Laiah

Fiction - La conquête des océans

La conquête des océans

Bawi. Moi. Des pirates. C'est tout.

Avis aux membres de l'équipage de Bawi qui est inspiré de personnes réelles. N'hésitez pas à me contacter si je fais des erreurs sur vos pronoms et accords, j'ai un document d'infos fait par Bawi, mais on est pas à l'abri d'une erreur, je corrigerai si besoin.


 


 

[TW : pour l'instant aucun, mais ça viendra, sûrement sur le thème des blessures, de la mort et du sang]

Couverture

Prologue

Le jeune homme avait les yeux perdus dans l'horizon. Ses iris azurs se perdaient dans l'océan, renvoyant la même couleur brillante. Le soleil descendait lentement dans les cieux jusqu'à plonger avec lenteur dans les eaux encore claires. La température était douce, et son esprit également. Un mouvement derrière lui attira son attention.

- Capitaine, lança l'interlocutrice avec flegme.

- Mmmh ?

- Ulrik m'a chargé de t'avertir qu'il sera bientôt nécessaire de ravitailler le navire.

Le jeune homme tourna son regard vers elle. La jeune femme était charismatique. La silhouette fine, assez grande, les cheveux tirant entre le gris et le blond allant jusqu'à ses épaules, elle était âgée de vingt deux ans. Le visage fin, sévère mais empli d'une grande bienveillance, elle avait un physique androgyne qui améliorait considérablement sa prestance. Le garçon reprit la contemplation de l'eau calme avant de répondre calmement.

- Entendu. Nous prendrons le cap du port dès l'aube. Ainsi, d'ici deux jours, nous serons sur terre. Fais préparer la liste de ce dont nous aurons besoin, je veux que nous fassions vite, je n'aime pas rester au sol trop longtemps, c'est dangereux pour nous, et puis, je préfère voguer sur les flots.

- Parfait. Ce sera fait. Oh et aussi ?

- Oui ?

- Ne veille pas trop tard, notre capitaine doit être en forme.

- T'en fais pas pour ça, la lune me tient compagnie comme chaque nuit, je peux lui parler et elle me conseille. Bonne nuit Athéna. Merci d'être ma seconde, tu fais un travail incroyable.

La concernée sourit doucement.

- Avec plaisir, Bawi. Il faut bien que quelqu'un fasse respecter l'ordre ici après tout.

Le capitaine laissa échapper un petit rire à cette pique amicale, et sa subordonnée repartit, le laissant seul, assis sur la rambarde du navire. Ses cheveux blancs flottaient autour de ses épaules tandis qu'une ateba bleue et blanche partait de sa nuque pour longer sa colonne vertébrale. Il était un pirate depuis plusieurs années, et il était le dirigeant de l'équipage du Nóttnjörd, un bateau presque aussi célèbre que lui.

Chapitre 1 : Rumeurs

Le jeune homme soupira. Il n'aimait pas descendre de son bateau. Il glissa ses mains dans les poches de son manteau et avança. Il avait confié à son équipage la charge de réapprovisionner le navire avec tout ce qu'il jugeait nécessaire. Lui se mêla à la foule qui parcourait le port et prêta simplement attention à ce qui l'entourait. Il passa devant un bâtiment, ralentit, fit quelques pas en arrière, et observa la devanture de l'édifice. Il était tenté. Mais ce n'était pas raisonnable. Bawi soupira, au diable la raison. Il poussa la porte et entra dans le lieu avant de se diriger vers le comptoir, où il commanda une pinte de bière. La taverne était relativement fréquentée, ce qui était peu habituel pour l'heure matinale mais loin d'être surprenant aux alentours du quai. Le jeune pirate avala une gorgée tout en prêtant attention au bourdonnement assourdissant qui régnait dans la pièce. Il y avait peu de lumière dans l'auberge, seules quelques bougies éclairaient les tables de bois. Le lieu était meublé de façon modeste, mais abondante. Il y avait de la décoration partout sur les murs et les étagères derrière le comptoir débordaient de produits en tous genres. Les yeux océans du pirate firent le tour de la pièce tranquillement. Une discussion agitée dans son dos s'éleva de plus belle, se distinguant du reste du bruit environnant.

