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Laiah

Fiction - La conquête des océans

La conquête des océans

J’avais envie d’écrire sur des pirates. Parmi les choses qui me fascinent dans le XVIIIème siècle, il y a l’âge d’or de la piraterie. J’adore l’esthétique comme l’histoire et le contexte géopolitique qu’il y a derrière cette période.
J’ai hésité entre placer cette histoire dans la catégorie « fictions » ou la catégorie « fanfictions » puisque j’ai repris des personnages à la Pop Culture, mais comme j’ai créé l’univers, le contexte historique et géopolitique, et adapté les protagonistes à tout cela, je considère que cela va plus dans les fictions.

[TW : combats, mort, sang, violence, discriminations, politique brutale et oppressive]

Couverture

Prologue

La jeune fille avait des étoiles dans les yeux. Le visage éclairé par la faible lumière d’une bougie isolée qu’elle avait emmenée depuis sa chambre, en toute discrétion, jusqu’à la grande bibliothèque du palais. La princesse n’avait pas le droit de se promener seule la nuit, pour des raisons de sécurité lui avait expliqué son père. Pourtant, souvent, elle s’éclipsait une fois tout le monde endormi. Dès son plus jeune âge, elle avait appris par cœur les horaires des tours de garde pour savoir quand passer sans se faire remarquer. Pieds nus, elle ne faisait aucun bruit. Une ombre glissant dans les couloirs. Une fois la porte passée du lieu au mille savoirs, elle n’avait plus à s’inquiéter, et son rythme cardiaque s’apaisait. Personne ne lisait la nuit. Sauf elle. Elle se dirigeait toujours vers la même section, celle dédiée aux légendes, aux faits divers, autour d’un unique sujet. Les pirates. Cela la fascinait. Et ce curieux intérêt déplaisait énormément à son père. Il ne pouvait pas supporter ces rebelles qui dépassaient les limites de ses lois. Lui qui avait conquis le monde entier en un seul règne, créant le plus puissant Empire n’ayant jamais vu le jour. Plus d’une fois, il avait expliqué à sa fille unique le danger que ces individus représentaient, les dépeignant comme la pire des espèces. Il aurait aimé transmettre à sa précieuse enfant la haine qu’il éprouvait pour ces gens et leur mode de vie au dessus de tout gouvernement. Mais si la princesse ne le contredisait jamais, l’écoutant avec attention, elle ne pouvait pas s’empêcher d’éprouver une immense fascination à leur égard. Alors, chaque nuit, quand ses activités n’étaient pas surveillées, elle dévorait tous les ouvrages qui parlaient de ces hors-la-loi. Son cœur battait si vite quand elle lisait les aventures, les mythes. Même les quelques brochures de presse relatant des procès de ceux et celles qui avaient eu la malchance de finir capturés par l’empire. Tous avaient le droit à la même fin. Un mouvement bref et une corde tendue brusquement autour du cou. Son père n’avait aucune pitié pour ceux qui osaient défier ses ordres. Mais ce que la jeune princesse adorait par dessus tout, c’était la légende d’un certain navire, dont l’existence même n’était pas confirmée. Le plus grand navire pirate, avec son capitaine légendaire. Un bateau qui s’appelait l’Akasuna, et qui ne laissait derrière son supposé passage que d’étranges rumeurs.

