater que désormais, il faudra que ce soit uniquement lui qui se déplace. C’était la première et dernière fois que je t’autorisais à sortir en dehors du palais sans une raison officielle, et tu ne dois cette décision qu’à ton inconscience.
Condamnée de nouveau à vivre dans sa prison dorée, impressionnée par le ton sec et autoritaire, l’adolescente sentit des larmes couler le long de ses joues, assez lentement pour qu’elle ait l’impression que leur descente dure une éternité. L’homme se redressa, sans s’attendrir d’une telle vision.
- Sache que c’est pour ton bien. Tu n’as rien à faire à l’extérieur, au milieu de la plèbe. Te rends tu compte un peu, la Princesse Impériale au milieu de ces manants ? Ils pourraient en profiter pour te prendre en otage, pour t’influencer, pour souiller l’éducation et la pureté que je m’efforce de te donner. T’imaginer au milieu de ces….
Il afficha une expression répugnée avant de poursuivre.
- Roturiers sans aucun prestige, quel déshonneur pour notre famille. Je m’assurerai désormais que tu ne trouves plus jamais au milieu d’une populace aussi inférieure, et que tu ne fréquentes que des personnes de haute société que j’aurais préalablement choisies. Des gens dignes de ton rang social. Quant à toi, j’espère que plus jamais tu n’oseras me décevoir de la sorte. Est ce que c’est clair, June ?
La jeune fille frissonna sur le ton qui n’admettait aucune négation. Ce n’était pas vraiment une question. Elle acquiesça doucement.
- Je n’ai pas entendu, insista l’Empereur, implacable.
D’une voix tressaillante, elle répondit enfin.
- Je ne vous décevrai plus, Père, c’est promis.
- Je préfère.
Il fit un pas et la força à relever la tête d’une pression de ses doigts sous le menton de son interlocutrice.
- Tu es ma fille, ne l’oublie pas, cela implique que j’attends de toi une certaine attitude, et qu’elle soit irréprochable. Un jour, June, je ne serai plus là, et le trône reviendra à l’homme que je choisirai et qui t’épousera. Ton rôle sera alors primordial pour l’équilibre de cet Empire. Tu es mon sang, et ton destin est de poursuivre notre lignée et de guider celle ci pour maintenir la grandeur de notre Empire.
L’adolescente ne répondit rien, c’était inutile, mais la lueur d’espoir et de joie qui brillait un peu plus tôt dans ses iris avait disparu depuis qu’elle écoutait son père. Elle l’aimait, mais elle se sentait piégée dans cette famille. Sa position privilégiée n’était qu’un leurre, elle n’avait aucun pouvoir, aucune marge de manœuvre sur sa propre existence. Son destin appartenait à l’Empereur, elle n’était qu’une marchandise pour assurer la descendance impériale, une marchandise qui lui appartenait, et qui un jour, une fois mariée, appartiendrait à un nouvel homme, qu’elle ne choisirait pas, qu’elle ne connaissait pas. Un inconnu qui disposerait d’elle comme il l’entendrait. Elle réprima son envie de pleurer, consciente que cela ne ferait qu’agacer davantage son géniteur. Elle avait déjà versé des larmes, et celles ci étaient impuissantes pour faire changer d’avis son interlocuteur. Ce dernier appela les gardes qui attendaient derrière les grandes portes, ils entrèrent dans l’immense salle, et le monarque, fixant sa fille, donna des ordres.
- Raccompagnez la Princesse à sa chambre, et assurez-vous qu’elle n’en sorte pas avant que j’en donne l’ordre. Désormais, qu’elle soit surveillée vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et qu’elle ne soit jamais laissée seule. Nous verrons dans un mois si elle a retenu la leçon, et si je l’autorise de nouveau à se déplacer dans le palais.
Les soldats encadrèrent la jeune fille qui, en silence avança hors de la salle du trône. En longeant les couloirs, elle regarda par les fenêtres les jardins verdoyants qu’elle ne pourrait pas revoir de sitôt. De Princesse elle n’avait que le titre. Elle n’était rien de plus qu’une prisonnière.
Chapitre 2 : Quand la légende surgit
Le ciel était d'un bleu profond, perturbé par quelques nuages de temps à autres. La jeune femme, postée sur une corniche en haut du mât, profitait de la vue scintillante qui s'offrait à elle. Ainsi grimpée au sommet du navire, elle avait l'impression de voler, et elle pouvait presque en tutoyer les cieux. Ses longs cheveux châtains étaient détachés, volant dans son dos de par le vent qui sévissait à cette altitude. Ses grands yeux, dont les iris tiraient entre le marron et le noir, étaient très expressifs, et concentrés sur l'horizon. Un mouvement attira alors son regard dans le paysage, et elle plissa les paupières pour mieux voir. Son visage fin, attentif sur son observation, restait imperturbable aux bruits marins qui n'étaient que calme habituel à ses oreilles. Puis, d'un mouvement fluide, elle sauta par dessus la rambarde et s'accrocha au filet, descendant quelques mètres d'une désescalade fluide avant de saisir une corde pour se balancer dans le vide jusqu'au sol du ponton, sur lequel elle atterrit souplement. Elle était grande, plus que beaucoup de matelots qui travaillaient à bord. L'homme qui tenait la barre leva vers elle un regard surpris, ne s'attendant pas à la voir apparaître brusquement devant lui. Il avait les cheveux bruns, attachés sur son crâne et avait une expression ennuyée collée au visage.