- Ahahaha, arrête de mentir t'es pas crédible !

- Je mens pas, bouffon !

- Ah ouais, renchérit une troisième voix, hilare, donc tu nous dis que tu étais en mer et que tout à coup, tu l'as vu ?!

Trois hommes se disputaient depuis déjà un moment. Deux d'entre eux semblaient tourner en ridicule le dernier qui affirmait dire la vérité. Les iris azurs du capitaine aux cheveux immaculés se plissèrent. Les sujets de discordes étaient nombreux chez les marins, mais souvent, c'était lié aux légendes qui parcouraient les flots. Et lui, il adorait les légendes.

- Non, reprit alors l'homme qui clamait son innocence, ce que je dis, c'est qu'un gars sur mon navire l'a vu la nuit dernière pendant qu'on naviguait vers le port, et il nous l'a dit !

- Laisse tomber James, ton pote il t'a pigeonné c'est tout.

Le troisième ne répondit rien mais il ricana avec moquerie. Bawi leva sa choppe pour boire une nouvelle gorgée, quand le dénommé James hurla avec entrain.

- Il n'a pas menti ! Je le connais bien moi, c'est pas un menteur ! Vous êtes justes jaloux parce qu'il a vu voguer au loin l'Akasuna !!

Bawi figea son geste soudainement. Les deux comparses pirates éclatèrent de rire, comme si leur acolyte venait de sortir la plus grande blague de la journée.

- Mais enfin, t'es un sacré naïf toi ! s'exclama le premier.

- L'Akasuna n'existe même pas ! renchérit l'autre. Ce n'est qu'une légende de pirates pour effrayer les nouveaux et les jeunes dans le milieu marin !

James cria de nouveau pour protester, mais Bawi ne l'écoutait plus. Un sourire léger flottant sur les lèvres, il termina sa bière avant de reposer le gobelet sur le bar, puis il se leva, jeta quelques pièces d'or à l'homme qui servait derrière le comptoir et il quitta la taverne avec nonchalance. En retrouvant l'air frais de l'extérieur, le jeune capitaine se sentit de meilleure humeur. Il retourna d'un pas décidé vers son navire, où son équipage apprêtait les vivres. En le voyant arriver, Athéna lui jeta un regard désapprobateur.

- Tu as encore fini dans un bar alors qu'il n'est pas encore midi ?

- Ouep.

La seconde du Nóttnjörd plissa alors les yeux.

- Pourquoi tu souris comme ça ?

Bawi haussa des épaules en lui lançant un regard malicieux.

- De bonnes nouvelles. Appareillons et repartons sur la mer ! Je me lasse de cette étendue sublime et scintillante plus grande que mes rêves les plus fous !

Le cuisinier du navire, David, qui rangeait une caisse, leva alors la tête pour répondre au capitaine.

- Bah c'est juste un grand paquet de flotte quoi !

Des rires fusèrent alors, et le pirate aux cheveux blancs soupira, dépité des marins qui l’accompagnaient.


 

**********


 

Le jeune homme faisait face à trois personnes. Dans la cabine close qui renfermait son bureau, tous étudiaient la carte avec attention. Athéna haussa alors un sourcil, perplexe.

- Je ne comprends pas pourquoi tu veux maintenir le cap uniquement dans cette zone, affirma-t-elle au capitaine en pointant du doigt la partie concernée sur la toile du monde. D'habitude, tu fais en sorte de parcourir la plus grande étendue possible, et là, tu veux rester dans les alentours, est ce que tu cherches quelque chose ?

Bawi sourit, sa seconde le connaissait bien.

- D'une certaine façon, oui. Mais je n'en suis pas certain.

Le pilote du Nóttnjörd, intervint alors.

- Écoute, si tu cherches quelque chose, il faut nous le dire. Nous ne pouvons pas te guider sur la trajectoire maritime à prendre si tu ne nous dis rien. C'est quoi que tu cherches ?

Le pirate aux cheveux immaculés leva alors son regard pour le regarder avant de répondre.

- Et bien Elie, j'ai entendu dire qu'un navire était dans le coin, j'aimerais bien le trouver.