Chapitre 1 : Rumeurs

La jeune fille jeta un regard derrière elle, s’assurant qu’elle avait semé les soldats qui l’escortaient. Un rire clair s’échappa de sa gorge, tandis qu’elle savourait un moment de liberté et de légèreté. Elle savait bien qu’elle serait réprimandée pour son action audacieuse et imprudente, mais elle était guidée par l’insouciance de son jeune âge et sa curiosité. Il était dangereux pour elle de se balader seule dans les rues de la capitale, après tout, elle était la princesse, fille unique de l’Empereur d’Ynacie. Cachée sous une grande cape sombre, elle se sentait protégée, intouchable, anonyme. La population ne la connaissait qu’au travers d’un nom, June, et de portraits officiels tant son père la gardait enfermée. Elle passa devant un bâtiment, ralentit, fit quelques pas en arrière, et observa la devanture de l'édifice. Elle était tentée. Mais ce n'était pas raisonnable. Ce n’était pas un lieu convenable pour une jeune fille de haute noblesse. Elle soupira, au diable la raison. La princesse poussa la porte et entra dans le lieu avant de se diriger vers le comptoir, où elle demanda un verre de cidre. La taverne était relativement fréquentée, ce qui était peu habituel pour l'heure matinale mais loin d'être surprenant aux alentours du quai. Toujours cachée sous le vêtement sombre, l’adolescente avala une gorgée tout en prêtant attention au bourdonnement assourdissant qui régnait dans la pièce, tâchant de se faire discrète. Il y avait peu de lumière dans l'auberge, seules quelques bougies éclairaient les tables de bois. Le lieu était meublé de façon modeste, mais abondante. Il y avait de la décoration partout sur les murs et les étagères derrière le comptoir débordaient de produits en tous genres. Les yeux océans de la princesse firent le tour de la pièce tranquillement. Une discussion agitée dans son dos s'éleva de plus belle, se distinguant du reste du bruit environnant.
– Ahahaha, arrête de mentir t'es pas crédible !
– Je mens pas, bouffon !
– Ah ouais, renchérit une troisième voix, hilare, donc tu nous dis que tu étais en mer et que tout à coup, tu l'as vu ?!
Trois hommes se disputaient depuis déjà un moment. Deux d'entre eux semblaient tourner en ridicule le dernier qui affirmait dire la vérité. Les iris azurs de June se plissèrent, sa curiosité monta d’un cran. Elle ne connaissait pas les sujets qui pouvaient mener à des discordes pour les marins, mais elle voulait en savoir plus. Glissant discrètement sa main sous sa capuche, elle ramena une mèche de cheveux blonds derrière son oreille, se concentrant sur la conversation.
– Non, reprit alors l'homme qui clamait son innocence, ce que je dis, c'est qu'un gars sur mon navire l'a vu la nuit dernière pendant qu'on naviguait vers le port, et il nous l'a dit !
– Laisse tomber James, ton pote il t'a pigeonné c'est tout.
Le troisième ne répondit rien mais il ricana avec moquerie. June leva son verre pour boire une nouvelle gorgée de cidre, quand le dénommé James hurla avec entrain.
– Il n'a pas menti ! Je le connais bien moi, c'est pas un menteur ! Vous êtes justes jaloux parce qu'il a vu voguer au loin l'Akasuna !!
La princesse figea son geste soudainement. Les deux comparses pirates éclatèrent de rire, comme si leur acolyte venait de sortir la plus grande blague de la journée.
– Mais enfin, t'es un sacré naïf toi ! s'exclama le premier.
– L'Akasuna n'existe même pas ! renchérit l'autre. Ce n'est qu'une légende de pirates pour effrayer les nouveaux et les jeunes dans le milieu marin !
James cria de nouveau pour protester, mais l’adolescente ne l'écoutait plus. Un sourire léger flottant sur les lèvres, elle se perdait dans son imagination, s’inventant des histoires diverses et variées en une fraction de secondes. L’homme mentait peut être, mais elle s’en fichait, elle voulait juste rêver. Elle termina sa boisson avant de reposer le gobelet sur le bar, puis elle se leva, donna quelques pièces d'or à l'homme qui servait derrière le comptoir et elle quitta la taverne pour reprendre sa balade. En retrouvant l'air frais de l'extérieur, la princesse se sentit de meilleure humeur. Elle aimait l’odeur de la mer. Alors qu’elle observait l’horizon, une main saisit fermement son épaule et la princesse cria, surprise. En se retournant elle croisa le regard sévère de l’un des soldats.
- Votre Altesse, c’était très imprudent, vous auriez pu vous faire agresser par ces gens. Nous allons devoir en référer à l’Empereur. Suivez nous, nous vous escortons au palais.
La liberté avait été courte, et elle risquait de ne pas revenir avant un moment, la jeune fille allait être sanctionnée pour son audace. Elle soupira, acceptant son sort. Elle n’avait pourtant aucun regret.