– Kira ? demanda-t-il ? Tu as vu quelque chose ?
– Oui, répondit aussitôt la jeune femme. Un navire de la marine se dirige droit sur nous. Vu son allure et la nôtre, il devrait être à portée de tirs d'ici une heure. Et je pense qu'il nous a repérés aussi.
– Entendu, intervint alors une voix froide et dénuée d'une quelconque émotion dans leur dos. Je me charge de préparer l'équipage. Retourne là haut et tiens moi informé.
La vigie se retourna pour faire face au second du navire. Petit de taille, il était portant très charismatique. Ses cheveux courts, aussi rouges que le sang, ses iris d'une couleur si particulière, entre le marron clair et l'or, sans aucune expression particulière, le teint pâle dénué d'imperfections, il ressemblait à une poupée de porcelaine. Kira hocha la tête avant de répondre.
– D'accord, Sasori.
Et, sans attendre, la jeune femme saisit la corde qui traînait près d'elle et elle s'élança de nouveau jusqu'à atteindre les filets pour grimper en haut du mât. Le second se tourna alors vers l'homme qui tenait la barre.
– Shikamaru, je te laisse continuer de manœuvrer encore un bon moment, il faut que j'aille donner les directives et avertir la Capitaine.
Son interlocuteur hocha la tête et le jeune homme descendit du pont afin d'aller donner ses ordres. L'équipage fut bien vite mis au courant du plan, mais personne ne s'en inquiéta. Les pirates étaient confiants. La réputation de leur navire n'était plus à faire depuis longtemps. Sasori se tourna vers un homme qui n'était pas plus grand que lui, les cheveux noirs coupés en undercut et les yeux gris acier.
– Livaï, trouve Karma et fais en sorte que lui et les artilleurs soient prêts à tirer le plus vite possible, ensuite coordonne le reste de l'équipe, je vais m'entretenir avec la Capitaine.
Le brun hocha la tête avant de disparaître, à la recherche du maître canonnier, tandis que Sasori partait vers les quartiers privés sous le ponton. Livaï descendit les escaliers jusqu'à rejoindre le premier niveau. Efficace, l'artillerie se préparait déjà sous les instructions de Karma. Lui aussi avait des cheveux écarlates et des iris ambrés, mais à la différence du second, il était relativement grand, et possédait une expression espiègle et assurée.
– Quand serez vous prêts à attaquer ? demanda le quartier maître sans attendre.
– D'ici un quart d'heure. Nous n'aurons plus qu'à attendre le signal. Nous suivons la procédure habituelle ?
– Oui.
Il repartit aussitôt, n'ayant pas de temps à perdre, et un bruit sourd attira l'attention du maître canonnier.
– Tom, dit alors ce dernier avec lassitude, je peux savoir pourquoi tu as essayé d’assommer Anthony avec un boulet ?
– Il me fatigue.
– C'est même pas vrai, se défendit le dénommé Anthony.
Karma soupira.
– Vous vous entretuerez ce soir les gars, nous devons d'abord exploser un navire de la marine.
– OUAIS ! s'écria soudainement un jeune blond passionné de pyrotechnique.
– Calme toi Deidara, et charge les canons.
**********
Sasori quitta les quartiers privés après avoir informé la Capitaine de la situation, puis il se rendit sur le pont et porta son regard sur deux jeunes personnes en train de s'occuper des voiles du navire.
– Nine, Temari, vous avez besoin que je demande aux autres de vous aider ?
Les deux concernées se tournèrent vers le second. La première était une pirate aux cheveux roux mi longs et au regard intense. L'autre était blonde, et elle se coiffait de quatre couettes derrière son crâne, ses iris bleus brillaient d'assurance. Toutes deux étaient réputées pour avoir un caractère affirmé, et jamais personne n'aurait osé leur manquer de respect sur le bateau.
– On se débrouille Sasori, merci, répondit Nine pour elles.
La blonde hocha la tête pour confirmer, et le jeune homme les laissa avec les grandes voiles pour aller s'assurer que toute la manœuvre se préparait correctement. Un abordage n'était pas à bâcler, surtout quand il s'agissait de la marine. Il entendit des voix s’élever depuis le premier niveau, et il s’approcha, descendant les marches en silence.
- Je sais ce que je fais, d’accord ?! Alors toi et ta grande gueule allez voir ailleurs si j’y suis !
Le second reconnut la voix de Deidara, visiblement énervé.
- Je suis le maître canonnier, c’est mon travail de diriger l’offensive, et le tien de m’écouter ! Il faut que tu cesses de vouloir la jouer en solo et de te prendre pour le centre de l’univers, espèce d’abruti narcissique.
- Répète un peu pour voir, tu veux te battre peut être ?
Karma esquissa un sourire mesquin, et il rétorqua d’un ton provocateur.