- Pour le piller ? demanda alors Eniye, timonier du bâtiment.

Le capitaine rigola alors.

- Oh non, pas celui ci. A ma connaissance, seule la marine impériale essaierait de s'y frotter, et encore, c'est parce qu'elle est composée uniquement d'idiots.

Athéna commençait à perdre patience.

- Bon, lança-t-elle d'un ton implacable, vas tu enfin nous dire de quoi il s'agit au lieu de tourner autour du pot ?

Le jeune homme reprit une expression sérieuse en hochant la tête.

- Oui euh... Voilà, j'ai entendu des rumeurs au port ce matin. Il semblerait que l'Akasuna vogue dans les parages, je veux le voir.

Un long silence accueillit ses paroles. Les trois membres de son équipage échangèrent un regard perplexe, sans savoir s'il s'agissait encore une fois d'une manifestation d'humour de leur chef. Elie fut le premier à rompre le silence.

- L'Akasuna ? Tu parles bien de ce navire pirate qu'on entend dans les légendes ?

Il fit une pause, hésitant, avant de reprendre.

- Tu es bien conscient qu'il ne s'agit que d'un mythe ? Il n'est pas vraiment... réel...

De nouveau, les lèvres du pirate aux cheveux blancs s'étirèrent pour dévoiler une dentition immaculée.

- Oooh, roucoula-t-il avec un air espiègle, croyez moi, l'Akasuna est tout ce qu'il y a de plus réel.

Chapitre 2 : Quand la légende surgit

Le ciel était d'un bleu profond, perturbé par quelques nuages de temps à autres. La jeune femme, postée sur une corniche en haut du mât, profitait de la vue scintillante qui s'offrait à elle. Ainsi grimpée au sommet du navire, elle avait l'impression de voler, et elle pouvait presque en tutoyer les cieux. Ses longs cheveux châtains étaient détachés, volant dans son dos de par le vent qui sévissait à cette altitude. Ses grands yeux, dont les iris tiraient entre le marron et le noir, étaient très expressifs, et concentrés sur l'horizon. Un mouvement attira alors son regard dans le paysage, et elle plissa les paupières pour mieux voir. Son visage fin, attentif sur son observation, restait imperturbable aux bruits marins qui n'étaient que calme habituel à ses oreilles. Puis, d'un mouvement fluide, elle sauta par dessus la rambarde et s'accrocha au filet, descendant quelques mètres d'une désescalade fluide avant de saisir une corde pour se balancer dans le vide jusqu'au sol du ponton, sur lequel elle atterrit souplement. Elle était grande, plus que beaucoup de matelots qui travaillaient à bord. L'homme qui tenait la barre leva vers elle un regard surpris, ne s'attendant pas à la voir apparaître brusquement devant lui.

- Kira ? demanda-t-il ? Tu as vu quelque chose ?

- Oui, répondit aussitôt la jeune femme. Un navire de la marine se dirige droit sur nous. Vu son allure et la nôtre, il devrait être à portée de tirs d'ici une heure. Et je pense qu'il nous a repérés aussi.

- Entendu, intervint alors une voix froide et dénuée d'une quelconque émotion dans leur dos. Je me charge de préparer l'équipage. Retourne là haut et tiens moi informé.

La vigie se retourna pour faire face au second du navire. Petit de taille, il était portant très charismatique. Ses cheveux courts, aussi rouges que le sang, ses iris d'une couleur si particulière, entre le marron et l'or, sans aucune expression particulière, le teint pâle dénué d'imperfections, il ressemblait à une poupée de porcelaine. Kira hocha la tête avant de répondre.

- D'accord, Sasori.

Et, sans attendre, la jeune femme saisit la corde qui traînait près d'elle et elle s'élança de nouveau jusqu'à atteindre les filets pour grimper en haut du mât. Le second se tourna alors vers l'homme qui tenait la barre.

- Lawliett, je te laisse manœuvrer encore un bon moment, il faut que j'aille donner les directives et avertir la Capitaine.