Chapitre 2 : Quand la légende surgit

Le ciel était d'un bleu profond, perturbé par quelques nuages de temps à autres. La jeune femme, postée sur une corniche en haut du mât, profitait de la vue scintillante qui s'offrait à elle. Ainsi grimpée au sommet du navire, elle avait l'impression de voler, et elle pouvait presque en tutoyer les cieux. Ses longs cheveux châtains étaient détachés, volant dans son dos de par le vent qui sévissait à cette altitude. Ses grands yeux, dont les iris tiraient entre le marron et le noir, étaient très expressifs, et concentrés sur l'horizon. Un mouvement attira alors son regard dans le paysage, et elle plissa les paupières pour mieux voir. Son visage fin, attentif sur son observation, restait imperturbable aux bruits marins qui n'étaient que calme habituel à ses oreilles. Puis, d'un mouvement fluide, elle sauta par dessus la rambarde et s'accrocha au filet, descendant quelques mètres d'une désescalade fluide avant de saisir une corde pour se balancer dans le vide jusqu'au sol du ponton, sur lequel elle atterrit souplement. Elle était grande, plus que beaucoup de matelots qui travaillaient à bord. L'homme qui tenait la barre leva vers elle un regard surpris, ne s'attendant pas à la voir apparaître brusquement devant lui.

- Kira ? demanda-t-il ? Tu as vu quelque chose ?

- Oui, répondit aussitôt la jeune femme. Un navire de la marine se dirige droit sur nous. Vu son allure et la nôtre, il devrait être à portée de tirs d'ici une heure. Et je pense qu'il nous a repérés aussi.

- Entendu, intervint alors une voix froide et dénuée d'une quelconque émotion dans leur dos. Je me charge de préparer l'équipage. Retourne là haut et tiens moi informé.

La vigie se retourna pour faire face au second du navire. Petit de taille, il était portant très charismatique. Ses cheveux courts, aussi rouges que le sang, ses iris d'une couleur si particulière, entre le marron et l'or, sans aucune expression particulière, le teint pâle dénué d'imperfections, il ressemblait à une poupée de porcelaine. Kira hocha la tête avant de répondre.

- D'accord, Sasori.

Et, sans attendre, la jeune femme saisit la corde qui traînait près d'elle et elle s'élança de nouveau jusqu'à atteindre les filets pour grimper en haut du mât. Le second se tourna alors vers l'homme qui tenait la barre.

- Lawliett, je te laisse manœuvrer encore un bon moment, il faut que j'aille donner les directives et avertir la Capitaine.

Son interlocuteur hocha la tête et le jeune homme descendit du pont afin d'aller donner ses ordres. L'équipage fut bien vite mis au courant du plan, mais personne ne s'en inquiéta. Les pirates étaient confiants. La réputation de leur navire n'était plus à faire depuis longtemps. Sasori se tourna vers un homme qui n'était pas plus grand que lui, les cheveux noirs coupés en undercut et les yeux gris acier.

- Livaï, trouve Karma et fais en sorte que lui et les artilleurs soient prêts à tirer le plus vite possible, ensuite coordonne le reste de l'équipe, je vais m'entretenir avec la Capitaine.

Le brun hocha la tête avant de disparaître, à la recherche du maître canonnier, tandis que Sasori partait vers les quartiers privés. Livaï descendit les escaliers jusqu'à rejoindre le premier niveau. Efficace, l'artillerie se préparait déjà sous les instructions de Karma. Lui aussi avait des cheveux écarlates et des iris ambrés, mais à la différence du second, il était relativement grand, et possédait une expression espiègle et assurée.

- Quand serez vous prêts à attaquer ? demanda le quartier maître sans attendre.