- Qu’est ce qu’il y a, t’es vexé ? La vérité blesse ?
Sasori roula des yeux, ce n’était pas la première fois, particulièrement pour le blond, qui démarrait au quart de tour avec une facilité déconcertante, au point de devenir un challenge pour les plus turbulents de l’équipage, qui s’amusaient à le chercher à la moindre opportunité. Calmement, sans élever la voix, il marcha dans leur direction en parlant.
- Karma, retourne préparer l’offensive, vérifie que tous les canons sont opérationnels et que chacun est à son poste.
L’interpellé se tourna vers lui, et il acquiesça dans répondre, jetant un dernier regard insolent à Deidara. Le second balada son regard autour d’eux, et les quelques personnes qui assistaient à la dispute disparurent, comprenant l’ordre implicite de les laisser. Deidara affichait une moue boudeuse, il s’apprêtait à partir aussi quand Sasori l’arrêta, plaçant sa main devant lui.
- Tu m’expliques ?
La question semblait vague, mais les deux hommes se connaissaient bien. Le blond soupira, faisant voler la mèche blonde qui lui barrait le visage.
- Il m’a soûlé, je connais mon travail, j’ai pas besoin de ses consignes pour tirer au canon, c’est moi l’expert en explosifs sur ce navire.
Sasori vrilla son regard ambré sur lui.
- Là n’est pas la question. Nous devons être coordonnés pour être efficaces, donc il est nécessaire de suivre la stratégie d’équipe, c’est pourquoi Karma dirige l’opération, c’est son rôle d’anticiper l’action de manière collective. Tu dois placer tes compétences au service du groupe. Alors arrête de faire la tête et rejoins les autres.
Deidara grommela mais il obtempéra. Quelques secondes plus tard, Karma vint rejoindre le second.
- C’est fou l’influence que tu as sur lui, dit-il en le regardant. Il n’écoute personne, à part la Capitaine et toi. C’est à rendre dingue le reste de l’équipage, il est insupportable.
Sasori ne répondit pas, il savait pourquoi Deidara était ainsi, et il comprenait, d’une certaine façon. Ce n’était pas toujours facile à gérer, mais le blond était loyal et compétent, c’était ce qu’il voulait, et il savait qu’il ne la trahirait jamais vu leur lien. Lui aussi était complice avec le pirate, mais il préféra refouler cette pensée, l’estimant futile. Ce qui comptait, c’était elle. Le jeune homme remonta sans répondre au maître canonnier, qui ne s’en formalisa pas, habitué à l’attitude distante de son interlocuteur. Celui ci traversa le pont pour fixer l’horizon. Kira l'appela depuis son perchoir et il leva la tête.
– Ils sont en train de se préparer là bas ! l'informa la vigie. A priori, ils prévoient un assaut pour le croisement, vu que les canons qu'ils chargent sont latéraux. Nous serons prêts d'eux dans une dizaine de minutes.
– Merci Kira, répondit son interlocuteur. On part donc sur un abordage en belle. Ne descends qu'au dernier moment, au cas où tu aurais des observations de dernière minute.
– Entendu !
Puis, le second se tourna vers l'équipage, qui était prêt à l'assaut.
– Préparez vous à l'abordage, je ne veux aucun mort, ni aucun blessé dans nos rangs, c'est clair ?
Tous crièrent positivement avant de saisir leurs armes.
– Et attendez mon signal, termina Sasori de sa voix glaciale.
Le temps sembla suspendu pendant un long moment, le silence planait sur les deux navires tandis qu'ils se croisaient lentement. Curieusement, les canons ne commencèrent pas encore à pleuvoir, comme si les adversaires voulaient se jauger. C’était une erreur de la part de la flotte impériale, qui aurait eu plus de chances en commençant la bataille à distance. Mais les soldats étaient arrogants, ils firent preuve d’imprudence. Quand les deux bords furent face à face, l'équipage de la marine leur jeta des regards emplis de haine, et l'officier supérieur scanda d'une voix forte.
– Ce n'est pas aujourd'hui que l'Empire laissera des pirates pouilleux voguer librement sur son océan ! Messieurs, pas de quartiers contre cette vermine.
Les pirates, insultés, serrèrent les dents. Sasori esquissa lentement un léger sourire, et une nouvelle voix, féminine, forte et teintée d'insolence, s'éleva sur le navire criminel.
– Dans ce cas, je suppose que la vermine va devoir enseigner les bonnes manières à l'Empire, encore une fois.
L'intonation était glaciale, mais empreinte d'un léger amusement. La porte des quartiers situés sous le ponton venait de s'ouvrir, et la personne qui venait de s'exprimer, les cheveux rouges, courts, ébouriffés, bien que maintenus par un imposant tricorne, le manteau long glissant le long de son corps, était dans une posture de défi, armes en mains. Ses iris sombres étaient concentrés sur les matelots, et une marque noire était tatouée sur son visage, longeant la joue gauche pour traverser son œil et son sourcil. Un marin impérial s'écria alors, terrorisé, en reconnaissant enfin leurs adversaires.
– Le pavillon, je le reconnais ! C'est l'Akasuna !
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