Son interlocuteur hocha la tête et le jeune homme descendit du pont afin d'aller donner ses ordres. L'équipage fut bien vite mis au courant du plan, mais personne ne s'en inquiéta. Les pirates étaient confiants. La réputation de leur navire n'était plus à faire depuis longtemps. Sasori se tourna vers un homme qui n'était pas plus grand que lui, les cheveux noirs coupés en undercut et les yeux gris acier.

- Livaï, trouve Karma et fais en sorte que lui et les artilleurs soient prêts à tirer le plus vite possible, ensuite coordonne le reste de l'équipe, je vais m'entretenir avec la Capitaine.

Le brun hocha la tête avant de disparaître, à la recherche du maître canonnier, tandis que Sasori partait vers les quartiers privés. Livaï descendit les escaliers jusqu'à rejoindre le premier niveau. Efficace, l'artillerie se préparait déjà sous les instructions de Karma. Lui aussi avait des cheveux écarlates et des iris ambrés, mais à la différence du second, il était relativement grand, et possédait une expression espiègle et assurée.

- Quand serez vous prêts à attaquer ? demanda le quartier maître sans attendre.

- D'ici un quart d'heure. Nous n'aurons plus qu'à attendre le signal. Nous suivons la procédure habituelle ?

- Oui.

Il repartit aussitôt, n'ayant pas de temps à perdre, et un bruit sourd attira l'attention du maître canonnier.

- Tom, dit-il alors avec lassitude, je peux savoir pourquoi tu as essayé d’assommer Anthony avec un boulet ?

- Il me fatigue.

- C'est même pas vrai, se défendit le dénommé Anthony.

Karma soupira.

- Vous vous entre tuerez ce soir les gars, nous devons d'abord exploser un navire de la marine.

- OUAIS ! s'écria soudainement un jeune blond passionné de pyrotechnique.

- Calme toi Deidara, et charge les canons.


 

**********


 

Sasori quitta les quartiers privés après avoir informé la Capitaine de la situation, puis il se rendit sur le pont et porta son regard sur deux jeunes personnes en train de s'occuper des voiles du navire.

- Nine, Temari, vous avez besoin que je demande aux autres de vous aider ?

Les deux concernées se tournèrent vers le second. La première était une pirate aux cheveux roux mi longs et au regard intense. L'autre était blonde, et elle se coiffait de quatre couettes derrière son crâne, ses iris bleus brillaient d'assurance. Toutes deux étaient réputées pour avoir un caractère affirmé, et jamais personne n'aurait osé leur manquer de respect sur le bateau.

- On se débrouille Sasori, répondit Nine pour elles.

La blonde hocha la tête pour confirmer, et le jeune homme les laissa avec les grandes voiles pour aller s'assurer que toute la manœuvre se préparait correctement. Un abordage n'était pas à bâcler, surtout quand il s'agissait de la marine. Kira l'appela depuis son perchoir et il leva la tête.

- Ils sont en train de se préparer là bas ! l'informa la vigie. A priori, ils prévoient un assaut pour le croisement, vu que les canons qu'ils chargent sont latéraux. Nous serons prêts d'eux dans une dizaine de minutes.

- Merci Kira, répondit son interlocuteur. On part donc sur un abordage en belle. Ne descends qu'au dernier moment, au cas où tu aurais des observations de dernière minute.

- Entendu !

Puis, le second se tourna vers l'équipage, qui était prêt à l'assaut.

- Préparez vous à l'abordage, je ne veux aucun mort, ni aucun blessé dans nos rangs, c'est clair ?

Tous crièrent positivement avant de saisir leurs armes.

- Et attendez mon signal, termina Sasori de sa voix glaciale.

Le temps sembla suspendu pendant un long moment, le silence planait sur les deux navires tandis qu'ils se croisaient lentement. Quand les deux bords furent face à face, l'équipage de la marine leur jeta des regards emplis de haine, et l'officier supérieur scanda d'une voix forte.

- Ce n'est pas aujourd'hui que l'Empire laissera des pirates pouilleux voguer librement sur son océan ! Messieurs, pas de quartiers contre cette vermine.

Les pirates, insultés, serrèrent les dents. Sasori esquissa lentement un léger sourire, et une nouvelle voix, féminine, forte et teintée d'insolence, s'éleva sur le navire criminel.