- D'ici un quart d'heure. Nous n'aurons plus qu'à attendre le signal. Nous suivons la procédure habituelle ?

- Oui.

Il repartit aussitôt, n'ayant pas de temps à perdre, et un bruit sourd attira l'attention du maître canonnier.

- Tom, dit-il alors avec lassitude, je peux savoir pourquoi tu as essayé d’assommer Anthony avec un boulet ?

- Il me fatigue.

- C'est même pas vrai, se défendit le dénommé Anthony.

Karma soupira.

- Vous vous entre tuerez ce soir les gars, nous devons d'abord exploser un navire de la marine.

- OUAIS ! s'écria soudainement un jeune blond passionné de pyrotechnique.

- Calme toi Deidara, et charge les canons.


 

**********


 

Sasori quitta les quartiers privés après avoir informé la Capitaine de la situation, puis il se rendit sur le pont et porta son regard sur deux jeunes personnes en train de s'occuper des voiles du navire.

- Nine, Temari, vous avez besoin que je demande aux autres de vous aider ?

Les deux concernées se tournèrent vers le second. La première était une pirate aux cheveux roux mi longs et au regard intense. L'autre était blonde, et elle se coiffait de quatre couettes derrière son crâne, ses iris bleus brillaient d'assurance. Toutes deux étaient réputées pour avoir un caractère affirmé, et jamais personne n'aurait osé leur manquer de respect sur le bateau.

- On se débrouille Sasori, répondit Nine pour elles.

La blonde hocha la tête pour confirmer, et le jeune homme les laissa avec les grandes voiles pour aller s'assurer que toute la manœuvre se préparait correctement. Un abordage n'était pas à bâcler, surtout quand il s'agissait de la marine. Kira l'appela depuis son perchoir et il leva la tête.

- Ils sont en train de se préparer là bas ! l'informa la vigie. A priori, ils prévoient un assaut pour le croisement, vu que les canons qu'ils chargent sont latéraux. Nous serons prêts d'eux dans une dizaine de minutes.

- Merci Kira, répondit son interlocuteur. On part donc sur un abordage en belle. Ne descends qu'au dernier moment, au cas où tu aurais des observations de dernière minute.

- Entendu !

Puis, le second se tourna vers l'équipage, qui était prêt à l'assaut.

- Préparez vous à l'abordage, je ne veux aucun mort, ni aucun blessé dans nos rangs, c'est clair ?

Tous crièrent positivement avant de saisir leurs armes.

- Et attendez mon signal, termina Sasori de sa voix glaciale.

Le temps sembla suspendu pendant un long moment, le silence planait sur les deux navires tandis qu'ils se croisaient lentement. Quand les deux bords furent face à face, l'équipage de la marine leur jeta des regards emplis de haine, et l'officier supérieur scanda d'une voix forte.

- Ce n'est pas aujourd'hui que l'Empire laissera des pirates pouilleux voguer librement sur son océan ! Messieurs, pas de quartiers contre cette vermine.

Les pirates, insultés, serrèrent les dents. Sasori esquissa lentement un léger sourire, et une nouvelle voix, féminine, forte et teintée d'insolence, s'éleva sur le navire criminel.

- Dans ce cas, je suppose que la vermine va devoir enseigner les bonnes manières à l'Empire, encore une fois.

L'intonation était glaciale, mais empreinte d'un léger amusement. La porte des quartiers venait de s'ouvrir, et la personne qui venait de s'exprimer, les cheveux rouges, courts, ébouriffés, bien que maintenus par un imposant tricorne, le manteau long glissant le long de son corps, était dans une posture de défi, armes en mains. Ses iris sombres étaient concentrés sur les matelots, et une marque noire était tatouée sur son visage, longeant la joue gauche pour traverser son œil et son sourcil. Un marin impérial s'écria alors, terrorisé, en reconnaissant enfin leurs adversaires.

- Le pavillon, je le reconnais ! C'est l'Akasuna !

 

 

 

 

La suite prochainement, j'espère.





/début écriture : Février 2020/

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