- Dans ce cas, je suppose que la vermine va devoir enseigner les bonnes manières à l'Empire, encore une fois.

L'intonation était glaciale, mais empreinte d'un léger amusement. La porte des quartiers venait de s'ouvrir, et la personne qui venait de s'exprimer, les cheveux rouges, courts, ébouriffés, bien que maintenus par un imposant tricorne, le manteau long glissant le long de son corps, était dans une posture de défi, armes en mains. Ses iris sombres étaient concentrés sur les matelots, et une marque noire était tatouée sur son visage, longeant la joue gauche pour traverser son œil et son sourcil. Un marin impérial s'écria alors, terrorisé, en reconnaissant enfin leurs adversaires.

- Le pavillon, je le reconnais ! C'est l'Akasuna !

Chapitre 3 : Implacables

Le jeune homme laissa son regard dériver vers la fenêtre. A travers la vitre, il pouvait voir les vagues danser doucement jusqu'à rouler contre le navire. Cela faisait maintenant deux jours qu'il naviguait dans cette zone, dans l'espoir de tomber sur la légende vivante de la piraterie. Bawi soupira, et il abandonna ses cartes nautiques pour aller prendre l'air sur le pont du navire. L'ambiance était légère à l'extérieure, les matelots riaient ou travaillaient tranquillement, la météo calme permettait à tous de se sentir à l'aise et contents. Une musique légère flottait autour d'eux, tirant son origine de la musicienne du navire, une blonde aux yeux sombres qui illuminait l'équipage de sa présence comme de ses vêtements d'un jaune éclatant. Bercé par la mélodie, il poursuivit son chemin le long du pont, rejoignant l'avant du bâtiment. Le jeune pirate arriva près de la proue, un squelette d'hippocampe majestueux, et il remarqua qu'il n'était pas seul. Assis confortablement sur l'ossature animale de la grande sculpture, un de ses matelots profitait lui aussi de l'air frais. L'homme avait environ une vingtaine d'années, son visage était creusé, et sa mâchoire bien dessinée, ce qui était accentué par sa coupe de cheveux, dont les côtés étaient rasés, laissant simplement une grande crête immaculée sur le dessus de son crâne. Le physique androgyne, mince et musclé, il portait un pantalon de toile à rayures noires et blanches, une imposante ceinture où se tenaient ses armes, et un blouson de cuir noir qui seyait à merveille avec ses énormes chaussures. Occupé à fixer l'horizon, le marin tenait entre ses doigts un joint de sa conception. Bawi sourit doucement en s'approchant.

- Bonsoir, Gaby.

Le jeune homme se retourna tout en tirant une taffe.

- Salut, répondit-il d'une voix grave et posée. Tu travailles pas ?

- J'ai décidé de prendre une pause, calculer des directions toute la journée, c'est épuisant.

- T'as bien raison, j'aurais pas voulu être capitaine, trop de responsabilités, pas assez de liberté. Je préfère être chill dans un bon équipage, et passer mes nuits à rouler et fumer mes pétards.

Bawi eut un rire léger. Il comprenait parfaitement Gaby. Parfois, lui aussi voulait cesser de se tracasser pour simplement se détendre. Mais sur le Nóttnjörd, tout le monde comptait sur lui. Et il aimait, et respectait profondément chaque membre de son navire, ce qui l'obligeait à accepter les bons comme les mauvais côtés de la direction. Il n'avait aucune ambition d'être au dessus des autres, mais il lisait les étoiles mieux que personne, et il avait un instinct de survie impressionnant. C'était entre autres ce genre de qualités qui faisait de lui un capitaine aimé et un excellent marin. Gaby lui tendit alors son joint.

- Tire un coup, ça va te détendre.

Souriant de nouveau, Bawi saisit le bâtonnet et il inspira profondément avant de souffler la fumée.

- J'espère que ça va pas me faire réagir bizarrement, soupira le jeune pirate, si je commence à être défoncé, l'équipage ne va plus me respecter.

Son interlocuteur haussa un sourcil.

- Parce que l'équipage t'a déjà respecté Bawi ?

- Ouch.

Les deux marins rigolèrent alors.


 

**********


 

Les quelques hommes qui avaient survécu à l'abordage de l'Akasuna étaient agenouillés, les mains derrière la tête, sous la surveillance des pirates. L'officier supérieur, placé devant ses subordonnés et la lame de Sasori posée sous sa gorge, retenait sa respiration tandis que la capitaine le regardait fixement, un sourire aux lèvres.

- Tu disais quoi déjà ? susurra-t-elle avec arrogance. Que tu ne laisseras pas les pirates pouilleux voguer sur l'océan de ton Empire ?

Elle pencha la tête sur le côté et offrit un regard glacial à l'homme.

- Ton Empire qui colonise, réduit des peuples innocents à l'esclavage, retire aux femmes leurs droits fondamentaux et décide de comment le monde doit fonctionner ?

L'équipage scanda sa colère d'une voix forte tandis que les soldats de la marine se faisaient petits sous les armes criminelles.

- Laisse moi te dire, reprit la capitaine, sur mon navire, nous sommes peut être des pirates pouilleux comme tu dis, des criminels pour le gouvernement, des scélérats de la pire espèce ou tout autre injure que tu veux. Nous pillons vos riches navires, nous tuons un par un vos hommes. Nous sommes probablement condamnés à l'Enfer pour mener cette vie clandestine. Mais ici, nous sommes libres. Plus que ça, chaque membre de mon équipage est une personne fiable à qui je confierai ma vie sans hésiter.

Elle s'accroupit pour faire face à l'officier.

- Toi, murmura-t-elle avec méchanceté, peux tu compter sur ton Roi ? Ah pardon, il s'est fait nommer Empereur c'est vrai. Lui qui est bien au chaud dans son palais pendant que tes soldats meurent en mer ? Pendant que son peuple meurt de faim ? Pendant que des gens subissent violences et injustices ?

Son interlocuteur siffla alors.

- N'essaie même pas de vouloir me faire douter de Son Altesse, tu n'es qu'une vipère !

La pirate ricana en se relevant.

- Quelle loyauté.

Un mouvement attira son attention dans son dos et elle se retourna pour voir l'un de ses matelots approcher. Petit et mince, les cheveux noirs ébouriffés et les yeux gris, il tenait un parchemin marqué du sceau impérial.

- Capitaine, j'ai trouvé ceci dans les quartiers des hauts gradés.

La jeune femme saisit le courrier.

- Merci Caliban. Autre chose ?

- Oui, beaucoup de richesses dans les étages inférieurs du bateau.

- Entendu, demande de l'aide des personnes disponibles pour amener ça sur l'Akasuna.

Le marin hocha la tête et la leader pirate commença à lire la missive. Une fois le document terminé, elle sourit lentement avant de poser son regard sur l'officier.

- Voilà qui est très intéressant... Aborder ce navire n'aura pas été une perte de temps.

L'homme frissonna en entendant la satisfaction qui ressortait de sa voix. La capitaine posa alors son regard sur son second.

- Sasori, je te laisse te charger de la suite, j'ai la suite des opérations à programmer.

Il hocha la tête. Elle se tourna ensuite vers l'équipage qui la fixait en attendant la suite.

- Bravo à vous, sourit-elle, avec bienveillance cette fois, encore une fois, vous avez été plus qu'à la hauteur.

Elle saisit ensuite une corde et se lança vers son propre navire, où elle disparut dans ses quartiers, de nouvelles idées en tête. Sasori la regarda partir, puis il donna des directives d'une voix claire.

- Ne laissez aucun survivant.

Il fit glisser son sabre, et l'officier s'écroula dans une mare rouge. Tandis que les derniers cris surgissaient sur le pont, le second signa sur un vieux parchemin le pavillon de l'Akasuna, qu'il planta sur le mât avec un poignard. Ainsi, si le navire était retrouvé, s'il ne coulait pas à cause de l'absence de matelots vivants à son bord, il resterait une trace de leur passage. La légende ne survivrait que de cette façon, avec des doutes, et des vestiges.

 

 

 

 

La suite prochainement, j'espère.





/début écriture : Février 2020/

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